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Présentation de la Déclaration de Séoul

Michael Oh, David Bennett & Ivor Poobalan

Please note that translations of the Seoul Statement may be updated following an additional review of the text provided.

Préambule

Le Quatrième congrès de Lausanne, qui s’est tenu à Incheon, en Corée du Sud, marque le 50e anniversaire de la naissance d’un remarquable mouvement engagé dans la mission mondiale. Le Premier congrès de Lausanne, en 1974, avait réuni 2 700 responsables d’Églises de plus de 150 pays, qui ont affirmé leur conviction commune que toute l’Église doit apporter l’Évangile dans sa totalité au monde entier.

À la suite du premier congrès, l’Église mondiale a fait davantage pour accroître les collaborations pour l’évangélisation mondiale qu’à n’importe quelle autre période de l’histoire. Il en a résulté une croissance de l’Église sans précédent. Des millions de personnes vivant dans des régions jusque-là non atteintes ont embrassé l’Évangile et fait l’expérience de son pouvoir de transformation.

Nous nous réjouissons de ce que Dieu a fait à travers l’implication de l’Église dans cette grande priorité apostolique qu’est la proclamation de la bonne nouvelle de Jésus-Christ afin d’apporter le salut aux personnes perdues à cause du péché. Néanmoins, l’évangélisation reste une tâche urgente, car des milliards de personnes n’ont toujours pas entendu le message de l’amour et de la grâce de Dieu en Christ. En outre, face à cette croissance expansive, l’Église a, dans de nombreuses régions du monde, connu des difficultés pour affermir la foi de millions de chrétiens de la première génération et en faire des disciples.

Dans le mandat qu’il a confié aux apôtres en Matthieu 28.18-20, le Seigneur Jésus a clairement indiqué que la mission confiée à l’Église – « faites des gens de toutes les nations des disciples » – comportait deux aspects d’égale importance. La responsabilité de l’évangélisation, résumée par le mandat : « baptisez-les pour le nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint » côtoie la responsabilité du soin pastoral, résumée par l’instruction : « enseignez-leur à garder tout ce que [le Christ] a commandé ».

Ces deux aspects sont visibles dans la stratégie missionnaire de l’apôtre Paul dans le livre des Actes et dans ses nombreuses lettres. Il était passionné par la nécessité de porter le message du salut à ceux qui ne connaissent pas le Christ, et il était tout aussi passionné par celle de fortifier la foi des croyants afin qu’ils mènent une vie digne de l’Évangile et qu’ils soient capables de s’opposer aux faux enseignements qui menaçaient d’ébranler la vérité de l’Évangile. Il le résume ainsi : « C’est lui que nous annonçons, en avertissant tout être humain et instruisant tout être humain en toute sagesse, afin de porter tout être humain à son accomplissement dans le Christ. » (Colossiens 1.28).

Nous regrettons qu’au cours des 50 dernières années de moisson évangélique, l’Église mondiale ne soit pas suffisamment parvenue à dispenser l’enseignement nécessaire pour aider les nouveaux croyants à développer une vision du monde véritablement biblique. L’Église a souvent échoué à encourager les nouveaux croyants à obéir à l’appel du Christ à pleinement vivre en disciples à la maison, à l’école, dans l’Église, dans leur quartier et leur vie professionnelle. Elle a également eu du mal à préparer ses responsables à réagir face aux valeurs sociales en vogue dans leur société et aux distorsions de l’Évangile, qui ont menacé d’éroder la foi sincère des chrétiens et de détruire l’unité et la communion de l’Église du Seigneur Jésus. Nous sommes, par conséquent, alarmés de la montée d’enseignements trompeurs et de modes de vie pseudo-chrétiens, qui éloignent de nombreux croyants des valeurs essentielles de l’Évangile.

Depuis cinquante ans, le Mouvement de Lausanne est guidé par la Déclaration de Lausanne (1974), le Manifeste de Manille (1989) et l’Engagement du Cap (2010). La Proclamation de Séoul, issue du Quatrième Congrès de Lausanne confirme pleinement ces documents antérieurs et s’appuie sur leur base solide en renouvelant notre engagement à l’égard de la centralité de l’Évangile (Section I) et d’une lecture fidèle de l’Écriture (Section II). Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons relever les défis auxquels l’Église mondiale est aujourd’hui confrontée (sections III-VII), et persévérer dans notre aspiration à témoigner fidèlement de notre Seigneur crucifié et ressuscité – de partout vers partout, pour le bien des générations à venir.

Que l’Église proclame et rende visible le Christ – ensemble !

I. L’Évangile : l’histoire que nous vivons et racontons

Au début de son ministère, Jésus dit : « Le temps est accompli et le règne de Dieu s’est approché. Changez radicalement et croyez à la bonne nouvelle. » (Marc 1.15). L’apôtre Paul écrit : « Je n’ai pas honte de la bonne nouvelle ; elle est en effet puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit ». (Romains 1.16). Cette bonne nouvelle, cet Évangile n’est pas une formule ou un ensemble d’idées religieuses, mais plutôt une histoire porteuse d’une bonne nouvelle et de la puissance pour transformer des vies. Dans le livre des Actes, les apôtres ont prêché l’Évangile à des publics divers, et nous les entendons raconter une histoire. C’est la raison pour laquelle les apôtres et d’innombrables chrétiens à travers les âges ont adopté l’Évangile comme l’histoire que nous vivons et que nous racontons.

« C’est ce récit (dans l’Ancien et le Nouveau Testament) qui nous dit qui nous sommes, notre raison d’être et où nous allons. Ce récit de la mission de Dieu définit notre identité, motive notre mission et nous garantit que la fin est entre les mains de Dieu. » [Engagement du Cap, 2010]

  1. Au commencement, Dieu a créé l’univers dans une merveilleuse interdépendance entre réalité spirituelle et réalité matérielle, remplie de sens et de mystère. Tout ce que Dieu a fait est ordonné, beau et bon. Dieu a béni tout ce qu’il a fait, afin que chaque partie existe pour l’épanouissement de l’ensemble. Pour chaque espace – la terre, le ciel et la mer – Dieu a créé des êtres auxquels il a donné le souffle de vie et la capacité de se reproduire. Comme point culminant de la création, Dieu a créé les êtres humains, hommes et femmes, à son image, leur donnant la capacité d’établir des relations avec lui-même et les uns avec les autres et leur confiant la responsabilité de prendre soin de son monde.
  2. Le travail et les loisirs des humains créés par Dieu, leur vie de couple et l’éducation de leurs enfants, leurs arts, leur travail et leur mode de vie en collectivité devaient être au bénéfice de tous et à la gloire de Dieu. La bénédiction reçue devait devenir une bénédiction partagée entre les peuples, et cette bénédiction devait revenir vers lui dans l’adoration.

Dieu a accompli cet acte grandiose de création par sa Parole, par l’intermédiaire de son Esprit.

  1. Lorsque Dieu a béni les êtres humains, il les a avertis que le flot continu de la vie s’interromprait s’ils cherchaient à s’affranchir de lui. Ce choix conduirait la mort, puisque Dieu seul est la vie.
  2. Adam et sa femme Ève se sont joints à la rébellion menée par Satan et c’est ainsi que le péché et la mort sont entrés dans le monde. Chargée de remplir la terre de peuples culturellement diversifiés et unis dans l’adoration de Dieu, l’humanité l’a remplie de violence, brisant l’unité pour laquelle elle avait été créée. Exilés de la sainte présence de Dieu et coupés de la vie, les humains se sont retrouvés esclaves de leur propre volonté et asservis à une existence dépourvue de sens.
  3. Cependant Dieu qui est riche en miséricorde et en amour, n’allait pas d’abandonner ses créatures humaines pécheresses à l’esclavage qu’elles avaient elles-mêmes choisi. Mais Dieu étant juste, il ne pouvait pas non plus laisser leur rébellion impunie. Il a donc mis en œuvre son plan pour libérer l’humanité de sa détresse. Un Sauveur allait venir pour la restaurer et en faire un peuple saint composé de tous les peuples unis dans l’adoration.

Dieu allait transformer sa création par sa Parole et son Esprit.

  1. Pour bénir toutes les nations de la terre, Dieu a conclu une alliance avec Abraham, promettant d’offrir à nouveau la bénédiction de sa présence vivifiante à un peuple au sein duquel il réunirait à nouveau tous les peuples dans une relation de bénédiction mutuelle. Ce peuple deviendrait la maison de Dieu, la nouvelle humanité pour la nouvelle création de Dieu.
  2. Pour commencer, Dieu a choisi les descendants d’Abraham – une nation de douze tribus, nommée d’après les douze fils de Jacob. Formés pour être un peuple saint, ils ont été réduits en esclavage et opprimés par le Pharaon d’Égypte. Cependant, Dieu n’a pas oublié son alliance. Il a sorti son peuple de l’esclavage pour faire connaître ses perfections à tous les peuples. Il l’a emmené au mont Sinaï et a prononcé les paroles qui donneraient la vie à ceux qui les garderaient dans leur cœur, et seraient le fondement d’un peuple qui aimerait Dieu d’un cœur sans partage et dont les membres s’aimeraient les uns les autres d’un cœur animé de la vie de Dieu.
  3. Mais le peuple de Dieu s’est rebellé contre lui. Il a choisi la mort plutôt que la vie. Si Dieu ne s’était pas montré plein de grâce, le peuple aurait péri. Dans sa miséricorde, il a instauré un royaume pour qu’Israël vive sous le règne de Dieu. Il a envoyé des prophètes pour interpréter les paroles prononcées au Sinaï et pour corriger son peuple lorsqu’il s’éloignait de lui. Il a envoyé des sages et des auteurs d’hymnes pour encourager Israël dans son mode de vie. Pourtant, le peuple de Dieu est resté rebelle. Ses rois et ses prêtres se sont détournés de Dieu et le peuple a rejeté les prophètes. Alors Dieu les a chassés de leur terre, condamnant la nation à l’exil.
  4. Dieu, cependant, n’a pas oublié son alliance. Alors même que les prophètes annonçaient la mort de la nation, ils prophétisaient que Dieu la relèverait pour lui donner une nouvelle vie, comme il l’a fait quand Israël est revenu de son exil. Mais cette mort et ce relèvement de la nation n’étaient que l’avant-goût d’un renversement spectaculaire à venir dans les relations de Dieu avec l’ensemble de l’humanité rebelle – la restauration du légitime règne de Dieu.

Il n’était pas encore temps pour Dieu de renouveler la création par sa Parole à travers son Esprit.

  1. Un jour l’heure est arrivée. Dieu a envoyé le prophète Jean pour préparer l’arrivée imminente du roi choisi et appeler le peuple à se détourner de son péché afin de vivre sous le règne de Dieu. Jean a baptisé ceux qui se détournaient de leur péché, mais il a aussi parlé d’un baptême à venir : « Celui qui vient derrière moi… vous baptisera dans l’Esprit saint et le feu. » C’est ce baptême de l’Esprit par le Seigneur Jésus-Christ qui devait former le peuple promis. Comme Jean l’avait dit, « celui qui vient » est venu, mais de la manière la plus inattendue.

Par l’Esprit de Dieu, le Fils de Dieu, qui est la Parole éternelle, est devenu un être humain dans le sein d’une vierge, Marie, inaugurant la nouvelle création de Dieu.

