Qu’est-ce que le christianisme polycentrique ?

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La mobilisation des ressources polycentriques

L’appel biblique à la générosité

L’appel biblique à la générosité est un thème central tout au long de la Bible. Il fait appel à l’importance d’accueillir et d’assumer notre identité dans notre rôle d’intendants du monde créé par Dieu, intendants des ressources financières, intendants de nos relations et intendants de l’Évangile.  

Aujourd’hui, de nombreux chrétiens à travers le monde répondent à l’appel biblique à la générosité en faisant des dons à leur Église locale et en accomplissant le Mandat missionnaire. Nombre d’entre eux ne se contentent pas de donner de l’argent à l’œuvre du Royaume. Ils se soucient et prient pour les missionnaires. Certains donnent également de leur temps à des œuvres locales et témoignent du Christ dans leur famille, sur leur lieu de travail et dans leur quartier.

L’appel biblique à la générosité est un thème central tout au long de la Bible.

Nous pourrions aisément brosser un tableau idyllique des chrétiens répondant avec ferveur à l’appel biblique à la générosité, mais ce ne serait pas vous rendre service que de ne pas admettre une autre facette de cette réalité. Alors que notre monde continue de faire face à des bouleversements majeurs, des changements importants affectent également tous les aspects du ministère chrétien, y compris la manière dont les chrétiens contribuent financièrement à la mission de Dieu.

  • L’Église dispose bien des ressources financières nécessaires à l’accomplissement du Mandat missionnaire, mais elle ne parvient pourtant pas à remplir ce mandat. Selon une étude menée par le « Centre for the Study of Global Christianity » du Gordon-Conwell Theological Seminary, le revenu annuel total de tous les membres d’Églises dans le monde s’élevait à 53 000 milliards de dollars américains en 2022. Dans le même temps, les dons aux œuvres chrétiennes s’élevaient au total à 896 milliards de dollars, et les dons aux missions spécifiquement à 52 milliards de dollars. Cela ne représente que 5,78 % du total donné à l’ensemble des œuvres chrétiennes.
  • Le type d’activités qui incitent les chrétiens à donner change. En 2022, 94 % des dons sont restés principalement dans les pays chrétiens. Parmi ces dons, 82 % sont allés aux Églises locales et 12 % aux « missions intérieures » de ces mêmes pays chrétiens.
  • Bien que les chrétiens soient généreux, ils n’investissent pas de manière significative dans la réalisation du Mandat missionnaire. Seuls 6 % des dons des chrétiens sont destinés à la mission auprès de groupes de population non-évangélisés ou non-atteints. Plus précisément, seulement 1,7 % des dons est consacré à l’évangélisation des peuples non-atteints.
  • Les formes de générosité des nouvelles générations de chrétiens évoluent. Par exemple, les « Millenials » et la « génération Z » donnent différemment des « baby-boomers » et de la « génération X ».
  • Dans certaines régions du Nord global, les dons aux Églises sont en baisse et dans certaines parties du Sud global, l’Église n’a pas encore développé un véritable enseignement biblique sur la générosité.
  • Un nombre croissant d’Églises et de ministères sont en concurrence pour un volume limité de ressources et ne savent pas vraiment comment s’y prendre pour collecter des fonds.

Comme le dit R. Mark Dillon, « Pour réussir, les responsables doivent posséder une vision théologique qui leur permette de reconnaître la nécessité de demander, la joie de donner et la beauté de la nature collaborative de l’avancement du Royaume. »1

Dans cet article, nous nous penchons sur certains des défis liés à la sensibilisation à la générosité biblique et à la collecte de fonds pour la réalisation du Mandat missionnaire dans différentes parties du monde.

Les défis de la mobilisation des ressources polycentriques

« Si chaque culture a reçu le Mandat missionnaire, alors chaque culture a le privilège de contribuer à sa réalisation. » – Scott Morton, Navigators

Selon Scott Morton, l’idée d’une mobilisation polycentrique des ressources devrait être la norme. C’est lorsque chacun participe au privilège de donner et de recevoir que le Royaume de Dieu se construit et que Dieu seul en tire toute la gloire. Le don ne se limite pas ici à l’argent, il est fait référence au concept de générosité en temps, en compétences et en ressources.

Voici cinq des défis que pose la mobilisation de ressources polycentriques.

