Global Analysis

Collaborer dans la mission mondiale

mesurer l’impact du quatrième congrès de Lausanne

Evi Rodemann Mar 2025

Cet article explore quel pourrait être l’impact du Quatrième congrès de Lausanne sur la collaboration dans la mission mondiale, en commençant par définir la notion d’impact et proposer une matrice pour le mesurer.

Le Quatrième congrès de Lausanne sur l’évangélisation du monde, qui s’est tenu en septembre 2024 à Séoul-Incheon, en Corée du Sud, a été un événement charnière dans l’histoire du Mouvement de Lausanne. Sous le thème « Que l’Église proclame et mette en évidence le Christ – ensemble », le congrès a mis l’accent sur l’unité dans la proclamation de l’Évangile et a démontré comment la collaboration entre les générations, les régions et les traditions peut accélérer l’accomplissement du Mandat missionnaire. Tel était l’objectif ultime du congrès et tout ce qui s’en suivrait devait s’inscrire dans ce cadre. Les participants ont participé à des séances, des ateliers et des discussions s’inscrivant dans une volonté de collaboration, pour explorer des moyens novateurs de relever les défis auxquels le monde est confronté et de mobiliser efficacement l’Église mondiale pour l’Évangile.

Notre désir est que ce congrès ne se limite pas à avoir fourni aux participants des informations pertinentes sur l’Église mondiale et ses besoins, mais qu’il permette également d’atteindre notre monde et d’accélérer la mission mondiale – pour que chaque personne sur la planète Terre entende la bonne nouvelle de Jésus-Christ.

Pour cela, nous devons prier et travailler à l’impact final du congrès sur la vie des participants, qui débouchera sur des actions. Nous demandons au Seigneur de la moisson de susciter davantage d’ouvriers, car « la moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. » (Luc 10.2)

Qu’entend-on par impact ?

Nous devons tout d’abord définir ce que nous entendons par « impact ».

Selon le dictionnaire Larousse, l’impact est « l’effet produit par quelque chose ; contrecoup ; influence ; influence exercée par quelqu’un ».1 Après avoir exploré les différents types d’impact qu’ont les événements, j’en donne la définition suivante : « l’impact est l’effet puissant que quelque chose, en particulier quelque chose de nouveau, a sur une situation ou une personne et qui conduira à des actions. »2

Le graphique suivant est utile pour mieux comprendre le processus qui mène des apports du congrès à l’impact de ce dernier.

Figure 1 : Des apports à l’impact3

Tout commence par des apports s’inscrivant dans une volonté d’aboutir à un impact. Dans le cas du Quatrième congrès de Lausanne, les apports ont eu lieu lors de séances telles que les plénières, le parcours Monde du travail et les séances sur les lacunes. Ces apports devaient ensuite conduire à des activités auxquelles nous étions invités à apporter une réponse et à prendre un engagement. Lors du congrès, les participants ont été invités à signer l’Engagement d’action collaborative, c’est-à-dire à s’engager à collaborer afin d’accélérer la mission mondiale. Des activités, nous passons aux réalisations et aux résultats. Ces deux éléments sont mesurables. Il nous appartient de prier et de transformer cela en impact durable et à long terme, pour entrer dans la prochaine ère de la mission mondiale.

Comment mesurer l’impact

Lors de ma récente formation avec Phineo pour devenir consultante en impact, j’ai découvert l’impact comme un cycle, une notion qui pourrait nous aider à mieux comprendre ce qu’est l’impact, au lieu de voir l’impact comme un processus linéaire, nous pouvons aussi le comprendre comme un cycle.

La motivation première de ce désir d’impact vient de la perception d’un besoin. Dans notre cas, il s’agit de voir que le monde est perdu sans Jésus, ce qui nous amène à donner la priorité à la mission mondiale, en mobilisant l’Église mondiale et en encourageant la collaboration pour accomplir le Mandat missionnaire. Nous passons ainsi d’une vision à l’élaboration de stratégies puis à des phases similaires à celles de la figure 1 : des apports à l’impact. Une fois la solution trouvée, un autre besoin apparaîtra et le cycle recommencera.

