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Les extrémités de la terre

L’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre 101

Len Bartlotti 24 Avr 2024

Le mandat puissant donné par le Christ dans Actes 1.8 nous oblige à regarder au-delà de l’endroit où nous nous trouvons – notre propre Église, notre collectivité, notre nation et les « gens comme nous » – pour voir un monde plein d’autres peuples, lieux et nations que Dieu aime. Selon le chercheur international Chris Maynard, « le problème est que la plupart des chrétiens se trouvent là où se trouvent la plupart des chrétiens ». En d’autres termes, « 85 % des chrétiens vivent dans des pays où plus de 50 % des habitants se considèrent chrétiens ». Ainsi, pour 85 % des chrétiens, « il leur suffit de lever les yeux, pour voir des chrétiens ».[1]

Mais vous recevrez de la puissance quand l’Esprit saint viendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et en Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre.

À la lumière de notre mandat mondial, comment pouvons-nous redécouvrir Dieu en tant que Dieu missionnaire, notre identité en tant que peuple missionnaire, et « voir » ce que la plupart des chrétiens ne voient pas – un monde de peuples sans le Christ ? Dans le plan de Dieu, quel rôle avons-nous à jouer avec l’aide de l’Esprit ? Qu’avons-nous besoin comprendre pour redonner la priorité à notre mission auprès de « toutes les nations » et jusqu’aux « extrémités de la terre » ? La tentation est grande de traiter Actes 1.8 comme une question à réponses multiples : « Choisissez entre Jérusalem, la Judée, la Samarie, les extrémités de la terre. » Une autre approche réduit le verset à une stratégie de témoignage graduelle et séquentielle : « D’abord Jérusalem, puis nous irons jusqu’aux extrémités. » La mission devient un appendice, une extension exotique vers laquelle nous faisons des incursions. Cette approche est souvent utilisée par les chrétiens pour éviter de sortir de leur zone de confort pour répandre l’Évangile du Christ. Ils diront : « Je dois d’abord atteindre ma famille (ma Jérusalem) avant de pouvoir atteindre qui que ce soit d’autre. » Cependant, le verset ne dit pas « ensuite », il dit « et », c’est-à-dire danstous les contextes sans ordre particulier. [2]

Le plus souvent, nous faisons une série de sauts herméneutiques : Jérusalem représente « mon peuple, ma localité » ; la Judée est « ma région » ; la Samarie est « l’Autre méprisé » ; et les « extrémités de la terre » ou « les parties les plus éloignées » correspondent à la mission mondiale. Le fait gênant, cependant, est que les disciples étaient originaires de Galilée, et non de Jérusalem ! Jérusalem n’était ni leur maison, ni leur quartier, ni leur peuple. J’admets que les métaphores sont un outil de prédication utile (je l’ai utilisé !), mais elles ne sont pas étayées par l’exégèse. Jésus parlait de vrais lieux historiques et de vraies sphères culturelles ; en Actes 10, l’Esprit fait progresser la Parole et pousse l’Église à se mettre en mode « extrémités de la terre », c’est-à-dire le monde païen. C’est là que nous nous trouvons maintenant !

Un antidote à notre myopie est de garder la fin en vue. Dieu commence son plan de rédemption en ayant la fin à en ligne de mire. « J’annonce dès le commencement ce qui vient par la suite et dès les temps jadis ce qui n’est pas encore fait. Je dis : Mes projets se réaliseront et je ferai tout ce que je désire. »(Ésaïe 46.10). En ce sens, « les extrémités de la terre » devraient sans doute venir en premier, dans l’ordre du jour d’un rassemblement missionnaire, pas en dernier !

Nos stratégies doivent « travailler à rebours », partant de l’objectif final. Qu’est-ce que Dieu a révélé au sujet de son plan final pour les nations ? Pour commencer cette exploration Missions 101, « travaillons à rebours » à partir d’Actes 1.8 et considérons ce que la Bible dit du plan de Dieu pour les peuples et les nations aux « extrémités de la terre », puis terminons par quelques brèves observations sur la tâche inachevée aujourd’hui. 