La collecte et la compilation des données

La collecte et le regroupement des données relatives aux dons posent certains problèmes, en particulier dans les pays du Sud. La célèbre citation d’Einstein selon laquelle « tout ce qui peut être compté ne compte pas nécessairement ; tout ce qui compte ne peut pas nécessairement être compté » s’applique particulièrement bien à la réalité ici. S’il existe des inégalités de richesse à travers le monde, il n’y a pas en revanche d’inégalités d’opportunités. En effet, chaque culture dispose de ressources qui peuvent être utilisées pour soutenir les missions et le ministère au niveau local. Une grande partie des dons et de la générosité des pays du Sud consiste davantage en une générosité en temps et en compétences qu’en ressources. Et lorsque les dons prennent la forme de ressources, il ne s’agit pas toujours de don en monnaie sonnante et trébuchante. En effet, certains donnent des ressources qui sont précieuses et qui, dans de nombreux cas, ne se convertissent pas facilement en argent. Le don de son temps et de sa présence est précieux dans le contexte où il a lieu et peut avoir une valeur supérieure à celle de l’argent. Cependant, le fait qu’il ne puisse être monétisé le rend plus difficile à mesurer et, malheureusement, il est souvent mis de côté dans les milieux missionnaires, considéré comme n’ayant pas de valeur tangible.

L’identité des donateurs

Compte tenu du rôle dominant joué par l’argent dans toutes les cultures, les autres formes de dons n’ont pas été valorisées et reconnues comme importantes, si bien qu’elles sont traitées différemment. De ce fait, beaucoup de ceux qui ont toujours donné de cette manière ne se sentent pas soutenus et encouragés, ce qui réduit inévitablement leur capacité à donner au fil du temps. Par ailleurs, la valeur associée au don a d’une certaine manière été associée à tort au donateur, plutôt qu’à Dieu – qui est celui qui rend le don possible. Malheureusement, de nombreux donateurs et partenaires ont eux-mêmes associé leur propre identité à leurs dons et à leurs contributions aux missions, créant ainsi une sorte de déséquilibre qui fait que ceux qui ne sont pas en mesure de donner matériellement se sentent moins utiles, même s’ils auraient pu donner de bien d’autres manières et avec authenticité.

L’émergence de mouvements missionnaires dans les pays du Sud 

Ces dernières années ont vu de nombreuses Églises du Sud s’investir fortement dans des missions interculturelles du le monde entier, avec des ressources générées localement. Le principal problème est que ces investissements considérables ne sont pas mis à la disposition de l’Église (au sens large) et échappent aux rapports qui permettraient de mesurer l’impact d’une telle générosité. Les membres de ces Églises nationales ont fait d’énormes sacrifices pour apporter leurs contributions, mais comme elles ne sont pas comptabilisées, leur valeur est en quelque sorte perdue dans la foulée, mais pas pour Dieu, à qui ces dons sont en réalité destinés.

La gestion des ressources disponibles

L’allocation et la gestion des ressources suscitent bien des préoccupations. En effet, de nombreuses Églises ont une gestion douteuse et les conseils et directoires, même lorsqu’ils existent, ne fonctionnent pas toujours comme ils le devraient. Décider de la manière dont ces ressources doivent être utilisées peut s’avérer un défi de taille, et cela a suscité de la suspicion, freinant par conséquent l’élan de générosité de certains à l’égard des missions. La transparence et le contrôle des opérations et des questions financières sont essentiels à l’instauration et au maintien de la confiance.

Des relations saines d’interdépendance

La pérennité des ressources grâce à l’interdépendance entre les partenaires locaux et étrangers est un objectif idéal. Mais lorsque la dépendance est cultivée à la fois par les partenaires locaux et étrangers, l’objectif de durabilité vole en éclats, et entraîne dans sa chute une perte de dignité. Il est essentiel que les missions étrangères bien établies soient enclines à promouvoir des relations saines de collaboration et de partenariat, qui valorisent tous les types de contributions aux missions. En laissant toute sa place à l’interdépendance, on favorise les initiatives, les innovations et la créativité au niveau local, ce qui permet aux populations locales de contribuer, si nécessaire, avec les ressources que Dieu leur a confiées.

Les opportunités pour la mobilisation de ressources polycentriques

Les occasions de transmettre régulièrement des enseignements sur la gestion et la générosité dans le langage du cœur de chaque croyant sont nombreuses. Enseigner l’appel de Dieu à la générosité uniquement lorsque son ministère ou son Église a des besoins financiers laisserait penser que le don est soit un sujet secondaire, soit un sujet gênant, plutôt à éviter. En réalité, chaque culte dans une Église locale et chaque newsletter ou lettre de remerciement rédigée par un responsable de ministère ou un responsable de collecte de fonds sont autant d’occasions d’enseigner aux chrétiens la générosité et de les inspirer à être généreux.

