Qu’est-ce que le christianisme polycentrique ?

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Les missions polycentriques mondiales

Comprendre la mission polycentrique

En préambule à tout commentaire sur l’avenir du « polycentrisme » , il convient de s’arrêter sur l’évolution de sa définition appliquée à la mission chrétienne. En 2009, Kirsteen Kim a souligné l’existence de centres d’influence géographiques, «  d’un centre (tel que l’Occident) au ″reste″ » . 1 En 2016, Kirk Franklin et Nelus Niemand ont rappelé le caractère international du christianisme, étant passé du statut de « religion euro-américaine »  à celui de « religion mondiale » .2 Patrick Fung a appelé cela « de toutes les nations à toutes les nations » .3 Le lieu avait son importance.

Le discours a cependant évolué avec Allen Yeh et sa vision de la polycentricité définie cette fois-ci comme étant « de partout et vers le monde entier » 4. La géographie demeure importante, mais elle n’est pas exclusive. De même, la question de « qui »  est envoyé est également déterminante. La culture, la base d’envoi, le contexte, les dons, les capacités – tous ces éléments sont devenus des considérations intégrales pour les « poly »  (nombreux) centres d’accueil et d’envoi. Joseph Handley souligne l’importance du concept, soutenant que le polycentrisme signifie «  de nombreux centres, issus de partout et allant vers le monde entier ». 5

Afin de réduire la portée de certains paradigmes contraignants qui définissaient autrefois ces centres, les auteurs ont fait le choix d’éviter les termes binaires tels que « Nord global »  et « Sud global ». Ainsi, nous nous abstenons délibérément d’utiliser des termes polarisants tels que «  pays en développement/pays développés  » , «  monde majoritaire/monde minoritaire  » , ou même «  monde des deux tiers  » . De plus, nous désignons les continents et les pays par leur nom afin d’éviter les regroupements inadéquats et les limitations inutiles.

Modèles bibliques et historiques

La Mission revêt un caractère polycentrique dès ses origines.6 À la suite des persécutions, l’Église s’est dispersée dans le monde romain jusqu’en Phénicie, à Chypre et à Antioche, ne prêchant la Parole qu’aux Juifs.7 Quelques Chypriotes et Cyrénéens se rendirent toutefois à Antioche pour prêcher également aux Grecs, si bien que de nombreux païens crurent.8 Antioche est ainsi devenue le point central des voyages missionnaires de Paul et des implantations d’Églises documentées au sein de l’empire romain. L’Église d’Antioche a alors envoyé des missionnaires dans toute l’Asie mineure. Par la suite, Paul a invité les croyants juifs migrants vivant en Europe à devenir un nouveau centre missionnaire, et c’est ainsi que Dieu a continué de susciter des mouvements missionnaires issus de divers horizons.

Au XXème siècle, de nouveaux centres missionnaires ont vu le jour en Asie, en Afrique et en Amérique latine.9 Ainsi, en Amérique latine, les efforts missionnaires ont commencé peu après l’établissement des premières Églises, soit bien avant la Conférence d’Édimbourg de 1910.10 Comme le souligne Timothy Halls, la conférence de Panama (1916) reflétait l’une des nombreuses missiologies pratiquées en Amérique latine à l’époque : « Au fur et à mesure que l’Amérique latine se remplissait de l’Évangile [ . . . ], celui-ci trouvait son chemin vers le reste du monde » .11 Plus tard, en 1987, Luis Bush rappelait le message général de Panama 1916 lors du premier congrès de la COMIBAM, déclarant : « En 1916, les Américains […] ont déclaré que l’Amérique latine était un champ de mission ; aujourd’hui, nous sommes réunis à São Paulo pour déclarer que l’Amérique latine est une puissance missionnaire » .12 Ainsi, Panama 1916 a défini un nouveau centre d’évangélisation et 1987 a marqué son engagement à poursuivre sa croissance.