  1. La restauration du règne de Dieu, annoncé par les prophètes, a commencé lorsque Jean a baptisé Jésus. Lorsque Jésus est sorti de l’eau, une voix venue du ciel a déclaré : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ». Comme Israël, Jésus a été mis à l’épreuve dans le désert, mais il est resté fidèle et a enseigné à ses disciples à obéir de tout cœur aux paroles adressées à Israël au Sinaï. Il a guéri les malades et purifié les personnes souillées ; il a ressuscité les morts et sauvé ceux qui dépérissaient ; il a chassé les démons. De toutes ces manières, il a montré son pouvoir pour restaurer la bénédiction à son peuple – un peuple purifié du péché, sauvé de la mort et libéré de la domination de Satan. Jésus a déclaré que le temps était venu pour que s’accomplisse la bénédiction de Dieu pour les pauvres et les humbles de cœur. La bénédiction qu’il apportait n’était pas la richesse ou la santé, mais la vie même de Dieu, puissance transformatrice de la nouvelle création. Le temps était venu pour Jésus le Messie de bâtir son Église. Mais il fallait pour cela sa mort volontaire et sacrificielle. En effet, l’offense du péché qui s’était dressé entre l’humanité et Dieu avait entraîné la condamnation à mort de tous.
  2. Lorsque Jésus a été crucifié sous Ponce Pilate, lui, l’Adam d’une nouvelle création, envoyé par Dieu, c’est à notre place qu’il est mort. Dans le Christ, Dieu a pris sur lui le châtiment de notre péché. Celui qui a la vie en lui-même a donné sa vie pour la vie du monde. Il a été condamné, tandis que son peuple racheté a été libéré – libéré de l’esclavage du péché pour aimer et servir son Seigneur. 
  3. Bien que le Christ ait répandu sa vie dans la mort, la mort le pouvait le vaincre. Dieu l’a ressuscité et a ainsi attesté qu’il était innocent et juste. Après sa résurrection, Jésus est apparu à ses disciples dans un corps transformé. C’était un corps que ses disciples pouvaient toucher, mais que la mort ne pouvait atteindre. Le Père a élevé le Fils pour régner avec lui jusqu’à ce qu’il soumette toute chose et tout être humain au règne du Christ. L’Esprit Saint a ensuite été envoyé à tous ceux qui, par la repentance et la foi, ont participé au renouveau et à la réconciliation de tous les peuples au sein de l’unique peuple de Dieu. Ils ont reçu une vie nouvelle et la puissance pour témoigner de la bonne nouvelle du salut de Dieu parmi tous les peuples.

Par conséquent, quiconque est dans le Christ appartient à la nouvelle création de Dieu, formée par sa Parole au moyen de son Esprit.

  1. Dieu achèvera son œuvre de création nouvelle lorsque le Christ reviendra pour juger les vivants et les morts. Tous ceux qui sont dans le Christ auront alors part à sa résurrection corporelle, et toute la création de Dieu sera transformée. Son peuple vivra sous le règne du Messie comme une unité de peuples dont les différentes manières de vivre le don de la vie éternelle de Dieu lui seront offertes à Dieu comme adoration. Ainsi, le peuple de Dieu prendra soin du monde de Dieu dans une communauté de bénédiction, Dieu étant au centre et à la source de tout ce qui est bon.
  2. Par la foi, nous prenons place dans l’Église du Christ, le peuple unique du Dieu unique, le peuple des peuples du Dieu trinitaire. Par la foi, nous sommes baptisés dans la mort du Christ pour le pardon des péchés, ressuscités à une vie nouvelle et incorporés à l’unique corps du Christ. Par la foi, nous sommes déclarés justes par la justice du Ressuscité. Par la foi, l’Église devient la demeure de Dieu dans le Christ par son Esprit, et lui, notre source de vie inépuisable. Par la foi, nous vivons sous et pour le règne de Dieu. Par la foi, nous gérons et prenons soin de la création de Dieu et les uns des autres ; nous travaillons pour sa justice dans nos sociétés ; et nous cherchons à vivre une vie paisible de service fidèle. Par la foi, nous vivons comme ceux que la mort ne peut détruire parce que nous sommes dans le Christ et que nous vivons de la vie de Dieu.
  3. Lorsque nous nous réunissons dans les Églises locales, nous vivons l’Évangile, nous le redisons et nous nous en souvenons, car cette histoire est au fondement de toutes choses ; par notre culte, nous célébrons les œuvres de son Auteur plein de grâce ; nous clarifions et sublimons ses moments clés dans notre doctrine ; nous enseignons au peuple de Dieu à conformer sa vie à son modèle et à ses commandements ; nous exprimons ses effets dans notre pratique de l’amour, de la justice, du pardon et de la réconciliation ; nous prions pour son accomplissement ; nous reflétons ses valeurs dans notre vie individuelle et collective. Par notre présence, notre pratique et notre proclamation, nous racontons l’histoire de l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre. Pendant ce temps, avec toute la création, nous gémissons pour l’avènement de la nouvelle création et nous crions : « Viens, Seigneur Jésus, viens ! »

« Ô Dieu, notre Père, par ton Fils et par ton Esprit, apporte la plénitude de la nouvelle création ! »

II. La Bible : les Saintes Écritures que nous lisons et mettons en pratique

Depuis sa création, l’un des piliers du Mouvement de Lausanne est un engagement inébranlable concernant la Bible en tant que parole de Dieu faisant autorité, seule règle de foi et de pratique pour l’Église, sa mission et la vie chrétienne. Cependant, cette vision élevée de l’Écriture n’est pas toujours allée de pair avec une interprétation biblique fiable qui soutienne l’Évangile et renforce la mission de l’Église de faire des disciples à l’image du Christ. Pire encore, des interprétations souvent contradictoires menacent la faculté de l’Église à témoigner de la gloire de Dieu et de la vérité de l’Évangile. L’affirmation d’une vision élevée de l’Écriture exige donc une lecture de la Bible attentive à ses contextes historique, littéraire et canonique, guidée par l’Esprit Saint et éclairée par la tradition interprétative de l’Église. Les affirmations essentielles sur la Bible dont l’Église a le plus besoin aujourd’hui concernent non seulement la nature de la Bible mais aussi son interprétation : comment lire la Bible fidèlement avec la communion des saints de tous les temps et de tous les lieux.

La Bible est la parole de Dieu en mots humains.

  1. Nous affirmons que la Bible est la parole de Dieu écrite, un ensemble de textes divinement inspirés, insufflés par Dieu, composé des soixante-six livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. Dans une diversité d’auteurs humains et de genres littéraires, la Bible forme un témoignage unifié et cohérent de l’histoire de l’élection par Dieu d’un peuple qui lui- appartient en Jésus-Christ. La Bible est l’autorévélation de Dieu et, par conséquent, l’Écriture à laquelle se réfère l’Église. Elle est distincte de toute autre, sans erreur, pleine d’autorité rassemblant et conduisant le peuple mis à part par Dieu. Elle est entièrement vraie et digne de confiance, et constitue la norme suprême pour la vie de l’Église. Le même Esprit qui a inspiré la Bible continue à l’illuminer, communiquant la lumière et la vie, la vérité et la grâce de Dieu.

Le message central de la Bible est la bonne nouvelle du royaume de Dieu.

  1. Nous affirmons que le message central de l’Écriture est l’Évangile du royaume de Dieu, la proclamation de l’incarnation, de la mort, de la résurrection, de l’ascension et du retour de Jésus, qui est l’accomplissement de la promesse de Dieu de bénir tous les peuples par la descendance d’Abraham. C’est pourquoi nous lisons l’ensemble de l’Écriture conformément à cet Évangile et guidés par lui. Dans l’Évangile, Dieu offre le pardon des péchés, le don de l’Esprit et la vie éternelle à tous ceux qui se repentent et croient en Jésus-Christ. Cet Évangile est la bonne nouvelle que Jésus construit son Église pour servir Dieu, qui réconcilie et renouvelle sa création, la débarrasse du péché et de ses effets, et manifeste ainsi sa gloire. Ce même Évangile exige que nous nous soumettions à l’autorité du Christ, de sorte que, par la foi en l’Évangile, nous soyons transformés par l’Esprit quand nous lisons la Bible. (Es 52.7 ; Mc 1.14-15 ; Gn 12.1-3 ; 18-19 ; Ga 3.16, 19)

La Bible a pour but de former des disciples et édifier l’Église.

  1. Nous affirmons que Dieu parle dans la Bible dans le but d’engendrer et de conduire le peuple de Dieu, l’Église. La Bible appelle les croyants à se conformer au Christ, qui est l’image de Dieu, et les exhorte à mener une vie digne de l’Évangile. L’Esprit œuvre à travers la Bible pour former le corps du Christ et développer en lui la pensée du Christ. Dieu utilise l’Écriture pour former le peuple de Dieu, un peuple de peuples, qui prend communautairement part à sa mission en se conformant à sa volonté sur la terre comme au ciel. (Col 1.15 ; 3.10 ; Ep 4.24 ; Mt 6.10)

Nous lisons la Bible correctement en tenant compte de son contexte.

  1. Nous affirmons que pour lire et interpréter correctement l’Écriture, l’Église doit la lire dans son contexte historique, littéraire et canonique. La lire dans son contexte historique, c’est prêter attention au monde qui est présent derrière le texte et aux circonstances de sa composition. La lire dans son contexte littéraire c’est prêter une attention particulière au type de littérature dont il s’agit et à l’agencement des mots et des idées au sein du texte dans son ensemble. La lire dans son contexte canonique c’est lire chaque partie à la lumière de l’ensemble de l’Écriture, Ancien et Nouveau Testaments confondus. Situer un texte biblique dans son contexte historique et littéraire est une étape nécessaire pour découvrir le sens originel voulu par ses auteurs. Le situer dans le contexte canonique permet à l’Église de le lire comme la parole de Dieu, récit unifié donné par Dieu à son peuple tout au long de l’histoire, avec pour point culminant la venue du Christ.

Lire la Bible correctement nécessite l’éclairage de l’Esprit Saint.

  1. Nous affirmons que l’Esprit Saint, qui a présidé à la composition des Écritures, continue de guider l’Église dans son interprétation de celles-ci, dans la mesure où l’Église, dans une dépendance priante, recherche son aide. C’est par sa présence active et permanente que l’Esprit guide et conduit l’Église – la communauté de ceux qui écoutent, lisent, interprètent et mettent en pratique la Bible – afin de donner à son engagement la force et la connaissance qui lui permettront de proclamer et rendre visible le Christ dans le monde. L’Esprit atteste intérieurement de l’authenticité, de la fiabilité, de la crédibilité et de la pleine suffisance de l’Écriture. L’Esprit permet au croyant de comprendre la parole et la volonté de Dieu et de s’y soumettre. (2 Pierre 1.21)

Lire la Bible correctement se fait en lien avec la tradition.

  1. Nous affirmons que l’interprétation évangélique (centrée sur l’Évangile) de la Bible n’est pas un développement récent. Elle s’inscrit dans la longue tradition interprétative qui remonte à l’Église apostolique. L’interprétation fidèle de l’Écriture appartient à l’Église universelle et appelle à l’échange entre chrétiens de contextes différents – régionaux, historiques et confessionnels – à la recherche de l’unité évangélique au sein de la diversité. Nous affirmons le rôle nécessaire et positif de la tradition par laquelle nous entrons dans la continuité des lectures de l’Écriture faites dans la foi au sein des générations passées. Celles-ci étaient conduites par le même Esprit et croyaient au même Évangile de Jésus-Christ au moyen des mêmes Écritures. Pour qu’une approche évangélique de l’interprétation soit fidèle, elle doit honorer cette tradition et la laisser nous guider par l’Esprit dans la lecture de la Bible.

Lire la Bible correctement nécessite la sensibilité aux contextes locaux.