Ainsi, l’un des principaux défis, qui est également une formidable opportunité pour les responsables d’Églises et des ministères, est de faire évoluer les personnes qui les soutiennent ou leur assemblée vers un engagement à donner non seulement par reconnaissance du fait que « tout appartient à Dieu et toute ressource dont nous disposons vient de lui », mais également par la volonté d’honorer Dieu et par obéissance à sa Parole. Nous donnons avec conviction parce que nous voulons faire notre part dans l’accomplissement du Mandat missionnaire. Nous donnons avec joie parce que nos dons encouragent les autres à donner. Nous donnons avec compassion parce que nos dons vont aider les autres. Nous donnons librement parce que notre espérance ne repose pas sur des choses terrestres, mais sur des choses éternelles. Encourager chaque chrétien à assumer son identité de gestionnaire des ressources confiées par Dieu plutôt que de consommateur dans sa vie quotidienne l’incitera à utiliser ses ressources de manière contre-culturelle.

Voici quatre opportunités pour la mobilisation de ressources polycentriques.

Écoutez les jeunes donateurs et motivez-les pour le Mandat missionnaire.

Après avoir répondu à l’appel biblique à la générosité, les donateurs « Millennials » et de la génération Z aspirent à une authenticité dans vos communications sur votre mission et votre impact. Ils veulent également savoir comment leurs dons seront utilisés pour toucher davantage de personnes avec l’Évangile. De plus, ils sont prêts à donner de leur temps : plus de 70% des donateurs de la génération Z et des « Millennials » affirment qu’ils préfèrent donner leur temps plutôt que de l’argent. En proposant à ces jeunes donateurs d’autres moyens de s’impliquer dans votre mission, vous leur permettez de jouer un rôle important pour atteindre les objectifs de votre ministère tout en contribuant à atteindre leurs propres objectifs.

Parlez de votre mission avec des histoires percutantes et faites en sorte que ce soit facile pour tout le monde de contribuer à votre mission.

Partagez des récits qui montrent comment Dieu agit à travers votre Église ou votre ministère et comment l’Évangile transforme des vies. Laissez les bénéficiaires de votre mission parler par eux-mêmes. Compilez et partagez leurs témoignages par vidéos, photos et autres supports, afin d’illustrer l’impact de votre mission. Racontez l’histoire de vos équipes et des personnes qui soutiennent votre ministère, en les invitant également à témoigner de comment ils ont répondu à l’appel de Dieu à être généreux, à prier, à donner et à servir dans le champ missionnaire.

Faites en sorte que la contribution à votre mission soit facile, proposez des supports ludiques et inspirants permettant de vous soutenir par la prière, proposez différents moyens de vous faire des dons et de s’engager par du bénévolat. Il est important de simplifier les étapes et les manières de contribuer à votre mission, en particulier pour les jeunes générations de chrétiens, pour accroître leur enthousiasme et leur contribution à l’accomplissement du Mandat missionnaire. 

Manifester une reconnaissance sincère aux donateurs, gestionnaires des ressources de Dieu, permet de nourrir leur foi et d’approfondir leur engagement pour la mission de Dieu. 

Utilisez les nouvelles technologies et les nouveaux moyens de communication

Aujourd’hui, les Églises et les missions de différentes régions du monde utilisent les nouvelles technologies et les réseaux sociaux pour le culte et le ministère. Ces technologies et outils peuvent être utilisés avec créativité pour motiver les chrétiens de tous horizons à participer à l’accomplissement du Mandat missionnaire.

Par exemple, la vidéo peut être un outil très intéressant pour mettre en relation des équipes missionnaires sur le terrain avec une assemblée ou un groupe de donateurs. De plus, des campagnes sur les réseaux sociaux peuvent s’avérer très efficaces pour mobiliser tout un groupe de jeunes volontaires à qui il ne viendrait pas à l’idée de faire un don ou de s’engager à donner de leur temps à la suite d’un prospectus qu’ils auraient reçu par la poste. En outre, un site Internet actualisé et des publications sur les réseaux sociaux permettent de tenir au courant une large base de croyants de l’avancement d’un projet missionnaire qu’ils portent peut-être par la prière ou pour lequel ils pourraient faire un don. Les responsables d’Églises et de ministères seront de plus en plus amenés à utiliser les nouvelles technologies et les réseaux sociaux pour mobiliser leur assemblée ou leur base de soutien d’une manière qui leur parle.

