Que signifie être humain ?

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Transhumanisme

Latha Christie, Stefan Lindholm & Garrett Starr

 Comprendre le transhumanisme

Le transhumanisme a été défini comme suit :

  1. Mouvement intellectuel et culturel qui affirme qu’il est possible et désirable d’améliorer fondamentalement la condition humaine par la raison appliquée, notamment en développant et en diffusant largement les technologies permettant d’éliminer le vieillissement et d’améliorer considérablement les capacités intellectuelles, physiques et psychologiques de l’être humain. 
  2. Étude des ramifications, des promesses et des dangers potentiels des technologies qui nous permettront de surmonter les limites humaines fondamentales, et l’étude connexe des questions éthiques liées au développement et à l’utilisation de ces technologies.1

Comme toutes les idéologies, le transhumanisme n’est pas né spontanément, il doit ses fondements à un ensemble particulier d’antécédents philosophiques. La philosophie transhumaniste repose sur la métaphysique aristotélicienne (« l’étude philosophique de la nature de l’être ou de la réalité »2) et l’humanisme des Lumières (qui met fortement l’accent sur donner la priorité à l’importance des êtres humains et à l’amélioration future de l’animal humain). Le transhumanisme est également ancré dans le naturalisme darwinien (les êtres humains sont le fruit d’une évolution récente et nous devrions contrôler et accélérer notre propre évolution3), le concept nietzschéen de l’Übermensch (on ne saurait trop insister sur l’idée du moi auto-créé dans la pensée transhumaniste4), et l’idéologie marxiste (« l’importance des conditions matérielles, et en particulier du progrès technologique, pour la révolution, les conceptions de la nature humaine et les conceptions de la nature en général »5).

 le transhumanisme rejette la validité des religions monothéistes et polythéistes traditionnelles et nie l’existence même de Dieu.

En termes de priorités idéologiques, le transhumanisme rejette la validité des religions monothéistes et polythéistes traditionnelles et nie l’existence même de Dieu. Bien que certains partisans du transhumanisme cherchent à fusionner la foi avec la philosophie transhumaniste, la grande majorité de ses adeptes sont des agnostiques ou des athées déclarés6. Il s’en-suit que les transhumanistes rejettent également la possibilité d’une vérité éternelle transcendante et rejettent les méta-récits, comme la Bible, qui prétendent à la vérité absolue. Le transhumanisme s’oppose également à la centralité des valeurs familiales traditionnelles. Cette vision du monde soutient l’idéologie du transsexualisme et la pratique de réattribution sexuelle en tant que moyens viables de modifier l’expression physique humaine, car ces pratiques sont considérées comme des aspects de contrôle du progrès de l’évolution humaine. En effet, dans la pratique, le transhumanisme se concentre sur le contrôle et l’accélération du progrès évolutif de l’humanité par l’application de technologies avancées et d’innovations médicales à la biologie humaine.

Pour atteindre cet ambitieux objectif de faire de l’être humain ce qu’il n’est pas, les transhumanistes préconisent l’utilisation de technologies actuelles et futures telles que le génie génétique, la nanotechnologie moléculaire, les superordinateurs, les prothèses, la biotechnologie, la cryogénie, le téléchargement de l’esprit, le clonage, la réalité virtuelle et l’intelligence artificielle (IA) afin d’allonger la durée de vie humaine, augmenter les capacités cognitives et physiques, éliminer les maladies et les souffrances et atténuer les inégalités sociales et économiques. Les transhumanistes s’efforcent de réaliser ces objectifs post-humains en influençant les institutions culturelles, sociales et économiques. En fin de compte, les transhumanistes espèrent faciliter une synergie entre l’homme et la machine qui aboutira à une cyber-immortalité facilitée par la technologie dans laquelle les limites perçues de la phénoménologie humaine actuelle céderont la place à une utopie post-humaine – un avenir dans lequel les êtres humains existeront, non pas dans des corps physiques, mais plutôt dans un état désincarné de perfection numérique.

