Contents
  • Loading Contents
Back

[showlanguages]

© 2011 Le Mouvement de Lausanne. Les auteurs donnent le droit de copie en partie ou intégral sans autorisation au préalable. Merci de garder le texte inchangé et de mentionner la source : Le Mouvement de Lausanne.

Veuillez utiliser l’Édition d’étude de l’Engagement du Cap pour consulter le Guide d’étude. Vous y trouverez des questions pertinentes pour alimenter une discussion de groupe. L’Édition d’étude provient à l’origine d’un livre publié sous la direction de Jean-Paul Rempp : « Évangéliser, témoigner, s’engager – Les documents de référence du Mouvement de Lausanne » Éditions Excelsis, 2017, (Charols, France), 302p.

TABLE DES MATIÈRES

Préface

PRÉAMBULE

PREMIÈRE PARTIE AU DIEU QUE NOUS AIMONS : La confession de foi du Cap 

  1. Nous aimons parce que Dieu nous a aimés le premier
  2. Nous aimons le Dieu vivant
  3. Nous aimons Dieu le Père
  4. Nous aimons Dieu le Fils
  5. Nous aimons Dieu l’Esprit Saint
  6. Nous aimons la parole de Dieu
  7. Nous aimons le monde de Dieu
  8. Nous aimons l’Évangile de Dieu
  9. Nous aimons le peuple de Dieu
  10. Nous aimons la mission de Dieu 

DEUXIÈME PARTIE  AU MONDE QUE NOUS SERVONS : L’appel à l’action du Cap

INTRODUCTION

IIA   Témoigner de la vérité du Christ dans un monde pluraliste et globalisé

IIB   Établir la paix du Christ dans notre monde divisé et brisé

IIC   Vivre l’amour du Christ auprès de ceux qui professent d’autres religions

IID   Discerner la volonté du Christ pour l’évangélisation du monde

IIE   Appeler l’Église du Christ à revenir à l’humilité, l’intégrité et la simplicité

IIF   Être partenaires dans le Corps du Christ pour l’unité dans la mission

CONCLUSION


Préface

Le Troisième Congrès de Lausanne pour l’évangélisation du monde (Le Cap, 16 au 25 octobre 2010) a rassemblé 4 200 responsables évangéliques de 198 pays et s’est étendu à des centaines de milliers d’autres participants, rassemblés en divers endroits du monde entier ou connectés sur Internet. Son objectif ? Présenter à l’Église mondiale le défi renouvelé : rendre témoignage à Jésus-Christ et à tout son enseignement, dans toutes les nations, mais aussi dans toutes les sphères de la société, et dans le monde des idées.

L’Engagement du Cap est le fruit de cette entreprise. Il se place dans la lignée historique dont les fondements ont été posés par la Déclaration de Lausanne et le Manifeste de Manille. Il se compose de deux parties. La première partie énonce les convictions bibliques qui nous ont ététransmises par les Écritures, et la seconde partie lance l’appel à l’action.

Comment a été façonnée la première partie ? Elle a d’abord fait l’objet de discussion à Minnéapolis, en décembre 2009, lors d’une rencontre où avaient été invités dix-huit théologiens et responsables évangéliques, issus de tous les continents. Ensuite, un groupe plus restreint, sous la direction du Dr Christophe J.-H. Wright, président du Groupe de travail « Théologie » du Mouvement de Lausanne, s’est vu confier la préparation d’un document final, prêt à être présenté au Congrès.

Comment a été façonnée la deuxième partie ? Un long processus d’écoute a commencé plus de trois ans avant le Congrès. Les directeurs adjoints internationaux du Mouvement de Lausanne ont, chacun dans sa région, organisé des consultations où les responsables chrétiens ont été invités à identifier les défis les plus importants placés devant l’Église. Six axes importants se sont dégagés. Ils ont (i) défini le programme du Congrès et (ii) constitué le cadre de cet appel à l’action. Ce processus d’écoute s’est poursuivi pendant le Congrès, Chris Wright et le Groupe de travail « Déclaration » travaillant pour noter fidèlement toutes les contributions. Ce fut un effort herculéen et monumental.

L’Engagement du Cap servira de feuille de route pour le Mouvement de Lausanne, pendant les dix prochaines années. Cet appel prophétique à l’action et à la prière poussera, nous l’espérons, les Églises, organisations missionnaires, centres de formation pastorale et théologique, chrétiens dans le monde du travail et associations d’étudiants sur les campus universitaires à s’en saisir et à découvrir la part que chacun peut prendre dans sa mise en œuvre.

Beaucoup de déclarations doctrinales affirment ce que croit l’Église. Nous espérons aller plus loin en liant croyance et mise en pratique. Nous prenons pour modèle l’apôtre Paul dont l’enseignement théologique était étoffé par des instructions pratiques. Dans la lettre aux Colossiens, par exemple, le portrait profond et merveilleux qu’il donne de la suprématie du Christ débouche sur un enseignement terre à terre de ce que veut dire être enraciné dans le Christ.

Nous établissons une distinction entre ce qui est le cœur de l’Évangile chrétien, à savoir les vérités premières sur lesquelles nous devons être unis, et les questions secondaires, où des chrétiens sincères ont des interprétations différentes sur ce que la Bible enseigne et attend de nous. Notre travail, ici, est un modèle de mise en œuvre du principe du Mouvement de Lausanne : « largeur encadrée ». Dans la première partie, cet encadrement est clairement défini.

Nous avons eu la joie, tout au long de ce processus, de collaborer avec l’Alliance évangélique mondiale dans un partenariat de toutes les étapes. Les responsables de l’AEM étaient pleinement d’accord tant avec la Déclaration de foi qu’avec l’Appel à l’action.

Dans le Mouvement de Lausanne, tout en parlant et écrivant selon la tradition évangélique, nous affirmons l’unité du Corps du Christ et nous reconnaissons volontiers qu’il y a de nombreux disciples du Seigneur Jésus-Christ dans d’autres traditions. Au Cap, nous avons accueilli les principaux représentants de plusieurs Églises historiques d’autres traditions et nous pensons que l’Engagement du Cap pourra être utile aux Églises de toutes les traditions. Nous l’offrons avec humilité.

Qu’espérons-nous pour cet Engagement du Cap ? Nous espérons qu’on en parlera, qu’il fera l’objet de discussion et qu’on lui accordera du poids comme déclaration unie des évangéliques du monde entier ; qu’il façonnera l’ordre du jour des organisations chrétiennes ; qu’il encouragera les penseurs et chefs de file dans l’arène publique et qu’il donnera naissance à des initiatives et des partenariats audacieux.

Que la Parole de Dieu éclaire notre route, et que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec chacun d’entre nous.

