Le rôle critique des réseaux 

Brève histoire du Mouvement de Lausanne et de ses réseaux

Le Mouvement de Lausanne a toujours eu pour objectif de favoriser la collaboration mondiale au sein de la communauté évangélique. Pourtant, à l’origine, il n’était pas prévu qu’il s’agisse d’une structure durable. Le Premier congrès de Lausanne sur l’évangélisation mondiale avait été conçu comme un « événement unique, sans structure formelle de suivi ».¹ Cependant, au cours du congrès, les participants ont rapidement reconnu la nécessité d’un cadre organisationnel permanent pour maintenir son impact. L’idée d’un mouvement était née.

Dès sa création, le Mouvement de Lausanne a donné la priorité à la création de réseaux dirigés par des volontaires permettant d’en contextualiser la vision. Il s’agissait à l’origine de réseaux régionaux et nationaux qui, depuis 2010, se sont élargis pour inclure des réseaux thématiques. Aujourd’hui, le Mouvement comprend 12 réseaux régionaux² et 28 réseaux thématiques, qui « servent de pôles d’innovation et de collaboration, où des voix diverses s’unissent pour forger des stratégies, partager des idées et catalyser des changements. »³ Il est peu probable que le Premier congrès de Lausanne aurait eu une influence aussi importante sans le travail continu de ces réseaux.

Le parcours Lausanne 4 s’est appuyé sur cet héritage et ne s’est pas seulement concentré sur un grand rassemblement (même s’il s’agissait d’une étape importante). Il s’est aussi délibérément orienté vers un « processus pluriannuel, mondial et polycentrique, facilité par la plate-forme de Lausanne, en vue d’une collaboration catalytique de l’Église mondiale, pour le discipulat de toutes les nations et le façonnement du monde à l’horizon 2050 ».⁴ L’espoir était que tous participent à l’ensemble du parcours de Lausanne 4 – depuis les appels d’écoute organisés par les différentes régions et les réseaux thématiques en 2020 jusqu’à l’interaction lors de rassemblements régionaux, l’action et la prière en réseaux, avant même le congrès de Séoul-Incheon en 2024.⁵

Pourquoi les réseaux sont essentiels aux congrès

Une recherche, menée dans le cadre d’un mémoire de master,⁶ a mis en évidence le rôle essentiel que jouent les réseaux dans le maintien de l’impact des rassemblements mondiaux. Les congrès, comme les réseaux, sont des espaces d’inspiration, de connexion, de fraternité et de prière. Alors pourquoi avoir besoin des deux s’ils font la même chose ? En effet, pour les participants, l’expérience du congrès n’est pas seulement un souvenir agréable et inspirant, mais elle alimente leurs discussions après le congrès au sein de réseaux existants ou nouveaux.

Réseautage lors du Quatrième congrès de Lausanne (sur place)

Le congrès avait été conçu pour approfondir le lien des participants avec la mission de Dieu et l’Église mondiale, en favorisant un sentiment d’unité, d’appartenance et d’habilitation de responsables du monde entier, afin qu’ils s’embarquent dans un parcours d’action collaborative.⁷

In other words, networking in the sense of connecting was a maEn d’autres termes, la mise en réseau, dans le sens de la connexion, était un élément majeur de l’intention et beaucoup d’efforts ont donc été déployés pour la rendre possible, en s’appuyant sur le parcours Lausanne 4. Avant le congrès de septembre, les participant·e·s avaient été invité·e·s à participer à plusieurs appels téléphoniques et groupes WhatsApp, où ils/elles pouvaient déjà rencontrer d’autres participant·e·s, partager leurs histoires et prier ensemble. Pendant les séances plénières, tou·te·s les participant·e·s ont été réparti·e·s en groupes de table et du temps a été consacré à l’interaction mutuelle, à la discussion sur le sujet de la séance et à la prière commune autour des tables. L’après-midi, les participant·e·s pouvaient continuer à se rencontrer dans le cadre de séances de collaboration.

Pour ces séances de l’après-midi, les participant·e·s ont pu choisir une lacune,⁸ à savoir un sujet identifié avant le congrès dans le rapport État du Mandat missionnaire comme l’une des principales lacunes dans l’accomplissement du Mandat missionnaire. Les séances de collaboration ont permis aux groupes de suivre un processus en quatre étapes : Écouter l’exposé sur la lacune et y réfléchir ; Imaginer un avenir préférable ; Créer des moyens possibles de combler la lacune ; Communiquer la proposition.⁹ Pendant leur temps libre, les participant·e·s ont pu entrer en contact avec des responsables et des personnes impliquées dans les réseaux thématiques et les régions du Mouvement de Lausanne, grâce à des réunions spécifiques et au bureau du Mouvement. En outre, deux applications ont été créées pour faciliter les connexions : l’application Lausanne gatherings – où les participant·e·s pouvaient trouver d’autres participant·e·s et interagir avec eux/elles et avec le programme du rassemblement, et le Pôle Action – un outil dédié pour connecter les personnes qui souhaitaient collaborer davantage dans leurs groupes d’intérêt respectifs.