Cette diversification des centres de mission a été mise en lumière lors de la Consultation Internationale de la WEA-MC au Panama en 2016.13,14 Bertil Ekström, ancien directeur de la WEA-MC, a qualifié le canal de Panama de « sorte de métaphore d’un monde de plus en plus polycentrique, mais aussi de l’Eglise » . Il a également souligné que lorsque le Saint-Esprit a envoyé des personnes dans la mission de Dieu, il a attiré des ouvriers de « la plupart des coins du monde »  et que le peuple de Dieu a été envoyé « vers toutes les nations » .15

Les dernières décennies ont été marquées par des changements radicaux,16 le travail missionnaire devenant une merveilleuse mosaïque de peuples, de cultures, de saveurs, de rythmes et de bien d’autres choses encore.17 A ce sujet, Fung constate: « Aujourd’hui, nous voyons des Églises de toutes tailles et du monde entier s’impliquer directement dans des ministères interculturels (et) le partenariat avec une agence missionnaire n’est qu’une option parmi d’autres ».18 Contrairement aux agences traditionnelles, de nombreuses Églises africaines se considèrent comme des centres de mission, se passant des agences, même lorsque celles-ci existent. Les Assemblées de Dieu du Kenya envoient par exemple des missionnaires directement auprès de populations non-atteintes. C’est également le cas de petites Églises comme la Deliverance Church (Ngong Vet, Kenya), qui envoie des missionnaires à l’étranger auprès d’un groupe non-atteint. Perbi et Ngugi, qui travaillent à la mobilisation de l’Église africaine, notent que « l’histoire du mouvement chrétien mondial est celle de la collaboration entre les Églises locales et les agences missionnaires (que) Dieu a utilisées […] pour faire progresser l’Évangile depuis le premier siècle jusqu’à aujourd’hui. Ces structures s’enrichissent mutuellement et accomplissent davantage ensemble ».

Trouver des moyens de collaborer de manière noble et judicieuse, sans se faire concurrence, fait l’objet de nombreuses discussions et tentatives. C’est un cheminement constant, et six domaines méritent d’être approfondis, trois d’entre eux témoignant des changements contemporains tandis que les trois autres révèlent des opportunités pour la mission polycentrique.

Les changements polycentriques contemporains

Méthodologie

Malgré les bouleversements démographiques dans le monde, les centres d’envoi historiques continuent de voir des ouvriers s’engager pour l’avancement de la mission.19 Par exemple, l’Africa Inland Mission (AIM) conserve une structure hiérarchique, mais la collaboration et la coopération constituent désormais le fondement de sa méthodologie, qui consiste à «  voir une Église pour chaque peuple d’Afrique  » .20  Auparavant, la question était : « Comment l’AIM accomplit sa mission ? » . Aujourd’hui, la question est davantage : « Comment pouvons-nous (y compris les partenaires locaux sur le terrain) accomplir notre mission ? » . Les centres de mobilisation africains de l’AIM au Kenya et en Tanzanie, dont la majorité des membres ne font pas partie du personnel de l’AIM, reflètent cette réalité. Ce sont désormais les locaux et les partenaires qui sont aux avant-postes.21  Les postes clés, y compris les bureaux régionaux, sont désormais dirigés par des Africains.22 Il s’agit là d’une évolution notable, l’AIM restant une agence occidentale.

Vivre de manière interculturelle est l’une des façons dont les agences missionnaires créées dans les années 1800 peuvent remplir leur mandat dans de nouveaux contextes missionnaires.23 Les dirigeants de l’AIM soutiennent que la vie interculturelle « crée une culture au sein d’une organisation qui est reconnaissable et confortable, de sorte que non seulement les citoyens américains mais aussi les Nigérians se sentent à l’aise, alors que tous se sentent également mal à l’aise » .24

L’éducation

La mission polycentrique justifie une approche décentralisée et multisectorielle de l’administration et de la gestion de l’éducation. Dans tous les processus éducatifs, les étudiants, les enseignants, les parents, les administrateurs et les décideurs politiques doivent être impliqués de manière intentionnelle, proactive, mutuelle, passionnée et cohérente. Les pays qui recevaient autrefois et qui envoient aujourd’hui doivent soulever des questions contextuelles pour trouver des solutions locales. Ainsi, les institutions traditionnelles d’envoi ne peuvent plus être les seules à définir la terminologie. De nombreuses approches éducatives actuelles sont des héritages de l’ère coloniale qui n’ont pas ou peu été repensés. Cela a involontairement affecté la qualité de l’éducation, a empiré la pertinence et encouragé le morcellement des programmes, et a immensément contribué à l’augmentation des inégalités sociétales. Les écarts créés par ces inégalités ont entraîné des processus éducatifs inefficaces, exacerbés par la pandémie de COVID-19.