S. Douglas Birdsall
Président exécutif

Lindsay Brown
Directeur international


Préambule

Nous qui sommes membres de l’Église mondiale de Jésus-Christ, nous affirmons joyeusement notre engagement envers le Dieu vivant et ses desseins de salut par le Seigneur Jésus-Christ. C’est pour lui que nous renouvelons notre engagement envers la vision et les objectifs du Mouvement de Lausanne.

Ce qui signifie deux choses :

Premièrement, nous n’abandonnons pas notre engagement à rendre dans le monde entier témoignage à Jésus-Christ et à tout son enseignement. Le Premier Congrès de Lausanne (1974) avait été convoqué pour la tâche de l’évangélisation mondiale. Parmi ses nombreux apports à l’Église mondiale, citons : (i) La Déclaration de Lausanne, (ii) une prise de conscience nouvelle du nombre des groupes de personnes non atteints et (iii) la redécouverte de la nature holistique de l’Évangile biblique et de la mission chrétienne. Le Deuxième Congrès de Lausanne, à Manille (1989), a donné naissance à plus de 300 partenariats stratégiques dans l’évangélisation mondiale, dont un grand nombre implique une coopération entre des nations de tous les coins de la planète.

Et deuxièmement, nous n’abandonnons pas notre engagement à l’égard des principaux documents du mouvement : la Déclaration de Lausanne (1974) et le Manifeste de Manille (1989). Ces documents expriment clairement les vérités centrales de l’Évangile biblique et les appliquent à notre mission pratique d’une façon qui reste pertinente et motivante. Nous confessons que nous n’avons pas été fidèles à certains engagements pris dans ces documents. Cependant nous les recommandons et nous les soutenons, en cherchant à discerner comment nous devons exprimer et appliquer la vérité éternelle de l’Évangile dans le monde mouvant de notre génération.

Les réalités du changement

Presque tout dans notre façon de vivre et de penser ainsi que dans les relations que nous entretenons les uns avec les autres, change à un rythme accéléré. Pour le bien ou pour le mal, nous ressentons les conséquences de la mondialisation, de la révolution numérique et du changement d’équilibre des puissances économiques et politiques dans le monde. Certaines des choses que nous affrontons sont sources de chagrin et d’anxiété : la pauvreté mondiale, les guerres, les conflits ethniques, les maladies, la crise écologique et le changement climatique. Mais, parmi tous les changements qui affectent notre monde, il en est un qui est source de joie : c’est la croissance de l’Église mondiale du Christ.

Le fait que le Troisième Congrès du Mouvement de Lausanne ait eu lieu en Afrique en est la preuve. Aujourd’hui, les deux tiers des chrétiens du monde vivent dans les continents du Sud et de l’Est. La composition de notre Congrès du Cap reflète cet énorme basculement opéré dans la chrétienté mondiale au cours du siècle écoulé depuis la conférence missionnaire d’Édimbourg en 1910. Nous nous réjouissons de l’étonnante croissance de l’Église en Afrique et nous nous réjouissons de ce que nos sœurs et frères chrétiens africains ont accueilli ce Congrès. Cependant, nous ne pouvions nous rencontrer en Afrique du Sud sans penser aux années passées de souffrance sous l’apartheid. Nous sommes donc reconnaissants pour les progrès de l’Évangile et pour la justice souveraine de Dieu à l’œuvre dans l’histoire récente, tout en continuant à lutter contre l’héritage de mal et d’injustice encore sensible. Tels sont à la fois le témoignage et le rôle de l’Église en tout lieu.

Quant à la mission chrétienne, nous devons répondre aux réalités de notre propre génération. Nous devons également tirer les leçons de ce mélange de sagesse et d’erreurs, de réussites et d’échecs, que nous héritons des générations précédentes. Nous honorons et nous déplorons le passé, et nous saisissons l’avenir au nom de Dieu, lui qui tient toute l’histoire dans sa main.

Réalités immuables

Dans un monde qui cherche à se réinventer à une cadence toujours plus rapide, certaines choses demeurent inchangées. Ces grandes vérités sont les raisons bibliques de notre engagement missionnel.

  • Les êtres humains sont perdus. La fâcheuse condition humaine sous-jacente reste semblable à la description qu’en fait la Bible : nous tombons sous la juste condamnation de Dieu pour notre péché et notre rébellion, et nous n’avons, en dehors du Christ, aucun espoir.
  • L’Évangile est une bonne nouvelle. L’Évangile n’est pas un concept qui aurait besoin d’idées nouvelles, mais un récit qui a besoin d’être raconté à nouveau. C’est l’histoire immuable de ce que Dieu a fait pour sauver le monde, suprêmement dans les événements historiques de la vie, la mort, la résurrection et le règne de Jésus-Christ. Dans le Christ, il y a de l’espoir.
  • La mission de l’Église se poursuit. La mission de Dieu se poursuit jusqu’aux extrémités de la terre et jusqu’à la fin du monde. Le jour viendra où tous les royaumes de la terre deviendront le royaume de notre Dieu et de son Christ et où Dieu habitera avec son humanité rachetée dans la nouvelle création. En attendant ce jour, la participation de l’Église à la mission de Dieu se poursuit, dans un sentiment joyeux d’urgence et avec des occasions nouvelles et enthousiasmantes pour toutes les générations, la nôtre aussi.

La passion de notre amour

Cette déclaration est formulée dans le langage de l’amour. L’amour est le langage de l’alliance. Les alliances bibliques, l’ancienne et la nouvelle, sont l’expression de l’amour et de la grâce rédempteurs de Dieu qui s’étendent à l’humanité perdue et à la création abîmée. Chacune d’elles appelle notre amour en retour. Notre amour se manifeste par la confiance, l’obéissance et l’engagement passionné envers le Seigneur de l’alliance. La Déclaration de Lausanne définissait l’évangélisation comme « l’Église tout entière apportant l’Évangile tout entier au monde tout entier ». C’est encore notre passion. C’est pour cela que nous renouvelons cette alliance en affirmant à nouveau :

  • Notre amour pour l’Évangile tout entier, qui est la glorieuse bonne nouvelle de Dieu dans le Christ, annoncée à toutes les dimensions de sa création qui a été dévastée par le péché et le mal ;
  • Notre amour pour l’Église tout entière qui est le peuple de Dieu, racheté par le Christ de toutes les nations de la terre et de toutes les époques de l’histoire, pour prendre part à la mission de Dieu dans cette époque-ci et le glorifier pour toujours dans les âges à venir ;
  • Notre amour pour le monde tout entier qui est si loin de Dieu et pourtant si proche de son cœur, ce monde que Dieu a tant aimé qu’il a donné son Fils unique pour le sauver.

Saisis par ce triple amour, nous nous engageons à nouveau à être l’Église tout entière, à croire à l’Évangile tout entier, lui obéir et le faire connaître ; ainsi qu’à aller par le monde entier faire des disciples de toutes les nations.

