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Parler de Jésus aux gens

Évangélisation dans le monde du travail pour les 99 pour cent

Bill Peel & Jerry White 12 Mar 2024

Si vous voulez que quelqu’un entende la vérité, dites-lui la vérité. Mais si vous voulez qu’il ou elle aime la vérité, racontez-lu une histoire.

— Andrew Peterson, musicien et auteur chrétien

Note de la rédaction : Cet article est le quatrième d’une série de quatre sur l’évangélisation dans le monde du travail. Dans la Partie 1, nous avons prouvé qu’aujourd’hui, le champ missionnaire le plus stratégique est le lieu de travail. Dans la Partie 2, Nous avons abordé la question du « comment » : Comment les chrétiens qui n’ont pas le don d’évangéliste peuvent-ils annoncer efficacement l’Évangile sur leur lieu de travail ? La Partie 3 a abordé les facteurs qui permettent de susciter une communication avisée, et nous y avons relevé les moments appropriés et inappropriés pour parler de la foi dans le monde du travail. Dans le présent article, la Partie 4, nous présentons une façon subtile, mais convaincante de favoriser, au travail, des conversations sur l’Évangile, de mesurer l’intérêt spirituel d’une personne et d’engendrer la curiosité sur la foi chrétienne.

Quand vous allez au travail en tant qu’ambassadeur du Christ, à qui allez-vous parler ? Aux athées, agnostiques ou personnes qui pratiquent d’autres religions ? Aux clients ou des collègues indifférents ou hostiles vis-à-vis de Dieu ? Alors, représentez-vous ces personnes dans votre ordinateur mental et imaginez-vous en train d’avoir une conversation avec chacune d’elles. Pensez à ce que vous diriez pour éveiller sa curiosité, pour qu’elle soit susceptible de vous écouter assez longtemps pour apprendre combien Dieu l’aime et veut qu’elle jouisse d’une vie abondante sur la terre et pour l’éternité dans sa présence, grâce à sa relation avec Jésus. Si cette conversation vous provoque des brûlures d’estomac, vous n’êtes pas le ou la seule. Pourtant c’est plus facile que vous ne le pensez.

De nos jours, avec la technologie et des stratégies de toutes sortes, c’est facile de devenir obsédé d’outils et de techniques d’évangélisation – vidéos audacieuses, postes saisissants sur Instagram, nouvelles approches acrostiches, les derniers arguments apologétiques. Tout cela peut certes être utile, cependant les gens ont besoin de plus. Tim Keller a réfléchi sur le fait de parler de Jésus avec des New-Yorkais sans foi et souvent hostiles : « À moins que les gens ne trouvent notre conversation sur le Christ étonnamment convaincante (et brisant les stéréotypes), ils vont tout simplement poser sur vous un regard vide quand vous tenterez de leur parler. [1] » 

Les gens ont besoin d’informations, de réponses et d’arguments logiques, mais nous sommes tous des « êtres de désir », qui cherchons à tâtons notre chemin dans la vie, en essayant de trouver ce qui nous manque, sans savoir ce que nous cherchons.[2] Aider les gens à voir comment leurs désirs les plus profonds sont comblés dans le Christ peut susciter une curiosité irrésistible, et si vous pouvez raconter une histoire, vous pourrez y parvenir.

Assurément, Jésus savait cela et il a donné aux gens plus que des faits. En racontant des histoires, il a répondu aux besoins sincères des gens. Il a transformé l’information en lui donnant un sens qui a aidé les gens à visualiser et expérimenter la vérité de manière tangible, suscitant leur intérêt. Il voulait éveiller les gens à la stupéfiante merveille de l’amour extravagant de Dieu, il ne se contentait donc pas simplement de parler de l’amour de Dieu, il leur racontait des histoires qui répondaient à aspirations profondes : la parabole du Fils prodigue.[3] Il voulait que le scribe propre juste saisisse ce que veut dire aimer son prochain, il lui a donc raconté l’histoire du bon Samaritain qui l’a amené à revoir ses notions limitées de ce qu’est l’amour et de l’étendue de son entourage et de ses obligations.

