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PERSÉCUTION RELIGIEUSE

La persécution des chrétiens existe depuis le tout début de l’Église et se poursuit malheureusement encore au 21e siècle. Dans nos pays, la liberté religieuse est façonnée par diverses forces dont les influences ont une grande portée.

Les hostilités sociales augmentent à mesure que la politique identitaire continue d’alimenter les tensions et d’approfondir les divisions, en particulier lorsque les identités religieuses deviennent des outils de pouvoir et de contrôle. Les conflits géopolitiques et les différends territoriaux exercent une pression sur des ressources précieuses, exacerbant encore les persécutions religieuses et conduisant souvent à des déplacements et à des violences ciblées, en particulier contre les minorités religieuses. Le paysage dynamique de la persécution religieuse s’entremêle aux luttes en cours pour l’égalité des sexes. Même quand elles sont ciblées pour leur foi, les femmes et les communautés marginalisées supportent souvent le poids des pratiques discriminatoires enracinées dans les traditions religieuses.

Partout dans le monde, les gouvernements adoptent de plus en plus de lois et de politiques qui restreignent les pratiques religieuses, limitent l’action des institutions religieuses et restreignent la liberté de religion. En outre, l’équilibre entre la protection de la liberté religieuse et l’application de la censure alimente les débats sur les limites de l’expression et la protection des communautés vulnérables. De plus, avec l’aggravation des problèmes de sécurité des données, la collecte et la surveillance d’informations religieuses peuvent constituer de graves menaces pour la vie privée et la liberté religieuse. Les restrictions juridiques croissantes et l’érosion de diverses protections des droits humains jettent une ombre sur l’avenir de la liberté religieuse.

Cet article s’efforce d’explorer la relation complexe entre ces questions urgentes et la persécution religieuse, offrant un aperçu de la trajectoire potentielle de la liberté religieuse alors que nous naviguons dans le territoire inexploré des trois prochaines décennies.

État de la persécution religieuse

Aujourd’hui, dans le monde, plus de 360 millions de chrétiens souffrent de niveaux élevés de persécution et de discrimination pour leur foi.1 La vague croissante de violence visant les chrétiens ne montre aucun signe d’atténuation. Des cas d’attaques contre des églises, d’incendie, de démolition ou de pillage d’églises et de maisons, d’agression physique, d’arrestation, d’emprisonnement, d’enlèvement, de viol, de tortures et de meurtres sont signalés partout dans le monde. On estime que 312 millions de chrétiens dans 76 pays souffrent de niveaux extrêmes de violence, chiffre qui a doublé au cours des 30 dernières années.2 Cette trajectoire indique une tendance à la hausse de la violence contre les chrétiens dans les décennies à venir. Voici la description de certains des principaux facteurs de persécution religieuse.

Restrictions gouvernementales ou légales croissantes

La violence et les hostilités sociales sont les formes de contrôle les plus visibles dans l’assujettissement des minorités religieuses. Les restrictions légales croissantes et les contrôles imposés par les gouvernements sont moins visibles, mais tout aussi efficaces.3 Parmi ces restrictions, citons les lois nationales, les politiques et les pratiques gouvernementales. Les processus d’enregistrement, exigeant que les groupes religieux ou les lieux de culte soient « enregistrés » auprès d’un gouvernement, considèrent ceux qui sont enregistrés comme « légaux» et les autres comme illégaux, exposant ces derniers à l’hostilité sociale. Les lois et les processus qui accordent la « reconnaissance » à des groupes religieux, en leur reconnaissant une personnalité juridique 4 ou des privilèges5, restreignent la pleine jouissance du droit à la liberté religieuse de ceux à qui la reconnaissance est refusée. La pratique consistant à utiliser ces méthodes légales pour discriminer les religions minoritaires est un sujet croissant de préoccupation.

La vague croissante de violence visant les chrétiens ne montre aucun signe d’atténuation.

Des lois plus importantes régissant la religion prévoient des peines sévères, notamment la mort, l’emprisonnement ou la confiscation de biens. Les lois sur l’apostasie, qui existent dans plusieurs pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, pénalisent le fait de renoncer à sa religion et sont assorties, dans certains pays, de peine allant jusqu’à la mort. Les lois sur le blasphème interdisent les discours ou les actions considérés comme méprisants envers Dieu ou envers des personnes ou des objets considérés comme sacrés. Dans certains pays, Afghanistan, Brunei, Iran, Mauritanie, Nigeria, Pakistan et Arabie saoudite par exemple, la violation des lois sur le blasphème peut être passible de la peine de mort. 6 Les lois anti-conversion interdisent de changer de religion ou de faciliter le changement de religion. Des lois anti-conversion sont répandues en Asie du Sud, notamment en Inde, et leur violation est passible de peines d’emprisonnement et d’amendes.