Première partie

Au Dieu que nous aimons : la confession de foi du Cap

1. Nous aimons parce que Dieu nous a aimés le premier

La mission de Dieu découle de l’amour de Dieu. Notre mission, en tant que peuple de Dieu découle de notre amour pour Dieu et pour tous ceux que Dieu aime. L’évangélisation mondiale est le débordement de l’amour de Dieu pour nous et par nous. Nous affirmons la primauté de la grâce de Dieu et nous répondons par conséquent à cette grâce par la foi mise en évidence par l’obéissance de l’amour. Nous aimons parce que Dieu nous a aimés le premier et qu’il a envoyé son Fils pour expier nos péchés[1].

A) L’amour de Dieu et l’amour du prochain constituent le premier et le plus grand commandement sur lequel reposent toute la loi et les prophètes. L’amour est l’accomplissement de la loi et c’est le premier fruit de l’Esprit qui soit nommé. L’amour est la preuve de notre nouvelle naissance, l’assurance que nous connaissons Dieu et la preuve que Dieu habite en nous. L’amour est le commandement nouveau du Christ, qui a dit à ses disciples que leur mission ne serait vue et ne serait crue que dans la mesure où ils obéiraient à ce commandement. L’amour chrétien les uns pour les autres est le mode par lequel le Dieu invisible, qui s’est rendu visible par l’Incarnation de son Fils, continue à se rendre visible au monde. L’amour a fait partie des premières choses que Paul a pratiquées et recommandées parmi les nouveaux croyants, l’amour accompagné de la foi et de l’espérance. Mais l’amour est le plus grand, parce que l’amour n’a pas de fin[2].

B) Un tel amour n’est ni une preuve de faiblesse ni sentimental. L’amour de Dieu est fidèle, scellé par l’alliance, attentif, altruiste, sacrificiel, fort et saint. Puisque Dieu est amour, l’amour se répand dans tout son être et dans toutes ses actions, sa justice tout autant que sa compassion. L’amour de Dieu s’étend à toute sa création. Le commandement à aimer qui nous est donné est un commandement à aimer d’une manière qui reflète l’amour de Dieu dans toutes ces mêmes dimensions. Voilà ce que veut dire marcher dans la voie du Seigneur[3].

C) Ainsi en formulant nos convictions et nos engagements en termes d’amour, nous relevons le défi biblique le plus fondamental et le plus exigeant de tous :

  • aimer le Seigneur notre Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre force et de toute notre pensée,
  • aimer notre prochain (y compris l’étranger et l’ennemi) comme nous-mêmes,
  • nous aimer les uns les autres comme Dieu nous a aimés dans le Christ et
  • aimer le monde de l’amour de celui qui a donné son Fils unique pour que le monde puisse être sauvé par lui[4].

D) Un tel amour est le don de Dieu déversé dans notre cœur, mais c’est aussi le commandement de Dieu qui attend l’obéissance de notre volonté. Un tel amour signifie que nous soyons semblables au Christ : fermes dans l’endurance, mais doux dans l’humilité ; tenaces pour résister au mal, mais tendres dans la compassion pour ceux qui souffrent ; courageux dans la souffrance et fidèles jusqu’à la mort. Le Christ a incarné cet amour sur la terre et c’est le Christ ressuscité en gloire qui l’évalue[5].

Nous affirmons qu’un amour biblique aussi complet devrait être l’identité caractéristique et la marque distinctive des disciples de Jésus. La prière et le commandement de Jésus nous incitent à aspirer à ce qu’il en soit de même pour nous. Malheureusement, nous confessons que trop souvent ce n’est pas le cas. Aussi nous nous engageons encore une fois à faire tous les efforts possibles pour vivre, penser, parler et nous comporter d’une manière qui exprime ce que veut dire marcher dans l’amour, l’amour de Dieu, l’amour les uns pour les autres et l’amour pour le monde.

2. Nous aimons le Dieu vivant

Notre Dieu, celui que nous aimons, se révèle dans la Bible comme le seul Dieu éternel et vivant, qui gouverne toutes choses selon sa volonté souveraine et pour accomplir ses desseins de salut. Dans l’unité du Père, du Fils et de l’Esprit Saint, Dieu seul est Créateur, Chef, Juge et Sauveur du monde[6]. Ainsi, nous aimons Dieu, en le remerciant pour la place que nous avons dans la création, en nous soumettant à sa providence souveraine, en faisant confiance à sa justice et en le louant pour le salut qu’il a accompli pour nous.

A) Nous aimons Dieu plus que tout autre. Nous avons reçu le commandement d’aimer et d’adorer le Dieu vivant et lui seul. Mais comme l’Israël de l’Ancien Testament, nous permettons à notre amour pour Dieu d’être frelaté en allant après les dieux de ce monde, les dieux des peuples qui nous entourent[7]. Nous tombons dans le syncrétisme, séduits par de nombreuses idoles comme la cupidité, le pouvoir et le succès, servant Mammon plutôt que Dieu. Nous acceptons les idéologies politiques et économiques sans jugement critique biblique. Sous la pression du pluralisme religieux, nous sommes tentés de compromettre notre foi dans la singularité du Christ. Comme Israël, nous avons besoin d’entendre l’appel des prophètes et de Jésus lui-même qui nous invite à la repentance, à rejeter tout ce qui rivalise avec Dieu et à revenir vers un amour pour Dieu fait d’obéissance et une adoration de Dieu et de lui seul.

B) Nous aimons Dieu, épris de passion pour sa gloire. Ce qui motive au plus haut point notre mission est identique à ce qui inspire la mission de Dieu lui-même : le seul Dieu vivant et vrai doit être connu et glorifié dans toute sa création. C’est le but suprême de Dieu et cela devrait faire notre plus grande joie.

Si Dieu désire que tout genou fléchisse devant Jésus et que toute langue le confesse, nous le devrions aussi. Nous devrions être « jaloux » (comme le dit parfois la Bible) pour l’honneur de son nom, souffrir quand il reste inconnu, être blessés quand il est méprisé, indignés quand il est blasphémé et, en tout temps, impatients et déterminés à voir lui rendre l’honneur et la gloire qui lui sont dus. La plus élevée de toutes les motivations missionnaires n’est ni l’obéissance au Grand Ordre de mission (aussi importante soit-elle), ni l’amour des perdus qui sont aliénés et qui périssent (aussi forte que soit cette incitation, en particulier quand nous pensons à la colère de Dieu), mais le zèle, un zèle brûlant et passionné, pour la gloire de Jésus-Christ. […] Face à ce but suprême de la mission chrétienne, toute motivation indigne s’étiole et meurt[8].

Notre plus grande souffrance devrait être que le Dieu vivant ne soit pas glorifié dans notre monde. Le Dieu vivant est nié dans l’athéisme agressif. Le seul vrai Dieu est remplacé ou déformé dans la pratique des religions du monde. Notre Seigneur Jésus-Christ est maltraité et dénaturé dans certaines cultures populaires. Et le visage de Dieu tel qu’il apparaît dans la révélation biblique est obscurci par le nominalisme chrétien, le syncrétisme et l’hypocrisie.