Le verset « charnière » de la Bible

Isaïe 49.6 a été appelé « le verset charnière de la Bible ». Dieu le Père et le Fils Serviteur discutent de l’importance et de l’intention ultime de la mission à venir du Messie. Nous écoutons ici leur réunion dans la salle du trône :

‘C’est peu de chose que tu sois mon serviteur
pour relever les tribus de Jacob
et pour ramener les restes d’Israël :
J’ai fait de toi la lumière des nations,
pour que mon salut parvienne
jusqu’aux extrémités de la terre.
(Ésaïe 49.6 NBS)

« C’est peu ». D’autres traductions disent : « Cela ne suffit pas »(BFC), « Tu ne seras pas seulement » (BDS) … un rédempteur d’Israël. Quelle que soit la grandeur de l’amour de Dieu pour son peuple, le sens de l’hébreu évoque un contraste saisissant : Il est si petit et léger qu’il est insignifiant ou trop insignifiant par rapport au grand plan de salut de Dieu !

Yahvé révèle que « la mission ne s’adresse pas seulement à Israël, mais à toutes les nations du monde. La rédemption d’Israël seul était trop facile ; Yahvé souhaite une plus grande manifestation de sa souveraineté. »[3]   Cette plus grande manifestation est révélée dans les phrases suivantes.

« La lumière des nations ». La mission collective d’Israël en tant que lumière des nations (Ésaïe 42.1-9) est « réattribuée au Serviteur en personne, celui qui remplit les obligations d’Israël envers Yahvé afin de restaurer leur relation » et d’accomplir le mandat de Dieu.[4]

« Mon salut jusqu’aux extrémités de la terre ». Grâce au Serviteur (cf. Esaïe 53), « le monde entier – et pas seulement Israël – aura accès au salut de Yahvé… les nations seront un jour incluses dans le peuple de Dieu. »[5] Les étrangers seront les bienvenus pour offrir un culte joyeux, des sacrifices agréables et des prières à l’intérieur du Temple en tant que membres du peuple saint de Dieu, « car ma maison sera appelée “ Maison de prière pour toutes les peuples ” » (Ésaïe 56.7).[6]

Les extrémités de la terre

L’expression extrémités de la terre est utilisée 46 fois dans la Bible. Elle évoque parfois l’approche d’un jugement sur le peuple de Dieu, comme lorsque Dieu dit : « un peuple vient du nord, une grande nation s’éveille des confins de la terre »,une armée venue de Babylone ou du nord (Jérémie 6.22 ; 50.41). À d’autres moments, il s’agit d’un jugement prémonitoire et global sur l’humanité pécheresse : Un vacarme se répand jusqu’aux extrémités de la terre, car le Seigneur a un litige avec les nations ; il entre en jugement contre tous ; il livre les méchants à l’épée… Ainsi parle le Seigneur des armées : « Un malheur va de nation en nation (goy), une grande tempête s’éveille des confins de la terre. » (Jérémie 25.30-32).

À l’inverse, les prophètes prévoient un grand renversement salvateur ! Les nations païennes « viendront à toi des extrémités de la terre ; elles diront : Nos pères n’ont reçu que le mensonge en patrimoine, une futilité qui ne sert à rien… des dieux, alors que ce ne sont pas des dieux. C’est pourquoi je leur fais connaître, cette fois-ci je leur ferai connaître la vigueur de ma main ; ainsi ils sauront que mon nom est le Seigneur. » (Jérémie 16.19-21 NBS).

Métaphoriquement, l’expression les extrémités de la terre signifie aussi loin que l’on puisse aller. Le monde entier. Toute l’humanité, et tous les compartiments de l’humanité. Toutes les races, toutes les nationalités, tous les groupes ethniques et linguistiques. Tous les peuples, partout.

« Aussi loin que l’on puisse aller » – c’est une chose à laquelle il faut penser ! C’est probablement loin, très loin de notre zone d’appartenance ou de confort, et des contextes christianisés où l’Église est domestique et l’Évangile (souvent) domestiqué par un seul groupe culturel ou un seul environnement. L’expression les extrémités de la terre nousincite à réfléchir : « Jusqu’où sommes-nous prêts à aller – géographiquement, culturellement, socialement, dans la prière, le service, la souffrance et le sacrifice – pour faire en sorte que tous les peuples, où qu’ils soient, reçoivent un témoignage de l’Évangile ?