Il convient de noter que les lois et les restrictions gouvernementales attirent invariablement l’hostilité sociale et la violence dirigée contre les groupes religieux et les individus minoritaires, créant un cercle vicieux de discrimination et de violence.

Conflits géopolitiques

Les conflits géopolitiques ont pesé sur le monde pendant des siècles et continuent de présenter de plus en plus de difficultés complexes pour la liberté religieuse. Les différends concernant les revendications territoriales, le commerce, les ressources naturelles, les identités ethniques et les griefs culturels ou historiques ont un impact sur la liberté de religion ou de conviction des communautés, même lorsque l’origine du conflit n’a pas de dimension religieuse manifeste. Le pouvoir émotionnel de la « religion » est exploité pour justifier toute revendication ou conflit, obtenir un soutien massif et même infliger de la violence aux autres. Les minorités religieuses sont ciblées ou utilisées comme des pions.

Un conflit géopolitique où un État ou un groupe cherche à exercer un pouvoir sur d’autres États ou groupes ou à répandre une idéologie, invoquant la religion comme source d’identité nationale ou de fierté, entraîne invariablement l’oppression, la discrimination et la violence contre d’autres communautés religieuses. L’évolution récente de la géopolitique mondiale et le débordement du militantisme religieux au-delà des frontières constituent une menace croissante pour les minorités religieuses et le droit à la liberté de religion ou de conviction.

Inversement, la religion et la liberté de religion ou de conviction peuvent contribuer à la résolution des conflits géopolitiques en favorisant le dialogue, la tolérance, la coopération et le respect entre les différentes religions et cultures à travers le monde. C’est une occasion de s’engager et une responsabilité que l’Église doit assumer.

Politiques identitaires

La violence et les conflits ethniques et sectaires connaissent une augmentation alarmante à l’échelle mondiale, sans guère d’indications de réduction. Les conflits historiques associés à d’autres facteurs tels que la pauvreté, la corruption, l’injustice institutionnalisée, etc. ont fréquemment conduit les groupes à se diviser selon des appartenances religieuses. Le lien entre identité religieuse et nationalisme ne devrait qu’augmenter alors même que les groupes s’efforcent de s’approprier terres et autres ressources naturelles.

Le lien de causalité entre nationalisme religieux ou militantisme islamique et violence contre les minorités religieuses est de plus en plus visible en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. Dans de nombreux pays, le rôle d’instigateur, de facilitateur ou d’auteur de violences joué par les gouvernements viole le droit à la liberté de religion ou de conviction et nie la justice pour les victimes.7

Hostilité envers les idées chrétiennes

De plus, dans le contexte actuel, certaines vérités bibliques sont considérées comme agressives ou intolérantes, ce qui conduit à des cas de censure. Cette bataille sociétale plus large contre la diffusion des idées chrétiennes peut également se manifester au sein des foyers, où les parents peuvent rencontrer des difficultés à transmettre l’éthique chrétienne, en particulier en ce qui concerne la sexualité, lorsqu’ils sont confrontés à des points de vue opposés promus par un État puissant et « progressiste », et par un puissant lobby médiatique.

L’Église est confrontée à une autre difficulté importante : la définition même de la vie humaine. Les progrès scientifiques permettant un plus grand contrôle sur la sélection et l’altération des traits physiques lors de la conception, l’éthique entourant les technologies génétiques restera un sujet de controverses. Ces avancées auront un impact direct sur l’éthique et la moralité de l’avortement, la maternité de substitution, le génie génétique et la fin de la vie, alimentant le débat sur le suicide assisté par un médecin ou l’euthanasie. Pour naviguer dans ce paysage complexe, l’Église doit contribuer activement à l’établissement de directives morales fortes, en veillant à l’application responsable et consciencieuse de ces technologies.

Impact des violations de liberté religieuse

Les violations de la liberté religieuse motivées par la géopolitique, les tendances mondiales et les progrès de la technologie posent de nouveaux enjeux qui ont un impact sur l’évangélisation et l’Église dans le monde. Ci-dessous, une description des enjeux les plus importants.