 En fin de compte, les transhumanistes espèrent faciliter une synergie entre l’homme et la machine qui aboutira à une cyber-immortalité facilitée par la technologie

Si tout cela ressemble étrangement à la plupart des films de science-fiction que vous avez vus, alors vous commencez à comprendre le point de vue de la vision transhumaniste du monde. Si certains des objectifs du transhumanisme sont partagés par des personnes extérieures à cette philosophie, comme la guérison des maladies, l’élimination de la souffrance humaine, la stimulation de la croissance économique et la contribution générale à l’épanouissement humain, les principes qui sous-tendent cette vision du monde et les méthodes par lesquelles les objectifs du transhumanisme seront atteints, sans parler des objectifs eux-mêmes, sont des positions intenables pour le chrétien. Par conséquent, en raison de sa vision du monde anthropocentrique, où l’homme est le centre et la mesure de toutes choses, et sa contradiction des doctrines bibliques de l’homme, du péché, de l’incarnation, du salut, de la signification de l’expiation et du pardon, entre autres, le transhumanisme apparaît comme un enjeu du 21e siècle pour la présentation missionnaire de l’Évangile biblique. Dépouillées de tous leurs artifices, les croyances, les pratiques et les objectifs du transhumanisme cherchent à défaire l’être humain en tant qu’imago Dei, la création unique de Dieu qui porte son image, et à nous redéfinir en un hybride chair-machine qui continuera à évoluer jusqu’à ce que nous ne ressemblions plus à ce que nous sommes aujourd’hui. Pour l’Église, la question de savoir si les objectifs du transhumanisme sont réalisables n’est pas la question principale. L’enjeu consiste plutôt à reconnaître l’influence omniprésente de la philosophie transhumaniste et la manière dont elle affectera le monde, l’Église et le Mandat missionnaire au cours du prochain quart de siècle.

Effets du transhumanisme

Le monde

Le transhumanisme n’est pas seulement un état futur que ses tenants espèrent, c’est aussi un ensemble de thèmes qui font désormais partie de la culture dominante. Hava Thiros Samuelsson fait remarquer avec justesse que :

« (…) aujourd’hui, le transhumanisme n’est pas une simple spéculation en marge de la culture dominante, mais une présence qui façonne la culture contemporaine : les thèmes, le vocabulaire, les valeurs et le style transhumanistes sont le cadre où s’expriment le cinéma contemporain, la science-fiction, les films d’horreur, les jeux vidéo, la performance artistique, les nouveaux médias, la littérature et le cyberpunk. Aujourd’hui, tous les aspects de l’être humain – l’incorporation, la sexualité, la subjectivité, l’émotivité et la socialité – ont été profondément transformés par l’hybridation de l’organique et du mécanique, l’intelligence artificielle, les nouveaux médias numériques et la virtualisation, le cyberespace, les jeux en ligne, les collectivités numériques, l’information en réseau et les nouveaux arts médiatiques. Si nous voulons donner un sens à notre culture contemporaine, nous ne pouvons ignorer les thèmes transhumanistes qui l’imprègnent. »7

L’omniprésence de phénomènes culturels qui cherchent à combiner l’organique et l’artificiel, entraîne l’existence une certaine structure de plausibilité qui élève le niveau d’acceptation générale des idées et technologies du transhumanisme au sens plein du terme.

Dans la littérature transhumaniste, il existe différentes façons de décrire et d’évaluer les effets du transhumanisme dans le monde. Des transhumanistes comme Max More pensent que « le transhumanisme (comme l’humanisme) peut agir comme une philosophie de vie qui remplit certaines des mêmes fonctions qu’une religion, sans faire appel à une puissance supérieure, à une entité surnaturelle, à la foi, et sans les autres caractéristiques essentielles des religions. »8 Dans sa « Lettre à Mère Nature », More dresse une liste de sept modifications de la condition humaine : « Nous ne tolérerons plus la tyrannie du vieillissement et de la mort.9 Par des modifications génétiques, des manipulations cellulaires, des organes synthétiques et tout autre moyen nécessaire, nous nous doterons d’une vitalité durable et supprimerons notre date d’expiration. Chacun d’entre nous décidera de la durée de sa propre vie. »

Toutefois, plusieurs voix critiques se font également entendre dans le débat. L’une des objections les plus courantes est qu’un monde transhumaniste risque d’être divisé sur le plan éthique et politique, car des intérêts commerciaux et personnels décideront qui aura accès aux technologies d’amélioration car l’accès aux technologies d’amélioration sera décidé par des intérêts commerciaux et personnels. Une autre préoccupation porte sur la possibilité que, si la technologie parvient à se reproduire et s’améliorer, il n’y ait peut-être plus du tout de place pour les humains (trans- ou post-). Il reste en outre le problème de l’identité. Quel statut (moral et spirituel) aura l’émergence des transhumains ? L’émergence de personnes transhumaines entraînera-t-elle la destruction de l’humanité biologique ?