Le polycentrisme représente un potentiel important pour la conception de politiques et de programmes éducatifs,25 l’amélioration de l’éducation au niveau mondial,26 ainsi que la création de programmes uniques répondant à des besoins contextuels spécifiques.27 En se souvenant que l’histoire de l’éducation est profondément liée à l’histoire des missions et du travail missionnaire, les dirigeants missionnaires, les décideurs politiques et toutes les parties prenantes du secteur de l’éducation ont l’opportunité de regagner le terrain perdu afin de contribuer à concrétiser le Mandat Evangélique.

La santé mentale

La santé mentale est directement corrélée au bien-être et à la capacité des individus et des communautés à s’épanouir.28 Au cours des dernières décennies, la mondialisation et la « glocalisation » se sont intensifiées et des millions de personnes ont traversé le monde pour des missions à court terme et des activités touristiques de toutes sortes, qu’elles soient religieuses, sportives, éducatives ou divertissantes. Si ces mouvements ont amélioré le bien-être de certains et favorisé des réalisations positives dans la vie ou la mission de l’organisation, ils ont aussi laissé d’autres personnes en moins bonne santé mentale en raison de relations brisées, de projets qui ont échoué et d’attentes qui n’ont pas été satisfaites.29 

La mission polycentrique peut contribuer à aider les individus à se concentrer sur leurs points forts et à offrir des connaissances, des compétences, des valeurs et des attitudes à l’échelle mondiale. De plus, Internet augmente la capacité à partager au-delà des contextes locaux. Les plateformes de réseaux sociaux facilitent le partage d’images, d’idées, de compétences et de toutes sortes de connaissances. Si certains réussissent à créer des entreprises florissantes, des agences missionnaires et des projets éducatifs, d’autres succombent à un consumérisme malsain et à la frustration. Ces vastes possibilités ont conduit à des vices tels que la cyberintimidation, la cyber-insécurité et la dépendance à Internet. Ainsi, l’un des principaux outils du polycentrisme, Internet, contribue dans le même temps à détériorer la santé mentale de nombreuses communautés.

Les opportunités pour le polycentrisme

La recherche

Si Dieu le veut et en accorde les moyens, la mission polycentrique bénéficiera de plus en plus de la recherche pour mobiliser les représentants les mieux adaptés de l’Église vers les lieux de service les plus opportuns.

Par le passé, le déploiement de la mission commençait par une analyse des besoins. Ainsi, lors du premier congrès de Lausanne en 1974, Ralph Winter a préconisé de donner la priorité aux groupes de population non-atteints. Cela a ouvert la voie à un déploiement ciblé, basé sur le niveau d’accès à l’Évangile.30 Au début du siècle, l’Église disposait de listes relativement fiables des groupes de population du monde entier.31 Les définitions stratégiques des « besoins »  ont ensuite été affinées. Patrick Johnstone a classé de longues listes de groupes de personnes dans une hiérarchie pragmatique à deux niveaux de 15 blocs d’affinités et de plus de 251 groupes de populations.32 On estime aujourd’hui que ces groupes de populations sont « utiles pour la réflexion globale, [ . . . ] l’élaboration de stratégies et l’affectation des ressources » . 33 Selon le Joshua Project, « le concept de groupe de populations permet d’améliorer l’efficience et l’efficacité de la mission qui s’efforce de faire des disciples de toutes les nations » .34

Trouver des moyens de collaborer de manière noble et judicieuse, sans se faire concurrence

En plus de la notion de besoin, l’analyse des affinités peut et doit être une précieuse source de sagesse pour le déploiement polycentrique. Des modèles tels que la Théorie des Dimensions Culturelles peuvent aider les ouvriers interculturels à reconnaître les défis interpersonnels et à réduire les barrières relationnelles.35 En outre, des outils tels que le « World Values Survey »  peuvent permettre aux ambassadeurs du Christ de mieux comprendre leurs propres valeurs et celles des autres, afin que les relations qu’ils nouent soient davantage profondes et authentiques.36

Ces ressources en plein développement, qui favorisent l’appréciation culturelle de « l’autre »,  faciliteront également l’intercession stratégique : la recherche et la prière peuvent être les deux faces d’une même médaille. Grâce à une meilleure connaissance des ressources de l’Église mondiale et des besoins du monde mais également à travers la prise de conscience que personne ne peut faire tout, tout seul, il apparaît que tout le monde peut faire quelque chose. Une prière intelligente et efficace pour le monde entier peut avoir lieu à n’importe quel endroit du globe.