Migrations mondiales et réfugiés

La question de la persécution religieuse et du déplacement forcé de communautés religieuses est un problème tragique et profondément préoccupant, qui persiste dans diverses parties du monde. De nombreuses communautés religieuses, ciblées en raison de leurs croyances ou de leurs affiliations religieuses, ont été contraintes de quitter leur domicile en quête de sécurité. Elles rencontrent souvent de nombreuses difficultés et sont même en bute à la répression transnationale dans leurs pays d’accueil. Les tensions entre les réfugiés et les pays d’accueil, la pression sur les rares ressources naturelles, les infrastructures urbaines déficientes, l’accès restreint à la justice et les disparités économiques alimentent le débat et les conflits. Des efforts concertés sont nécessaires de la part des gouvernements et de la société civile pour instaurer la confiance et réduire la violence et l’extrémisme.

Fausses lois sur la tolérance / discours de haine

Même si les gouvernements tentent d’encadrer les conflits entre les communautés, la pression s’accroit sur les individus pour qu’ils se conforment à de nouvelles normes de tolérance. La censure des vérités bibliques est un phénomène de plus en plus courant. Cette tendance, couplée à une définition large de ce qu’on appelle haine ou scandale, continuera d’entraîner une restriction de la liberté d’expression et davantage de limites sur l’affirmation de l’Évangile.

La « Cancel culture », ou culture de l’annulation, a eu un impact négatif sur de nombreux campus universitaires, qui sont traditionnellement considérés comme la plaque tournante des idées, et des espaces dédiés à un discours rationnel et impartial. Les conférenciers sont maintenant fréquemment interrompus ou exclus de nouvelles invitations en raison de réactions hostiles de la part des étudiants, et les professeurs courent le risque d’être rétrogradés ou même licenciés pour avoir exprimé des points de vue jugés offensants par le corps étudiant. Soutenue par les médias sociaux, la « culture de l’annulation » a coûté la perte d’emploi à divers professionnels dans le monde. La « culture de l’annulation » a conduit à une nouvelle forme d’ostracisme social pour avoir dit la vérité et elle a des conséquences sur la capacité des chrétiens à accéder aux plateformes et services publics.

Persécution fondée sur le sexe

L’interaction du genre et de l’identité religieuse continue également de victimiser les femmes. Les femmes religieuses sont souvent confrontées à la violence et à la discrimination, décrites par les experts comme cachées, violentes et complexes.8 Lorsque les femmes sont victimes de discrimination fondée sur leur identité religieuse de genre, cela peut entraîner une détresse psychologique profonde, à la fois pour les personnes touchées et les communautés auxquelles elles appartiennent. Cette détresse est due à l’association étroite entre l’identité religieuse des femmes et les normes et valeurs dominantes de leurs communautés. En outre, les droits religieux et les droits de genre sont souvent considérés comme opposés, malgré les conclusions répétées selon lesquelles les femmes ont tendance à s’identifier comme religieuses plus souvent que les hommes.9

Surveillance numérique

La présence accrue de communautés religieuses en ligne a des implications à la fois positives et négatives. D’une part, cela permet une participation au culte en ligne, le partage des textes et des croyances religieuses et la connexion avec un public plus large. Cependant, cela expose aussi à des risques tels que l’intimidation et le ciblage. En conséquence, le cyberespace est devenu un environnement de plus en plus périlleux pour les minorités religieuses et ceux qui peuvent être considérés comme s’opposant aux politiques gouvernementales ou aux normes sociales. L’intégration de l’intelligence artificielle dans les plateformes de médias sociaux, telles que le ciblage algorithmique des publicités et le contenu personnalisé, a suscité des inquiétudes quant à l’influence potentielle sur les opinions et l’autonomie des individus. Cette influence s’étend à des plateformes comme Google et Facebook, où il existe un risque de façonner et de modifier les pensées, ce qui pourrait avoir un impact sur notre capacité à faire des choix indépendants.

Opportunités et difficultés pour le Mandat missionnaire

L’augmentation des difficultés, des restrictions et de la violence oblige à repenser les méthodes traditionnelles de partage de l’Évangile. Il est impératif de créer des ressources et des outils de communication utiles, efficaces et fidèles à l’Évangile, ainsi que des méthodes de transmission innovantes qui peuvent échapper à, ou prévaloir sur, la surveillance et les attaques oppressives.10 Des ressources pour une évangélisation créative doivent également être développées en tenant compte des questions de culture et de genre.