Figure 2: Cycle de l’impact4

Quand l’impact est-il mesurable ?

Il est important que les effets et les résultats soient mesurables, faute de quoi vous ne recueillerez les témoignages qu’au hasard et vous ne saurez pas si vous avez réellement atteint votre objectif.

Phineo a élaboré l’échelle de progression suivante, où les échelons représentent sept étapes permettant d’obtenir des résultats durables. Il est intéressant de noter que Phineo ne parle d’impact qu’à partir du quatrième échelon. Avant, il ne s’agit que de chiffres, importants certes, mais sans impact.

Figure 3: Échelle des résultats5

L’équipe centrale du Congrès a travaillé sur ces sept étapes. Si le niveau 7 relève assurément de l’action de Dieu, nos efforts devraient viser davantage à atteindre un impact qu’à nous féliciter d’avoir organisé un événement réussi avec plus de 5 000 personnes ayant participé au Quatrième congrès de Lausanne, qui n’est que le troisième échelon. La définition de la réussite en tant que dirigeants est extrêmement importante et n’a rien à voir avec les chiffres.

Le cycle d’impact ainsi que l’Échelle des résultats ont conduit l’équipe centrale du congrès à explorer ce qu’étaient véritablement la vision et les objectifs du congrès et comment les mettre en œuvre dans la planification globale du congrès.

Adaptation de l’Échelle des résultats au congrès

Voici quelques exemples de ce que l’équipe du congrès a défini pour chaque échelon et les résultats obtenus :

Échelon 1 : Les activités se déroulent comme prévu

Le congrès a tenu sa promesse d’une organisation efficace. Plus de 5 000 participants se sont inscrits et ont assisté aux séances prévues, aux plénières et aux possibilités de mise en réseau, grâce à une logistique efficace, notamment en ce qui concerne la gestion des lieux et les inscriptions. Cela a permis de garantir le bon déroulement de l’événement.

Échelon 2 : Les groupes cibles sont atteints


Le congrès a réuni avec succès un groupe diversifié de participants de plus de 200 pays, représentant différentes dénominations, traditions et secteurs professionnels. Notamment, 25 % des participants étaient de jeunes dirigeants de moins de 40 ans, ce qui correspond à l’objectif d’inclure des voix émergentes dans la mission mondiale. Nous aurions souhaité avoir plus d’oratrices, mais nous n’avons pas complètement atteint cet objectif.

Échelon 3 : Les groupes cibles acceptent les propositions


Le congrès a suscité une participation active de la part des participants, qui se sont montrés enthousiastes quant aux possibilités offertes par l’événement. Des participants d’horizons divers ont participé aux séances et aux activités du congrès, ce qui montre qu’elles correspondaient à leurs besoins et à leurs intérêts. Nous espérions qu’au moins 80 % des participants participent activement autour des tables lors des plénières et assistent aux séances de collaboration de l’après-midi. Une enquête réalisée par la suite a confirmé que cet objectif avait été atteint.

Échelon 4 : Les groupes cibles changent d’attitude ou développent de nouvelles compétences


Les participants ont déclaré avoir quitté le congrès avec une passion renouvelée pour la mission mondiale et l’Église mondiale. Ils ont apprécié l’accent mis sur la collaboration et nombre d’entre eux se sont engagés à défendre les persécutés et les non-chrétiens, ce qui témoigne d’un changement de perspective et d’une volonté d’agir. Ces exemples montrent comment le congrès est allé au-delà d’une simple réussite logistique pour favoriser un engagement profond et équiper les participants pour une action future.