Expérience des participant·e·s en matière de mise en réseau

Selon l’enquête réalisée après le Congrès, qui a obtenu un taux de réponse de près de 20 %,¹⁰ les éléments du programme concernant la connexion ont été très bien notés, avec une moyenne de 4,01 (positif) à 4,38 (très positif).¹¹

• Bureau du Mouvement : en savoir plus sur le Mouvement de Lausanne—4.38
• Réseaux thématiques : entrer en contact avec d’autres personnes partageant la même passion—4,29
• Réseaux régionaux : Interagir avec d’autres dans ma région—4.06
• Séances de l’après-midi : Collaborer—4.01

Si la plupart des participant·e·s connaissaient déjà un réseau régional, 22,14 % d’entre eux/elles ont déclaré s’engager pour la première fois dans un réseau thématique.

La majorité des participant·e·s ont utilisé les outils et les possibilités de mise en réseau qui leur ont été proposés :

• J’ai téléchargé l’application Lausanne Gatherings : 89,67 %
• Bâtir de nouvelles amitiés et des liens qui perdureront au-delà du Congrès : 77,77 %
• Trouver des partenaires potentiels pour de futurs projets de collaboration : 59,26 %
• S’inscrire au Pôle d’action du Mouvement de Lausanne : 57,77 %
• Rejoindre la communauté WhatsApp des participant·e·s au congrès : 57,40 %

Interrogé·e·s sur comment Dieu avait agi en eux/elles pendant le Quatrième congrès de Lausanne, 74,51 % des participant·e·s ont choisi « Mis en contact avec des responsables partageant les mêmes idées et avoir noué des relations durables », ce qui en fait la deuxième réponse la plus fréquente après « Avoir fait l’expérience de la diversité de l’Église mondiale et y avoir participé » (74,79 %). En outre, 62,13 % ont déclaré avoir été en mesure d’identifier et de saisir les opportunités de collaboration avec d’autres personnes.¹²

Cependant, lorsqu’on leur a demandé quelles améliorations apporter, 40,8 % ont également déclaré qu’il n’y avait pas assez de temps pour l’interaction et la mise en réseau.

Points de vue des responsables de réseaux¹³

Les responsables de réseaux, interrogés séparément, ont fourni des idées supplémentaires. Avec un taux de réponse de 57 % parmi les catalyseurs de réseaux thématiques et de 67 % parmi les responsables régionaux, l’enquête a suscité une forte participation. Elle était largement axée sur leurs réseaux et sur le soutien apporté par le Mouvement de Lausanne.

Au cours du parcours Lausanne 4, chacune des 12 régions a accueilli un rassemblement régional, trois régions ayant combiné leurs événements en un seul rassemblement hybride. Au total, il s’agit de trois réunions hybrides, quatre réunions en personne et trois réunions virtuelles, auxquelles ont participé environ 2 400 personnes. En outre, plusieurs rassemblements et événements nationaux organisés par des réseaux thématiques ont eu lieu. Au total, on estime que 10 300 personnes ont participé à ces rassemblements. Ce chiffre inclut également les événements virtuels, tels que les webinaires organisés par les réseaux thématiques pour explorer des domaines d’expertise spécifiques, même s’ils ne sont pas directement liés à Lausanne 4. Au total, plus de 120 rassemblements ont été organisés par les 28 réseaux thématiques et les 12 régions en 2023 et 2024, avec une moyenne de trois rassemblements par réseau.

En ce qui concerne la croissance ou le déclin de l’engagement dans les réseaux, un tiers des réseaux n’ont signalé aucune croissance ou déclin de l’engagement entre 2020 et 2024. Pour les autres réseaux, les taux de croissance varient considérablement, allant de 9 % à 1 900 % (par exemple, un réseau est passé de 50 à 1 000 participants).

Compte tenu de la grande variation de taille des réseaux (certains commençant avec 30 participants, d’autres avec 1 000), une projection combinée a été réalisée. Cette analyse indique qu’environ 44 000 personnes étaient engagées dans des réseaux relevant du Mouvement de Lausanne en 2020, ce nombre ayant augmenté d’environ 17 % pour atteindre 51 500 en 2024.

Aucune corrélation claire n’a été observée entre le nombre de rassemblements organisés et le taux de croissance de l’engagement dans le réseau. Certains réseaux ont connu un déclin en raison de facteurs comme la confusion entourant les processus de nomination, de sélection et d’inscription, qui a entraîné une perte de confiance parmi les participants et les responsables. Des études plus approfondies seraient nécessaires pour comprendre pleinement cette dynamique.

Soutien et difficultés pour les responsables de réseaux

Tous les responsables de réseau sont soit des bénévoles qui gèrent leur réseau pendant leur temps libre, soit des personnes détachées par leur organisation, ce qui leur permet de consacrer du temps à l’animation d’un réseau thématique ou d’une région.