L’Église

Dans le discours séculier, la tentative du transhumanisme d’améliorer ce que signifie être humain et de surmonter les limites naturelles est souvent décrite par l’expression « jouer à Dieu ». Jouer à Dieu signifie qu’en maniant le pouvoir de la technologie, les êtres humains se surpassent et transgressent les limites imposées par Dieu qui influencent l’évolution de l’humanité. Ferkiss s’interroge : « Qu’arrivera-t-il si l’homme nouveau combine l’irrationalité animale de l’homme primitif avec l’avidité calculée et la soif de pouvoir de l’homme industriel, tout en possédant les pouvoirs quasi-divins que lui confère la technologie ? »10 L’attribution d’attributs divins est évidemment métaphorique, mais cette pratique est un terrain glissant. En raison de notre milieu culturel, que nous avons déjà évoqué, le pas vers l’attribution aux machines de la qualité de Dieu n’est pas loin. Pour dire les choses simplement, en raison du caractère impressionnant des machines et de leur puissance, l’humanité – et l’Église par extension – court le risque d’idolâtrer la technologie.

Si certains théologiens chrétiens ont mis en garde contre la technologie transhumaniste, d’autres en ont encouragé l’utilisation avec un sentiment d’urgence. Ted Peter affirme que l’éthique du transhumanisme est fondée sur la « survie du plus fort » et sur l’espoir altruiste et bienveillant d’un avenir meilleur, plus qu’humain, les transhumanistes sont incapables de faire la différence entre l’immortalité technologique et l’immortalité eschatologique.11 Philip Hefner affirme que l’humanité, en tant que « cocréateur créé », est capable de transgresser ses limites biologiques et de devenir hybride.12 Ayant inventé le concept de « cocréateur créé », Hefner cherche à définir ce que signifie être créé à l’image de Dieu tout en exerçant un degré important de liberté par rapport à Dieu, de sorte que nos activités contribuent à l’épanouissement du cosmos. Garner affirme que les chrétiens sont « citoyens du ciel », qui vivent néanmoins une autre existence terrestre ordinaire, et qu’il existe donc une tradition bien ancrée en faveur de l’hybridité et les cyborgs dans la théologie chrétienne.13

C’est pourquoi il est important de construire une position théologique solide, centrée sur l’Évangile et qui reconnaît honnêtement la réalité du péché humain. À cet égard, le transhumanisme s’oppose à la conviction chrétienne selon laquelle les humains sont passibles du jugement divin. La tentative de jouer à Dieu peut être considérée comme un péché d’orgueil et la vertu d’humilité est démantelée par la poursuite du transhumanisme. L’immortalité cybernétique étant l’objectif du transhumanisme qui conduit à l’aboutissement de l’évolution de l’homme, le transhumanisme propose une eschatologie distinctement séculière. Il cherche à atteindre cet objectif par les seuls efforts humains et non par l’intervention divine, ce qui est contraire à l’eschatologie chrétienne. Une réaction chrétienne à ces questions est nécessaire dans la sphère publique, en particulier en réponse à ceux qui, dans la communauté scientifique, ne veulent pas que l’éthique entrave leurs recherches.

Le Mandat missionnaire

Le message sotériologique du transhumanisme est que nous avons besoin d’être sauvés de nos prisons biologiques limitées et fragiles. La stratégie transhumaniste consiste donc à élaborer des technologies qui nous permettent de remédier aux problèmes immédiats. Cependant, avec l’objectif éternel que ceux qui sont sauvés par la mort et la résurrection de Jésus-Christ recevront des corps immortels, le christianisme offre un avenir meilleur. Paul exprime cette transformation dans 1 Corinthiens 15.54 : « Lorsque le périssable aura revêtu l’impérissable, et que le mortel aura revêtu l’immortalité, alors se sera accomplie la parole qui est écrite : La mort est engloutie dans la victoire. » Le livre de la Genèse est fondamental pour développer une compréhension chrétienne de la technologie. La création de l’espace, du temps et de la matière avec les lois physiques qui les régissent ; celle de l’homme, fait à l’image et à la ressemblance de Dieu, à qui il a été donné de dominer la création ; le péché et ses conséquences, et la rédemption par le Christ, tous ces éléments sont liés au développement et à l’utilisation de la technologie, à la manière dont nous devons utiliser les technologies pour atténuer la souffrance, mais ils n’ont pas pour but d’exalter les êtres humains en opposition à Dieu.