  1. Nous affirmons l’importance des contextes culturels pour la lecture fidèle de la Bible. L’interprétation de la Bible ne se fait jamais dans le vide. La culture et la langue jouent un rôle important. L’interprétation de l’Écriture est un réel défi, car nos présupposés, notre expérience personnelle et notre culture exercent sur une influence puissante et potentiellement déformante. Cependant, les communautés locales apportent chacune de précieuses ressources issues de leurs contextes respectifs pour approfondir la compréhension globale de l’Écriture. Chaque Église locale représente l’Église tout entière, à la fois quand elle lit fidèlement l’Écriture dans et pour son propre contexte, et quand, à partir de sa culture locale, elle apporte des éclairages qui profitent à l’ensemble de l’Église.

Lire la Bible correctement nécessite la formation d’une culture de la lecture et de l’écoute dans les Églises locales.

  1. Nous appelons les Églises locales à se consacrer à la lecture publique de l’Écriture et à former des lecteurs et des auditeurs de la Bible compétents, en tant qu’individus, en tant que groupes et en tant que communautés d’adoration. En formant une telle culture, nous voulons permettre à la Parole de Dieu, et à l’Évangile qu’elle proclame, de façonner notre vision du monde et notre vie. Nous affirmons donc la nécessité d’une collaboration globale de tous les membres du corps du Christ et d’une attention renouvelée aux anciens credo, confessions et traditions ecclésiales. La lecture et l’écoute dans la communion des saints, guidées par l’Esprit, à travers l’espace et le temps, servent à maintenir les communautés locales ancrées dans la foi qui a été transmise une fois pour toutes aux saints. Pour que l’Église s’épanouisse dans les décennies à venir, nous devons nous constituer en communautés assidue à la lecture et l’écoute de la Bible, qui proclament et rendent fidèlement visible l’unique seigneurie du Christ, de diverses manières et en divers lieux.[1] (Jude 3)

III. L’Église : le peuple de Dieu que nous aimons et édifions

La Déclaration de Lausanne (1974) déclare : « L’évangélisation du monde exige que toute l’Église apporte l’Évangile dans sa totalité au monde entier. » Le Quatrième Congrès de Lausanne (2024) a pour thème : « Que l’Église proclame et rende visible le Christ – ensemble ». Par conséquent, la manière dont nous concevons « l’Église » revêt une grande importance. Nous reconnaissons que la doctrine de l’Église a reçu peu d’attention au cours de ces décennies d’extraordinaire expansion chrétienne dans le monde, et qu’il n’y a guère de consensus sur ce qu’est l’Église, sur son importance dans la vie du chrétien et sur sa pertinence pour notre monde. La confusion qui en résulte a ouvert la voie à des formes aberrantes d’Église qui dénaturent les valeurs du Christ et de son Évangile. Elle a également accru le désenchantement parmi les croyants baptisés, amenant certains à prendre leurs distances par rapport à l’Église formelle ou institutionnelle. Les chrétiens d’aujourd’hui, en particulier les croyants de la première génération, ont besoin d’une compréhension biblique plus complète de l’Église, qui puisse leur inspirer une estime et un attachement profonds à l’égard de « la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité. » (1 Timothée 3.15).

L’Église est la communion du peuple de Dieu.

  1. L’antique Symbole des Apôtres professe notre foi commune en « la communion des saints ». Par l’œuvre salvatrice de Jésus-Christ, le Dieu trinitaire rassemble et unit son peuple en une seule communion des saints par l’Esprit Saint. Cette communion avec Dieu et avec nos frères et sœurs dans l’Église n’est pas de notre fait ; c’est un don de Dieu. Le jour de la Pentecôte, Dieu a révélé cette unité lorsque Jésus a, de la part du Père, déversé l’Esprit Saint promis sur son peuple. Il a envoyé ce peuple annoncer la bonne nouvelle et attirer d’autres personnes dans sa nouvelle communauté, afin qu’elles soient baptisées comme membres du corps du Christ et habitées par l’Esprit comme temple de Dieu. Aujourd’hui encore, le Seigneur Jésus continue de répandre l’Esprit Saint sur l’Église et l’Esprit continue de glorifier le Seigneur Jésus dans et par celle-ci. (1 Co 12.27 ; 2 Co 6.16)
  2. Tous ceux qui sont unis au Christ – par la repentance personnelle, la foi et la grâce de Dieu – ont celui-ci pour tête et forment ensemble son corps. Par conséquent, bien que nous soyons sauvés en tant qu’individus, nous ne sommes pas sauvés seuls, mais ensemble, les uns avec les autres. Ceux qui sont disciples de Jésus, l’Esprit les incorpore au Christ comme membres de son corps, par la foi en son sang versé. Le baptême chrétien est un signe et un sceau de la grâce de Dieu, une déclaration publique de notre nouvelle allégeance au Christ et de notre nouvelle identification à son Église. (1 Co 12.13)

L’Église est une, sainte, catholique et apostolique.

  1. Avec le peuple du Christ à travers les siècles et dans le monde entier, nous confessons, selon les mots du Symbole de Nicée, que l’Église est « une, sainte, catholique et apostolique ».
  2. Dans le monde entier et tout au long de l’histoire, l’Église est un seul peuple de Dieu, un seul corps du Christ et un seul temple de l’Esprit Saint par un seul baptême de l’Esprit, et l’unique Épouse du Christ. Indépendamment du temps, de l’espace, de la culture et de la langue, nous sommes une seule Église, unie par le Christ et l’œuvre qu’il a accomplie, habitée par l’Esprit Saint et unie dans l’amour de Dieu. (Ep 4.4-6 ; 2 Cor 11.2)
  3. Étant l’expression visible du Christ dans le monde, l’Église est appelée à une sainteté semblable à celle du Christ, manifestée par notre détermination à vivre comme étant mis à part pour Dieu, et démontrée par un caractère et un comportement reflètant ceux du Christ. (2 Tm 2.21 ; 1 P 1.14-16)
  4. L’Église de Jésus-Christ est catholique (universelle et globale), au sens où tous ceux qui appartiennent au Christ – indépendamment de leur appartenance ethnique, de leur sexe, de leur région, de leur statut ou de leurs capacités – appartiennent au même titre à cette communauté nouvelle. Par conséquent, il y a une place pour chaque membre, car chaque partie est nécessaire pour constituer l’intégralité de l’Église. Il y a une place pour les garçons et les filles, les femmes et les hommes, les pasteurs et les missionnaires, les personnes au foyer, les enseignants, les travailleurs, celles et ceux qui exercent des professions libérales ou encore les entrepreneurs.
  5. Dans cette Église catholique, aucune culture humaine ne peut prétendre à la prééminence. Toutes les cultures humaines doivent se soumettre humblement au Dieu de toute sagesse. Ce faisant, elles apportent chacune leur contribution à notre compréhension de l’Écriture et à la proclamation de l’Évangile. C’est ainsi que Dieu nous unit pour proclamer et rendre visible sa gloire dans toute notre diversité. L’Église locale est la seule manifestation visible de cette Église catholique. Elle révèle la gloire du temple de Dieu, dans lequel tous ceux et toutes celles qui appartiennent à Jésus-Christ, comme des pierres vivantes, ont leur place légitime. (1 Co 3.16-17 ; 12.12-27 ; Ep 2.20-21 ; 1 P 2.4-10)
  6. Cette Église une, sainte et catholique est également apostolique. Elle a commencé à témoigner publiquement de la bonne nouvelle de Jésus-Christ avec l’effusion de l’Esprit le jour de la Pentecôte et, depuis lors, elle continue à proclamer le même message au monde entier. Tout au long de l’histoire et en tout lieu, l’Église est apostolique. Elle se situe dans la continuité des douze apôtres du Christ et s’en tient à leur enseignement, confié une fois pour toutes au peuple de Dieu et transmis de génération en génération. Par le don de cette parole vivante et agissante, Dieu édifie son Église en nous donnant la foi et une vie nouvelle, et la façonne ainsi à la ressemblance du Christ. (Rm 10.17 ; 1 P 1.23 ; Jude 3)

L’Église dans son pèlerinage est confrontée à des contestations extérieures et à des menaces intérieures.

  1. L’Église a toujours été confrontée à des crises. Comme l’a dit notre Seigneur, il y aura beaucoup d’épreuves dans ce monde. L’histoire en témoigne : les saints fidèles à Dieu ont été et continuent à être confrontés à la persécution et à une forte opposition, souvent au péril de leur vie, par amour pour leur Seigneur. Le sang des martyrs est la semence de l’Église. Malgré cela, le combat de l’Église n’est pas contre la chair et le sang, mais contre les puissances des ténèbres. Le malin conspire contre l’Église du Christ, mais comme Jésus l’a promis, il continue à bâtir son Église et même les portes du séjour des morts ne peuvent prévaloir contre elle. (Jn 16.33 ; Ep 6.12 ; Mt 16.18 ; Ap 1.18)
  2. L’Église porte le trésor de l’Évangile dans des « vases d’argile », dans la vulnérabilité et l’humilité. Elle ne cherche pas à se mettre en avant, mais s’appuie sur la toute-puissance de Dieu. C’est pourquoi elle ne résiste pas à ses adversaires avec les pouvoirs ou les armes de ce monde, mais persévère dans l’adversité et la souffrance par la puissance de Dieu, entièrement équipée par les armes spirituelles de la justice. Les empires s’élèvent et s’effondrent, mais l’Église, soutenue par son Seigneur, est appelée à demeurer inébranlable et à se comporter comme la maison du Dieu vivant, colonne et appui de la vérité. (2 Co 4.7 ; Jn 18.36 ; 2 Co 6.7 ; 1 Tm 3.14-16)
  3. Nous sommes toutefois attristés de voir que l’Église n’est pas toujours restée fidèle à cet appel. L’Écriture indique clairement que le plus grand risque pour sa vitalité et l’intégrité de son message vient de l’intérieur. Elle a trop souvent succombé à l’attrait du pouvoir politique, de l’approbation de ses contemporains et des plaisirs du monde, abandonnant son mandat de témoin prophétique de Dieu dans le monde. Dans de tels cas, l’Église devient un instrument d’oppression, complice d’actes d’injustice, et perd sa crédibilité. Ces compromis sont soit les conséquences, soit les causes de l’éloignement de l’Église de l’autorité biblique lorsqu’elle déforme les Écritures pour satisfaire de simples désirs de ce monde. Les piliers jumeaux de la croyance et de la pratique conformes à l’Écriture (orthodoxie et orthopraxie) s’érodent quand l’Église détourne son regard du Christ et de la croix. Profondément affligés nous déplorons ces échecs et les péchés de notre passé et nous nous repentons de nos manières de continuer à ignorer la conduite de l’Esprit et les instructions de notre Seigneur. (1 Tm 4.16)

L’Église grandit lorsqu’elle se rassemble pour le culte.