Notez également le parallélisme hébreu dans les versets ci-dessus : l’équation proche des nations (hébreu, goyim) et des extrémités de la terre. Les extrémités de la terre sont les lieux d’habitation des « nations » païennes, despeuples non juifs (goyim). Les extrémités de la terre englobent tous les peuples en tous lieux, à travers le temps et l’espace. Aucune personne, dans aucun groupe ethnolinguistique ou social, où que ce soit, n’échappe à l’examen de Dieu. Ceci est essentiel pour comprendre l’importance du paradigme « groupe de personnes » et pour donner la priorité aux « peuples non atteints » ou « moins atteints » – ces groupes socioculturels, linguistiques ou ethniques qui n’ont pas de mouvement viable, autochtone, d’implantation d’Églises et de formation de disciples parmi eux.

Dave Datema explique que dans l’Ancien Testament, « goy peut s’appliquer à des groupes humains définis par une diversité d’affinités / de frontières (ascendance, langue, terre, gouvernement) et est devenu synonyme de Gentils non-israélites. Dans la Septante, goy est généralement traduit par ethnos », terme grec utilisé par Jésus dans Matthieu 28.19, « disciple panta ta ethne ».[7] Ces ethnies ou nations, universellement, collectivement (peuples non juifs) et individuellement (groupements humains ou groupes de personnes), sont au centre de notre mission et du plan de rédemption de Dieu.

L’expression « toutes les nations » a été comprise par Matthieu et ses lecteurs comme une référence à la fois à l’universalité (tout le monde partout) et à la particularité (dans toute leur diversité), ce qui signifie qu’il leur était impossible de concevoir le monde comme un tout collectif sans le voir en même temps dans ses nombreuses et diverses parties constitutives. Panta ta ethne, c’est à la fois / et, ce n’est pas l’un ou l’autre. Il signifie l’inclusion de toutes les nations / gentils dans toute la diversité que Dieu leur a donnée. Ethne inclut dans son champ sémantique l’idée de divers groupements et frontières humains, notamment l’ethnicité. Ce n’est pas une idée nouvelle ou moderne que les partisans des groupes ethniques lisent dans la Bible. Il s’agit plutôt d’une compréhension ancienne qui s’étend naturellement de l’Ancien au Nouveau Testament.[8]

Retour en arrière : le mandat missionnaire originel

Le « verset charnière » d’Ésaïe 49.6 renvoie au « Mandat missionnaire » original et au mandat pour « tous les peuples » de Genèse 12 (bien avant Matthieu 28.18-20) :

Le Seigneur dit à Abram : Va, quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père pour te rendre dans le pays que je t’indiquerai.

Je ferai de toi l’ancêtre d’un grand peuple ;
je te bénirai,
je ferai de toi un personnage renommé
et tu deviendras une source de bénédiction pour d’autres.
Je bénirai ceux qui te béniront
et je maudirai ceux qui t’outragerons.
Toutes les familles de la terre
seront bénies à travers toi.
(Genèse 12.1-3)

Le regretté John R. W. Stott, l’un des dirigeants fondateurs du Mouvement de Lausanne, a qualifié ces versets de « versets les plus unificateurs de la Bible ; l’ensemble du dessein de Dieu y est résumé. »[9] « Le Dieu vivant est un Dieu missionnaire », déclarait-il, non pas une divinité tribale mesquine, mais le Créateur de l’univers, de la terre et de toute l’humanité. En Genèse 12, Dieu met en œuvre un plan visant à vaincre les puissances des ténèbres (cf. Genèse 3.15) et à racheter un peuple pour lui-même parmi les peuples déchus et dispersés du monde (Genèse 3-11). Stott précise, « Dieu a choisi un homme et sa famille afin de bénir, à travers eux, toutes les familles de la terre. »[10] Par l’intermédiaire d’un peuple choisi, la bénédiction devait s’étendre à tous les peuples de la terre, à toutes les nations, à tous les lieux.

Ce récit constitue l’épine dorsale de l’Écriture, de la Genèse à l’Apocalypse, ce que Steve Hawthorne appelle « l’histoire de sa gloire » : « Dieu révèle sa gloire à toutes les nations afin de recevoir la gloire de toutes les nations. »[11] Le but et le désir de Dieu, pour la louange de sa gloire, est d’avoir un « peuple de tous les peuples », une « famille de toutes les familles des nations ». Les extrémités de la terre étaient en vue dès le tout début !