La migration

La migration a toujours fait partie de la mission. Yaw Perbi affirme que « les 500 000 étudiants internationaux d’Afrique (10 % de la population totale) sont le ″secret le mieux gardé″ de la diaspora africaine. Même si 50 % d’entre eux sont chrétiens, cela représente une armée de 250 000 personnes au service de la Mission d’évangélisation ! »37 Et comme le soulignent Nzathan Moore et Victoria Bfreeze, «  l’augmentation du nombre d’étudiants africains en Chine est remarquable. En moins de 15 ans, le nombre d’étudiants africains a été multiplié par 26, passant d’un peu moins de 11 000 en 2003 à près de 50 000 en 2015  » .38 Perbi et Ngugi résument ainsi : « Les étudiants chrétiens dans les nations restrictives […] peuvent être considérés comme une force missionnaire moderne financée par des nations difficiles d’accès qui ont besoin de missionnaires » .39 

La mission n’est véritablement mondiale que si son financement est effectivement mondial

En outre, les migrations économiques continuent de créer un accès spécial à des pays qui ne sont pas ouverts aux missionnaires traditionnels. Kenneth Ross, par exemple, fait le lien entre les difficultés économiques de l’Afrique et les missionnaires migrants.40 Il incombe à l’Eglise d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie de former intentionnellement les croyants migrants afin que, lorsqu’ils se rendent à l’étranger, ils puissent, comme Priscille et Aquila, être des témoins efficaces de l’Évangile.

Le financement de la mission

La mission n’est véritablement mondiale que si son financement est effectivement mondial41 Alors que la plupart des moyens évangéliques sont actuellement détenus par des croyants en Amérique du Nord,42 l’Eglise polycentrique est confrontée aux défis suivants : (1) comment susciter la générosité et la redevabilité de ceux qui détiennent les ressources?, (2) comment créer des ponts sains entre ceux qui détiennent plus de richesses et ceux qui en détiennent moins, et (3) comment trouver de nouvelles sources de financement pour l’Eglise polycentrique ?

Figure 1: The Income of Evangelical Christians 2020

Source: www.operationworld.org DVD 2010 & World Bank.

Kirk Franklin et Nelus Niemandt ont analysé les données issues de cinq consultations organisées par l’Alliance mondiale Wycliffe en 2013-2014 sur le thème « Financer la mission de Dieu » .43 L’un des objectifs de cette recherche était de s’assurer que les dirigeants de l’Église mondiale puissent contribuer « en tant que partenaires égaux »  afin de « fournir une influence équilibrée sur la stratégie de la mission pour les agences missionnaires » 44 Le processus d’écoute a permis d’élaborer 19 « principes de financement » .45 Ces principes sont pertinents au-delà de l’Alliance Wycliffe et même au-delà des structures des agences et des Églises.

Cette collaboration croissante nous permet d’espérer une augmentation des ressources pour les missions.46 Les ressources de Dieu sont aussi illimitées que son amour. Il a collectivement mis entre nos mains et dans nos cœurs tout ce dont nous avons besoin pour remplir sa mission.

Conclusion

Les réalisations d’un polycentrisme accru sont certes complexes, mais les récompenses sont plus importantes. Avec des racines bibliques, des structures adaptées à l’histoire, un soutien fondé sur la recherche et une excellente formation, des ambassadeurs solides pour le Christ se disperseront dans le monde entier. Il existe en effet des moyens efficaces pour les identifier, les équiper et les déployer, ainsi que des ressources pour les aider à répondre à l’appel du Christ. L’Église de Jésus-Christ enverra les meilleurs à ses ordres.