Le niveau et le type de restrictions et de violence peuvent différer d’un pays à l’autre. Ce qui fonctionne dans une communauté peut ne pas fonctionner dans une autre. Par exemple, une communauté très vulnérable aux attaques physiques peut bénéficier de ressources numériques et de rassemblements en ligne pour le culte, tandis qu’une communauté sous surveillance numérique sophistiquée peut bénéficier de méthodes de communication traditionnelles non numériques. Dans les contextes dangereux où il existe des restrictions sévères ou des interdictions légales, assorties de sanctions excessives pour le partage de l’Évangile, il est important de comprendre ces restrictions et l’ampleur des répercussions pour déterminer le mode de transmission le plus approprié. Voici quelques opportunités et difficultés.

Pré-évangélisation

À l’échelle mondiale, l’escalade des hostilités et la persécution des chrétiens créent un climat de peur et réduisent les possibilités de pré-évangélisation. Les difficultés posées par la montée des idéologies portant sur le sécularisme – et sa notion apparentée française de laïcité – et le pluralisme qui sapent la vérité de l’Évangile, l’influence croissante des médias sociaux dans la formation des visions du monde et des valeurs, et les alternatives offertes par le cyberespace ne cessent d’éroder l’espace où il est possible d’établir des relations et une communication traditionnelles. Il est nécessaire d’avoir des méthodes créatives et souples de connexion interpersonnelles et de présentation de l’Évangile comme une réponse pertinente aux complexités actuelles. Ces dificultés exigent que les pré-évangélistes soient bien informés, bien équipés et bien soutenus dans la prière.11

Dialogue interreligieux

Le dialogue interreligieux peut jouer un rôle essentiel dans la promotion de la paix, de la tolérance et de la compréhension entre les diverses communautés religieuses. Construire la confiance est indispensable pour dissiper la peur de l’inconnu, désamorcer les tensions et réduire considérablement les conflits religieux. Le dialogue peut également être l’occasion pour un chrétien de témoigner en tant qu’artisan de paix, de pratiquer le pardon et d’aimer son prochain comme lui-même.

Participation des communautés de foi aux mouvements civils ou démocratiques

Les chefs religieux peuvent jouer un rôle essentiel dans le renforcement des droits humains en améliorant la compréhension qu’ont leurs communautés du cadre international des droits humains, en renforçant la résilience et l’empathie et en créant des opportunités de réconciliation et de guérison dans les conflits.

Participation des jeunes

Les jeunes représentent 33 % de la population mondiale et constituent la plus grande population au monde.12 La « génération Z » (ceux qui sont nés entre le milieu des années 1990 et le début des années 2010), également connue sous le nom de « Enfants du numérique », est la génération la plus diversifiée et multiculturelle de l’histoire, ayant des niveaux élevés de culture numérique et de conscience sociale. L’interaction avec cette population est essentielle pour soutenir la mission de l’Église mondiale et développer la prochaine génération de dirigeants, qui apporteront de nouvelles perspectives et des solutions innovantes aux nouveaux enjeux auxquels l’Église devra faire face.

Données et sécurité

Le manque de documentation est une difficulté majeure dans la réponse aux violations de la liberté religieuse. Cette difficulté naît de l’insuffisance de rapports, du manque de transparence, de la censure gouvernementale, de la peur des représailles et des ressources limitées pour la collecte de données. En l’absence de données complètes et fiables, il devient difficile d’évaluer avec précision l’ampleur, la nature et les conséquences de la persécution religieuse. Même au sein des groupes où les données sont collectées et diffusées, il existe un désaccord sur la définition de la persécution et les moyens d’en parler et de publier les données.

Marche à suivre

Il existe plusieurs stratégies pour protéger et promouvoir la liberté religieuse dans le monde. Certains outils et stratégies importants, en termes de stratégies tant préventives que réactives capables d’apporter un soutien plus complet à l’Église persécutée, sont décrits ci-après.

