Les nouvelles données sont disponibles. Dans le monde, le nombre de personnes vivant avec un handicap est passé de 1 milliard en 2011 à 1,3 milliard aujourd’hui, soit d’environ une personne sur sept à une personne sur six. Pourquoi cette hausse substantielle ?

Les causes sont multiples, notamment les migrations, les guerres, la criminalité, les maladies et les catastrophes, pour n’en citer que quelques-unes. L’augmentation du nombre de naissances avec un handicap a contribué à ces chiffres, et les progrès de la médecine ont également joué un rôle. Grâce aux progrès des antibiotiques et des chirurgies cardiaques, les personnes atteintes du syndrome de Down et d’autres déficiences intellectuelles et développementales vivent beaucoup plus longtemps, avec une espérance de vie moyenne de 20 à plus de 50 ans, et même jusqu’à 60 ans. Par conséquent, leur nombre a augmenté de manière exponentielle.^[1]

Nous devons également tenir compte des effets de la COVID-19, qui a augmenté non seulement le nombre de handicaps, mais aussi la gravité de ceux qui existaient avant l’apparition du virus. Les enquêtes révèlent que les personnes souffrant de déficiences intellectuelles et de troubles du développement étaient jusqu’à dix fois plus susceptibles de succomber au virus. L’augmentation choquante du nombre de Noirs américains, en particulier les hommes, rendus handicapés par la violence des armes à feu y contribue également.^[2] Ces facteurs, et bien d’autres encore, expliquent pourquoi la prévalence des handicaps est en hausse.

Malheureusement, la plupart des personnes en situation de handicap souffrent d’isolement et de manque de soins. Nombre d’entre elles passent la vie entière chez elles, avec seulement leurs parents et leurs frères et sœurs pour s’occuper d’elles. Les personnes en situation de handicap font toujours partie des groupes les plus pauvres, les moins instruits et les moins soignés au monde. Leur manque d’accès aux services religieux locaux en fait également la population la moins pratiquante au monde.

En mission : les professionnels travaillant auprès des personnes en situation de handicap

La bonne nouvelle, c’est qu’une main-d’œuvre mondiale est déjà en place pour atteindre cette population : les professionnels travaillant auprès des personnes en situation de handicap qui comprennent leur travail comme une mission. Les professionnels de la santé, de l’éducation spécialisée, de l’action sociale et de l’aide aux personnes en situation de handicap – et même les membres de la famille – constituent une main d’œuvre pouvant apporter de l’aide aux personnes en situation de handicap. De plus, ces personnes sont en contact régulier et constant avec les personnes souffrant d’un handicap. Des millions de professionnels de la santé hautement compétents, déployés dans le monde entier, incarnent un plan d’action presque parfait. Des travailleurs chrétiens engagés dans un travail social et / ou de soin sont déjà présents aux côtés des personnes en situation de handicap.^[3] Cela signifie qu’ils ne sont pas soumis aux délais que subissent la plupart des personnes volontaires pour un service missionnaire à cause des processus d’envoi et de constitution de réseaux de soutien financier.

Qu’est-ce que la présence d’un professionnel chrétien spécialisé dans le handicap peut signifier pour une personne atteinte d’un handicap ? Il est temps de repenser comment nous pouvons pleinement activer ces professionnels. Il est temps de mobiliser la mission de Dieu auprès de celles et ceux qui ne pourront peut-être jamais entrer dans une église.

Autre bonne nouvelle : la prise en charge professionnelle des personnes porteuses d’un handicap est en train de se développer rapidement à l’échelle mondiale. Alors que les grandes institutions résidentielles pour personnes en situation de handicap ferment dans le monde entier en raison des coûts élevés, de mauvais traitements et de l’inefficacité des soins, les soins personnels mobilisés au service des personnes en situation de handicap sont en augmentation. La prise en charge sort du périmètre des résidences institutionnelles et elle est désormais de plus en plus dispensée dans des maisons et des appartements au sein de la communauté. Cela nécessite toutefois la mobilisation d’une main d’œuvre apportant des soins professionnels et en mesure d’accéder aux nouvelles résidences. Cela crée pour les chrétiens professionnels de santé une autre opportunité d’aller en mission aux côtés des personnes en situation de handicap lorsqu’ils leur apportent leurs soins.