  1. Le Seigneur Jésus appelle son Église à se rassembler régulièrement pour adorer Dieu le Père par le Fils et par l’Esprit Saint. Par ces rassemblements, il nous invite à grandir dans notre intimité et notre connaissance de lui au moyen de la lecture et de la proclamation des Écritures, et à voir, sentir et goûter sa grâce, dans le baptême et la cène (Actes 2.42).
  2. L’Église, unique corps du Christ et unique temple de l’Esprit, manifeste principalement son identité corporative par son culte. Dans le cadre du culte, nous mettons en pratique l’Église et montrons ce que signifie être l’Église. Le culte est doncessentiellement un événement collectif, et cette dimension collective n’a donc pas pour but premier de cultiver notre relation personnelle avec Dieu ; nous y agissons comme le « sacerdoce royal »et la « nation sainte » qui annoncent « les hauts faits (les louanges) de celui qui vous a appelés des ténèbres à son étonnante lumière ». (1 P 2.5, 9). 
  3. L’Église se distingue comme Église par le culte qu’elle rend au Dieu trinitaire par la parole et les sacrements. Ces deux composantes fondamentales du culte sont des marques qui définissent l’Église. Le culte n’est donc pas une pratique ecclésiale parmi d’autres, mais la pratique fondatrice de l’Église. L’adoration est la fin ultime vers laquelle tendent tous nos efforts missionnaires. L’œuvre de la mission prendra fin lorsque Jésus reviendra, mais l’adoration se poursuivra à jamais. Nous appelons donc toutes les Églises à accorder une grande attention à la manière d’exprimer l’adoration dans le culte en tant que pratique fondamentale et à faire du culte une expérience plus collective dans les prédications, les prières et les chants.
  4. Un culte bien ordonné se déroule sous l’autorité et la discipline de l’Église locale. Ceci est vital pour le bien-être non seulement du croyant individuellement mais aussi de l’Église dans son ensemble. Nous appelons donc tous les chrétiens à se soumettre à l’autorité d’une Église locale. Tout comme les individus grandissent parce que les Églises locales grandissent en santé et en maturité, les Églises locales grandissent parce que les individus grandissent en connaissance de Dieu, en intimité avec lui et en responsabilité. (1 Co 5.1-6.11 ; Hé 10.25)
  5. Le Christ, chef de l’Église, a distribué des dons pour le ministère et de service au sein de son Église, pour la maturation et l’édification de son peuple. Ces divers dons conférés par l’Esprit sont distribués parmi les membres de l’Église pour le bien commun. Le corps du Christ grandit à mesure que les croyants prennent la responsabilité d’accomplir le travail du ministère et de mettre en œuvre les dons que Dieu leur a accordés pour servir leurs frères et sœurs dans un amour semblable à celui du Christ. Ce service permet à tout le peuple de Dieu d’honorer Jésus-Christ sur les lieux de travail, sur la place publique, à la maison, à l’école et dans son environnement immédiat, partout où il est appelé à servir. Les membres de l’Église remplissent leurs divers appels en étant pleinement assurés que le Seigneur Jésus prend soin de son Église et intercède constamment pour sa protection et son bien-être. (Rm 12.6-6 ; 1 Co 12.4-11 ; Ep 4.7-16)

L’Église rend visible le Christ de diverses manières, mais avec fidélité.

  1. L’Église a été appelée à exprimer sa vie en formant des communautés locales contre-culturelles dans chaque société. Les Églises locales varient dans leur forme : de petits groupes de croyants se réunissant en secret, à des assemblées beaucoup plus importantes qui se rassemblent publiquement, en passant par des Églises de maison. L’émergence des espaces numériques a fourni aux chrétiens un moyen supplémentaire de se réunir, suscitant une réflexion théologique permanente sur la nature et la forme de l’Église locale.
  2. Tout au long de l’histoire et dans le monde entier, les Églises locales présentent une diversité spectaculaire de traditions et de formes, façonnées par l’influence de leurs cultures respectives et par les enjeux contextuels singuliers auxquels elles sont confrontées. Néanmoins, ce que ces communautés chrétiennes ont en commun, et ce qui fait d’elles d’authentiques manifestations du corps du Christ, c’est leur adoration du Dieu trinitaire en réponse à leur foi commune dans l’Évangile de Jésus Christ – la foi que le Christ les appelle à partager avec le monde.

La mission de l’Église est de faire des disciples du Christ.

  1. L’Église est donc appelée à proclamer et à rendre visible le Christ – ensemble. Le Mandat missionnaire appelle tous les croyants du monde entier à contribuer à ‘accomplissement de la volonté de notre Seigneur de faire des gens de tous les peuples des disciples, en baptisant ceux qui croient au message de l’Évangile et en leur enseignant la véritable obéissance à Jésus-Christ. Par la puissance de sa Parole et de son Esprit, Dieu nous envoie dans le monde en tant que peuple saint pour témoigner de l’Évangile devant un monde qui nous regarde. Nous le faisons par notre présence au monde, remplie du Christ, notre proclamation, centrée sur le Christ, et notre pratique, conforme au Christ. (Mt 28.18-20)
  2. Jésus exhorte ses disciples à prendre conscience de l’importance  de leur présence dans le monde quand il les décrit comme « le sel de la terre » qui doit conserver son intégrité et ne jamais perdre sa saveur. L’apôtre Paul explique que le chrétien inspiré par l’Évangile est « le parfum du Christ parmi ceux qui sont sur la voie du salut comme parmi ceux qui vont à leur perte ». Dans toute société, la présence d’un individu ou d’une communauté chrétienne – dans les familles, les quartiers, les écoles, sur le lieu de travail ou sur la place publique – est donc un motif d’espérance, car Dieu utilise son peuple racheté pour faire connaîtresa faveur et faire connaître sa proximité à un monde qui s’est depuis longtemps éloigné de lui. (Mt 1.23 ; 5.13 ; 2 Co 2.15-16)
  3. La Bible déclare que « la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole du Christ ». Par conséquent, la proclamation fidèle de la bonne nouvelle de Jésus-Christ est essentielle au témoignage de l’Église, et c’est pour cette tâche que le Seigneur a répandu l’Esprit Saint afin de permettre aux membres de l’Église de s’engager dans l’évangélisation. Par sa Parole et par son Esprit, l’Église montre la puissance salvatrice de Dieu dans l’Évangile et envoie des ambassadeurs annoncer son Évangile là où le Christ n’est pas connu. Par le témoignage quotidien des chrétiens à la maison et au travail, Dieu continue à rassembler auprès de lui des hommes et des femmes de toute tribu et de toute langue, les sauvant par le sang expiatoire de Jésus et les unissant comme membres du corps du Christ. (Rm 10.17)
  4. L’Église témoigne également par sa pratique qui reflète la présence du Christ. Tout comme le monde entend le Christ dans la proclamation de l’Évangile, il peut aussi le voir à dans l’amour que nous avons les uns pour les autres et pour notre prochain, dans notre façon de protéger sa création et d’accomplir nos tâches quotidiennes dans un esprit d’excellence. Tout comme la foi vient de ce qu’on entend, la foi est toujours accompagnée d’œuvres. Ces œuvres promeuvent le bien commun, donnent la priorité aux pauvres et aux plus vulnérables, et font avancer la cause de la justice en suivant l’exemple de notre Seigneur. (Mt 5.16 ; Jn 13.35 ; Ep 2.8-10 ; Lc 4.18-19)
  5. Jusqu’au dernier jour où le Christ reviendra, l’Église, qui est son épouse, se réunit dans l’attente du retour de son époux, lorsque les saints des générations passées seront eux aussi ressuscités. Nous attendons donc avec impatience la manifestation de l’espérance de l’Église, lorsque Dieu lui-même habitera avec nous, lorsque nous connaîtrons le Seigneur Dieu tout-puissant – le Père, le Fils et l’Esprit Saint – et que nous lui offrirons un culte éternel, rendant gloire à Dieu « dans l’Église et en Jésus-Christ, dans toutes les générations, à tout jamais. Amen ! » (Ap 21.3 ; Ep 3.21)

IV. La personne humaine : image de Dieu créée et restaurée

Aujourd’hui, la question : Que signifie être humain ? se fait toujours plus pressante. Cette interrogation confère une importance cruciale à la doctrine chrétienne de la personne humaine. La réponse que nous donnons à cette question a de profondes implications pour notre témoignage dans le monde et notre vie dans l’Église. Elle touche au cœur même des grands bouleversements que connaît le monde en ce qui concerne des questions telles que l’identité, la sexualité humaine et les implications des avancées technologiques. Une saine doctrine de la personne humaine est également vitale pour faire face au phénomène croissant des dirigeants qui revendiquent des pouvoirs surhumains et une autorité semblable à celle de Dieu au sein de l’Église.

L’image de Dieu est l’essence même de l’être humain.

  1. L’Écriture enseigne que les êtres humains sont spécifiquement créés à l’image de Dieu. Cette spécificité est accompagnée d’un rôle d’intendance de ce monde. La qualité de porteur de l’image confère à chaque être humain une dignité, une égalité et une valeur inhérentes, quels que soient son sexe, son appartenance ethnique, la couleur de sa peau, sa caste, son âge, ses capacités physiques et mentales, et son contexte socio-économique et culturel. Le Dieu trinitaire a également créé les êtres humains pour une vie relationnelle, notamment dans leurs relations personnelles avec Dieu et dans la formation de communautés. (Gn 1.26-28 ; 2.15)
  2. L’être humain est une unité physique et spirituelle, ces deux dimensions se complétant mutuellement. Nous rejetons donc toute préséance accordée au corps sur l’esprit ou à l’esprit sur le corps.
  3. Nous reconnaissons que le péché affecte la mesure dans laquelle les êtres humains peuvent refléter pleinement l’image de Dieu. Le péché corrompt notre nature et les capacités inhérentes à notre humanité, nos relations avec les autres et notre vocation humaine dans le monde. Le péché incite négativement les gens à traiter les autres humains comme des objets, et non comme des personnes ayant une valeur intrinsèque. Même des chrétiens ont parfois mal interprété la notion d’image de Dieu, par intérêt personnel, pour marginaliser et déshumaniser les autres.

L’image de Dieu est restaurée dans le Christ.

  1. Nous affirmons que Jésus-Christ, le Fils de Dieu, est l’image parfaite de Dieu. Par son incarnation, il est devenu pleinement humain en tant que second Adam. Contrairement au premier Adam, il a vécu une vie sans péché le qualifiant pour racheter l’humanité du péché et de son éloignement de Dieu. En tant qu’image par excellence de Dieu, Jésus-Christ est l’idéal humain en fonction duquel chaque croyant est transformé par l’Esprit Saint. Prenant part à la nature de Dieu, nous sommes rendus conformes à la ressemblance du Christ par sa grâce. Cette ressemblance au Christ se révèlera dans le renouvellement de notre caractère, de nos pratiques, de nos désirs et de nos aspirations et, lors de son second avènement, dans la transformation de notre corps à la ressemblance du corps ressuscité du Christ. (Col 1.15 ; Hé 1.1-3 ; Jn 1.1, 14 ; Ph 2.1-11 ; Ep 1.10 ; Rm 5.12-14 ; 1 Co 15.45-49, 50-54)
  2. L’Église est la nouvelle humanité de Dieu, créée par le Christ qui réconcilie les croyants avec Dieu et entre eux. Cette nouvelle humanité est transformée pour porter l’image du Christ, celui qui définit la véritable et pleine humanité. (Ep 2.14-16 ; Rm 8.9 ; Rm 12.1-2 ; 2 Co 3.18)
  3.  Porteurs de l’image de Dieu, les êtres humains rachetés sont équipés de dons et de ministères pour servir le bien commun de l’Église et rendre gloire à Dieu dans le monde. Chaque chrétien a reçu le privilège de prendre part au royaume de Dieu et d’en être l’ambassadeur par ses divers dons et appels. Cependant, toutes ces manifestations et pratiques doivent être évaluées à l’aune du témoignage apostolique de l’Évangile et de l’Écriture, afin que personne ne soit trompé par un faux évangile ou ne s’accapare la gloire qui revient à Dieu seul. (1 Co 12.4-7 ; Rm 12.4-8 ; Ep 4.11-16 ; 1 Co 1.4-8 ; 1 P 4.10-11 ; Mt 7.15-16 ; Ga 1.6-9 ; 1 Jn 2.19 ; Jd 3-4)
  4. Affligés, nous pleurons toutes les façons trompeuses de comprendre l’humanité nouvelle qui contredisent l’idéal christique et nous sommes attristés de voir des responsables chrétiens s’éloigner de la ressemblance avec le Christ, comme le manifestent leurs ministères fondés sur la prospérité et la célébrité, où certains prétendent même posséder la divinité. L’exemple du Christ en matière de direction récuse de telles prétentions et la manipulation des autres comme signe d’autorité spirituelle. La vie dans le royaume de Dieu se caractérise par l’humilité, la repentance et la confiance en la grâce de Dieu. (Luc 9.23 ; Phil 2.8-11 ; 3.18-19 ; 1 Cor 15.9-10 ; 1 Jn 1.8-10)
  5. Nous attendons la résurrection du corps et la pleine concrétisation de la nouvelle création, lorsque seront entièrement renouvelées l’image et la ressemblance de Dieu dans les êtres humains. Le peuple de Dieu jouira alors de la plénitude de vie et de communion avec Dieu, les uns avec les autres et avec toute la création. (És 65.17, 66.22 ; 2 P 3,13 ; Ap 21.1-4)