Éducation

L’éducation est impérative pour prévenir et combattre l’intolérance et la discrimination fondées sur la religion ou la conviction. L’éducation aux droits humains est la stratégie la plus efficace pour promouvoir le respect de la diversité et des droits humains. L’apprentissage de techniques de pensée critique peut aider à lutter contre les préjugés et la haine.Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits humains (HCDH) reconnaît l’importance de l’éducation dans la lutte contre l’intolérance fondée sur la religion ou la conviction.13 Des ressources telles que le cadre « La foi pour les droits » et sa boîte à outils, développés par le HCDH, pour faciliter l’engagement entre pairs, explorent la relation entre la religion et les droits de l’homme.14

Régimes juridiques

Les normes juridiques internationales constituent l’épine dorsale de tous les systèmes juridiques nationaux en matière de protection et de promotion du droit à la liberté de religion ou de conviction. L’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme15 et l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques garantissent à tous le droit à la liberté religieuse. Ces lois et d’autres lois internationales clés sont une ressource importante dans la défense de la liberté de religion ou de conviction.

Des lois nationales qui reflètent les normes et les protections inscrites dans les lois internationales sont impératives pour protéger la liberté religieuse, en particulier pour les communautés religieuses minoritaires d’un pays. Cependant, les lois et les statuts qui garantissent les droits humains fondamentaux sont inefficaces dans un contexte où la gouvernance démocratique, l’État de droit et l’indépendance du pouvoir judiciaire sont inexistants.

Mécanismes communautaires

Les communautés locales sensibles jouent un rôle essentiel dans la lutte contre la violence et la discrimination. Créer des opportunités de documenter et répondre à l’hostilité par la médiation, l’accès à la justice et la réconciliation, l’aide et la réhabilitation peut permettre d’atteindre ce but. Le « Processus de Fès » développé par les Nations Unies fournit aux chefs religieux et aux communautés d’excellentes suggestions de mesures à prendre pour prévenir la violence sectaire.16

Évangélisation par le style de vie

Dans les sociétés où le culte, l’observance, la pratique ou l’enseignement chrétiens sont jugés illégaux ou interdits, l’évangélisation par le style de vie peut être la seule manifestation pratique. Vivre selon les principes bibliques et refléter le caractère et les enseignements du Christ dans la vie quotidienne peut être un témoignage silencieux mais puissant, là où la proclamation active de l’Évangile est impossible.

Plaidoyer pour la liberté religieuse ainsi que pour d’autres droits humains

L’intégration de la liberté de religion ou de conviction (LRC, ou FORB pour le sigle anglais) dans les droits humains est essentielle pour la protection et la promotion du droit fondamental à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Comme indiqué précédemment, ce droit est inscrit dans les instruments internationaux relatifs aux droits humains tels que la Déclaration universelle des droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Avec l’intégration de la LRC dans les cadres des droits humains, les gouvernements peuvent être tenus responsables de veiller à ce que les individus soient libres de pratiquer leur religion ou leur conviction sans crainte de discrimination ou de violence. Les liens entre le droit à la LRC et d’autres droits humains importants tels que la liberté d’expression, la liberté de réunion et le droit à l’égalité font de la LRC un élément central de tout discours important sur les droits humains.

Dans un monde de plus en plus mondialisé, les efforts de divers gouvernements pour placer la liberté de religion ou de conviction au cœur de leur politique étrangère présentent plusieurs opportunités de renforcer l’engagement des États-nations envers la LRC et de demander des comptes aux gouvernements qui y dérogent. Le mouvement croissant de promotion de la LRC à l’échelle mondiale peut aider à promouvoir l’harmonie sociale, la tolérance, l’inclusion et le respect de la diversité dans les pays où les religions minoritaires sont ciblées par la discrimination et la violence.

Technologie

Vivre sans la technologie et les commodités qu’elle offre est impensable. La technologie moderne a transformé la communication humaine, l’éducation, le travail et le divertissement. Les progrès de la technologie numérique offrent un accès instantané à de grandes quantités d’informations et une connectivité instantanée aux personnes dans le monde entier.

Cette technologie permet la collecte, le stockage et le partage des informations, la transmission en temps réel des incidents et des événements sur le web et la connexion avec des personnes au-delà des fuseaux horaires et des frontières géographiques. Ces moyens peuvent être exploités pour défendre les droits des personnes ciblées pour leur foi et pour dénoncer la discrimination et la violence. Documenter les violations des droits humains présente, cependant, un grand risque pour les défenseurs de ces droits. Bien que, dans une certaine mesure, la technologie ait été utilisée pour documenter les violations, elle continue de représenter un potentiel, des opportunités et des risques encore plus importants.

L’éducation aux droits humains est la stratégie la plus efficace pour promouvoir le respect de la diversité et des droits humains.