Un Dieu missionnaire, un peuple missionnaire

Le peuple de Dieu est un peuple missionnaire, « séparé des peuples » et de leurs idolâtries, immoralités et coutumes (Lévitique 20.26 ; Exode 19.6). Israël était consacré à Dieu, « une lignée choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte » – une identité appliquée à l’Église dans 1 Pierre 2.9-10. Ce peuple sacerdotal a le devoir sacerdotal d’apporter la bénédiction aux nations (cf. Romains 15.19). Dieu manifeste sa sainteté, sa puissance et sa majesté à travers l’amour obéissant et l’obéissance aimante de son peuple de l’alliance. Cela nous met au défi de veiller à ce que nos vies, nos ministères, nos relations et notre témoignage témoignent de la sainteté, de la gloire et de la puissance de Dieu.

L’Exode a révélé la puissance et la justice de Dieu aux yeux des nations (Psaume 98.2 NBS). La délivrance d’Israël de l’Égypte ne s’est pas faite en cachette ! Le récit était en vogue sur les « médias sociaux » de l’ancien Proche-Orient – toutes les nations étaient saisies d’angoisse (Deutéronome 2.25) ! Dieu a dit à Pharaon : « Si je t’ai laissé subsister, c’est afin de te faire voir ma force et pour que l’on fasse connaître mon nom par toute la terre. » (Exode 9.16)

Dans le Temple d’Israël, le nom, la présence et la puissance de Yahvé constituaient un attrait missionnaire pour les peuples et les nations étrangères. Salomon a prié : « De même pour l’étranger, celui qui n’est pas d’Israël, ton peuple ; quand il viendra d’un pays lointain, à cause de ton nom, car on entendra parler de ton grand nom, de ta main forte et de ton bras étendu quand il viendra prier vers cette maison, toi, tu entendras, dans le ciel, le lieu où tu habites, et tu accorderas à l’étranger tout ce pour quoi il t’aura invoqué, afin que tous les peuples de la terre connaissent ton nom et te craignent, comme Israël, ton peuple ». (1 Rois 8.41-43). Le cœur, l’espérance et les prières de chaque dirigeant peuvent imiter la foi et l’intentionnalité de Salomon à l’échelle mondiale : « afin que tous les peuples de la terre connaissent ton nom » !

Par l’intermédiaire des prophètes, Dieu a rappelé au peuple son identité de « témoin » de la seigneurie divine. Lorsqu’il est appelé à la barre d’un tribunal, un témoin ne peut rester silencieux ! Il témoigne de ce qu’il sait, de ce qu’il a vu ou de ce qu’il a entendu. Dieu appelle son peuple à un témoignage audacieux, clair et convaincu, centré sur Dieu et mondial : « C’est moi qui ai annoncé, sauvé et dit, ce n’est pas un dieu étranger parmi vous ; vous êtes donc mes témoins – déclaration du Seigneur – c’est moi qui suis Dieu. » (Ésaïe 43.10-12 ; 44.8).

La mission est une mélodie. Nous allons vers les nations le cœur rempli de chants ! Il est facile d’adorer dans une église, une salle ou un stade, remplis de croyants passionnés et accompagné d’un groupe de musique plein d’entrain. Mais dans les endroits difficiles, il se peut que nous criions : « Comment chanterions-nous le chant du Seigneur sur une terre étrangère ? (Ps 137.4). Pourtant même là, dans les heures sombres et les endroits solitaires, Dieu est avec nous. « Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas priaient et chantaient les louanges de Dieu ; les prisonniers les entendaient. » (Actes 16.25). Comment pouvons-nous développer dans notre âme et dans celle des « partants » et « envoyeurs » de la génération suivante la sorte de persévérance, de résilience et de dépendance de et par la puissance de l’Esprit, nécessaires pour « chanter un chant nouveau à Dieu » sur une terre étrangère ?

Bond en avant : le Sauveur qui vient et les extrémités de la terre

Tout comme le verset « charnière » d’Ésaïe 49.6 faisait un retour en arrière jusqu’à Genèse 12 et la mission de Dieu dans l’Ancien Testament, il fait un bond en avant jusqu’à la venue du Messie. Ésaïe 49.6 relie la fin au commencement en révélant le moyen par lesquels les desseins de Dieu seront accomplis, ainsi que la fin rédemptrice, à savoir « le salut jusqu’aux extrémités de la terre ».