La puissance des histoires

Plutôt que de simplement utiliser des faits pour frapper à la porte principale de la pensée d’une personne, souvent fermée de l’intérieur, une histoire permet à la vérité d’entrer par la porte de derrière, la porte du cœur.

D’après Alasdair MacIntyre, nous sommes des « animaux conteurs d’histoires »[4], les histoires devraient donc, dans l’évangélisation, peupler nos conversations spirituelles avec nos collègues. Plutôt que de simplement utiliser des faits pour frapper à la porte principale de la pensée d’une personne, souvent fermée de l’intérieur, une histoire permet à la vérité d’entrer par la porte de derrière, la porte du cœur.

Pour trouver la porte de derrière, celle qui amène au cœur d’une personne, il faut commencer par écouter. Bien raconter des histoires est toujours une voie à double sens. Si nous voulons raconter des histoires sur Jésus, nous devons commencer par écouter les histoires des autres. Dans vos conversations au travail, qu’avez-vous entendu cette semaine de la part de vos collègues concernant leur arrière-plan personnel ? À quoi passent-ils leur temps et quelles sont leurs priorités ? Quelles sont leurs expériences spirituelles – positives et négatives – leurs joies et leurs peines, leurs succès et leurs difficultés ? Comment Dieu cadre-t-il avec leur vie – si tant est qu’il y ait une place ? Inciter quelqu’un à livrer des bribes de sa vie peut commencer par une simple question : « Parle-moi un peu de toi », suivie d’une question sur un détail qu’il ou elle a livré.

Saisir un indice à partir d’un commentaire sur une situation similaire où Dieu a répondu à un besoin important dans votre vie crée un lien entre votre histoire et la sienne. Relier votre histoire à la sienne peut donner à l’autre un aperçu de ce que c’est que d’être enfant de Dieu et des bienfaits d’une relation avec lui, en évoquant par exemple un moment où il vous a fait ressentir la paix au cœur de la souffrance ou d’un manque. Raconter votre histoire peut ne prendre qu’une ou deux minutes, mais si un aspect correspond à un besoin ou à une circonstance dans la vie de celui ou celle qui l’écoute, cela peut susciter des questions et des portes ouvertes pour des conversations plus profondes, Une histoire efficace peut amener la personne à baisser la garde et écouter l’esprit ouvert.

Pour préparer à l’avance les opportunités, pensez aux conversations que vous avez eues dernièrement au travail. Quels soucis ont été mentionnés : peur, anxiété, frustration, colère, joie, appréciation, paix ? Quelle expérience similaire avez-vous vécue où la Parole de Dieu vous a parlé, ou bien où Dieu a répondu à un besoin précis, vous avez appris une leçon ou vous avez commencé à voir les choses sous un autre angle ?

Une histoire peut commencer avec quelque chose d’aussi simple qu’une mention de votre foi en passant, au milieu d’une conversation habituelle. Elle peut être la réponse à une question sur des choses banales comme nos plans pour le week-end. Par exemple : « Je vais faire un peu de jardinage et après, je donnerai un enseignement sur le divorce et la guérison à mon église », ou « Je coache une équipe de baseball du centre-ville pour un match éliminatoire », ou « Je joue au golf avec des amis et je vais à l’église dimanche ». Dévoiler un aspect de l’usage que nous faisons de notre temps libre dit aux gens ce qui est important pour nous – ce qui peut les surprendre et les inciter à poser d’autres questions sur la raison qui nous pousse à faire ce que nous faisons. Leur curiosité peut ouvrir la porte à raconter une histoire qui explique un peu plus l’importance de notre foi dans notre vie.

La puissance de notre histoire

Quand nous sentons que Dieu est à l’œuvre dans la vie des personnes avec qui nous avons partagé des histoires de foi, il est peut-être temps de raconter notre meilleure histoire – notre témoignage personnel de comment Dieu nous a attirés à la foi dans le Christ.