Aimer Dieu dans un monde qui le rejette ou le déforme demande un témoignage pour notre Dieu plein d’assurance mais aussi d’humilité, une défense de la vérité de l’Évangile du Christ, Fils de Dieu, robuste mais pleine de grâce et une confiance nourrie par la prière dans l’œuvre de son Esprit Saint qui condamne et convainc. Nous prenons à nouveau l’engagement de rendre un tel témoignage, parce que si nous prétendons aimer Dieu nous devons partager la priorité que Dieu a placée au plus haut niveau : que son nom et sa parole soient exaltés au-dessus de tout[9].

3. Nous aimons Dieu le Père

Par Jésus-Christ, le Fils de Dieu, et par lui seul qui est le chemin, la vérité et la vie, nous parvenons à connaître et à aimer Dieu comme un Père. Comme l’Esprit Saint en rend témoignage à notre esprit, nous sommes les enfants de Dieu, c’est pourquoi nous crions les paroles mêmes que Jésus a priées : « Abba, Père », et nous prions, comme Jésus nous l’a enseigné : « Notre Père ». Notre amour pour Jésus, prouvé par notre obéissance à ce qu’il dit, rencontre l’amour que le Père a pour nous quand le Père et le Fils font leur demeure en nous, dans le don et l’accueil mutuels de l’amour[10]. Cette relation intime a de profondes racines bibliques.

A) Nous aimons Dieu comme Père de son peuple. L’Israël de l’Ancien Testament connaissait Dieu comme Père, comme celui qui leur avait donné la vie, les avait portés et disciplinés, avait demandé leur obéissance, soupiré après leur amour et exercé un pardon plein de compassion et un amour durable et patient[11]. Toutes ces caractéristiques restent vraies pour nous qui sommes, dans le Christ, le peuple de Dieu dans notre relation avec notre Dieu et Père.

B) Nous aimons Dieu comme Père, lui qui a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour notre salut. Combien le Père nous a aimés, pour que nous puissions être appelés enfants de Dieu ! Que l’amour du Père est incommensurable, lui qui n’a pas épargné son Fils unique, mais l’a livré pour nous tous ! Son amour de Père dans le don du Fils s’est reflété dans l’amour altruiste du Fils. Il y avait dans l’œuvre d’expiation que le Père et le Fils ont accomplie à la croix, avec l’Esprit éternel, une complète harmonie de volontés. Le Père a aimé le monde et il a donné son Fils ; « le Fils de Dieu m’a aimé et s’est donné lui-même pour moi. » L’unité du Père et du Fils, que Jésus a confirmée ave tant de puissance, reçoit un écho dans la salutation que Paul répète le plus fréquemment : « grâce et paix ». « Que la grâce et la paix vous soient données par Dieu notre Père et par le Seigneur Jésus-Christ. Le Christ s’est offert lui-même en sacrifice pour nous sauver de nos péchés… il a ainsi accompli la volonté de Dieu, notre Père, à qui soit la gloire pour l’éternité ! Amen[12]. »

C) Nous aimons Dieu comme le Père dont nous reflétons le caractère et à qui nous faisons confiance pour prendre soin de nous. Dans le Sermon sur la montagne, Jésus ne cesse de nous diriger vers notre Père céleste comme modèle ou centre de notre action. Étant fils de Dieu, nous devons être des artisans de paix. Nous devons faire des œuvres bonnes pour que notre Père en reçoive la louange. Nous devons aimer nos ennemis pour refléter l’amour paternel de Dieu. Nous devons pratiquer le don, la prière et le jeûne sous le seul regard du Père. Nous devons pardonner comme le Père nous a pardonnés. Nous ne devons pas nous inquiéter, mais faire confiance au Père qui pourvoira. Animés d’un tel comportement, fruit d’un caractère chrétien, nous accomplissons la volonté de notre Père céleste au sein du royaume de Dieu[13].

Nous confessons que nous avons souvent négligé la vérité de la paternité de Dieu et que nous nous sommes privés des richesses de notre relation avec lui. Nous prenons à nouveau l’engagement d’aller au Père par Jésus le Fils, pour recevoir et répondre à son amour paternel, vivre dans l’obéissance sous sa discipline paternelle, refléter son caractère paternel dans tout notre comportement et dans toutes nos attitudes, et nous confier dans sa providence paternelle quelle que soit la situation où il nous conduira.

4. Nous aimons Dieu le Fils

Dieu a donné l’ordre à Israël d’aimer le SEIGNEUR Dieu d’une loyauté sans partage. Pour nous de même, aimer le Seigneur Jésus-Christ signifie que nous affirmons avec assurance que lui seul est Sauveur, Seigneur et Dieu. La Bible nous enseigne que Jésus a accompli les mêmes actes souverains que Dieu et lui seul. Christ est le créateur de l’univers, le maître de l’histoire, le juge de toutes les nations et le sauveur de tous ceux qui se tournent vers Dieu[14]. Il partage l’identité de Dieu dans l’égalité et l’unité divine du Père, Fils et Esprit Saint. Tout comme Dieu a appelé Israël à l’aimer dans une foi, une obéissance et un témoignage de serviteur scellés par l’alliance, nous affirmons notre amour pour Jésus-Christ en lui faisant confiance, lui obéissant et en le faisant connaître.

A) Nous faisons confiance au Christ. Nous croyons le témoignage des évangiles qui affirment que Jésus de Nazareth est le Messie, appelé et envoyé par Dieu pour accomplir la mission unique de l’Israël vétérotestamentaire : porter la bénédiction du salut de Dieu à toutes les nations, comme Dieu l’avait promis à Abraham.

  • En Jésus, conçu par l’Esprit Saint et né de la vierge Marie, Dieu a revêtu notre chair humaine et vécu parmi nous, pleinement Dieu et pleinement homme.
  • Pendant sa vie, Jésus a marché dans une fidélité et une obéissance parfaites à Dieu. Il a annoncé et enseigné le royaume de Dieu et s’est fait le modèle de la façon dont ses disciples doivent vivre sous le règne de Dieu.
  • Dans son ministère et les miracles qu’il a accomplis, Jésus a annoncé et mis en évidence la victoire du royaume de Dieu sur le mal et les puissances mauvaises.
  • Dans sa mort sur la croix, Jésus a pris sur lui, à notre place, notre péché, il en a supporté pleinement le prix, le châtiment et la honte, il a vaincu la mort et les puissances du mal, et il a accompli la réconciliation et la rédemption de toute la création.
  • Dans sa résurrection corporelle, Jésus a été justifié et exalté par Dieu, il a achevé et mis en évidence la complète victoire de la croix et il est devenu le précurseur d’une humanité rachetée et d’une création restaurée.
  • Depuis son ascension, Jésus règne en Seigneur sur toute l’histoire et toute la création.
  • Lors de son retour, Jésus exécutera le jugement de Dieu, détruira Satan, le mal et la mort, et établira le règne universel de Dieu.