Opportunités et difficultés pour les efforts du Mandat missionnaire

Le transhumanisme, à la fois terrifiant et fascinant pour les gens, suscite de grandes questions. Qu’est-ce qu’un être humain ? Qu’est-ce qu’une bonne vie ? Quel est le sens de la vie ? Dans un monde désormais imprégné de thèmes transhumanistes, il n’y a probablement jamais eu d’époque où n’importe qui peut aborder virtuellement de telles questions avec n’importe qui d’autre, sans avoir à se préoccuper outre mesure de leurs différences culturelles et de leurs niveaux d’éducation. Il suffit de penser à certains des thèmes transhumanistes classiques tels que l’anti-vieillissement ou le téléchargement de l’esprit. Bien qu’une personne qui n’est pas formée à la pensée transhumaniste puisse initialement être dédaigneuse ou réservée quant à l’hyperbole transhumaniste sur ces questions, les questions sous-jacentes provoquent une réponse existentielle : « Ne serait-ce pas formidable de pouvoir guérir toutes les maladies ? » et « Ne voulez-vous pas vivre éternellement ? »

Les thèmes transhumanistes nous présentent un contexte qu’aucune autre période de l’histoire de l’humanité n’a illustré. Aujourd’hui, grâce à l’internet, à notre culture mondialiste et à notre politique, les êtres humains sont plus interconnectés que jamais. Les contextes culturels antérieurs n’ont pas réussi à rapprocher l’humanité comme l’a fait la technologie. Mais cela signifie aussi que cette technologie (ou « technique » comme le disait Jacques Ellul)14 ne doit pas être considérée comme un simple instrument utilisable pour le bien ou pour le mal. La technologie forme la totalité de l’environnement dans lequel nous avons la vie, le mouvement et l’être.

L’Église est appelée à réagir de manière apologétique à la vision transhumaniste et une partie de cet appel consiste également à construire des ponts, afin que l’Évangile puisse être entendu et compris dans notre contexte techno-culturel. Nous pensons que la tâche de construire des ponts est essentiellement une tâche de discernement (Romains 12.1-2). Nous terminerons cet article en indiquant quatre brèves remarques pertinentes pour l’évangélisation.

1. Comment ne pas réagir

Il existe deux réactions courantes, mais inefficaces, aux défis transhumanistes. La première consiste à rejeter le transhumanisme comme une chose relative ou sans importance. La seconde est de s’en faire une montagne, en l’identifiant peut-être (de manière simpliste) à des cauchemars eschatologiques. Le transhumanisme est un véritable enjeu pour la foi chrétienne et, comme pour toute nouvelle idéologie, l’Église doit prendre le temps de l’étudier dans la prière. En d’autres termes, le transhumanisme est un phénomène culturel appelé à durer et, par conséquent, les attitudes d’évitement et de peur n’apportent rien. Les Églises et les responsables doivent trouver le juste milieu entre ces deux extrêmes.

2. Préoccupations communes, solutions différentes

Comme nous l’avons vu, le transhumanisme et le christianisme partagent certaines préoccupations ultimes, telles que le problème de la mort et de la souffrance (sous toutes ses formes) et notre désir de les surmonter. Ces préoccupations communes, bien que la foi chrétienne les voie à partir d’un point de vue radicalement différent, constituent d’excellents points de départ pour le dialogue, car elles semblent toucher une corde sensible dans le cœur de l’homme. Les transhumanistes déclarés sont souvent enclins à parler de ces questions plus profondes. La culture façonnée par les idéaux transhumanistes est également prédisposée à creuser plus profondément les grandes questions de la vie.15 Au lieu de rejeter les hyperboles transhumanistes, une réponse chrétienne devrait accepter d’aborder les préoccupations réelles sous-jacentes.

3. Aveuglement de l’Église

La communication de l’Évangile dans notre milieu culturel sera semée d’embûches (comme à n’importe quel autre moment de l’histoire). L’un des problèmes de l’Église est sa propre cécité intellectuelle, morale et spirituelle face à l’influence que la vision transhumaniste de la vie exerce déjà sur nous et aux nombreuses façons subtiles dont celle-ci a déjà façonné la façon dont nous communiquons (ou non) l’Évangile en paroles et en actions. Les dirigeants comme les laïcs seront donc bien avisés de commencer par la maison de Dieu. Le transhumanisme n’est pas seulement un phénomène de ce monde, mais c’est aussi un phénomène qui imprègne la vie et l’esprit des chrétiens.