Nous ne savons jamais quand Dieu peut ouvrir la porte d’un cœur, nous devons donc être toujours prêts à parler de l’Évangile avec une âme assoiffée. Au cœur de l’Évangile, il y a le fait historique de la mort substitutive du Christ et de sa résurrection corporelle. Jésus, envoyé par l’amour du Père, est mort à notre place, a subi la punition que nous méritions, afin que nous puissions être réconciliés avec Dieu, vivre une vie abondante et passer l’éternité en sa présence.

Quand nous tissons ces faits dans l’histoire de notre parcours personnel de foi, il est difficile aux gens de contester, parce que c’est notre histoire. Le témoignage de Paul devant le roi Agrippa est un exemple simple et clair que nous pouvons suivre pour raconter notre propre histoire : [5]

1. Un résumé de sa vie avant de rencontrer Jésus ;

2. Une description de comment il a rencontré Jésus ;

3. Un résumé de sa vie après avoir rencontré Jésus.

Il existe d’abondantes ressources pour vous aider à affuter votre récit du salut. L’une des plus efficaces se trouve dans le cursus de formations des Navigateurs (Navigators 2:7 discipleship training curriculum[6]).

Raconter des histoires de foi peut faire naître des conversations porteuses de vie – mais cela peut aussi ouvrir à des questions et des objections qui demandent des réponses que nous ne sommes pas en mesure d’apporter sur le moment. Les questions apologétiques plus profondes sortent de l’objet de cet article,[7] mais nous pouvons, au moins, guider des collègues sincères vers quelqu’un qui pourrait répondre à leurs légitimes questions. Des livres comme Les fondements du christianisme, de C. S. Lewis ont, depuis des décennies, aidé de nombreux sceptiques à trouver le Christ. Vous pouvez trouver dans les notes quelques autres ressources imprimées ou en ligne.[8]

Parler des gens à Jésus

Les hommes peuvent repousser nos appels, rejeter notre message, s’opposer à nos arguments, mépriser notre personne, mais ils sont impuissants contre nos prières.
—J. Sidlow Baxter

Comme nous l’avons remarqué dans les articles précédents, l’extension vaste et rapide de l’Évangile au premier siècle était due en grande partie à la mobilisation massive de chrétiens ordinaires qui ont mis leur foi en œuvre dans le monde du travail. Ce qui est plus important encore est leur modèle persistent de prière. Ils croyaient ce que Jésus avait dit : « Personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » (Jean 6.44) ; il n’est donc pas surprenant de voir le rôle vital que joue la prière dans les récits historiques tout au long du livre des Actes.[9]

Nous avons sans aucun doute beaucoup plus d’avantages que l’Église primitive, mais nous n’avons pas plus de puissance qu’elle n’en avait. Et nous en avons moins, si nous ne sommes pas revêtus de la puissance de l’Esprit déversée dans la prière.

De nombreux versets bibliques peuvent nous aider à prier pour un collègue ou un ami particulier rencontré dans la journée. Nous pouvons prier pour que :

  1. Le Père l’attire à lui (Jean 6.44) ;
  2. Il ou elle parvienne à connaître et croire la vérité de l’Évangile (Romains 10.17 ; 1 Thessaloniciens 2.13 ;
  3. Satan relâche son emprise qui les éloigne de la vérité (Matthieu 13.19 ; 2 Corinthiens 4.4 ;
  4. L’Esprit Saint le ou la convainque de péché, de justice et de jugement (Jean 16.8-13 ;
  5. Dieu envoie d’autres chrétiens dans sa vie pour l’influencer à se tourner vers Jésus (Matthieu 9.37-38) ;
  6. Il ou elle croie en Jésus comme son Sauveur (Jean 1.12 ; 5.24) ;
  7. Il ou elle grandisse en Jésus (Colossiens 2.6-7)

Nous pouvons aussi prier pour nous-mêmes et nos collègues chrétiens. Il y a beaucoup de versets bibliques qui nous rappellent la confiance que nous avons en Dieu, nous qui sommes les ambassadeurs du Christ dans notre lieu de travail. Nous pouvons prier que :

  • Nous nous acquittions de notre travail d’une manière dont l’excellence attire l’attention des autres et rende gloire à Dieu (Proverbes 22.29 ; Matthieu 5.16) ;
  • Nous traitions les gens équitablement et développions une bonne réputation parmi les non-croyants (Colossiens 4.1 ; 1 Thessaloniciens 4.12) ;
  • Nos conversations soient pleines de sagesse, de sensibilité et de grâce, et qu’elles soient attrayantes (Colossiens 4.5-6)
  • Que nous soyons à l’affut des portes qui s’ouvrent et que nous ayons l’audace d’y entrer sans crainte (Colossiens 4.3 ; Éphésiens 6.19) ;
  • Nous soyons capables d’expliquer l’Évangile avec clarté (Colossiens 4.4).