Quel est ce moyen ? Dieu envoie son Serviteur choisi, son Fils unique : J’ai fait de toi la lumière des nations ». C’est ainsi que le Christ se l’est appliqué : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres… » (Luc 4.18 ; cf. Ésaïe 61.1-2). Jésus est venu non seulement comme le Messie d’Israël, mais aussi comme l’Agneau de Dieu, le Sauveur du monde : « Car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude. » (Marc 10.45 ; Matthieu 20.28) « Il est lui-même l’expiation pour nos péchés ; non pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier. »(1 Jean 2.2). Le sacrifice du Christ n’est pas seulement suffisant, il est efficace : « À cause du travail de son âme, il rassasiera ses regards ; par sa connaissance mon serviteur juste justifiera beaucoup d’hommes, et il se chargera leurs iniquités. »(Ésaïe 53.11 NEG).

Le « Mandat missionnaire » de Matthieu 28.18-20 n’est donc ni une idée nouvelle, ni une réflexion après coup d’un Messie qui s’en va ! Il est l’affirmation, la réitération d’un mandat rempli d’autorité à poursuivre et accomplir l’objectif initial de Dieu concernant les « extrémités de la terre ». « Allez, faites de toutes les nations des disciples (panta ta ethne), les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. » (NEG)

Dans Matthieu 28.18-20, la différence est que la Croix et la Résurrection garantissent l’accomplissement du plan de rédemption de Dieu par leur victoire sur le péché, la mort et les puissances des ténèbres sur les nations ! « Je construirai mon Église (ecclesia), et les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre elle. »(Matthieu 16.18) « Tu as racheté pour Dieu, par ton sang, des gens de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation ».(Apocalypse 5.9)

Témoins revêtus de puissance

Le livre des Actes des Apôtres relate la progression inexorable de la Parole de Dieu par l’intermédiaire d’un peuple revêtu de puissance et envoyé par l’Esprit Saint. « La parole de Dieu se répandait, le nombre des disciples se multipliait »(6.7). « La parole de Dieu se répandait et progressait »(12.24). « Par le pouvoir du Seigneur, la parole se répandait et gagnait en force. »(19.20). Opposition religieuse, décrets impériaux, répression, persécution, tribulation ou mort, rien ne peut arrêter l’Évangile, « elle est en effet puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif d’abord, mais aussi du Grec. » (Romain 1.16). C’est ce que Gamaliel conseille au Sanhédrin : « Je vous le dis, ne vous occupez plus de ces hommes, et laissez-les aller. S’il s’agit d’une décision ou d’une œuvre humaine, elle disparaîtra ; mais si cela vient de Dieu, vous ne pourrez pas les faire disparaître. Prenez garde de ne pas vous trouver en guerre contre Dieu ! »(Actes 5.38-9). Poussé par l’Esprit, l’Évangile a aujourd’hui progressé de telle sorte que dans tous les pays du monde, il y a des croyants en Christ et des communautés de foi ! Mais il y a encore du travail à faire.

En Actes 1.8, le Christ ressuscité promet la puissance d’être mes témoins. Cette puissance nous oblige à sortir de notre « maison » et de notre zone de confort, et à franchir toutes les barrières géographiques, culturelles, linguistiques et sociales, jusqu’aux extrémités de la terre. Sans la puissance permanente de l’Esprit Saint, nos efforts sont charnels et inefficaces : « Hors de moi, en effet, vous ne pouvez rien faire »(Jean 15.5). « Ce n’est pas par la puissance, ce n’est pas par la force, mais c’est par mon souffle, dit le Seigneur des armées »(Zacharie 4.6). « Lié par l’Esprit, je vais à Jérusalem, sans savoir ce qui m’y arrivera »(Actes 20. 22). « Lié… aller… sans savoir » – l’ordre des verbes est important ! – c’est le cheminement de foi, conduit par l’Esprit, des croyants remplis de l’Esprit, envoyés pour être témoins jusqu’aux extrémités de la terre.