Alors que les niveaux 5 à 7 nécessitent plus de temps pour être mesurés, les premiers signes de changement de comportement (échelon 5) comprennent la formation de groupes de collaboration par les participants et le lancement d’initiatives par l’intermédiaire du Pôle d’action. Au départ, 400 équipes étaient inscrites sur la plateforme, mais d’autres initiatives, nées lors du congrès mais qui ne se sont pas inscrites, se sont également signalées. Au fil du temps, ces efforts pourront conduire à des changements sociétaux (échelon 7) à mesure que les efforts de la mission mondiale progresseront. Par voie de conséquence, davantage de personnes rencontreront Jésus. Nous savons que ce n’est pas seulement grâce à ce congrès, mais aussi grâce à la mobilisation des réseaux, des ministères et des Églises du monde entier. Le congrès est l’une des pièces du puzzle de ce parcours, et nous espérons qu’elle sera stratégique.

En évaluant soigneusement ces niveaux de progression, l’équipe du congrès peut mieux comprendre son impact, affiner ses stratégies et continuer à inspirer des changements transformateurs dans la mission mondiale. Le suivi post-congrès que Lausanne peut offrir est encore en cours de discernement, alors que différents réseaux thématiques proposent des activités en 2025, que des régions prévoient de se réunir et que des nations ont commencé à organiser des débriefings post-congrès pour partager ce qu’elles y ont appris.

La promesse de l’expérience du congrès

Compte tenu de notre intention de mesurer l’impact du congrès, l’équipe a pris le temps, un an avant le congrès, de définir la promesse d’expérience que nous voulions faire aux participants. La promesse énonçait les principaux objectifs, les valeurs et les résultats escomptés du congrès, qui ont été partagés avec chaque contributeur au programme, et ont servi de cadre pour évaluer son impact. Elle mettait l’accent sur la création d’un événement profondément significatif et transformateur pour les participants. Il s’agissait notamment de favoriser le lien avec la mission de Dieu, d’encourager la collaboration et de donner aux dirigeants mondiaux les moyens de participer à des actions unifiées en faveur de l’évangélisation.

Figure 4: Promesse de l’expérience du Quatrième congrès de Lausanne6

Éléments clés mis en évidence :

  1. Valeurs fondamentales : Notamment la prière, la réflexion, la collaboration et la diversité, en mettant l’accent sur l’application pratique, la réflexion orientée vers l’avenir et l’impact durable. Ces valeurs devaient imprégner tous les aspects du congrès, afin de garantir une expérience cohérente et utile aux participants.
  1. Le public cible : Le congrès s’adressait à un large éventail de participants, notamment des jeunes responsables, des praticiens de la mission mondiale, des organisations ecclésiastiques, des personnes influentes dans le milieu du travail et des donateurs. Il a mis l’accent sur la diversité des âges, des cultures et des vocations afin de refléter la composition de l’Église mondiale.
  1. Résultats de l’expérience des participants : Les objectifs comprenaient l’approfondissement de la foi, le sentiment d’appartenance, une collaboration accrue entre les leaders mondiaux, et des stratégies concrètes pour faire progresser le Mandat missionnaire. Les critères permettant de mesurer la réussite du congrès sont liés à la capacité des participants à intégrer ces résultats dans leurs contextes respectifs.

Cette approche structurée de la définition des attentes et de l’évaluation des résultats prouve l’engagement du Congrès en faveur d’une volonté de rendre des comptes et d’avoir un impact à long terme. Elle a mis l’accent à la fois sur la transformation spirituelle et sur les résultats pratiques.

En outre, l’équipe centrale du congrès a créé plusieurs profils représentatifs de l’événement, ce qui a permis d’illustrer les types de participants concernés par le Quatrième congrès de Lausanne. Vous pouvez en voir un exemple ci-dessous. L’histoire de Dominique souligne l’effet transformateur du congrès sur les individus.
Furthermore, the core Congress team created several representative Congress event personas, which helped to illustrate the type of participant impacted by the Fourth Lausanne Congress. You can see an example below. Dominique´s story highlights the transformative effect of the Congress on individuals.