B) Nous obéissons au Christ. Jésus nous appelle à devenir ses disciples, à prendre notre croix et à le suivre sur le chemin du renoncement à soi, du service et de l’obéissance. « Si vous m’aimez, gardez mes commandements, dit-il. Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous pas ce que je vous dis ? » Nous sommes appelés à vivre et à aimer comme le Christ a vécu et aimé. Professer le Christ tout en ignorant ses commandements est une folie dangereuse. Jésus nous avertit que nombre de ceux qui se revendiquent de son nom parce qu’ils exercent des ministères spectaculaires et miraculeux se retrouveront désavoués par lui comme des personnes qui commettent l’iniquité[15]. Nous faisons attention aux avertissements du Christ car aucun de nous n’est à l’abri d’un danger d’une telle gravité.

C) Nous proclamons le Christ. C’est dans le Christ seul que Dieu s’est pleinement et définitivement révélé, et c’est par l’intermédiaire du Christ seul que Dieu a accompli le salut du monde. Nous qui sommes ses disciples, nous nous inclinons donc aux pieds de Jésus de Nazareth pour lui dire avec Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » et avec Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu. » Sans l’avoir vu, nous l’aimons. Et nous nous réjouissons en espérance, en désirant ardemment le jour de son retour où nous le verrons tel qu’il est. Jusqu’à ce jour, nous nous unissons à Pierre et Jean et proclamons : « C’est en lui seul que se trouve le salut. Dans le monde entier, Dieu n’a jamais donné le nom d’aucun autre homme par lequel nous devions être sauvés[16]. »

Nous prenons à nouveau l’engagement de rendre témoignage de Jésus- Christ et de tout son enseignement, dans le monde entier, sachant que nous ne pouvons rendre un tel témoignage que si nous vivons nous-mêmes dans l’obéissance à son enseignement.

5. Nous aimons Dieu l’Esprit Saint

Nous aimons l’Esprit Saint dans l’unité de la Trinité, avec Dieu le Père et Dieu le Fils. Il est l’Esprit missionnaire envoyé par le Père missionnaire et le Fils missionnaire, insufflant vie et puissance dans l’Église missionnaire de Dieu. Nous aimons la présence de l’Esprit Saint et nous prions pour qu’elle soit avec nous parce que, sans le témoignage rendu au Christ par l’Esprit, notre propre témoignage est futile. Sans l’œuvre de l’Esprit pour convaincre, notre prédication est vaine. Sans la puissance, la direction et les dons de l’Esprit, notre mission n’est rien de plus qu’un effort humain. Et sans le fruit de l’Esprit, notre vie sans intérêt ne peut refléter la beauté de l’Évangile.

A) Dans l’Ancien Testament, nous voyons l’Esprit de Dieu agir dans la création, dans des œuvres de libération et de justice, ainsi que pour remplir et habiliter des personnes pour toutes sortes de services. Les prophètes, remplis de l’Esprit, attendaient la venue du roi serviteur, dont la personne et l’œuvre seraient revêtues de l’Esprit de Dieu. Les prophètes attendaient aussi l’âge à venir qui serait marqué par l’effusion de son Esprit apportant, au peuple de Dieu, jeunes et vieux, hommes et femmes, la vie nouvelle, une obéissance renouvelée et les dons prophétiques[17].

B) À la Pentecôte, Dieu a répandu son Esprit Saint comme l’avaient promis les prophètes et Jésus. L’Esprit qui sanctifie produit son fruit dans la vie des croyants et la première description de ce fruit est toujours l’amour. L’Esprit remplit l’Église de ses dons. Nous aspirons à les recevoir parce qu’ils constituent l’équipement indispensable pour le service chrétien. L’Esprit remplit l’Église de sa puissance pour la mission et pour un large éventail d’œuvres de service. L’Esprit nous rend capables de proclamer l’Évangile, de le mettre en évidence, de discerner la vérité, de prier avec efficacité et de prévaloir sur les forces des ténèbres. L’Esprit inspire et accompagne notre adoration. L’Esprit renforce et réconforte les disciples qui sont persécutés ou qui doivent répondre de leur témoignage au Christ[18].

C) Notre engagement dans la mission est donc vain et stérile sans la présence, la direction et la puissance de l’Esprit Saint. C’est vrai de la mission dans toutes ses dimensions : évangéliser, témoigner de la vérité, former des disciples, œuvrer en faveur de la paix, s’engager socialement, agir pour une transformation éthique, prendre soin de la création, vaincre les puissances du mal, chasser des esprits démoniaques, guérir les malades, souffrir et persévérer sous la persécution. Tout ce que nous faisons au nom du Christ doit tirer sa puissance de l’Esprit Saint et être conduit par lui. C’est ce que le Nouveau Testament fait apparaître très clairement dans la vie de l’Église primitive et dans l’enseignement des apôtres. C’est ce qui est mis en évidence aujourd’hui dans la fécondité et la croissance des Églises où les disciples de Jésus agissent avec confiance dans la puissance de l’Esprit Saint, dans la soumission et l’expectative.

Il n’y a ni Évangile véritable ou complet ni authentique mission biblique sans la personne, l’œuvre et la puissance de l’Esprit Saint. Nous prions pour un plus grand éveil à cette vérité biblique et pour que l’expérience qui en est faite soit une réalité dans toutes les parties du Corps du Christ dans le monde. Cependant, nous sommes conscients des nombreux abus et mascarades sous couvert de l’Esprit Saint, des nombreuses façons de pratiquer et de louer toutes sortes de phénomènes qui ne sont pas les dons de l’Esprit Saint tels qu’ils sont enseignés dans le Nouveau Testament. Nous avons grand besoin de davantage de discernement en profondeur, de mises en garde claires contre la tromperie, de dénonciation des manipulateurs frauduleux et égoïstes qui abusent de la puissance spirituelle pour leur propre enrichissement impie. Nous avons besoin par-dessus tout d’un enseignement et de prédications bibliques nourris, imprégnés d’humble prière, qui apporteront aux croyants ordinaires l’équipement nécessaire pour comprendre l’Évangile véritable et se réjouir en lui, ainsi que pour reconnaître et rejeter les faux évangiles.