4. Transhumanisme et matérialisme

Le discernement consiste à démasquer les idées fausses ou incohérentes qui sont les idoles de notre époque, à la fois à la lumière des connaissances séculières et d’une vision de la réalité centrée sur Dieu. Un domaine important sur lequel les théologiens de l’Église doivent travailler est le matérialisme implicite du transhumanisme (le « matérialisme » étant la doctrine selon laquelle il n’y a rien d’autre que la matière et il n’est nul besoin d’aucune autre explication ou principe que les principes matériels). Comme nous l’avons noté plus haut, le matérialisme du transhumanisme changera la façon dont nous considérons les êtres humains. Comme l’a fait remarquer Jacques Ellul : « lorsque la technique entre dans tous les domaines et dans l’homme lui-même qui devient pour elle un objet, la technique cesse d’être elle-même l’objet pour l’homme, elle devient sa propre substance. »16 Le matérialisme rampant du transhumanisme est donc la manifestation par excellence de l’intérêt de la Technique pour l’homme.

Le problème du transhumanisme réside dans le fait qu’il présente, en termes populaires et philosophiques, un plaidoyer convaincant pour le matérialisme, mais pas n’importe quelle forme de matérialisme. Prenons la question de la nature de l’intelligence ou même de la matière elle-même. Le transhumanisme est attaché à l’idée que la réalité ultime est matérielle, mais il parle aussi de l’intelligence comme d’un modèle d’information, suggérant que des caractéristiques particulières de l’intelligence pourront être téléchargées sur un matériel autre que le cerveau. Cette analyse de l’intelligence et de la matière est à la fois insaisissable et évocatrice pour les gens d’aujourd’hui, car elle contient une vision des êtres humains comme des modèles d’information de base qui peuvent migrer vers de nouvelles formes de vie et également devenir « meilleurs ». C’est ici que l’on trouve la fusion de la science et de la conception moderne de l’autonomie humaine, c’est-à-dire la liberté de façonner sa propre vie sans aucune contrainte. La rhétorique transhumaniste présente ces questions comme une science solide (appartenant à un futur proche) et met commodément de côté la vision chrétienne classique de l’homme, être à la fois matériel et spirituel, créé à l’image de Dieu. L’Église chrétienne doit revenir à une anthropologie classique, qui dispose des ressources nécessaires pour relever le défi matérialiste.

Ressources

  • Jacob Shatzer. Transhumanism and the Image of God: Today’s Technology and the Future of Christian Discipleship. Downers Grove: InterVarsity Press, 2019.
  • Steve Donaldson and Ron Cole-Turner, eds. Christian Perspectives on Transhumanism and the Church: Chips in the Brain, Immortality, and the World of Tomorrow. Palgrave Studies in the Future of Humanity and its Successors. 1st ed. London: Palgrave Macmillan, 2018.
  • Robert Ranisch. “When CRISPR Meets Fantasy: Transhumanism and the Military in the Age of Gene Editing.” In Transhumanism: The Proper Guide to a Posthuman Condition or a Dangerous Idea? Edited by Wolfgang Hofkirchner and Hans-Jörg Kreowski, 111–120. Cham, Switzerland: Springer, 2021.
  • Patrick Hopkins. “A Salvation Paradox for Transhumanism: Saving You Versus Saving You.” In Religion and Transhumanism: The Unknown Future of Human Enhancement, Edited by Calvin Mercer and Tracey Trothen, 71-81. Santa Barbara, California: Praeger, 2015.
  • H. Tristram Engelhardt Jr. The Foundations of Bioethics. 2nd ed. Oxford: Oxford University Press, 1996. 37–67.
  • Stefan Lindholm. “Forever Young? Understanding Transhumanism” Modern Reformation. Last modified March 1, 2021. https://modernreformation.org/resource-library/articles/forever-young-understanding-transhumanism/