Figure 5: Exemple de profil représentatif de l’événement congrès7

TLa promesse du congrès et les profils de personnes représentatives de l’événement ont aidé les responsables de la planification du programme à penser stratégiquement aux personnes présentes dans la salle et à leurs besoins. Et cela donne aujourd’hui à l’équipe la possibilité d’évaluer où les valeurs ont été respectées et où elles ne l’ont pas été. Par exemple, nous savions que le programme était beaucoup trop chargé avec toutes les options proposées, et nous n’avons donc pas réussi à faire en sorte que l’expérience se déroule sans précipitation. Cela a également été confirmé par l’enquête réalisée immédiatement après.

Quels seront les fruits du congrès ?

Après le Quatrième congrès de Lausanne, l’équipe a mené une enquête pour évaluer dans quelle mesure l’événement avait atteint ses objectifs prédéfinis. L’enquête s’est attachée à mesurer l’efficacité d’objectifs clés tels que la promotion de la collaboration, la croissance spirituelle et les applications pratiques pour le travail missionnaire mondial. Les participants ont été interrogés sur leurs expériences en matière de réseautage, de développement personnel et d’alignement de l’événement sur les valeurs fondamentales de ce dernier, telles que la prière et la diversité. Les résultats nous fourniront des informations précieuses, ils nous aideront à comprendre dans quelle mesure le congrès a rempli sa mission et nous donneront des indications importantes. Dès à présent, les premiers résultats ont mis en évidence l’impact transformateur du congrès : les participants ont noué de nouveaux liens, initié des collaborations et redécouvert une passion pour la mission mondiale et l’Église mondiale. Les récits qui nous sont parvenus illustrent l’œuvre de Dieu par l’intermédiaire du congrès, avant même que les données finales de l’enquête ne soient entièrement analysées.

Une enquête de suivi est prévue un an après le congrès pour mesurer les résultats à plus long terme, notamment l’impact durable des engagements pris et des collaborations entamées. En réfléchissant aux fruits de ce rassemblement, nous nous rappelons sa mission ultime, à savoir l’accomplissement du Mandat missionnaire.

Si les effets immédiats sont évidents en termes d’énergie, de stratégies et de relations, les résultats à long terme n’apparaîtront qu’au fur et à mesure que les participants intégreront ces connaissances dans leur ministère et serviront de multiplicateurs dans leur communauté.

Notre prière demeure que Dieu utilise ces semences pour porter des fruits durables pour son royaume, en équipant son peuple pour qu’il déclare et mette en évidence le Christ – ensemble dans le monde entier.

Notes

  1. Oxford Advanced Learner’s Dictionary 2020.
  2. Evi Rodemann, ‘An exploration of the impact of the Mission-Net Congress’, (Master’s thesis, University of Gloucestershire, 2016).
  3. Fabian Walter, ‘Welche Wirkungen hat dein Projekt’, Erfolgreich Projekte leiten (2015), accessed 10 December 2024, https://erfolgreich-projekte-leiten.de/output-outcome-impact/.
  4. Bettina Kurz and Doreen Kubek, ‘The Social Impact Navigator’, 45, Phineo, accessed 10 December 2024, https://www.phineo.org/uploads/Downloads/PHINEO_Social_Impact_Navigator.pdf
  5. Kurz and Kubek, ‘The Social Impact Navigator,’ 7.
  6.  Congress Experience Filter, Lausanne Movement, accessed 14 December 2024, https://drive.google.com/file/d/1kGkmUgPJlurg4gEsgZsF3Cl7QjAzZlCB/view
  7. Congress Event Personas, Lausanne Movement, accessed 14 December 2024, https://drive.google.com/file/d/1kGkmUgPJlurg4gEsgZsF3Cl7QjAzZlCB/view.