6. Nous aimons la parole de Dieu

Nous aimons la parole de Dieu qui se trouve dans les écrits des Ancien et Nouveau Testaments, et nous renvoyons l’écho du plaisir joyeux que le Psalmiste prend dans la Torah : « Moi, j’aime tes commandements plus que l’or… Oh ! que j’aime ta Loi ! » Nous recevons toute la Bible comme la parole de Dieu, inspirée par l’Esprit de Dieu, dite et écrite par des auteurs humains. Nous nous soumettons à son autorité suprême et unique, qui gouverne nos croyances et notre comportement. Nous témoignons de la puissance de la parole de Dieu pour accomplir son dessein de salut. Nous affirmons que la Bible est la parole écrite définitive de Dieu, qu’aucune autre révélation supplémentaire ne la surpasse, mais nous nous réjouissons également de ce que l’Esprit Saint illumine la pensée du peuple de Dieu pour que la Bible continue à dire la vérité de Dieu d’une manière actuelle aux peuples de toutes les cultures[19].

A) La personne que révèle la Bible. Nous aimons la Bible comme une épouse aime les lettres de son époux, non pour le papier qu’elles sont, mais pour la personne qui s’exprime par ces lettres. La Bible nous donne la révélation que Dieu donne lui-même de son identité, de son caractère, de ses desseins et de ses actes. Elle est le principal témoin du Seigneur Jésus-Christ. En la lisant, nous le rencontrons avec beaucoup de joie par son Esprit. Notre amour de la Bible est une expression de notre amour de Dieu.

B) L’histoire que raconte la Bible. La Bible raconte l’histoire universelle de la création, de la chute, de la rédemption au cours des âges et de la nouvelle création. Ce récit global nous donne une vision du monde cohérente et biblique et il façonne notre théologie. Au centre de ce récit, se trouvent les événements salvateurs clés que sont la croix et la résurrection du Christ, qui constituent le cœur de l’Évangile. C’est ce récit (dans l’Ancien et le Nouveau Testaments) qui nous dit qui nous sommes, notre raison d’être et où nous allons. Ce récit de la mission de Dieu définit notre identité, motive notre mission et nous garantit que la fin est entre les mains de Dieu. Ce récit doit façonner le souvenir et l’espérance du peuple de Dieu, et gouverner le contenu de son témoignage d’évangélisation, tel qu’il est transmis de génération en génération. Nous devons faire connaître la Bible par tous les moyens possibles, car son message est pour tous les habitants de la terre. Nous nous engageons donc à nouveau à la tâche continuelle de la traduction, de la dissémination et de l’enseignement des Écritures dans toutes les cultures et langues, y compris celles qui sont à prédominance orales ou non littéraires.

C) La vérité qu’enseigne la Bible. La Bible nous enseigne, de ses premiers mots à ses derniers, tout le conseil de Dieu, la vérité que Dieu veut que nous connaissions. Nous nous y soumettons comme étant véritable et digne de foi dans tout ce qu’elle affirme, parce qu’elle est la parole du Dieu qui ne peut mentir et qui ne sera pas pris en défaut. Elle est claire et suffisante pour révéler le chemin du salut. Elle est le fondement de l’exploration et de la compréhension de toutes les dimensions de la vérité de Dieu.

Cependant, nous vivons dans un monde plein de mensonge et qui rejette la vérité. De nombreuses cultures font preuve d’un relativisme dominant qui nie qu’une quelconque vérité absolue existe et puisse être connue. Si nous aimons la Bible, nous devons nous lever pour défendre ses affirmations de vérité. Nous devons trouver des moyens renouvelés d’exprimer l’autorité biblique dans toutes les cultures. Nous renouvelons notre engagement à nous efforcer de défendre la vérité de la révélation divine comme faisant partie de notre labeur d’amour pour la parole de Dieu.

D) La vie qu’exige la Bible. « La parole est toute proche de vous : elle est dans votre bouche et dans votre cœur, pour que vous l’appliquiez. » Jésus et Jacques nous appellent à entrer dans la cohorte de ceux qui ne se contentent pas d’écouter la parole, mais qui la mettent en pratique[20]. La Bible dresse le portrait de la qualité de vie qui devrait caractériser le croyant et la communauté des croyants. Par Abraham, ainsi que par Moise, les psalmistes, les prophètes et la sagesse d’Israël, par Jésus et les apôtres, nous apprenons qu’un tel style de vie biblique comprend la justice, la compassion, l’humilité, l’intégrité, l’honnêteté, la vérité, la chasteté sexuelle, la générosité, la bonté, l’abnégation, l’hospitalité, le travail pour la paix, l’absence de vengeance, faire le bien, le pardon, la joie, le contentement et l’amour – le tout combiné dans une vie d’adoration, de louange et de fidélité envers Dieu.

Nous confessons que nous prétendons trop facilement aimer la Bible sans aimer la vie qu’elle enseigne : la vie d’une obéissance coûteuse à Dieu au travers du Christ. Pourtant « aucune présentation de l’Évangile n’est aussi éloquente qu’une vie transformée; rien ne ternit autant le message qu’une vie inconséquente. Il nous est demandé de nous conduire d’une manière digne de l’Évangile du Christ, et même de lui servir de parure, et d’en souligner la beauté par une vie de sainteté[21] ». Par conséquent, pour l’amour de l’Évangile du Christ, nous renouvelons notre engagement à prouver notre amour pour la parole de Dieu en la croyant et lui obéissant. Il n’y a pas de mission biblique sans vie biblique.

7. Nous aimons le monde de Dieu

Nous partageons la passion de Dieu pour son monde, nous aimons tout ce que Dieu a fait, nous nous réjouissons de la providence et de la justice de Dieu dans toute sa création, nous proclamons la bonne nouvelle à toute la création et à toutes les nations, et nous aspirons à voir se lever le jour où la terre sera remplie de la connaissance de la gloire de Dieu comme l’eau couvre le fond des mers[22].

A) Nous aimons le monde de la création de Dieu. Cet amour est plus qu’une affection sentimentale pour la nature (ce que la Bible n’ordonne nulle part). Il est bien loin d’une adoration panthéiste de la nature (ce que la Bible interdit formellement). Il est au contraire une mise en œuvre logique de notre amour pour Dieu par les soins apportés à ce qui lui appartient. « La terre et ses richesses appartiennent à l’Éternel. L’univers est à lui avec ceux qui l’habitent. » La terre est la propriété du Dieu que nous prétendons aimer et à qui nous cherchons à obéir. Plus simplement, nous prenons soin de la terre parce qu’elle appartient à celui que nous appelons Seigneur[23].

La terre est créée, soutenue et rachetée par le Christ[24]. Nous ne pouvons prétendre aimer Dieu en abusant de ce qui, de droit par la création, la rédemption et l’héritage, appartient au Christ. Nous prenons soin de la terre et usons de ses ressources abondantes de façon responsable, non selon le raisonnement du monde séculier, mais par amour pour le Seigneur. Si Jésus est Seigneur de toute la terre, nous ne pouvons dissocier notre relation au Christ de la façon dont nous agissons vis-à-vis de la terre. En effet, proclamer ce que dit l’Évangile : « Jésus est Seigneur », c’est proclamer l’Évangile qui inclut la terre, puisque la seigneurie du Christ s’étend sur toute la création. Le soin de la création est ainsi un aspect de l’Évangile qui entre dans le cadre de la seigneurie du Christ.