Aujourd’hui, surtout dans les grandes villes, les nations ne sont pas « loin », mais proches, à notre porte ! De Dubaï, Singapour et Sao Paulo à New York, Londres, Bruxelles et Marseille, l’Église doit désormais transmettre les connaissances fondamentales, la compréhension et les compétences relationnelles nécessaires au témoignage interculturel comme une composante essentielle de la formation de disciple. Le ministère auprès des peuples non atteints inclut le ministère auprès des diasporas et des immigrants parmi les nations qui sont aujourd’hui nos prochains et dont beaucoup entretiennent des liens transnationaux avec leurs lieux d’origine.

« L’envoi » reste cependant nécessaire. Certaines données suggèrent que bon nombre des plus grands « groupes de peuples-frontières » ne sont que très peu représentés dans les diasporas et les populations migrantes. Les témoins qui vont vers les pays d’origine des peuples non atteints sont toujours nécessaires. Il ne s’agit pas d’une activité coloniale ou occidentale, d’une forme d’impérialisme culturel ou d’hégémonie idéologique. La mission d’aujourd’hui est polycentrique, « de toutes les nations vers toutes les nations ». L’envoi commence avec le Dieu trinitaire. Nous avons besoin de faiseurs de disciples interculturels « là où le Christ n’a pas été nommé » (Romains 15.20-21). Que Dieu nous donne des yeux pour voir ces « peuples cachés » qui ne sont pas encore incorporés, ou pas « incorporables », dans les Églises et communautés existantes (en raison de barrières de compréhension ou d’acceptation).

Notre vocation à transformer n’annule pas notre vocation à évangéliser le monde. Nous sommes appelés à déclarer– témoigner, prendre la parole, raconter l’histoire, proclamer – la Bonne Nouvelle du salut dans le Christ, et privilégiés de le faire ! Transformer sans proclamer c’est abdiquer. La synergie de la Parole et de l’Esprit est un thème omniprésent dans le Bible. L’Esprit inspire, contraint et fait naître une parole revêtue de l’onction. En tant qu’ambassadeurs du Christ, nous avons le pouvoir et le devoir d’annoncer, d’implorer et d’appeler, de manière sage, attirante et sincère, dans les langues du cœur de tous les peuples, la « parole de la réconciliation… : Laissez-vous réconcilier Dieu ! »(2 Corinthiens 5.19-20).« Qu’ils sont beaux les pas de ceux qui annoncent de bonnes nouvelles ! » (Romains 10.15)

Une vision à couper le souffle

Les peuples les moins atteints et les « extrémités de la terre » nous amènent au cœur du récit biblique. Dans la mesure où nous embrassons le désir de Dieu d’avoir « un peuple issu de tous les peuples », nous voyons de nouvelles réalités mondiales, ainsi que les besoins persistants de ceux qui ne sont pas évangélisés. [12]

La vision finale est à couper le souffle : « Alors, je vis, au milieu du trône… un agneau debout, qui semblait immolé… »(Apocalypse 5.6). Les prières du peuple de Dieu et un chant nouveau emplissent l’atmosphère comme de l’encens :

Tu es digne de recevoir le livre
et d’en ouvrir les sceaux,
car tu as été immolé
et tu as racheté pour Dieu, par ton sang,
des gens de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation.
(Apocalypse 5.9)

Dans ce tableau, le peuple de Dieu est un, mais il est multiple – multinational, multiethnique, multilingue. Uni dans la foi et l’adoration, avec des différences à la fois visibles et audibles ! Chaque ethnie a sa place dans le stade céleste.

Comme le souligne Gordon Fee, spécialiste du Nouveau Testament, dans ce panorama d’adoration radieuse, le « chant nouveau » acclame le moyen de son acte rédempteur (« par ton sang »), l’effet dece sacrifice (« tu as acheté pour Dieu »), l’ampleur dela rédemption (« des gens de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation »), son but (« tu as fait d’eux… un royaume et des prêtres et ils régneront sur la terre »), et le point culminant centré sur Dieu et voulu par Dieu : « À celui qui est assis sur le trône et à l’agneau, la bénédiction, l’honneur, la gloire et le pouvoir, à tout jamais ! »[13] 

Nous sommes invités à répondre à la fois par l’émerveillement et par l’adoration, mais aussi par un témoignage cruciforme fidèle (Apocalypse 6.9-11 ; 19.10) à « la parole de Dieu et (au) témoignage de Jésus ». (Apocalypse 1.2 ; 20.4)

Ampleur de la tâche

3,4 milliards de personnes – 40 % de l’humanité – réparties dans 7 300 « groupes de peuples non atteints » (moins de 2 % d’évangéliques et 5 % de chrétiens professants) ; 2 milliards d’entre eux appartiennent à des « groupes de peuples-frontière », pratiquement dépourvus de toute forme de christianisme et de tout mouvement évangélique connu ; 1600 « groupes non prospectés », sans aucune initiative connue pour les atteindre, sans accès à l’Évangile et aux mouvements ecclésiaux ; Besoin de travailleurs pionniers interculturels.[14] « Voici le pays qui reste » (Josué 13.2).