L’image de Dieu et la sexualité humaine

Compréhension chrétienne de l’identité sexuelle

  1. Le récit biblique de la création affirme que les êtres humains sont créés comme des êtres sexués, avec des caractéristiques physiques et relationnelles masculines et féminines clairement identifiables. Le « sexe » d’un individu désigne les caractéristiques biologiques qui distinguent l’homme de la femme, tandis que le « genre » renvoie aux associations psychologiques, sociales et culturelles liées au fait d’être un homme ou une femme. La Bible affirme sans ambiguïté que les êtres humains, hommes et femmes, portent l’image de Dieu et représentent le Créateur en prenant soin de la terre qu’il a créée. (Gn 1.26-28, 2.22-23)
  2. Affligés, nous pleurons toute distorsion de la sexualité. Nous rejetons l’idée que les individus puissent déterminer leur sexe sans tenir compte de leur nature d’êtres créés. Bien qu’il soit possible de faire une distinction entre le sexe biologique et le genre, les deux sont néanmoins inséparables. La masculinité et la féminité sont un fait inhérent à la création humaine – un fait que les cultures expriment en faisant la distinction entre homme et femme. Nous rejetons également la notion de fluidité du genre (la revendication d’une identité ou d’une expression de genre fluctuante, en fonction de la situation et de l’expérience).
  3. Cependant, tout au long de l’histoire, les personnes dont le sexe n’est pas clairement défini à la naissance (généralement appelées aujourd’hui « personnes intersexes ») ont été confrontées à d’importants problèmes psychologiques et sociaux. Dans les Écritures, Dieu exprime sa profonde préoccupation pour les eunuques et leur vécu de rejet et de souffrance, et il a préparé un avenir meilleur pour ceux qui mettent leur confiance en lui, leur promettant de rétablir leur dignité. De la même manière, le peuple de Dieu est appelé à répondre avec compassion et respect à ceux qui sont confrontés à des circonstances similaires aujourd’hui. (És 56.4-5)

Conception chrétienne du mariage et du célibat

  1. Dans la Bible, la première référence au mariage indique que le mariage est voulu par Dieu et le mariage est décrit comme le lien exclusif entre un homme et une femme. Il en résulte une nouvelle entité que la Bible appelle « une seule chair ». Nous affirmons donc que, selon le dessein de Dieu, le mariage est une relation d’alliance unique et exclusive entre un homme et une femme qui s’engagent pour la vie dans une union physique et émotionnelle d’amour et de partage mutuels. (Gn 2.24 ; Mt 19.4-6)
  2. En outre, l’enseignement biblique est constant pour affirmer que l’alliance du mariage est le seul contexte légitime des relations sexuelles. Les relations sexuelles hors des limites du mariage sont présentées comme violation pécheresse de la conception et de l’intention du Créateur.
  3. Affligés, nous pleurons toutes les tentatives de l’Église de définir les partenariats entre personnes de même sexe comme des mariages bibliquement valides. Nous sommes attristés que certaines dénominations chrétiennes et assemblées locales aient cédé aux exigences de la culture environnante et prétendent consacrer ces relations en tant que mariages.
  4. Nous affirmons que le mariage est destiné par Dieu à servir l’épanouissement humain en fournissant le contexte adapté pour l’éducation des générations suivantes. Les mariages fidèles permettent d’établir des liens solides dans la vie familiale, donnant à la liberté son juste cadre et créant un environnement propice à l’épanouissement des enfants.
  5. La vision biblique du mariage est associée à l’accomplissement du mandat créationnel de procréer, tout en offrant proximité et plaisir au couple. Nous sommes attristés de constater que la recherche de la liberté sexuelle, perçue comme un bien personnel et social, a minimisé l’aspect procréateur de la sexualité conjugale, ce qui a souvent conduit à dévaloriser les enfants et à augmenter de manière dramatique le nombre d’avortements dans le monde. (Gn 1.28, 2.18-25)
  6. Le mariage chrétien est modelé sur la relation du Christ et de l’Église, et constitue donc un moyen singulier de témoigner de l’œuvre de l’Évangile, puisque le mari et la femme remplissent leurs responsabilités l’un envers l’autre en tant que disciples sous la seigneurie de Jésus-Christ. Par conséquent, les chrétiens qui choisissent de se marier doivent faire l’effort nécessaire pour prendre soin de leur relation conjugale et éduquer les enfants qui peuvent naître d’eux ou qu’ils pourraient adopter. (Ep 5.22-31)
  7. Bien que le mariage ait été perçu dans toutes les sociétés comme un idéal de la vie adulte, et que dans le mariage le mari et la femme se complètent mutuellement, le mariage n’est en réalité pas nécessaire à la plénitude de l’individu. Les personnes mariées comme les célibataires sont pleinement capables d’accomplir la volonté du Créateur et de témoigner de Jésus-Christ. Chaque individu, créé à l’image de Dieu, est une personne complète avec un potentiel maximal dans le contexte de toute sorte de relations humaines. Le Seigneur Jésus, l’homme idéal, a illustré cette vérité concernant la vie de célibataire. L’apôtre Paul a soutenu que le célibat, qu’il soit circonstanciel ou vocationnel, offrait au chrétien des opportunités particulières de servir la cause du royaume de Dieu d’une manière que ne peuvent envisager les personnes mariées. (1 Co 7.32-35)
  8. Nous appelons toutes les Églises locales à soutenir les célibataires et les couples mariés au sein de la communauté des croyants par l’enseignement, le mentorat et des réseaux d’encouragement mutuel et de soutien pratique. Une telle vie de communauté témoigne de la puissance de l’Évangile en donnant corps aux valeurs bibliques de profondeur dans l’amitiés, d’amour et de fidélité dans le mariage, d’honneur accordé aux parents et de soin apporté à l’éducation des enfants dans la fidélité à la seigneurie de Jésus-Christ et pour la gloire de Dieu.

Conception chrétienne des relations sexuelles entre personnes de même sexe

  1. L’intimité sexuelle entre personnes du même sexe est un phénomène aussi ancien que la civilisation humaine, et la Bible. Tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, la Bible montre qu’elle est consciente de ces pratiques. À six reprises, elle mentionne explicitement des comportements sexuels entre personnes du même sexe. En raison de l’importance extraordinaire du sujet pour la société et l’Église aujourd’hui, il est vital que les chrétiens se familiarisent avec toutes les références à l’intimité sexuelle entre personnes du même sexe dans la Bible, et leur signification dans leur contexte d’origine.  Gn 19.1-3 ; Lv 18.20, 20.13 ; Rm 1.24-27 ; 1 Co 6.9-11 ; 1 Tm 1.9-11.
    • L’Ancien Testament évoque les relations sexuelles entre personnes du même sexe dans le récit de Genèse 19.1-3, où la vie d’Abraham et de sa famille croise la culture de Sodome, que Dieu a sévèrement condamnée. La notoriété de Sodome est due à de multiples maux sociaux, mais elle est en particulier soulignée la tentative des habitants de la ville de violer les invités de Lot, vue par les textes comme preuve de la profonde dépravation de la ville. (Ez 16.49-50 ; Gn 18.20-21, 19.1-13 ; Jd 7)
    • Dans le témoignage apostolique du Nouveau Testament, le comportement homosexuel est mentionné dans Romains 1.18-27, 1 Corinthiens 6.9-11, et 1 Timothée 1.9-11, sur fond de culture grecque et romaine. Les données historiques montrent clairement que les relations sexuelles entre personnes du même sexe étaient une pratique bien connue et normalisée à cette époque, en particulier dans les couches supérieures de la société. Dans ce contexte, il est frappant de constater que Paul place les relations sexuelles entre personnes du même sexe dans la même catégorie de péchés sexuels que la sexualité hors mariage et l’adultère au sein d’une liste plus large de péchés comprenant le vol, la cupidité, l’ivrognerie, la calomnie et l’escroquerie. Dans 1 Timothée 1.9-11, la liste qui proscrit le comportement homosexuel comprend le patricide, le meurtre, la sexualité hors mariage, le commerce d’esclaves et le parjure. Tous ceux qui font de telles choses sont appelés transgresseurs de la loi, rebelles, impies, pécheurs, impurs et irréligieux.
    • En 1 Corinthiens 6.9, Paul invente un terme pour décrire les relations sexuelles entre hommes à partir de deux références dans Lévitique 18.20 et 20.13. Ces textes affirment que les relations sexuelles entre personnes du même sexe enfreignent les normes de Dieu pour les Israélites qui étaient liés par alliance avec Dieu.
    • Lorsque Paul fait référence aux relations sexuelles entre personnes du même sexe dans Romains 1.24-27, il le fait pour montrer comment la rébellion de l’humanité contre Dieu a conduit au rejet de l’ordre créationnel. Comme indications de la faillite morale totale de l’humanité, il cite la pratique répandue de l’adoration des idoles et de l’immoralité sexuelle. Concernant l’impureté sexuelle, Paul condamne spécifiquement les relations sexuelles entre femmes et les relations sexuelles entre hommes, qui étaient manifestement des pratiques bien connues dans ce qui était considéré comme la culture éduquée de l’époque.
  2. Toutes les références bibliques aux relations sexuelles entre personnes du même sexe nous amènent à la conclusion inéluctable que Dieu considère de tels actes comme une violation de son intention en matière de sexualité et une distorsion du bon dessein du Créateur, et donc comme un péché. Cependant, l’Évangile nous assure que ceux qui, que ce soit par ignorance ou en connaissance de cause, ont cédé à la tentation et ont péché, trouveront le pardon et le rétablissement de la communion avec Dieu par la confession, la repentance et la confiance placée dans le Christ.
  3. Nous reconnaissons que des personnes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Église,
    peuvent éprouver une attirance pour le même sexe et que, pour certaines, cette attirance est
    exclusive ou prédominante. L’insistance biblique sur la nécessité pour les chrétiens de
    résister à la tentation et donc de préserver leur sainteté sexuelle, tant dans le désir que dans
    le comportement, s’applique aussi bien aux personnes attirées par des rapports
    hétérosexuels qu’aux personnes attirées par des rapports avec des personnes du même
    sexe. Nous reconnaissons cependant que les chrétiens attirés par le même sexe sont
    confrontés à des difficultés même dans les Églises locales. Nous nous repentons de notre
    manque d’amour à l’égard de nos frères et sœurs dans le corps du Christ.
  4. Nous exhortons les responsables chrétiens et les Églises locales à reconnaître, au
    sein de nos communautés, la présence de croyants qui éprouvent une attirance pour le
    même sexe, et à les soutenir dans leur vie de disciple par des soins pastoraux et en
    développant autour d’eux des communautés saines d’amour et d’amitié.[2]