Conclusion

En regardant en arrière, chaque siècle et décennie écoulés a placé les nations, les régions et le monde face à de nouveaux enjeux, affectant la liberté religieuse et la mission de l’Église. Les enjeux du 21e siècle sont plus complexes et variés que jamais. L’Église est appelée à servir dans ce paysage d’hostilité en constante évolution. Tout en reconnaissant que la persécution est inévitable, comme le Christ Jésus l’a averti, il incombe à l’Église mondiale de chercher « à s’opposer à l’injustice et à rester fidèle à l’Évangile, quel qu’en soit le prix ».17 La résilience et la persévérance des fidèles qui ont, pendant des siècles et jusqu’à ce jour, enduré la violence pour avoir suivi le Christ témoignent de ce que rien ne peut arrêter la mission de l’Évangile de Jésus-Christ. Comme l’a dit Jésus lui-même : « … je construirai mon Église, et les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre elle. » (Matthieu 16.18) Voilà notre espoir et notre avenir.

Resources

  • Penner,Glenn. In the Shadow of the Cross—A biblical theology of persecution and discipleship.Bartlesville, OK: The Voice of the Martyrs Books, 2021.
  • Boyd-MacMillan,Ronald. Faith that Endures–The Essential Guide to the Persecuted Church. Ada, MI: Revell,2006
  • Ed. Taylor, William D.,Van Der Meer,Antonia, Reimer,Reg. Sorrow & Blood–Christian Mission in Contexts of Suffering, Persecution, and Martyrdom. Pasadena, CA:William Carey Library,2012
  • “In Response to Persecution: Findings of the Under Caesar’s Sword Project on Global Christian Communities.” Under Caesar’s Sword Project (2017).
  • Anderson,Ryan T. Truth Overruled—The Future of Marriage and Religious Freedom. Washington, D.C.: Regnery Publishing, 2015Coleman,Paul.Censored—How European ‘Hate Speech’ Laws are Threatening Freedom of Speech. Kairos Publications; 2nd ed., 2016