Le modèle de mission de Jésus

Mobiliser les soins est-ce une nouvelle approche ? Pas du tout. Apporter des soins comme élément de la mission est antérieur à l’Église. Jésus est allé vers les gens là où ils se trouvaient et il nous appelle à faire de même. Il n’a pas attendu que les gens viennent à lui, et l’Église primitive a suivi l’exemple de son maître. L’envoi en service chrétien personnel par les Églises locales trouve ses racines dans les Actes des Apôtres. Non seulement les soins spirituels et personnels ont constitué une des premières formes de service de l’Église, mais ils étaient également une priorité absolue pour l’Église naissante. La mobilisation pour apporter des soins étaient naturelle et spontanée.

En Hébreux 13.3, l’auteur exhorte les chrétiens : « Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez en prison avec eux, et de ceux qui sont maltraités, puisque vous aussi, vous êtes dans un corps. » À l’époque, en général, aucun soin n’était apporté dans les prisons. Sans apport de l’extérieur, un prisonnier pouvait mourir de faim en prison. Il incombait aux familles, aux amis et aux Églises de rendre visite aux personnes incarcérées et de prendre soin d’elles en prison.

Il n’est pas surprenant que les aumôniers et les accompagnateurs spirituels de toutes sortes aient prodigué des services spirituels individuels pendant des millénaires. Les travailleurs individuels qui portent des soins aux personnes en situation de handicap peuvent pénétrer toutes les sphères de la société par le biais de leur emploi. Et les Églises peuvent mobiliser ce type de soins.

Une mission individuelle

Jésus a promis : « là où deux ou trois sont rassemblés pour mon nom, je suis au milieu d’eux. » (Matthieu 18.20) Il n’est pas besoin de plus de deux personnes pour administrer des soins à quelqu’un d’autre. Une personne ayant un handicap et un professionnel forment un rassemblement. À ce titre, ils peuvent même célébrer la communion ensemble. Tout au long de l’histoire, les chrétiens ont adopté cette pratique dans des circonstances extraordinaires. Depuis la création de l’Église, des personnes qui ne peuvent pas s’y rendre ont célébré la sainte cène avec une seule autre personne. Lorsque deux personnes seulement se rassemblent, elles sont en présence du Christ.

Les professionnels de soins peuvent apporter un soutien spirituel aux personnes isolées en raison de leur handicap et ils peuvent être l’Église pour elles. Donnons à l’Église les moyens d’être pleinement l’Église pour les personnes porteuses de handicap, en envoyant, comme ambassadeurs de l’assistance spirituelle, ses professionnels de soin aux personnes porteuses d’un handicap .

Comprendre l’accompagnement spirituel

Qu’est-ce que l’accompagnement spirituel ?

1. L’accompagnement spirituel est une mission. Les accompagnants spirituels se fixent un seul objectif : relier les gens à Dieu. Que ce soit par le salut pour ceux qui ne connaissent pas Jésus ou par le réconfort et la croissance spirituelle pour ceux qui le connaissent, l’objectif premier de l’accompagnateur spirituel est d’offrir aux gens un réalignement relationnel avec leur créateur. Notre mission est enracinée dans l’image de Dieu qui nous relie à lui et le reflète, lui et sa gloire, à ceux qui nous entourent.^[4]

2. L’accompagnement spirituel est une priorité. Il ne s’agit pas d’un complément spirituel à notre profession de soignant. Au contraire, par le biais de notre profession de soignant, Dieu met à notre disposition le contact personnel et le contexte dans lequel nous pouvons administrer son soin spirituel dans la vie des gens. Si les soins spirituels et professionnels sont tous deux importants, l’un est le moyen et l’autre le but. Nous reflétons l’image de Dieu aux yeux des personnes dont nous nous occupons, afin de pouvoir les relier à Dieu quand nous allons au devant d’elles. C’est ce que nous entendons quand nous affirmons que « soigner est une vocation ».