V. La vie de disciple : notre vocation à la sainteté et à la mission

Au cours des cinquante dernières années, dans sa miséricorde, Dieu a œuvré par l’intermédiaire du Mouvement de Lausanne pour catalyser l’évangélisation des peuples et des communautés non atteints dans le monde entier et pour susciter une meilleure prise en compte des enjeux sociaux liés à l’injustice, à l’oppression et à la discrimination. Ces deux facettes de la mission ont souvent été regroupées sous le concept de « mission intégrale », mais la mission intégrale n’a pas toujours pleinement intégré le commandement de notre Seigneur de vivre en disciples et sa mission de faire des disciples. En conséquence, bien que nous nous présentions comme disciples de notre Seigneur crucifié, nous avons souvent échoué à vivre en accord avec le saint modèle de vie qu’il nous a donné et à enseigner aux autres à faire de même. Il en résulte un flot constant de nouvelles de mauvaise gestion financière, d’inconduite et d’abus sexuels, d’abus de pouvoir de la part de responsables, de tentatives de dissimuler ces manquements tout en passant sous silence la douleur de ceux qui en ont souffert, et d’anémie et d’immaturité spirituelles dans les Églises évangéliques du monde entier. Nous sommes attristés de ces échecs ; nous nous lamentons de notre péché ; nous nous repentons et confessons humblement notre profond besoin de la grâce permanente de l’Évangile pour produire en nous la sainteté sans laquelle personne ne verra le Seigneur (Hé 12.14). Nous nous engageons donc à respecter les affirmations suivantes.

Un disciple marche dans les pas de Jésus, il est formé par l’Évangile pour une vie d’amour de Dieu et des autres.

  1. Nous affirmons qu’être disciple, c’est choisir un modèle de vie conforme à la bonne nouvelle de l’incarnation, de la vie, de la mort, de la résurrection et de l’ascension du Christ, par lesquelles Dieu, dans son amour, a sauvé son peuple de ses péchés, et l’a formé par l’effusion de l’Esprit du Christ monté au ciel est qui lui a gracieusement accordé le pouvoir de vivre sous son règne saint et juste. La mission est donc bien orientée vers la formation de disciples dont l’amour pour Dieu et l’amour pour les autres sont unis dans un cœur sans partage. Correctement compris, ce résultat correspond à ce que Dieu a fait pour inscrire sa loi dans les cœurs humains – une œuvre qui nous permet de vivre comme le peuple de Dieu par alliance, unique et saint, composé de tous ceux qui continuent l’œuvre de Jésus, le Serviteur du Seigneur, pour apporter la vie et la lumière au monde. Donnant corps à cette réalisation divine, l’Église locale est à la fois le moyen et la fin de la cette mission. (Jr 31.31-34 ; Mt 22.36-40)

Notre Seigneur Jésus nous demande d’être des disciples et nous charge d’en faire à notre tour.

  1. Nous affirmons que la mission du peuple de Dieu est d’accomplir le mandat que le Seigneur Jésus a donné à ses disciples : faire des disciples en annonçant ce que Dieu a accompli en envoyant son Fils dans un monde rebelle et abîmé. Les personnes chargées d’annoncer la bonne nouvelle de Dieu à tous les peuples doivent elles-mêmes vivre comme des disciples et comprendre que le véritable but de notre mission est la transformation de ceux qui entendent et croient la bonne nouvelle en disciples qui obéissent à tout ce que le Seigneur a enseigné. Par cette transformation des individus et par l’Évangile, Dieu accomplit sa mission de restauration de l’humanité à l’image du Christ et, avec elle, de renouvellement et de restauration de toute la création. L’Église locale témoigne de la volonté de Dieu de renouveler l’humanité. Elle est l’expression visible ici-bas du rassemblement céleste du peuple de Dieu de tous les temps et de tous les lieux, de toutes les nations et de tous les peuples. Le pouvoir formateur de l’Évangile a donc pour objet à la fois les individus et l’Église locale. La formation de disciples mûrs est inextricablement liée à la croissance et à la maturité des Églises dans la plénitude de la ressemblance avec le Christ, par le biais du ministère de ses membres individuels investis de la puissance de l’Esprit. (Matt 22.37-40, 28.18-20 ; Ep 4.11-14)

Nous ne pouvons pas faire de disciples sans annoncer la bonne nouvelle et nous ne pouvons pas être disciples sans interagir en profondeur avec ce monde abîmé.

  1. Nous affirmons que les personnes formées comme disciples, à la fois individuellement et collectivement, se retrouveront invariablement et profondément engagées dans un monde abîmé par l’injustice et le péché dans leur famille, leur quartier, leur école, leur lieu de travail et leur société. Notre tâche dans la mission ne consiste donc pas simplement à annoncer un message afin d’obtenir des professions de foi chrétienne. Notre tâche d’évangélisation consiste plutôt à annoncer le message d’un Messie crucifié en menant une vie conforme à ce message, afin de voir d’autres personnes être formées selon ce même modèle de vie. La poursuite de la justice dans notre vie personnelle, notre foyer, notre Église et les cercles dans lesquels nous vivons ne peut pas plus être séparée de l’annonce de l’Évangile que le fait d’être un disciple ne peut l’être de faire des disciples.

Nous qui sommes disciples, nous vivons la transformation comme une expérience à la fois initiale et continue de la grâce de l’Évangile.

  1. Nous affirmons qu’un disciple est une personne dont la vie a été transformée par l’Évangile. Cette transformation commence lorsque nous nous repentons de notre péché et croyons à la bonne nouvelle. Cependant, comme une graine plantée dans une bonne terre, ce n’est pas instantanément que la bonne nouvelle apporte la plénitude de la transformation ou porte le fruit de celle-ci. Cette transformation s’opère plutôt progressivement au cours d’une vie où la sainteté et l’amour démontrent par leur croissance la réalité du pouvoir transformateur de l’Évangile. Tant l’expérience initiale de la transformation que sa réalisation continue sont l’œuvre de l’Esprit de Dieu par la grâce au moyen de la foi pour unir les croyants à la vie du Christ et les uns aux autres au sein du corps du Christ.

Les Églises locales jouent un rôle essentiel dans notre formation de disciples en dispensant les moyens de grâce contenus dans l’Évangile et en faisant l’expérience de son pouvoir transformateur dans leur vie collective.

  1. Nous affirmons qu’une Église locale grandit et mûrit quand elle s’efforce de veiller à ce que sa vie collective reflète un mode de vie qui est conforme au message du Christ crucifié. Les Églises le font par la proclamation de l’Évangile, par la répétition régulière de l’Évangile dans le baptême et la Table du Seigneur, et en répondant avec reconnaissance à l’Évangile dans la prière et la louange. Au sein de l’Église, chaque croyant apprend à se comporter comme un citoyen du ciel qui mène une vie digne de cette citoyenneté en transmettant aux autres croyants la grâce qui lui a été transmise par l’Esprit. Au sein de l’Église, chaque couple marié est façonné à l’image de l’union d’amour entre le Christ et son peuple. Au sein de l’Église, chaque famille est fortifiée dans la voie du Seigneur par la vie au sein de la famille de la foi. De cette manière, l’Église et ses membres sont édifiés dans la foi la plus sainte, transformés à l’image du Christ par l’Esprit, et encouragés à vivre une vie de sainteté, de foi et d’espérance purificatrice du retour de notre Seigneur. Préparés par le ministère de l’Évangile au sein de l’Église et guidés par l’exemple de compassion du Christ, nous apprenons à considérer l’ensemble de la vie comme un culte, à rechercher le bien de ceux qui sont en dehors de l’Église et à œuvrer pour le rétablissement de la plénitude du monde dans tout ce que nous faisons. (Ep 2.19 ; Ph 3.20 ; 1 Th 2.12 ; Jd 20 ; 1 Jn 3.3)

Les Églises locales jouent également un rôle essentiel parce qu’elles offrent, aux personnes engagées dans divers ministères, un espace pour la reddition de compte et des modèles sains de direction et de gouvernance.

  1. Nous appelons les responsables de ministères et les missionnaires à rester en communion avec les Églises locales et à leur rendre des comptes. Bien que cela soit vrai pour tous les disciples, ceux qui sont appelés à des formes de ministère en dehors de leur Église locale doivent rester étroitement liés à la vie du Christ dans leur Église et refléter comment l’Esprit de Dieu agit habituellement au sein d’une Église locale. Dans sa providence, le Seigneur a suscité des ministères et des partenariats missionnaires pour collaborer avec l’Église locale afin d’affuter et d’équiper son peuple pour qu’il soit et fasse des disciples. Nous affirmons l’importance de ces ministères, mais aussi l’importance de maintenir une attention et un lien clairs avec l’Église locale, manifestation de l’humanité nouvelle que Dieu forme dans le Christ. Ces ministères honorent le Christ lorsqu’ils s’inspirent pour leurs modèles et principes de reddition de compte, de transparence et de veille, des instructions que les Écritures donnent aux Églises locales. Ce faisant, ils adopteront en particulier des structures plurielles de direction et de gouvernance qui laisseront davantage d’autorité spirituelle à l’Évangile qu’à un unique individu.[3] (Ac 6.1-6 ; 15.1-35, 20.17-38) 

VI. La famille des nations : les peuples en conflit que nous servons pour la paix

Le peuple du Christ doit être connu comme un peuple de paix, car l’Évangile que nous proclamons est le vecteur de la paix entre Dieu et les individus, entre les individus et entre les peuples. Le dessein de Dieu est de voir les peuples, dans leur diversité, partager leurs dons et les ressources de la terre de manière juste et généreuse. Nous remercions Dieu pour les nombreux exemples de communautés chrétiennes et d’individus qui ont incarné l’appel constant de la Bible à vivre en paix et à faire la paix dans un monde déchiré par les conflits. Nous les honorons dans leur rôle de défenseurs de la paix du Christ, même au péril de leur réputation et de leur vie. Pourtant, l’Église n’a pas toujours honoré la paix du Christ comme une qualité caractéristique de son existence dans le monde. Il existe bien des exemples historiques de l’implication, explicite ou tacite, de l’Église dans des activités et des entreprises qui ont épousé la violence et promu la guerre. Ces implications reviennent à faire de l’Évangile que l’Église proclame un scandale. Qu’attend le Christ de son Église, peuple composé de tous les peuples, appelé à proclamer et rendre visible le Christ dans un monde déchiré par les conflits ?

Nous affirmons le dessein de Dieu de réconcilier dans le Christ tous les peuples par l’Évangile dans un monde plein de conflits.