Endnotes

  1. Portes Ouvertes. « Indice mondial de la persécution des chrétiens 2023 ». Consulté le 23 août 2023. https://www.portesouvertes.fr/persecution-des-chretiens.
  2. Ibid.
  3. Samirah Mujumdar and Virginia Villa. « Globally, Social Hostilities Related to Religion Decline in 2019, While Government Restrictions Remain at Highest Levels.” Last modified September 30, 2021. https://www.pewresearch.org/religion/2021/09/30/globally-social-hostilities-related-to-religion-decline-in-2019-while-government-restrictions-remain-at-highest-levels/.
  4. La personnalité juridique permet aux entités non humaines d’être traitées comme une personne pour conclure des contrats, poursuivre ou être poursuivies en justice, acheter des biens immobiliers, etc.
  5. Les avantages fournis par l’État peuvent inclure la sécurité dans les situations de conflit, des compensations et des fonds pour reconstruire les lieux de culte détruits dans le conflit, l’accès à l’éducation et aux bourses, des exonérations fiscales, etc.
  6. Virginia Villa. “Four-in-ten countries and territories worldwide had blasphemy laws in 2019.” Last modified January 25, 2022. https://www.pewresearch.org/short-reads/2022/01/25/four-in-ten-countries-and-territories-worldwide-had-blasphemy-laws-in-2019-2/.
  7. L’article 13 de la Déclaration de Lausanne dit : « Dieu a chargé tous les gouvernements d’assurer des conditions de paix, de justice et de liberté dans lesquelles l’Église peut lui obéir, servir Christ le Seigneur et prêcher l’Évangile sans empêchement. » https://lausanne.org/content/covenant/lausanne-covenant#cov.
  8. Open Doors UK. « Why are Christian women and girls particularly vulnerable to persecution?” Last modified February 22, 2023. https://www.opendoorsuk.org/news/latest-news/christian-women-vulnerable/.
  9. The Conversation. « Why the future of the world’s largest religion is female – and African.” Last modified March 23, 2022. https://theconversation.com/why-the-future-of-the-worlds-largest-religion-is-female-and-african-178358.
  10. L’article 10 de la Déclaration de Lausanne déclare :« Le développement de stratégies pour l’évangélisation du monde réclame de l’imagination et des méthodes d’avant-garde. » https://lausanne.org/content/covenant/lausanne-covenant#cov.
  11. Lausanne Occasional Paper No. 42. “Prayer in Evangelism.” September 29 to October 5, 2004. https://lausanne.org/content/lop/prayer-evangelism-lop-42.
  12. Carmen Ang. « Visualizing the World’s Population by Age Group.” Last modified June 16, 2021. https://www.visualcapitalist.com/the-worlds-population-2020-by-age/.
  13. « Il est essentiel de combattre l’intolérance, les stéréotypes négatifs et la stigmatisation, la discrimination, l’incitation à la violence et la violence visant certaines personnes en raison de leur religion ou de leurs convictions au moyen d’une approche fondée sur les droits humains. Nelson Mandela a déclaré dans une phrase devenue célèbre : “ Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de ses origines, ou de sa religion ”. On peut ajouter à cela que personne ne naît avec le savoir nécessaire pour gérer la diversité religieuse, ce qui peut avoir d’énormes effets positifs pour les droits humains, mais être également source de graves tensions. Ces vérités soulignent l’importance de l’échange inclusif entre pairs de connaissance sur foi et les droits de l’homme. » Nations Unies, Droits de l’homme. « Lutte contre l’intolérance fondée sur la religion ou la conviction. » Consulté le 23 août 2023. https://www.ohchr.org/fr/minorities/combating-intolerance-against-persons-based-religion-or-belief.
  14. Nations Unies, Droits de l’homme. Le HCDH et le cadre « la foi pour les droits » Consulté le 23 août 2023. https://www.ohchr.org/fr/faith-for-rights. 
  15. NdT (C’est la Révolution française en 1789 qui a, pour la première fois, entériné la notion de droits humains à travers la Déclaration universelle des droits de l’homme. Si cette appellation historique perdure, les sensibilités et prises de conscience actuelles prônent l’emploi du terme plus inclusif « droits humains », à l’instar de la majorité des autres langues dans le monde (https://haut-conseil-egalite.gouv.fr/parite/actualites/article/droits-humains-une-expression-qu-il-est-temps-de-generaliser))
  16. United Nations Office on Genocide Prevention and the Responsibility to Protect. “Plan of Action for Religious Leaders and Actors To Prevent Incitement to Violence That Could Lead To Atrocity Crimes.” Accessed 23, 2023. https://www.un.org/en/genocideprevention/documents/Plan%20of%20Action%20Advanced%20Copy.pdf.
  17. Article 13 de la Déclaration de Lausanne. https://lausanne.org/content/covenant/lausanne-covenant#cov.

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Tehmin Arora

Tehmina Arora

est avocate spécialisée dans les droits humains, elle est directrice du plaidoyer pour l'Asie chez ADF International, spécialisée dans le droit constitutionnel et les droits des minorités religieuses. Elle a également été directrice du plaidoyer pour l'Alliance évangélique d'Inde et secrétaire générale de la Christian Legal Association, Inde. Arora Tehmina a fréquemment écrit sur des questions sensibles telles que le fœticide féminin, les mariages et la conversion forcés, et la liberté religieuse en Asie. Son travail a figuré en bonne place dans des journaux nationaux et internationaux et des revues savantes. Arora Tehmina a siégé au conseil d'administration de plusieurs organisations caritatives chrétiennes, dont le Mouvement de Lausanne. En 2018, Arora Tehmina a reçu, de la Commission des minorités de Delhi, le prix Champion des droits humains pour ses services auprès de la communauté chrétienne.

Roshini Wickremesinhe

Roshini Wickremesinhe est la directrice exécutive du Religious Liberty Partnership (RLP), qui facilite les collaborations stratégiques mondiales pour la liberté religieuse. Avocate des droits humains et écrivaine, elle défend la liberté religieuse et les droits des minorités. Roshini a précédemment été directrice du plaidoyer et du droit à la National Christian Evangelical Alliance du Sri Lanka, et consultante juridique principale, par le biais de l'ONU, sur les personnes disparues et les disparitions forcées au Sri Lanka. Elle a occupé des postes honorifiques, notamment en tant que Directrice exécutive honoraire de la Commission de la liberté religieuse de l'Alliance évangélique asiatique et cheffe du bureau de Colombo de l'Institut international pour la liberté religieuse. Les écrits de Roshini sur le droit à la liberté de religion ou de conviction, le discours de haine et les droits des femmes ont été publiés à l'échelle internationale et locale dans des revues savantes, des rapports, des compendiums et des magazines.

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