Remerciez Dieu et son peuple

Se réjouir du fait que Dieu pourvoie à nos besoins par l’intermédiaire de son peuple et exprimer notre reconnaissance à Dieu et à tous les chrétiens qui se joignent à notre mission est la réaction naturelle. Manifester une reconnaissance sincère aux donateurs, gestionnaires des ressources de Dieu, permet de nourrir leur foi et d’approfondir leur engagement pour la mission de Dieu. 

Études de cas au niveau régional

En Occident : Repenser la collecte de fonds

L’étude de cas suivante montre comment un ministère chrétien au Royaume-Uni a appliqué les principes bibliques intégrés et de bonnes pratiques de collecte de fonds pour redynamiser sa collecte. Cela leur a permis d’approfondir la relation avec leurs donateurs actuels, d’attirer des donateurs plus jeunes et d’atteindre leurs objectifs de collecte.

Les défis

Pendant plusieurs années, ce ministère peinait à réunir le soutien financier nécessaire à ses projets missionnaires. Sa base de soutien ne cessait de se réduire et les efforts déployés pour attirer de nouveaux donateurs portaient peu de fruits. L’état d’esprit qui prévalait alors « nous ne demandons rien, nous informons simplement les gens sur ce que nous faisons » ne semblait plus fonctionner.

Ce ministère devait relever le défi de développer des relations sur le long terme avec ses donateurs, tout en restant fidèle à ses valeurs chrétiennes. Le refus de considérer la collecte de fonds comme un ministère, le manque d’investissement pour accroître les dons ainsi qu’une approche dépassée de la collecte de fonds ont fini par réduire considérablement les capacités de ce ministère à remplir sa mission. Tout cela a fait ressortir l’urgence d’une nouvelle stratégie marketing et de collecte de fonds, ancrée sur les principes bibliques.

Intégrer la gestion saine des ressources et la transparence

Il y a quelques années, sous la direction d’une nouvelle équipe, ce ministère a procédé à une refonte de son modèle de collecte de fonds, de sa communication et de ses activités, et a décidé de fonder sa nouvelle stratégie de collecte sur des principes bibliques sains de gestion des ressources. Ils ont commencé par proposer un nouveau modèle biblique de collecte de fonds, qui invite les chrétiens de tous horizons à réfléchir à la manière dont l’appel de Dieu à le servir concorde avec l’appel de leur ministère. Ainsi, le ministère a commencé à considérer et à traiter ses donateurs comme des partenaires d’une mission commune.

Ils ont ensuite décidé de mettre l’accent sur une communication ouverte et transparente concernant les pratiques financières de l’organisation et ont expliqué comment chaque don contribue directement aux projets de l’organisation. En publiant des rapports financiers détaillés et des témoignages de vies transformées, ils ont établi une base de confiance et de transparence qui a touché bon nombre de leurs nouveaux donateurs.

Donner un nouveau souffle à son réseau de prière

Les collaborateurs de ce ministère reconnaissait déjà depuis longtemps l’importance de la prière dans sa mission. Ils avaient créé un journal de prière diffusé régulièrement. Mais récemment, ils ont franchi une nouvelle étape en organisant des réunions virtuelles de prière chaque mois, où les donateurs, les partenaires locaux de la mission et les collaborateurs se réunissent pour demander à Dieu de les guider et pourvoir à leurs besoins.

Ces opportunités de renforcer l’unité spirituelle et de se tourner ensemble vers Dieu a véritablement renforcé le lien entre ce ministère et ses donateurs, en particulier pour les plus jeunes d’entre eux qui recherchent une relation plus authentique, au-delà de leur soutien purement financier.

Encourager les donateurs à être de bons intendants

Récemment, ce ministère a lancé une tournée de présentation dans 16 villes du Royaume-Uni afin de rencontrer ses donateurs, de leur apporter des enseignements bibliques sur l’appel à servir les laissés-pour-compte et les marginaux mais également afin de souligner l’importance spirituelle de la générosité.

A travers ces rencontres dans les Églises locales, ils ont eu l’occasion de louer le Seigneur ensemble, de se nourrir de la parole de Dieu et d’approfondir leur compréhension de la signification spirituelle de leurs dons. Cela a permis de renforcer leur motivation et leur engagement pour le Mandat missionnaire.