  1. En encourageant la mission auprès des « peuples non atteints », le Mouvement de Lausanne a joué un rôle clé en ce qu’il a ainsi reconnu la nécessité pour les individus de chaque peuple culturellement distinct d’entendre la bonne nouvelle du règne salvateur de Dieu sur tous les peuples et, par conséquent, sur tous les humains. Nous prions que vienne le jour ou plus aucun État (« nation » au sens moderne) ne cherchera activement à empêcher ceux qu’ils gouvernent d’entendre la bonne nouvelle et ne persécuteront ceux qui l’entendent et qui croient. Nous prions ainsi non seulement pour le bien des individus, mais aussi pour celui des peuples dont ils font partie. La réconciliation de tous les peuples dans le Christ, vécue dans une relation marquée par la bénédiction mutuelle, est au centre des desseins de Dieu à travers l’Évangile. Nous affirmons que ce dessein de Dieu ne peut être réalisé que si le cœur des individus est transformé et rempli d’amour pour ceux dont l’identité culturelle diffère de la leur.
  2. Nous nous réjouissons ensemble des nombreuses situations dans le monde où de graves conflits ont régressé et où des communautés séparées ont eu l’occasion de se réconcilier et de rétablir l’harmonie. Nous pensons notamment au conflit en Irlande du Nord, à l’apartheid en Afrique du Sud, au génocide rwandais et à la guerre civile au Sri Lanka, parmi d’autres conflits dans le monde. Nous célébrons le fait que, dans certains de ces contextes, Dieu a utilisé les Églises, les organisations chrétiennes et les chrétiens pour défendre la cause de la paix, que ce soit en tant qu’artisans de la paix en première ligne entre les parties en conflit ou par la négociation, le travail d’influence et l’intercession à l’arrière-plan du conflit.
  3. Nous sommes profondément attristés de constater que plusieurs nouveaux conflits armés et guerres – interethniques, interreligieux et internationaux – ont éclaté dans toutes les régions du monde. Sur plus d’une centaine de conflits armés actuels dans le monde, ce sont les régions du Moyen-Orient et de l’Afrique qui en connaissent la plus forte concentration. À l’heure actuelle, la guerre entre la Russie et l’Ukraine et la guerre à Gaza ont fait l’objet d’une plus grande attention, mais de graves conflits comme ceux qui sévissent en Syrie, au Myanmar, au Soudan et en Éthiopie, sont à peine mentionnés. Nous pensons également aux « guerres oubliées » de ce monde, en particulier celle de la péninsule coréenne. Bien qu’elles restent éloignées de la vue du public, Dieu les voit. Nous sommes attristés des pertes tragiques de vies humaines causées par toutes ces guerres et par la destruction massive de sociétés, qui mettent gravement en danger les possibilités d’épanouissement des générations futures.

Nous nous repentons de notre échec à condamner et limiter la violence, ainsi que de l’appui que nous lui avons apporté par notre silence, notre laisser-faire face aux nationalismes et nos soutiens injustes à certains conflits par une justification théologique déficiente.

  1. Nous condamnons ceux qui usent de leur influence dans les affaires mondiales pour promouvoir des guerres et des conflits qui auraient pu être évités, simplement pour servir leurs intérêts économiques et politiques. Nous sommes attristés par les immenses souffrances que leurs actions ont causées. Nous croyons qu’ils devront en répondre devant Dieu au jour du jugement.
  2. Nous appelons tous les chrétiens à servir les personnes vulnérables dans les contextes de guerre, en mettant en commun nos ressources et en soutenant les efforts de secours des Églises et des organisations humanitaires situées à proximité des zones de conflit. Nous nous engageons également à servir d’artisans de paix, en soutenant les négociations visant à mettre fin aux conflits et en appelant à la justice et à la réparation pour les victimes innocentes de la violence.
  3. À plusieurs reprises dans l’histoire, les chrétiens ont encouragé la violence et la guerre, mais ils sont aussi restés silencieux face à des atrocités au lieu de s’exprimer avec intégrité et un courage prophétique. C’est ce que soulignait déjà l’Engagement du Cap de 2010 :

Nous reconnaissons avec douleur et honte la complicité des chrétiens dans certains des contextes de violence et d’oppression ethniques les plus destructeurs, ainsi que le déplorable silence de pans entiers de l’Église quand de tels conflits ont eu lieu. Ces contextes sont malheureusement nombreux : on y trouve les conflits, l’histoire et l’héritage du racisme et de l’esclavage des Noirs ; la Shoah contre les Juifs ; l’apartheid ; « l’épuration ethnique » ; la violence sectaire entre chrétiens ; la décimation des populations autochtones ; les violences inter-religieuses, politiques et ethniques ; la souffrance des Palestiniens ; l’oppression des castes et les génocides tribaux.

  1. Nous nous faisons l’écho de l’Engagement du Cap en appelant « à la repentance pour les nombreuses fois où les chrétiens ont été complices de tels maux par leur silence, leur apathie ou leur soi-disant neutralité, ou encore en avançant une justification théologique déficiente pour celles-ci ». La déficience de cette justification théologique découle en grande partie de l’incapacité à faire la distinction entre les « nations » dont parle l’Écriture et les « États-nations » modernes, ainsi que de l’incapacité à penser la nationalité sous un angle biblique. Dans les Écritures, les nations étaient des peuples culturellement distincts dont l’identité était façonnée par l’attachement historique à un territoire approximativement défini et le culte d’un dieu (ou de plusieurs) dont la domination était exercée sur un peuple par un roi. En revanche, les « États-nations » (ou « nations » au sens moderne) sont des gouvernements qui exercent une souveraineté politique internationalement reconnue au moyen d’institutions et de lois constitutionnelles, sur des territoires aux frontières clairement délimitées et sur les individus et les peuples qui y vivent. La plupart des États-nations modernes gouvernent des peuples multiples, c’est-à-dire des groupes qui, à l’intérieur de leurs frontières, ne tirent pas leur identité collective de leur seule nationalité, mais aussi de leur ethnicité, couleur de peau, pays d’origine et les nombreuses autres formes d’identité collective qui enrichissent le monde d’aujourd’hui. En termes d’identité, ces groupes culturellement distincts sont souvent plus proches des peuples qui formaient les « nations » de l’Écriture que de ceux qui forment les États modernes. Nous affirmons que tout État moderne doit répondre à l’exigence divine d’un traitement juste et miséricordieux des individus et des peuples sur lesquels il exerce sa souveraineté, ainsi que de ceux de ses voisins.
  2. Il est extrêmement important que les chrétiens aient une pensée claire au sujet des peuples bibliques (par exemple les Israélites, les Égyptiens, les Assyriens) lorsque par leur nom, leur histoire, leur géographie ou leur ascendance ceux-ci sont associés aux États-nations modernes (par exemple Israël, l’Égypte, la Syrie) et aux peuples qui vivent sous la souveraineté politique de ces États (les Juifs, les Palestiniens, les Arabes, les Coptes, les Druzes, les Arméniens, les Kurdes, et bien d’autres encore). Dieu accomplit ses promesses pour tous ces peuples, juifs et non-juifs, par la bonne nouvelle de Jésus, le Messie. Au Moyen-Orient et ailleurs, les responsables chrétiens doivent travailler à corriger les erreurs théologiques qui justifient idéologiquement la violence injuste contre des civils innocents ou qui cherchent à légitimer les violations du droit humanitaire international.
  3. Affligés, nous pleurons au constat que certains chrétiens se tournent vers l’État plutôt que vers l’Évangile comme moyen essentiel de réaliser les intentions de Dieu pour le monde. Cette attitude prend une forme particulièrement regrettable lorsqu’elle est associée au nationalisme – défini ici comme la croyance que chaque État devrait avoir une seule culture nationale et aucune autre – ou à l’ethno-nationalisme – qui est la croyance que chaque groupe ethnique devrait avoir son propre État. C’est un grand mal dans notre monde. Nous pleurons que de nombreux chrétiens s’en fassent tristement complices, ainsi que des revendications de suprématie ethnique et raciale que ces visions du monde encouragent. Face à cela, nous affirmons qu’aucun État moderne ne peut prétendre ou ne pourra jamais prétendre être l’agent privilégié du règne salvateur de Dieu.

Nous nous engageons à prier et à servir les peuples en conflit dans le monde afin que l’Évangile de Jésus-Christ apporte la paix véritable à tous les peuples.

  1. Réunis à Séoul pour ce congrès historique, nous prenons l’engagement de prier pour que la paix et la lumière du Christ règnent sur la péninsule coréenne et son peuple, qui ont été divisés par la force en deux pays politiquement séparés, la Corée du Nord et la Corée du Sud. Cette séparation injustifiée, ainsi que la mort et le traumatisme de millions de civils, sont décrits comme une « guerre oubliée ». Malgré le cessez-le-feu de 1953, le conflit n’est toujours pas résolu et l’instabilité persiste à ce jour dans un cercle vicieux de rapprochements suivis d’escalade des tensions. Néanmoins, nous continuons à prier pour qu’un jour la Corée et le peuple coréen ne fassent plus qu’un. Nous nous souvenons du grand réveil de Pyongyang de 1907 qui a eu lieu parmi les Coréens du Nord et nous appelons à la fin de la persécution de nos frères et sœurs chrétiens par le gouvernement de la Corée du Nord. Nous appelons l’Église mondiale à prier pour que Dieu ouvre une porte pour la restauration des familles, des communautés et des Églises séparées depuis longtemps, et pour que l’Évangile de Jésus-Christ soit à nouveau proclamé et rendu visible avec audace, sans entrave ni crainte, en Corée du Nord, afin que toute la péninsule puisse connaître le Seigneur.
  2. Nous appelons tous les chrétiens du monde à intercéder en faveur de ceux qui font face aux horreurs de la guerre et des conflits, à prier pour l’Église persécutée et à œuvrer pour la paix entre les peuples et les nations du monde. En tant qu’artisans de paix du Christ, nous devons construire des communautés chrétiennes qui illustrent la paix du Christ et promouvoir une culture de la paix comme un effet essentiel de notre foi dans l’Évangile et de notre proclamation de l’Évangile. De cette manière, tous ensemble nous proclamons et rendons visible le Christ dans un monde profondément abîmée par les conflits.

VII. La technologie : l’accélération de l’innovation que nous discernons et utilisons

La technologie a toujours été présente. Cependant, la vitesse à laquelle toutes les techniques progressent aujourd’hui est sans précédent. Comme toujours, des changements aussi rapides du potentiel humain et du comportement humain soulèvent des préoccupations morales et éthiques quant à leur impact sur la société et sur la planète. Plusieurs innovations contemporaines se prêtent à la fusion de l’humain et de la technique ou à la création d’environnements immersifs dans lesquels l’homme peut être soumis à la domination de la technologie. Ces possibilités découlent de domaines tels que le génie génétique, le clonage, la biotechnologie, le téléchargement de la pensée, les médias numériques, la réalité virtuelle et l’intelligence artificielle. La vision chrétienne du monde doit éclairer nos réponses et notre gestion de ces avancées technologiques. La sagesse biblique est vitale pour permettre à l’Église de faire preuve de discernement et de clarté quant aux implications morales et éthiques des technologies émergentes, même si elle accueille et utilise le fruit de la créativité et de l’inventivité humaines données par Dieu, notamment quand ce fruit donne des moyens pour faciliter l’évangélisation et le discipulat.

Les capacités techniques reflètent la créativité des êtres humains créés à l’image de Dieu.

  1. Par le terme « technologie », nous entendons non seulement les outils qui contribuent à améliorer les capacités et la productivité humaines, mais aussi les connaissances et les processus d’invention et d’innovation, et même les cultures façonnées par le développement et l’utilisation de la technologie. Nous affirmons que l’innovation technologique est une expression de l’image de Dieu parce que la créativité humaine est le reflet de la créativité de Dieu. Dieu a créé les êtres humains pour qu’ils soient « technologiques », c’est-à-dire pour qu’ils remodèlent le monde de manière à promouvoir l’épanouissement humain et à prendre soin de sa création. En sa qualité de reflet de l’image de Dieu, la technologie fait partie intégrante du travail et de ce à quoi le Créateur a appelé tous les êtres humains. En ce sens, l’activité technologique ne consiste pas seulement à résoudre des problèmes particuliers ou à surmonter les limites humaines, mais surtout à obéir au mandat de Dieu de prendre soin des autres et du monde, et de glorifier le Créateur par nos capacités créatives.