La prière, associée à une communication avisée, bâtie sur un travail bien fait, un caractère selon le cœur de Dieu et un souci véritable de l’autre, invite Dieu à œuvrer dans notre lieu de travail, là où toute interaction avec chacun a une signification spirituelle.

Pour conclure

Vous êtes pasteur, évangéliste ou missionnaire, nous prions que la lecture de ces quatre articles vous a amené à réfléchir et que vous avez pu voir la nature stratégique du monde de travail dans le Mandat missionnaire. Puissiez-vous avoir saisi l’importance d’aider les disciples du Christ investis dans le monde du travail, « les 99 pourcent », à prendre leur place. N’oubliez cependant pas que ce sont des lézards, pas des grenouilles. Ils ont besoin d’être appréciés, encouragés, équipés et inspirés pour voir la valeur de leur travail pour le royaume de Dieu et montrer avec tact, aux personnes avec qui ils travaillent et vivent, le chemin vers le Christ. Ils peuvent changer le monde. Vous êtes un disciple du Christ investi dans le monde du travail, nous espérons que vous prenez conscience de la valeur immense du travail que vous faites. Votre travail compte pour Dieu. Nous espérons aussi que vous voyez que les missions commencent là où vous travaillez. Vous pouvez être conduits ailleurs, mais tout commence sur le lieu de votre travail où vous pouvez aider des collaborateurs et des collègues à faire, aujourd’hui, un pas de plus pour se rapprocher d’une relation avec le Christ. C’est un processus. Il sera lent, mais Dieu est à l’œuvre en vous et vous appelle à rejoindre la multitude de croyants qui vous ont précédé(e), qui ont pris leur place comme ambassadeurs du Christ au travail. Vous changez le monde.

Endnotes

  1. “Defeater Beliefs and a Gospel Sandwich,” https://www.timcasteel.com/2010/10/defeater-beliefs-and-a-gospel-sandwich/
  2. Joshua D. Chatraw and Mark D. Allen, Apologetics at the Cross: an introduction for Christian witness in late modernism, (Grand Rapids, MI: Zondervan Academic, 2018), 174.
  3. Luc 10:25-37
  4. Alasdair MacIntyre, After Virtue: A Study in Moral Theory, 3rd ed. (Notre Dame: University of Notre Dame Press, 2008) 216.
  5. Actes 26:2-29.
  6. https://www.navigators.org/resource/the-27-series.
  7. Si vous voulez creuser plus profondément, nous vous recommandons Joshua D. Chatraw and Mark D. Allen, Apologetics at the Cross: An introduction for Christian witness in late modernism, (Grand Rapids, MI: Zondervan Academic, 2018).
  8. Books by Tim Keller, The Reason for God and Making Sense of God as well as Rebecca McLaughlin’s Confronting Christianity, Gregory Koukl, Street Smarts: Using Questions to Answer Christianity’s Toughest Challenges, sont utiles pour apprendre à utiliser les questions socratiques. Got Questions [Vous avez des questions] (https://www.gotquestions.org/) est une encyclopédie en ligne de réponses aux questions sur Dieu, Jésus, la Bible ou la théologie. What Would You Say [Ce que vous devez dire] (https://whatwouldyousay.org/) propose des réponses rapides aux questions difficiles du christianisme sous forme de vidéos de 5 minutes.
  9. Actes1:14, 24; 2:42, 47; 4:24, 31; 8:15; 9:11, 40; 10:9, 30-31; 12:5; 13:3; 14:23; 15:25; 20:36; 21:5; 26:29; 28:8.