Un tel amour pour la création de Dieu exige que nous nous repentions de la part que nous avons prise à la destruction, au gaspillage et à la pollution des ressources de la terre et de notre complicité à l’idolâtrie toxique du consumérisme. Au contraire, nous nous engageons à la responsabilité écologique urgente et prophétique, et nous soutenons les chrétiens dont l’appel missionnel particulier est tourné vers le plaidoyer et l’action en faveur de l’environnement, ainsi que ceux dont le mandat est de pourvoir au bien-être et aux besoins de l’humanité par l’exercice responsable de la domination et de la gestion. La Bible proclame le dessein rédempteur de Dieu pour la création. La mission intégrale consiste à discerner, proclamer et vivre la vérité biblique selon laquelle l’Évangile est la bonne nouvelle de Dieu, annoncée par la croix et la résurrection de Jésus-Christ, pour les personnes individuellement, et pour la société, et pour la création. Ces trois destinataires de l’Évangile sont brisés et souffrent à cause du péché ; tous trois sont inclus dans l’amour et la mission rédempteurs de Dieu ; tous trois doivent faire partie de la mission complète du peuple de Dieu.

B) Nous aimons le monde des nations et des cultures. « À partir d’un seul homme, il a créé tous les peuples pour qu’ils habitent toute la surface de la terre. » La diversité ethnique est le don de Dieu dans la création et sera préservée dans la nouvelle création, quand elle sera libérée de nos divisions et de nos rivalités déchues. Notre amour pour tous les peuples est le reflet de la promesse de Dieu de bénir toutes les nations de la terre et de la mission de Dieu de créer pour lui-même un peuple formé de toute tribu, langue, nation et peuple. Nous devons aimer tout ce que Dieu a choisi de bénir, donc toutes les cultures. Historiquement, la mission chrétienne, bien qu’entachée par des échecs destructeurs, a été un instrument de protection et de préservation des cultures autochtones et de leur langage. L’amour selon Dieu inclut cependant aussi un discernement critique car toutes les cultures ne mettent pas seulement en évidence l’image positive de Dieu dans la vie humaine, mais aussi l’empreinte négative de Satan et du péché. Nous soupirons après la manifestation de l’Évangile incarné et enchâssé dans toutes les cultures, les rachetant de l’intérieur de sorte qu’elles puissent exposer la gloire de Dieu et la plénitude radieuse du Christ. Nous attendons avec impatience de voir la richesse, la gloire et la splendeur de toutes les cultures introduites dans la cité de Dieu, rachetées et purifiées de tout péché, venant enrichir la nouvelle création[25].

Un tel amour pour tous les peuples exige que nous rejetions les maux que sont le racisme et l’ethnocentrisme, et que nous traitions tous les groupes ethniques et culturels avec dignité et respect, sur la base de la valeur que Dieu leur accorde dans la création et la rédemption[26].

Un tel amour exige que nous cherchions à faire connaître l’Évangile parmi toutes les populations et cultures, en tout lieu. Aucune nation, juive ou païenne, n’est en dehors de la visée du Grand Ordre de mission. L’évangélisation est le débordement de cœurs remplis de l’amour de Dieu pour tous ceux qui ne le connaissent pas encore. Nous confessons avec honte qu’il y a encore de très nombreuses populations du monde qui n’ont pas encore entendu le message de l’amour de Dieu en Jésus- Christ. Nous renouvelons l’engagement qui a inspiré le Mouvement de Lausanne dès l’origine, à utiliser tous les moyens possibles pour annoncer l’Évangile à tous les peuples.

C) Nous aimons le monde pauvre et souffrant. La Bible nous dit que le Seigneur a de l’amour pour tout ce qu’il a fait, soutient la cause des opprimés, aime l’étranger, nourrit l’affamé, soutient l’orphelin et la veuve[27]. La Bible nous montre également que Dieu veut faire ces choses en passant par des êtres humains qui se consacrent à de tels actes. Dieu tient tout particulièrement pour responsables ceux qui, dans la société, sont placés à des postes de direction politique ou judiciaire[28], mais c’est tout le peuple de Dieu qui a reçu le commandement, par la loi et les prophètes, les Psaumes et la Sagesse, Jésus et Paul, Jean et Jacques, de refléter l’amour et la justice de Dieu par un amour et une justice pratiques pour ceux qui sont dans le besoin[29].

Un tel amour pour les personnes pauvres exige que nous ne nous contentions pas d’aimer la miséricorde et les œuvres de compassion, mais que nous rendions aussi la justice en exposant à la lumière tout ce qui opprime et exploite le pauvre, et en nous y opposant. « Nous ne devons pas craindre de dénoncer le mal et l’injustice où qu’ils soient[30]. » Nous confessons à notre honte que nous avons, sur ce sujet, échoué à partager la passion de Dieu, échoué à incarner l’amour de Dieu, échoué à refléter le caractère de Dieu et échoué à accomplir la volonté de Dieu. Nous renouvelons notre consécration à promouvoir la justice, qui comprend aussi la solidarité et le plaidoyer pour les personnes marginalisées et opprimées. Nous reconnaissons qu’un tel combat contre le mal possède une dimension de guerre spirituelle qui ne peut être livrée autrement que par la victoire de la croix et de la résurrection, dans la puissance de l’Esprit Saint et avec une prière constante.

D) Nous aimons nos prochains comme nous-mêmes. Jésus a appelé ses disciples à obéir à ce commandement qui est le deuxième plus grand commandement de la loi, mais (dans le même chapitre) il a ensuite radicalement approfondi l’ordre d’« aimer l’étranger comme toi-même » en « aimez vos ennemis »[31].

Un tel amour pour le prochain exige que ce soit le cœur même de l’Évangile qui, en obéissance au commandement du Christ et en suivant son exemple, motive les réponses que nous apportons à tous ceux qui nous entourent. Un tel amour du prochain s’étend à ceux qui professent d’autres religions, ainsi qu’à ceux qui nous haïssent, nous calomnient et nous persécutent, voire nous tuent. Jésus nous a appris à répondre au mensonge par la vérité, à ceux qui font le mal par des actes de bonté, de miséricorde et de pardon, à la violence et au meurtre contre ses disciples par le sacrifice de soi, de manière à attirer tout le monde à lui et à briser la chaîne du mal. Nous rejetons énergiquement l’usage de la violence dans la propagation de l’Évangile et nous renonçons à la tentation des représailles et de la vengeance contre ceux qui nous font du tort. Une telle désobéissance est incompatible avec l’exemple et l’enseignement du Christ et du Nouveau Testament[32]. Parallèlement, notre devoir aimant à l’égard de nos prochains qui souffrent exige de nous que nous cherchions la justice en leur nom par un appel approprié aux autorités légales et étatiques qui agissent comme des serviteurs de Dieu en punissant ceux qui font le mal[33].