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Disability Concerns Episode

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3. L’accompagnement spirituel est transformateur. Il change à la fois la personne soignée et le soignant. En écoutant les autres, en priant avec eux, en les encourageant, en les réconfortant et en les instruisant, nous répondons à leurs besoins corporels dans le cadre de nos soins spirituels. Dans sa lettre à l’Église de Philippes, Paul tente de saisir tout l’impact de la mission de Jésus sur terre. Le message est simple : vous devez prendre soin des autres comme Jésus prend soin de vous :

S’il y a donc quelque encouragement dans le Christ, s’il y a quelque réconfort dans l’amour, s’il y a quelque communion de l’Esprit, s’il y a quelque tendresse et quelque magnanimité ; comblez ma joie en étant bien d’accord ; ayant un même amour, une même âme, une seule pensée ; ne faites rien par ambition personnelle ni par vanité ; avec humilité, au contraire, estimez les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun, au lieu de regarder à ce qui lui est propre, s’intéresse plutôt aux autres. (Philippiens 2.1-4)

4. L’accompagnement spirituel vise le ciel. Il regarde vers le Seigneur, puis il amène les gens à lui. Les soignants font appel à Dieu et à ses ressources pour répondre aux besoins des personnes en situation de handicap et à leurs besoins spirituels. Ils se tournent vers leur Père céleste qui ne refuse rien de bon à ses enfants. Ils sont la présence de Dieu dans la vie de ceux qu’ils servent.

5. L’accompagnement spirituel transcende les frontières temporelles, contextuelles et démographiques. Les personnes souffrant de maladies invalidantes sont présentes dans tous les secteurs. Nous devons aller à la rencontre de cette population diverse, là où elle se trouve. Dieu a toujours voulu que tous les êtres humains, en tout lieu et en tout temps, puissent le rencontrer et l’adorer. L’accompagnement spirituel apporte la puissance rédemptrice de Dieu à ces personnes qui font partie des populations parmi les moins atteintes dans le monde.

Réveiller le géant endormi

Que peuvent faire, tous les croyants qui sont des soignants professionnels, pour apporter une assistance spirituelle ? Ils peuvent aller à la rencontre des personnes en situation de handicap qui ne peuvent pas aller à l’église, être présents avec elles, les écouter, prier pour elles, les encourager et les réconforter. Ce ministère diaconal indispensable n’est pas réservé uniquement aux diacres et diaconesses. De plus, les diacres et diaconesses n’ont généralement pas de contacts soutenus, réguliers et continus avec les personnes en situation de handicap. Les personnes qui ne sont pas empêchées par leur handicap peuvent aller à l’église pour recevoir un soutien spirituel, mais Dieu a équipé les chrétiens qui sont des professionnels de l’aide aux personnes en situation de handicap pour qu’ils apportent des soins aux autres, comme Jésus l’a demandé.

Soigner est une vocation. Nous sommes tous en chemin, certains sont en mission. Les soignants professionnels peuvent transformer leur travail en une plate-forme de mission auprès des personnes atteintes de handicap. 1,3 milliard de personnes, précieuses aux yeux de Dieu, ont besoin d’entendre l’Évangile, de recevoir un apport chrétien et de grandir spirituellement. Dieu a prévu que les professionnels soignants exerçant dans le domaine du handicap puissent être ses mains et ses pieds.

Réveillons le géant endormi, à savoir les professionnels des soins aux personnes en situation de handicap, dans des domaines tels que les soins de santé, l’éducation inclusive, les services sociaux, etc. Il se pourrait bien que ce soit la seule Église que de nombreuses personnes en situation de handicap connaîtront jamais. Les Églises feraient bien de soutenir ces missionnaires efficaces par tous les moyens possibles. C’est la stratégie missionnaire de Dieu pour atteindre les non-chrétiens.