Complexité de la tâche

Groupes de personnes non atteintes (GNA) : 3500 musulmans, 2203 hindous, 511 bouddhistes, 925 populations tribales (religions ethniques) ; Barrières et préjugés culturels, sociaux, religieux, politiques, linguistiques ; Urbanisation, mondialisation, migration, groupes d’affinité, identités multiples, malentendants, jeunesse avec une culture mondiale, persécution.

Faisabilité de la tâche

L’Église mondiale – 1 milliard de chrétiens du Mandat missionnaire (ayant une foi vivante), soit 13 % de l’humanité ; Progrès grâce aux mouvements en Chine, parmi les bouddhistes en Asie, parmi les groupes tribaux en Océanie et en Amérique latine, certains mouvements parmi les musulmans et les hindous en Asie du Sud-Est ; Partenariats croissants entre agences, collaboration entre le monde occidental et le monde majoritaire, réseaux régionaux et internationaux ; Les médias et ministères de la diaspora ; Des mouvements de prière dynamiques. « Demande-moi et je te donnerai les nations comme patrimoine, comme propriété les extrémités de la terre »(Psaume 2.8). « Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre »(Matthieu 28.18). « Vous recevrez de la puissance quand l’Esprit saint viendra sur vous, et vous serez mes témoins… » (Actes 1.8).

Priorité de la tâche

99 % des travailleurs internationaux servent parmi les 3/4 de la population mondiale où vivent 99,99 % de tous les disciples de Jésus ; 1 % de tous les travailleurs internationaux servent dans le quart du monde qui compte 2 milliards d’habitants, 5 000 groupes de population et 0,01 % de chrétiens ; Jésus a laissé 99 brebis pour trouver une brebis perdue. « J’ai mis un point d’honneur à annoncer la bonne nouvelle là où le Christ n’avait pas été nommé, pour de ne pas construire sur les fondations d’autrui ; mais, ainsi qu’il est écrit, ceux à qui il n’avait pas été annoncé verront, et ceux qui n’en n’avaient pas entendu parler comprendront »(Romains 15.20-21). « Nous avons mis notre espérance… (d’annoncer) la bonne nouvelle dans les régions situées au-delà de chez vous »(2 Corinthiens 10.15-16).

Urgence de la tâche

« Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. Comment donc invoqueraient-ils celui en qui ils n’ont pas mis leur foi ? Et comment croiraient-ils en celui qu’ils n’ont pas entendu proclamer ? Et comment entendraient-ils, s’il n’y a personne pour proclamer ? Et comment proclamerait-on, si l’on n’est pas envoyé ? Ainsi qu’il est écrit : Qu’ils sont beaux, les pas de ceux qui annoncent de bonnes nouvelles ! » (Romains 10.13-15). « La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole sur le Christ » (Romains 10.17). « Cette bonne nouvelle du Règne sera proclamée par toute la terre habitée ; ce sera un témoignage pour toutes les nations (ethne). Alors viendra la fin »(Matthieu 24.14).

Motivations pour la tâche

  • La gloire de Dieu – l’amour de Dieu et la passion pour sa gloire (Jean 17.4 ; 1 Pierre 2.9 ; Apocalypse 4.11 ; 5.12) ;
  • L’obéissance au commandement de Dieu – la mission de proclamer le Christ et de faire des disciples (Matthieu 28.18-20 ; Actes 1.8) ;
  • L’amour pour les autres – le désir qu’ils soient sauvés et leur bien (Luc 15.11-31 ; Romains 9.1-3 ; 2 Corinthiens 5.14-15) ;
  • Les besoins – la compassion pour les besoins spirituels et physiques des perdus (Matthieu 9.35-38 ; 10.1 ; 14.13-31 ; Luc 19.41) ;
  • La récompense le plaisir et l’approbation de Dieu (1 Corinthiens 3.11-15 ; 2 Corinthiens 5.10-11 ; 1 Thessaloniciens 2.19) ;
  • L’espérance – le passion et la vision de l’accomplissement des desseins de Dieu (Jean 4.34 ; 17.4 ; Apocalypse 5.9 ; 7.9).