Le péché influence négativement l’utilisation et le développement de la technologie.

  1. Nous affirmons que le péché influence tous les aspects de l’activité humaine et que cette influence entache non seulement l’utilisation de la technologie mais, dans certains cas, l’innovation elle-même. Nous reconnaissons donc que le développement et l’utilisation de la technologie peuvent entraver l’épanouissement de l’homme et la protection de l’environnement naturel d’une manière qui n’est pas toujours immédiatement évidente. L’innovation technologique peut ainsi susciter des inquiétudes profondes et troublantes, une dépendance et une fascination mal orientées, de dangereuses manipulations des peurs humaines, un faux sentiment de sécurité ou des effets déshumanisants. En raison de l’influence du péché, la technologie devient souvent idolâtre par le culte de la chose créée plutôt que du Créateur (Rm 1.25).
  2. De nombreuses innovations récentes ont rendu la technologie beaucoup plus présente dans nos vies, dans la société et dans l’Église. Par sa capacité à créer des environnements immersifs, la technologie nous distrait facilement de la réalité que c’est en Dieu « que nous vivons, que nous nous mouvons et que nous sommes ». Le développement et l’application de toutes les technologies sont motivés et façonnés par des valeurs, dont beaucoup vont à l’encontre de l’exhortation biblique à se concentrer activement sur ce qui est vrai, noble et digne de louange. (Ac 17.28 ; Ph 4.8)

Les chrétiens sont appelés à se confronter à la technologie et à en faire une critique prophétique.

  1. Nous sommes conscients que les technologies liées aux médias ont accru la facilité avec laquelle les gens peuvent être trompés. Affligés, nous pleurons que, dans leur utilisation de ces technologies, les chrétiens n’ont pas toujours « refusé les secrets de la honte » ou résisté à la tentation de tromper leur public ou de déformer le message de l’Évangile à des fins d’enrichissement personnel. Au contraire, les chrétiens doivent donner la priorité aux personnes et être sincères quand ils témoignent de ce qu’ils vivent et de la puissance de l’Évangile dans leur vie. Il est essentiel que cette utilisation des médias et des technologies de communication soit étayée par la véracité de l’Évangile qu’ils partagent. (2 Co 4.2)
  2. Nous sommes conscients que de nombreux chrétiens, en particulier les jeunes, sont devenus dépendants aux médias sociaux et numériques et qu’ils sont en fait devenus littéralement « disciples » par ces derniers en raison du temps disproportionné qu’ils passent à utiliser ces technologies. Nous reconnaissons également que, si les technologies numériques ont souvent été adaptées en vue de la croissance de l’Église et à des fins d’évangélisation, les efforts visant à faire de même pour la formation de disciples ont pris du retard. Nous appelons donc toutes les Églises et tous les responsables à utiliser les technologies de l’ère numérique pour faire des disciples. Nous appelons à une présence fidèle dans les espaces numériques, à une contextualisation fidèle par le biais de dispositifs connectés, à un enseignement fidèle de la culture numérique et à une pratique fidèle de l’hospitalité pour former des habitudes d’utilisation saines.

Les chrétiens doivent discerner quelles sont les technologies motivées par l’idée que ni la nature ni la nature humaine ne devraient être autorisées à limiter la liberté humaine.

  1. Nous appelons les chrétiens à exercer un discernement attentif à l’égard des technologies génétiques, qui reposent sur le pouvoir croissant de l’homme de remodeler les éléments constitutifs de la personne physique et de la vie, et qui soulèvent des questions très réelles quant à leur utilisation éthique et à leurs conséquences à long terme. Le potentiel des thérapies génétiques pour traiter des questions médicales complexes est immense, mais cette application technologique s’accompagne de questions importantes : Notre nature se réduit-elle au produit de nos gènes ? Quelles sont les conséquences des modifications génétiques héréditaires ? Quelle est la part de notre humanité qui est liée à des combinaisons génétiques et quelles sont les conséquences si nous la refaçonnons en nous en éloignant ? Ces questions soulèvent d’autres problématiques éthiques autour de l’accès à ces technologies et leur potentiel d’exacerbation des formes existantes de discrimination, et la place que nous laissons à la souveraineté de Dieu.
  2. Nous appelons également les chrétiens à exercer leur discernement à l’égard des technologies de l’intelligence artificielle, auxquelles nous sommes confrontés de manière différente mais non moins significative. Le développement de systèmes numériques qui semblent raisonner, se comporter et agir d’une manière que nous considérerions comme typiquement humaine soulève des questions quant au caractère singulier de la créativité et de la rationalité humaines. L’intelligence artificielle soulève d’autres questions : Deviendra-t-elle une menace existentielle pour l’humanité et le reste de la planète ? Quels seront ses effets sur le monde du travail et sur le travail humain ? Comment les gouvernements et d’autres acteurs l’utiliseront-ils dans des contextes de surveillance et de sécurité ? Alors que l’innovation en matière d’intelligence artificielle s’accélère, nous appelons les chrétiens, en particulier ceux qui travaillent dans ce secteur, à s’engager à la fois dans le développement et dans l’utilisation de cette technologie d’une manière qui honore le Créateur et la création humaine, en en promouvant des applications sûres, équitables et protégeant la dignité humaine.

Les chrétiens sont appelés à utiliser la technologie d’une manière conforme à leur foi.

  1. Nous appelons tous les chrétiens à promouvoir l’innovation technologique et à l’utiliser avec amour, justice et fidélité, à la fois devant Dieu et envers les autres. Nous sommes conscients que la technologie façonne les environnements dans lesquels les humains vivent, se divertissent, établissent des relations et travaillent, ainsi que la façon dont les chrétiens communiquent entre eux, prient, lisent les Écritures, grandissent dans la foi et en maturité, adorent Dieu et communiquent l’Évangile. Par conséquent, le développement chrétien et l’utilisation de la technologie doivent rechercher le bien-être de nos prochains et de nos ennemis, promouvoir la dignité et l’épanouissement humains, en ayant les yeux fixés avant tout sur l’avenir qui nous attend dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre. (Mi 6.8 ; Lc 10.25-37 ; Gn 9.6 ; Jc 3.9 ; Gn 1.31 ; Ap 21.1-8)
  2. À mesure que les communautés chrétiennes abordent et adaptent les technologies numériques, celles-ci façonnent les pratiques existantes de la vie ecclésiale et en font émerger de nouvelles. Conscients que la technologie numérique n’est pas monolithique, l’Église doit faire preuve de discernement pour juger quand, comment et où différentes technologies devraient être adoptées, en mettant toujours l’accent sur la manière dont l’Évangile de Jésus-Christ est proclamé et honoré par leur utilisation. Nous appelons donc les chrétiens et les Églises à explorer et adapter les technologies numériques pour le culte rendu à Dieu, pour combler les fossés, façonner une culture qui honore le Christ et pour former ses disciples.
  3. Enfin, nous nous réjouissons de l’élan d’évangélisation de l’Église qui a conduit à une adaptation technologique croissante et à des possibilités sans précédent de partager l’Évangile. Nous nous réjouissons que la technologie ait étendu la portée de l’Évangile à de nombreuses régions du monde auparavant inaccessibles, qu’elle ait accéléré le travail de traduction de la Bible et facilité les mouvements et le service du peuple de Dieu dans le monde entier. Nous prions pour qu’une utilisation fidèle de la technologie, motivée par l’Évangile, aide une nouvelle génération à suivre et à témoigner du Christ dans notre monde de plus en plus technologique.[4]

Conclusion

Nous sommes réunis à Incheon, en Corée du Sud, pour le Quatrième congrès de Lausanne autour d’un but élevé et saint : la mission que nous a confiée Jésus, le Seigneur de tous, crucifié et ressuscité. Dans l’Évangile, Dieu appelle les peuples en tout lieu à se détourner de leurs péchés et à recevoir le don de la vie nouvelle par le pardon des péchés. Par l’Évangile, Dieu construit son Église, accomplissant son dessein de former un seul peuple saint, composé de tous les peuples, réconciliés avec lui-même et les uns avec les autres dans le Christ. Par l’Évangile, nous devenons des disciples du Seigneur Jésus et nous nous réjouissons de la liberté de vivre sous son règne salvateur. Par l’Évangile, nous faisons des disciples et leur apprenons à obéir aux commandements du Christ. Telles sont notre vocation et notre motivation. Sur ce chemin, nous rendons volontiers à Dieu ce qu’il nous a confié : nos dons, nos ressources, notre énergie, notre vie. Nous professons humblement que tout fruit de notre travail sera un accomplissement de sa grâce.

Nous nous mettons à l’écoute de notre Seigneur, qui nous parle à travers les Écritures et nous appelle à le suivre sur le chemin de la croix par la puissance de l’Esprit. Nous l’entendons nous appeler à vivre notre vie dans le cadre de l’histoire dont le point culminant est la bonne nouvelle de la mort et de la résurrection du Christ, et à donner notre vie pour que tous puissent savoir qu’il est le Seigneur de tous. À cette fin, nous l’entendons nous appeler à être des interprètes fidèles de sa parole qui fait autorité. Nous l’entendons nous appeler à un engagement renouvelé en faveur de l’Église locale, seule manifestation visible de l’Église du Christ, le peuple de peuples formés par la foi dans le Christ en tout lieu et en tout temps. Nous l’entendons nous appeler à la fidélité face aux enjeux, nouveaux et anciens, auxquels est confrontée la foi des apôtres, transmise d’une génération à l’autre par des hommes et des femmes dont la vie a témoigné de sa vérité. Pour suivre le Christ, nous les suivons.

Nous retournons à nos lieux de service aux quatre coins du monde avec l’engagement renouvelé d’aimer comme il nous a aimés, de mettre de côté l’ambition égoïste, de travailler en partenariat selon l’Évangile, et de grandir chaque jour dans la dépendance priante de son Esprit et la connaissance de sa volonté, de ses voies et de sa parole. Tout ceci pour que nous puissions proclamer d’une seule voix les perfections de Celui qui seul est l’espérance et la lumière du monde. Pour que nous puissions manifester d’un seul cœur la sainteté et l’amour de Celui qui s’est donné pour les pécheurs. Pour que nous puissions proclamer et rendre visible le Christ – ensemble !

« Viens à notre aide, ô Dieu, nous t’en prions. Au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint.

Notes

  1. Voir le Document occasionnel de Lausanne 74, « Comprenez-vous ce que vous lisez ? Vers une herméneutique évangélique fidèle de la Bible » https://lausanne.org/fr/note-de-synthese/note-de-synthese-comprenez-vous-ce-que-vous-lisez-vers-une-hermeneutique-evangelique-fidele-de-la-bible.
  2. Voir le Document occasionnel de Lausanne 77, « Une théologie de la personne humaine », https://lausanne.org/fr/note-de-synthese/note-de-synthese-une-theologie-de-la-personne-humaine
  3. Voir le Document occasionnel de Lausanne 75, « La formation de disciples pour la mission et la formation de disciples comme une mission en soi », https://lausanne.org/fr/note-de-synthese/note-de-synthese-la-formation-de-disciples-pour-la-mission-et-la-formation-de-disciples-comme-une-mission-en-soi
  4. Voir le Document occasionnel de Lausanne 76, « Foi chrétienne et technologie », https://lausanne.org/fr/note-de-synthese/note-de-synthese-foi-chretienne-et-technologie.
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