La plupart des réseaux thématiques ont plus d’un catalyseur, ces derniers étant des experts et praticiens passionnés par le sujet du réseau. Ces dernières années, les régions ont investi dans la mise en place d’équipes régionales dirigées par deux responsables régionaux.

Les équipes chargées des opérations et de la communication fournissent diverses formes de soutien, notamment la création de modèles de documents et d’éléments matériels porteurs de l’identité de l’organisation, la promotion de rassemblements via le site web, le courrier électronique et les médias sociaux, et l’organisation d’événements sur le compte Zoom de l’organisation. Pour les rassemblements régionaux, un soutien supplémentaire a été recruté pour gérer les inscriptions, l’hébergement virtuel et d’autres tâches logistiques. Plus de 60 % des responsables de réseaux ont recours à un soutien sous forme de modèles et d’assistance pour les réunions, tandis que 45 % d’entre eux utilisent Lausanne comme plateforme pour publier des articles pour sensibiliser le public à leur région ou à la thématique de leur réseau.

La plus grande difficulté identifiée par les responsables de réseaux pour rester en contact avec leurs membres est, de loin, le manque de temps. Les contraintes financières et les difficultés à gérer les tâches administratives et les données constituent également des obstacles importants à la communication au sein des réseaux.

Ces observations correspondent aux suggestions des responsables en matière de soutien utile : deux tiers d’entre eux ont souligné la nécessité d’une assistance pour les tâches administratives, ainsi que d’outils facilitant une communication efficace et sécurisée avec leur réseau. La rationalisation de ces processus permettrait aux responsables de se concentrer davantage sur les tâches essentielles que sont la mise en réseau et la collaboration.

Conclusion

Le Quatrième congrès de Lausanne a mis en évidence le rôle essentiel des réseaux dans l’avancement de la mission du Mouvement de Lausanne. Il a réussi à favoriser les connexions, la collaboration et l’engagement continu grâce à des outils innovants et à une approche à multiples facettes. Cependant, les disparités de croissance des réseaux et les commentaires des responsables révèlent des domaines à améliorer, notamment en ce qui concerne le soutien administratif et la communication ce qui permettrait d’alléger le fardeau des responsables bénévoles.

Pour garantir la vitalité et l’efficacité du mouvement, il sera essentiel de donner la priorité à des systèmes de soutien rationalisés, d’améliorer l’allocation des ressources et d’affiner les stratégies d’engagement. S’il parvient à résoudre ces difficultés, le Mouvement de Lausanne peut permettre à ses réseaux de jouer un rôle encore plus important pour catalyser les efforts visant à promouvoir la mission, garantissant ainsi l’impact durable du Mouvement.

Notes

1. Leighton Ford’s forward in Leighton Ford and Michael Oh, The Lausanne Legacy – Landmarks in Global Mission (Peabody, MA: Hendrickson Publishers, 2016).
2. ‘Regions’, Lausanne Movement, accessed 10 December 2024, https://lausanne.org/fr/network-type/les-regions-fr.
3. ‘Issue Networks’, Lausanne Movement, accessed 6 December 2024, https://lausanne.org/fr/reseaux-thematiques.
4.  Michael Oh, ‘What Is Lausanne 4’, Lausanne Movement, accessed 6 December 2024, https://lausanne.org/fr?page_id=1241134.
5. See also Sandra Kunze, ‘The Transformative Power of Networks’, accessed 6 December 2024, https://lausanne.org/fr/qui-nous-sommes/blog-fr/le-pouvoir-de-transformation-des-reseaux.
6. See Kunze, ‘The Transformative Power of Networks’
7. View ‘Introduction to Collaborate’, https://youtu.be/IIt3spXN3Rs?si=ipK2C9QrXgGrZEjb.
8. See all 25 gaps that were identified through the State of the Great Commission Report here: https://Congress.lausanne.org/the-25-collaborate-session-gaps/. 
9. See ‘Congress Executive Summary of Afternoon Programme’, accessed 12 December 2024
10. 1 075 réponses sur les 5 394 participants (19,93 %).
11. Choix de réponses : 1 – très négatif ; 2 – négatif ; 3 – neutre ; 4 – positif ; 5 – très positif
12. La différence entre les résultats de la question « Comment Dieu a-t-il œuvré en vous pendant le Quatrième congrès de Lausanne ? » (Question à choix de réponses multiples) – 62,13 % ont choisi « Identifier et saisir des opportunités de collaboration avec d’autres », et la question « Nouvelles connexions – Parmi les outils et opportunités de connexion suivants, lesquels avez-vous utilisés ? » (Question à choix de réponses multiples) – 59,26 % ont choisi « Trouver des partenaires potentiels pour de futurs projets de collaboration », est si faible qu’elle peut être utilisée comme une confirmation.
13. Pour simplifier le langage, les catalyseurs et les directeurs régionaux sont appelés « responsables de réseau »