Endnotes

  1. Chris Maynard, “Shining a Light into a Dark Corner: Looking at Mission Information Work.” Global CMIS, 2018. https://www.globalcmiw.org/node/52.
  2. https://www.thetravelingteam.org/articles/your-jerusalem-judea-and-samaria
  3. Barry, J. D., Mangum, D., Brown, D. R., Heiser, M. S., Custis, M., Ritzema, E., Whitehead, M. M., Grigoni, M. R., & Bomar, D. (2012, 2016). Faithlife Study Bible (Is 49:6). Lexham Press.
  4. Ibid.
  5. Ibid.; cf. Isa 2:2–4; 56:3-8
  6. Notons que, dans le contexte, la maison de prière « pour toutes les nations » ne se réfère pas à un lieu d’intercession pour ceux qui se trouvent à l’extérieur du temple (eunuques, étrangers), mais aux prières offertes à l’intérieur par des personnes auparavant exclues et maintenant accueillies par Dieu ; cette maison existe « pour toutes les nations » afin d’offrir un culte joyeux et agréable.
  7. David Earl Datema, “Panta ta Ethne: A Biblical Case for the People Group Concept in Mission,” in People Vision, (ed.) Leonard N. Bartlotti, William Carey Publishing, forthcoming 2024.
  8. David Earl Datema, “The universal particularism of panta ta ethne: A biblical case for the continued viability of the people group concept in mission,” in Missiology: An International Review, Vol 50 (2), 2021, p. 9, revised and republished in Bartlotti (ed), People Vision (forthcoming, 2024).
  9. “The Living God is a Missionary God,” in Perspectives on the World Christian Movement, Pasadena: William Carey Publishing, 2009, p. 3.
  10. Ibid., p.4.
  11. Steve Hawthorne, “The Story of His Glory,” in Perspectives on the World Christian Movement, Pasadena: William Carey Publishing, 2009. https://waymakers.org/hope/story-of-his-glory/
  12. Leonard N. Bartlotti, “Reimaging and Re-envisioning People Groups,” in Evangelical Missions Quarterly, Vol 56 (4), 2020, revised and republished in People Vision, (ed.) Leonard N. Bartlotti, William Carey Publishing, forthcoming 2024.
  13. G. D. Fee, Revelation: A New Covenant Commentary, Eugene, OR: Cascade Books, 2011, p. 88.
  14. Figures from https://joshuaproject.net , Dan Scribner, R.W. Lewis, and Chris Maynard. For a helpful theology of data and the importance of data in missions, see Chris Maynard, “Honouring Data in Missions,” WEA Missions Commission, Aug 26, 2023. https://weamc.global/archive/reimagining-data.pdf .

Biographies des auteurs

Len Bartlotti

Leonard N. (Len) Bartlotti est un stratège missionnaire, un éducateur interculturel et un consultant auprès d’organisations et de travailleurs œuvrant dans le monde islamique. Avec sa femme Debi, il a servi pendant 14 ans au sein de l’un des plus grands groupes de population d’Asie centrale, où il a été impliqué dans des ministères pionniers de formation de disciples, de musique ethnique, de conseil aux agences d’aide et de développement, et de recherche sur la culture musulmane, l’ethnicité et la littérature orale.

Diplômé de la Faculté de théologie Gordon-Conwell, il a obtenu son doctorat en 2000 au Oxford Centre for Mission Studies de l’Université du Pays de Galles à Lampeter (Royaume-Uni), et a enseigné dans les facultés de l’OCMS, Biola et d’autres universités.

Le Dr Len est le catalyseur du Mouvement de Lausanne pour les peuples les moins atteints et le coordinateur du groupe opérationnel de Vision 5:9 Global Trends. Il est passionné par la vérité biblique, la connaissance culturelle et le partage de l’amour de Dieu parmi les peuples les moins atteints. Len et Debi ont trois enfants adultes et sept petits-fils.