Des opérations de levée de fonds qui renforcent l’esprit de communauté

Cette organisation s’est lancée dans quelque chose qu’elle n’avait encore jamais fait: elle a rassemblé et équipé des bénévoles issus d’Églises pour organiser des événements de collecte de fonds qui mettaient à l’honneur la joie de donner à la mission. Les bénévoles ont organisé des ventes aux enchères de livres, des concerts ou encore des programmes pour les jeunes, qui ont permis non seulement de récolter des fonds, mais également de resserrer les liens entre les chrétiens de tous âges.

L’impact et la croissance durable

Le fait d’intégrer des principes bibliques dans les activités de collecte de fonds a eu un effet déterminant sur la pérennité et la croissance de cette organisation. En misant sur le développement de relations plus proches avec les donateurs, axées sur la prière, la transparence et la saine gestion des ressources confiées par Dieu, cette organisation a vu l’engagement de ses donateurs et leur soutien financier augmenter considérablement.

L’accent mis sur l’enseignement des principes bibliques de gestion des ressources et sur les événements de proximité a non seulement démultiplié les résultats de collecte de fonds, mais cela a également renforcé l’impact de leurs programmes dans les pays où leurs missionnaires sont actifs.

Conclusion

Grâce à l’intégration de principes bibliques et de bonnes pratiques, la transformation de la collecte de fonds de cette organisation illustre l’impact majeur de l’alignement des stratégies organisationnelles avec l’enseignement biblique sur la gestion des ressources et la collecte de fonds. L’engagement de cette organisation à développer la générosité des donateurs, la transparence et la constitution d’une communauté de prière a été la pierre angulaire d’une croissance durable et a renforcé sa capacité à remplir sa mission d’apporter la bonne nouvelle de Jésus aux populations non-atteintes.

Amérique latine : une région en développement pour le mouvement missionnaire

La naissance du mouvement missionnaire latino-américain remonte à 1985 avec la naissance de COMIBAM – Cooperación Misionera Iberoamericana.2 Près de quarante ans plus tard, nous constatons que ce mouvement continue à se développer. En témoignent les plus de 12 000 missionnaires latino-américains, dont on estime que 50 % sont engagés dans des missions interculturelles.3

Nous sommes conscients que derrière ce mouvement, il y a une église dynamique qui donne avec un esprit de sacrifice et d’obéissance. Toutefois, compte tenu de la croissance continue de l’Église dans l’hémisphère sud, qui devrait atteindre 76 % en 2050,4 il y a lieu d’évaluer le potentiel de don de ces 76 %. Que pouvons-nous faire aujourd’hui pour renforcer l’enseignement de la générosité et de la gestion des ressources confiées par Dieu en tant que thème fondamental de la missiologie ? La théologie des missions de l’Église d’aujourd’hui devrait suivre l’exemple de l’Église primitive. Pour l’Église primitive, les questions d’économie étaient une question théologique.5

Que pouvons-nous faire aujourd’hui pour renforcer l’enseignement de la générosité et de la gestion des ressources confiées par Dieu en tant que thème fondamental de la missiologie ?

Après avoir donné un séminaire en ligne sur « la générosité et la bonne gestion des ressources », nous avons demandé aux participants de répondre à une courte enquête. L’objectif de l’enquête était de mesurer le degré de formation sur ces sujets. Nous avons pu recueillir d’excellents commentaires, 171 réponses représentant les pays suivants : l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, Cuba, la République dominicaine, Équateur, El Salvador, l’Espagne, Guatemala, la Guinée équatoriale, le Mexique, le Nicaragua, Panama, le Pérou, Uruguay et le Venezuela.

  1. « Est-il courant de parler de générosité dans votre Église ? »
  • 50 % = Oui
  • 50 % = réparti entre « Non » et « Presque jamais »
  1. Existe-t-il des enseignements dans votre langue (ressources pédagogiques) sur la gestion des ressources, l’administration, la redevabilité, la générosité ?
  • 33 % = Oui
  • 67 % = Non
  1. Selon vous, quelle est la relation entre la générosité et la redevabilité ?
  • 40 réponses = complètement liées
  • 30 réponses = « Pas de lien » ou « Plus ou moins liées »
  • 68 = pas de réponse

L’enquête comportait davantage de questions, mais les données font actuellement partie d’une recherche de doctorat et seront communiquées ultérieurement.

Tout d’abord, nous saluons les efforts déployés par l’Église pour s’engager et enseigner sur le sujet. La Bible est considérée comme faisant autorité en la matière. Toutefois, les réponses à l’enquête semblent indiquer qu’il est nécessaire d’intensifier le dialogue et l’enseignement. Elle révèle un faible engagement sur ces sujets. Pourquoi ?