Endnotes

  1. Kirk Franklin et Nelus Niemandt, “Polycentrism in the missio Dei,” HTS Teologiese Studies/Theological Studies 72, no.1 (2016).
  2. Ibid.
  3. Patrick Fung, “Cooperation in a Polycentric World,” 5.
  4. Allen Yeh, Polycentric Missiology: 21st Century Mission from Everyone to Everywhere (IVP Academic, 2016).
  5. Joseph Handley et Micaela Braithwaite, “What Is Polycentric Mission Leadership? What the Trinity, Scripture, and Orchestras Can Teach Us About Decision-Making in the Church,” Lausanne Movement, 20 septembre 2022. https://lausanne.org/about/blog/what-is-polycentric-mission-leadership.
  6. « Mais vous recevrez une puissance, le Saint Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Actes 1.8)
  7. Actes 11.19
  8. Actes 11.20–21
  9. Bien que les données soient limitées, le Moyen-Orient a été un autre centre missionnaire historique en pleine expansion. Nous serions très intéressés d’en apprendre davantage sur l’histoire de la mission en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient.
  10. En 1908, au Brésil, la Convention baptiste brésilienne a soutenu des missionnaires nord-américains et indigènes au Chili. En 1910, l’Église presbytérienne brésilienne a envoyé un missionnaire au Portugal. En 1911, la Convention baptiste brésilienne a envoyé son premier missionnaire au Portugal, suivi d’un second en 1925. En 1928, la Missão Evangélica Caiuá s’est réunie en tant qu’agence indigène axée sur les peuples tribaux du Brésil. En 1948, la MEVA a été créée avec une vision similaire. En 1946, au Pérou, l’AMEN, créée par le pasteur Juan Cuevas, s’est réunie pour atteindre les groupes indigènes du Pérou, puis pour envoyer des missionnaires à l’étranger.
  11. Timothy Halls, présentation orale lors de la WEA-MC Global Consultation, Panama 2016.
  12. Ibid.
  13. Le lieu de la conférence, le Panama, a été choisi pour célébrer le 100ème anniversaire de la conférence de 1916.
  14. « La conférence de Panama (1916) est née des suites de la Conférence Mondiale sur la Mission d’Édimbourg (1910), car les organisations missionnaires qui travaillaient en Amérique latine n’y étaient pas conviées. Les organisateurs d’Edimbourg considéraient que l’Amérique latine était déjà évangélisée par l’Église catholique romaine. Les organisateurs de Panama n’étaient pas d’accord et, par conséquent, plusieurs sociétés missionnaires nord-américaines et européennes ont formé le Comité de coopération en Amérique latine (CCLA en 1913) pour discuter de la mission en Amérique latine. En 1916, on estimait que 1 % de la population de l’Amérique latine était protestante. En 2014, ce chiffre s’élevait à près de 20 % (Pew Research). Le monde a changé » . (extrait d’un article du All Nations Christian College).
  15. Bertil Ekström, présentation orale lors de la WEA-MC Global Consultation, Panama 2016.
  16. Voir Patrick Johnstone, The Future of the Global Church, 238–239. Johnstone note qu’en 2000, il y avait un peu plus de 200 000 missionnaires transculturels, la plupart venant d’Amérique du Nord et d’Asie, suivis par l’Europe, l’Afrique, l’Amérique latine et le Pacifique. En 2010, l’Asie représentait la majorité, avec une expansion en Corée, en Inde et en Chine. L’Afrique et l’Amérique latine ont également connu une forte croissance au cours de cette période. Cet ouvrage fournit des données solidement documentées sur la période allant de 1900 à 2010, ainsi que des estimations pour la période allant de 2010 à 2050. Il évoque notamment la croissance des Églises, la croissance démographique, la mission, la migration, les questions de santé et les changements économiques.
  17. Témoignage personnel d’un missionnaire qui, avec sa femme et ses enfants, a vécu cette expérience à la fin des années 90 en Asie centrale. Ils ont fait partie d’une équipe multiculturelle d’implantation d’Églises durant sept ans, composée d’une famille sud-coréenne, d’une famille britannique, d’une famille des américaine et d’une famille sud-américaine. Il a déclaré que ce n’était pas seulement quelque chose de possible, mais que cela s’avérait être en réalité d’une grande valeur et d’un grand intérêt pour présenter et proclamer l’Évangile de Jésus-Christ parmi ceux qui n’ont pas encore entendu parler de Lui ou qui ne L’ont pas encore reçu.
  18. Ibid., p.9
  19. L’AIM, née aux États-Unis, est présente en Afrique de l’Est depuis 135 ans ( de 1885 à aujourd’hui). Anthony Swanson est actuellement le responsable régional de l’AIM pour l’Afrique de l’Est.
  20. Entretien personnel avec Anthony Swanson par le Dr Steven Mbogo en avril 2023. Swanson fait remarquer que l’AIM a connu une baisse d’environ 100 missionnaires au cours des dix dernières années, mais que le nombre de missionnaires en Afrique de l’Est est globalement resté stable.
  21. Ibid.
  22. La région centrale de l’AIM est dirigée par un Africain du Botswana.
  23. Le missiologue catholique Antony Gittens est un des défenseurs de la « vie interculturelle. » Anthony Gittins, Living Mission Interculturally: Faith, Culture, and the Renewal of Praxis.
  24. Entretien avec Anthony Swanson.