Notes

  1. https://nickbostrom.com/views/transhumanist.pdf
  2. J. P. Moreland and William Lane Craig, Philosophical Foundations for a Christian Worldview (Downers Grove: IVP Academic, 2003), 173.
  3. Peter H. Kahn Jr., Technological Nature: Adaptation and the Future of Human Life (Cambridge: The MIT Press, 2011), 12.
  4. Brian Leiter, “The Paradox of Fatalism and Self-Creation,” in Nietzsche, ed. John Richardson and Brian Leiter (New York: Oxford University Press, 2006), 282.
  5. James Steinhoff, “Transhumanism and Marxism: Philosophical Connections,” Journal of Evolution and Technology 24, no. 2 (May 2014): 1.
  6. Il convient de noter que certains groupes chrétiens tentent une version synthétisée du transhumanisme chrétien. Voir à titre d’exemple le site https://www.christiantranshumanism.org/.
  7. Hava Tirosh-Samuelson “In Pursuit of Perfection: The Misguided Transhumanist Vision”, Theology and Science, (2018) 16:2, 200-222, (quote on page 202) DOI:10.1080/14746700.2018.1463659
  8. Max More and Natasha Vita-More. The Transhumanist Reader: Classical and Contemporary Essays on the Science, Technology, and Philosophy of the Human Future. Chichester, UK: Wiley-Blackwell, 2013.
  9. Max More, « A Letter to Mother Nature: Amendments to the Human Constitution », August 1999, http://strategicphilosophy.blogspot.com/2009/05/its-about-ten-years-since-i-wrote.html.
  10. Victor C Ferkiss The Future of Technological Civilization. New York: George Braziller, 1974.
  11. Peters 2013. “Progress and Provolution. Will Transhumanism Leave Sin Behind?” In: Cole-Turner, R. (Ed.) Transhumanism and Transcendence: Christian Hope in an Age of Technological Enhancement. Washington, D.C.: Georgetown University Press: 63-86. 
  12. Philip Hefner, The Human Factor. Evolution, Culture and Religion (Minneapolis: Fortress Press, 1993), 31-32
  13. Garner, S. 2013.“The Hopeful Cyborg.”In: Cole-Turner, R. (Ed.) Transhumanism and Transcendence: Christian Hope in an Age of Technological Enhancement. Washington, D.C.: Georgetown University Press: 87-100. 
  14. Jacques Ellul, « La technique ou l’enjeu du siècle », Paris, A. Colin, 1954, p. 13
  15. https://nickbostrom.com/views/transhumanist.pdf.16.Stefan Lindholm, “Jacques Ellul and the Idols of Transhumanism”, Religion & Liberty: vol. 32, no. 4 (November 2022).

Biographies des auteurs

Latha Christie

Latha Christie est une scientifique de haut niveau qui a plus de 35 ans d’expérience auprès du Gouvernement indien. Elle a obtenu sa licence avec mention, puis son mastère et son doctorat en ingénierie aérospatiale à l’Indian Institute of Science, en Inde. Elle a obtenu un diplôme international de gestion de projet, une maîtrise en théologie et une maîtrise en études chrétiennes. Elle est conseillère agréée. Elle a reçu le Women Achiever Award, le Prof Satish Dhawan Award for Engineers et le AGNI Team Award for Excellence. Elle a publié environ 70 articles et est l’auteur de quatre livres. Elle est l’animatrice de la série web sur la science et la religion intitulée The Grand Cosmic Story [La grande histoire cosmique] sur sa chaîne YouTube. https://www.youtube.com/@LathaChristie

Stefan Lindholm

Stefan Lindholm est prêtre ordonné de l’Église nationale suédoise et professeur de théologie systématique à l’école de théologie Johannelund d’Uppsala. Il est éditeur de Theofilos et auteur de Jerome Zanchi (1516-1590) and the Analysis of Reformed Scholastic Christology [Jérôme Zanchi (1516-1590) et l’analyse de la christologie scolastique réformée]. Pendant 10 ans, il a travaillé avec la communauté L’Abri avec sa femme, Lois, en Angleterre et en Suède.

Garrett Starr

Garrett Starr a obtenu une licence en sciences à l’université McMurry, une maîtrise en théologie au Southwestern Baptist Theological Seminary, une maîtrise en théologie au Midwestern Baptist Theological Seminary, un doctorat en apologétique avec une spécialisation en méthodologie herméneutique au New Orleans Baptist Theological Seminary, et un doctorat en études bibliques / apologétique au Midwestern Baptist Theological Seminary. Sa thèse de doctorat, intitulée « Transhumanist Philosophy in Christian Perspective: A 21st Century Analysis » [Philosophie transhumaniste sous l’angle chrétien : une analyse du 21e siècle], est un diagnostic théologique et métaphysique et une réponse biblique à la philosophie transhumaniste. Le Dr Starr est le pasteur principal de l’Église Faith Baptist Church à Kaiserslautern, en Allemagne, et est professeur adjoint au Midwestern Baptist Theological Seminary.

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