Nous ne devons pas nous précipiter sur des interventions rapides et simplistes. Nous avons besoin de nouveaux cadres pour évaluer la situation. À l’instar de l’étude et de l’analyse d’autres questions complexes dans le monde, nous devons également améliorer notre évaluation des cadres et des interventions afin de prendre en compte la complexité d’un environnement et de reconnaître qu’un environnement peut changer si les interventions adéquates sont menées.

Ces trois questions sont étroitement liées, chacune offrant une perspective spécifique sur le contexte. Ils peuvent contribuer à créer des dialogues et des forums à partir desquels nous pouvons apprendre et échanger des expériences. Qui les conduit ? À quelle fréquence ? Nous préconisons de créer davantage d’espaces où nous pouvons apprendre et discuter des moyens à mettre en œuvre pour répondre à nos besoins de développement.

À discuter:

  • Quels sont les principes fondamentaux qui, selon vous, permettent de comprendre les défis que représentent les dons et la gestion des ressources (confiées par Dieu) dans la région de l’Amérique latine ?
  • Si la recherche est essentielle, comment peut-on encourager davantage de travaux de recherche ainsi que le développement de données qualitatives et quantitatives émanant du continent latino-américain ?

Notes

  1. R. Mark Dillon. Giving and Getting in the Kingdom: A Field Guide. Moody Publishers, 2012.
  2. Julio Guarneri. « COMIBAM 1984-2000: Historical Analysis of a Majority World Missionary Network.» Dallas: Université Baptiste de Dallas, 2017.
  3. Sam Masters. « A New Missionary Era » Reaching & Teaching International Ministries. https://rtim.org/a-new-missionary-era/. Consulté le 5 mars 2023.
  4. Gina A. Zurlo, Todd M Johnson, et Peter F. Crossing. « World Christianity and Religions 2022: A Complicated Relationship.» International Bulletin of Mission Research 46/1:71–80. 2022.
  5. Justo Gonzalez. Faith and Wealth: A History of Early Christian Ideas on the Origin, Significance, and Use of Money. Eugene: Wipf & Stock Publishers, 2002.

Authors' Bios

Kehinde Ojo

Kehinde Ojo est directeur de programme de l'IFES pour le développement du soutien aux populations autochtones. Kehinde est né et a grandi dans le sud-ouest du Nigeria. En 2011, Kehinde a été invité par l'IFES à lancer un nouveau programme international pour aider les mouvements nationaux de l'IFES à devenir pérennes dans leur collecte de fonds locale afin d'assurer l'efficacité du ministère. Son mandat comprenait l'élaboration d'un plan de travail pour le programme ainsi que la mise en place et la formation d'une équipe internationale pour travailler avec lui. Il forme et conseille régulièrement des responsables dans les régions Afrique, Eurasie, Caraïbes et Amérique latine de l'IFES. Kehinde est Catalyseur pour le réseau du Mouvement de Lausanne sur les questions de collecte de fonds.

Redina Kolaneci

Redina Kolaneci est la fondatrice de Christian Fundraising Consultancy, au Royaume-Uni. Depuis plus de vingt ans, Redina a enseigné et formé des centaines de responsables d'Eglise locales et de responsables de ministères sur les principes bibliques de la gestion des ressources, sur l'augmentation du nombre de donateurs au sein de l'Eglise locale, ainsi que sur bien d'autres sujets. Elle a été la toute première consultante en enseignement de la gestion des ressources et est également l'auteure de « What Does Love Require ? », une série d'études bibliques sur la générosité. Redina est Catalyseuse pour le réseau du Mouvement de Lausanne sur les questions de collecte de fonds.

Nydia R. García-Schmidt

Nydia R. García-Schmidt est née à Monterrey, au Mexique. Elle et son mari Jim sont devenus membres de Wycliffe US en 1999. Elle a occupé trois postes de direction régionale en Amérique, expériences qui lui ont permis de mieux comprendre le contexte de la mission. Elle a été témoin de la grande générosité de l'Église, mais a également pu constater que l'un des principaux défis des missionnaires et des œuvres est de trouver des ressources financières locales. Nydia prépare actuellement un doctorat à l'Oxford Centre for Mission Studies sur la générosité et la gestion des ressources. Nydia et sa famille ont vécu aux Philippines, en Indonésie, aux États-Unis et elle vit actuellement à Mexico avec son mari Jim. Nydia et Jim ont trois fils adultes, Andrew, Paul et Joseph.

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