  25. L’implication de multiples parties prenantes contribuerait à l’émergence de diverses perspectives intéressantes. Par exemple, l’éducation devrait offrir la possibilité de choisir, c’est-à-dire que « les étudiants devraient se voir proposer un large éventail de sujets et de projets, et avoir la possibilité de suggérer leurs propres sujets et projets, avec le soutien nécessaire pour faire des choix en toute connaissance de cause. » The Future of Education and Skills 2030: The Future We Want. OECD, 2018, https://www.oecd.org/education/2030-project/about/documents/E2030%20Position%20Paper%20(05.04.2018).pdf.
  26. Ibid. La prise de décision collaborative intégrée dans les processus polycentriques pourrait avoir un impact mondial. Une approche multidimensionnelle des résultats inéquitables de l’éducation peut permettre de résoudre les problèmes généralisés d’accès à une éducation de qualité. Par exemple, l’éducation doit être intégrée, c’est-à-dire que « les apprenants doivent avoir la possibilité de découvrir comment un sujet ou un concept peut être lié à d’autres sujets ou concepts au sein d’une même discipline ou entre disciplines, et à la vie réelle en dehors de l’école » .
  27. Ibid. Faire participer les communautés locales et régionales à la prise de décision permettrait de répondre à des besoins contextuels spécifiques. L’éducation est un bon exemple: « les apprenants devraient être capables de relier leurs expériences d’apprentissage au monde réel et d’avoir un but à atteindre dans leur apprentissage. Cela nécessite un apprentissage interdisciplinaire et collaboratif, parallèlement à la maîtrise des connaissances axées sur la discipline » (OECD, 7). Faire participer les communautés locales et régionales à la prise de décision pourrait L’engagement des communautés locales et régionales peut conduire à la conception de programmes spécifiques répondant à des besoins contextuels particuliers. L’éducation est un bon exemple: « les apprenants devraient être capables de relier leurs expériences d’apprentissage au monde réel et d’avoir un but à atteindre dans leur apprentissage. Cela nécessite un apprentissage interdisciplinaire et collaboratif, parallèlement à la maîtrise des connaissances axées sur la discipline » .
  28. Won Ju Hwang et Hyun Hee Jo, “Impact of Mental Health on Wellness in Adult Workers,” Frontiers in Public Health 9, n° 743344 (16 décembre 2021), doi:10.3389/fpubh.2021.743344 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8716594/
  29. Rosemary Wahu Mbogo. “Biblical Foundations of Short-term Missions (STMs) and Its Implications for Christian Higher Learning.” Universal Journal of Educational Research 7, n° 6 (2019): 1395–1401. 10.13189/ujer.2019.070607
  30. Ralph Winter (https://lausanne.org/content/lga/2022-11/ralph-winters-and-the-people-group-missiology)
  31. La World Christian Encyclopedia de David Barrett (2001) contenait la première liste complète des groupes ethnolinguistiques connus dans le monde.
  32. Patrick Johnstone, “Affinity Blocs and People Clusters,” Mission Frontiers, 1er mars 2007.
  33. https://joshuaproject.net/resources/articles/why_people_clusters
  34. Ibid.
  35. Développée par l’anthropologue Geert Hofstede. https://www.hofstede-insights.com/models/national-culture/
  36. https://www.iffs.se/en/world-values-survey/
  37. Perbi & Ngugi, Africa to the Rest, 124.
  38. Nzathan Moore et Victoria Bfreeze. “China has overtaken the US and the UK as Top Destination for Anglophone Students” Quartz Africa, 30 juin 2017.
  39. Perbi & Ngugi, Africa to the Rest, 71.
  40. « Un nouveau modèle d’activité missionnaire est en train d’émerger (ou de réémerger), dans lequel les pauvres apportent l’Évangile aux riches. L’Afrique est le continent le plus pauvre du monde et, sans surprise, celui d’où proviennent le plus grand nombre de migrants. C’est aussi le continent où l’expansion de la foi chrétienne est la plus dynamique. C’est pourquoi de nombreux migrants viennent des nouveaux foyers du christianisme et apportent la flamme de la foi aux anciens centres du nord où le feu brûle faiblement » . Kenneth Ross, “Polycentric Theology, Mission, and Mission Leadership,” Transformation: An International Journal of Holistic Mission Studies 38, n° 3 (6 juillet 2021): 218.
  41. Les données sur le revenu en 2020 proviennent de: https://data.worldbank.org/indicator/NY.ADJ.NNTY.PC.CD. Projection des évangéliques en 2020 d’après les données du DVD Operation World 2010 http://www.orperationworld.org/
  42. Kirk Franklin et Nelus Niemandt, “Funding God’s Mission: Towards a Missiology of Generosity”, Missionalia 43, n° 3 (2015): 390. http://dx.doi.org/10.7832/43-3-98.
  43. Kirk Franklin, “Funding,” 385. Les données ont été collectées sur une période de 18 mois, auprès de 145 personnes issues de 51 pays.
  44. Ibid.
  45. Ces principes comprennent la prise de conscience du fait que Dieu invite et permet à l’Eglise du monde entier de participer avec lui à la mission ; Dieu pourvoit de manière créative à travers une diversité de personnes, de moyens et de ressources ; le partage des ressources est une activité relationnelle interdépendante où chacun est valorisé et où chacun donne et reçoit gracieusement ; le partage des ressources doit être empreint de tact et adapté à de multiples cultures et contextes ; et « dans l’acte de donner et de recevoir, la dignité de chacun est honorée et valorisée à travers des relations et des amitiés respectueuses » . Voir les 19 principes dans ibid., 401-402.
  46. Par exemple, les femmes sont susceptibles de devenir une source philanthropique de plus en plus importante. Voir Barna Research, The Impact of Women, The State of Generosity Series, Volume 6.

Authors' Bios

Décio de Carvalho

Décio de Carvalho est brésilien. Il a œuvré pendant 22 ans au sein d’Opération Mobilisation, sur le navire Doulos, en tant que membre fondateur et directeur d'OM Brésil, et au sein d'une équipe d'implantation d'Églises en Asie centrale. Il a été directeur de RECOMI - Puerto Rico Missions Network, et directeur exécutif de COMIBAM.

Larry Kraft

Larry W. Kraft est missionnaire au sein d'OC International. Diplômé de l'Université Johns Hopkins et de la Fuller School of World Mission, Larry est un ancien ordonné dans les Églises presbytériennes américaine et brésilienne. Il est le directeur international de la Recherche Emérite au sein d'OC et un Catalyseur de Lausanne pour la Recherche et l'Information Stratégique.

Stephanie K. Kraft

Stephanie K. Kraft fait partie de l'équipe de recherche mondiale de One Challenge. Ayant la double nationalité brésilienne et américaine, elle est membre du conseil d'administration britannique du Global Church Planting Network, ainsi qu'associée au sein de la WEA-MC et coach ACC au sein d'ICF. Elle est mariée à Larry, mère de deux enfants et grand-mère de trois petits-enfants.

Rosemary W. Mbogo

Rosemary W. Mbogo est directrice de l'Institut d'Etude des Réalités Africaines, l'organe de recherche et de conseil de l'Université internationale d'Afrique, à Nairobi, au Kenya. Éducatrice spécialisée dans la direction et l'administration de l'enseignement supérieur chrétien, elle est mariée au Dr Stephen Mbogo. Ils sont ravis de servir le Seigneur ensemble.

Stephen Mbogo

Stephen N. Mbogo est le Directeur général international d'African Enterprise International, une agence missionnaire au service de l'Afrique. Il est également le directeur régional africain du Mouvement de Lausanne au sein de l'EPSA et le président de Movement Day Africa. Il vit à Nairobi, au Kenya.

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