E) Le monde que nous n’aimons pas. Le monde de la bonne création de Dieu est devenu le monde de la rébellion humaine et satanique contre Dieu. Nous avons reçu le commandement de ne pas aimer ce monde de désirs pécheurs, de cupidité et d’orgueil humain. Nous confessons avec douleur que ce sont exactement ces mêmes marques de mondanité qui défigurent si souvent notre présence chrétienne et contredisent notre témoignage de l’Évangile[34].

Nous renouvelons notre engagement à ne pas flirter avec le monde déchu et ses passions éphémères, mais à aimer le monde entier comme Dieu l’aime. C’est pourquoi nous aimons le monde avec une sainte impatience de voir la rédemption et le renouvellement de toute la création et de toutes les cultures dans le Christ, le rassemblement du peuple de Dieu de toutes les nations jusqu’aux extrémités de la terre, et la fin de toute destruction, pauvreté et inimitié.

8. Nous aimons l’Évangile de Dieu

Disciples de Jésus, nous sommes un peuple de l’Évangile. Le cœur de notre identité est notre passion pour la bonne nouvelle biblique de l’œuvre salvatrice de Dieu par Jésus-Christ. Nous sommes unis par notre expérience de la grâce de Dieu dans l’Évangile et par notre motivation à faire connaître l’Évangile de la grâce jusqu’aux extrémités de la terre, par tous les moyens possibles.

A) Nous aimons la bonne nouvelle dans un monde de mauvaises nouvelles. L’Évangile traite des effets désastreux du péché, des échecs et des besoins humains. Les êtres humains se sont rebellés contre Dieu, ont rejeté l’autorité de Dieu et ont désobéi à sa parole. Dans cet état de péché, nous sommes aliénés de Dieu, ainsi que les uns des autres et de l’ordre créé. Le péché mérite la condamnation de Dieu. Ceux qui refusent de se repentir et « qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus […] auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la présence du Seigneur »[35]. Les effets du péché et de la puissance du mal ont corrompu toutes les dimensions de la personne humaine (spirituelle, physique, intellectuelle et relationnelle). Ils se sont répandus dans la vie culturelle, économique, sociale, politique et religieuse dans toutes les cultures et toutes les générations de l’histoire. Ils ont causé une misère incalculable à l’espèce humaine et des dommages considérables à la création de Dieu. Sur cette sombre toile de fond, l’Évangile biblique brille vraiment comme une très bonne nouvelle.

B) Nous aimons l’histoire que raconte l’Évangile. L’Évangile annonce comme une bonne nouvelle les événements historiques de la vie, la mort et la résurrection de Jésus de Nazareth. Il est le fils de David et le roi messianique promis. En tant que tel, Jésus est le seul par qui Dieu a établi son royaume et agi pour le salut du monde, permettant à toutes les nations de la terre d’être bénies, comme il l’avait promis à Abraham. Paul définit l’Évangile en énonçant : « Le Christ est mort pour nos péchés, conformément aux Écritures ; il a été mis au tombeau, il est ressuscité le troisième jour, comme l’avaient annoncé les Écritures. Il est apparu à Pierre, puis aux Douze. » L’Évangile déclare que, sur la croix du Christ, Dieu a pris sur lui-même, dans la personne de son Fils et à notre place, le châtiment que notre péché mérite. Par le même grand acte salvateur, achevé, justifié et proclamé par la résurrection, Dieu a remporté la victoire décisive sur Satan, la mort et les puissances du mal, nous a libérés de leur emprise et de la peur, et a assuré leur destruction ultime. Dieu a accompli la réconciliation des croyants avec lui-même et les uns avec les autres, transcendant toutes les frontières et inimitiés. Par la croix, Dieu a aussi accompli son dessein de réconciliation ultime de toute la création et, par la résurrection corporelle de Jésus, il nous a donné les prémices de la nouvelle création. « Dieu était en Christ, réconciliant les hommes avec lui-même[36]. » Combien nous aimons l’histoire de l’Évangile !

C) Nous aimons l’assurance qu’apporte l’Évangile. Ce n’est que par la foi dans le Christ seul que nous sommes unis au Christ par l’Esprit Saint et que nous sommes, dans le Christ, déclarés justes devant Dieu. Étant justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu et n’avons plus à affronter la condamnation. Nous recevons le pardon de nos péchés. Nous sommes nés de nouveau à une espérance vivante, en partageant la vie de résurrection du Christ. Nous sommes adoptés comme cohéritiers avec le Christ. Nous devenons citoyens du peuple de l’alliance de Dieu, membres de la famille de Dieu et demeure de Dieu. Ainsi, par la foi dans le Christ, nous avons une pleine assurance du salut et de la vie éternelle, car notre salut ultime ne dépend pas de nous, mais de l’œuvre du Christ et de la promesse de Dieu. « Rien ne pourra nous arracher à l’amour que Dieu nous a témoigné en Jésus-Christ notre Seigneur[37]. » Combien nous aimons la promesse de l’Évangile !

D) Nous aimons la transformation que produit l’Évangile. L’Évangile est la puissance de Dieu qui est à l’œuvre dans le monde pour transformer la vie. « C’est la puissance de Dieu par laquelle il sauve tous ceux qui croient[38]. » La foi est le seul moyen de recevoir les bénédictions et l’assurance de l’Évangile. Cependant, la foi qui sauve ne reste jamais seule, elle est forcément mise en évidence par l’obéissance. L’obéissance chrétienne est « une foi qui se traduit par des actes inspirés par l’amour[39] ». Nous ne sommes pas sauvés par les bonnes œuvres, mais, ayant été sauvés par la seule grâce, nous sommes « créés pour une vie riche d’œuvres bonnes[40] ».

« La foi, si elle ne se manifeste pas par des actes, elle est morte[41]. » Paul a compris que la transformation éthique que produit l’Évangile est l’œuvre de la grâce de Dieu : la grâce qui a réalisé notre salut lors de la première venue du Christ et la grâce qui nous enseigne à vivre conformément à l’éthique en vue de sa deuxième venue[42]. Pour Paul, « obéir à l’Évangile » signifiait à la fois faire confiance à la grâce et se laisser enseigner par la grâce[43]. L’objectif missionnel de Paul était d’amener tous les peuples « à lui obéir en croyant »[44]. Ce langage, qui relève fortement de l’alliance, nous rappelle Abraham. Abraham fit confiance à la promesse de Dieu, cela a été porté à son crédit par Dieu qui l’a déclaré juste. Abraham a ensuite obéi à l’ordre de Dieu comme démonstration de sa foi. « Par la foi, Abraham a obéi[45]. » La repentance et la foi en Jésus-Christ sont les premiers actes d’obéissance auxquels appelle l’Évangile. Une obéissance continuelle aux commandements de Dieu est le style de vie dont l’Évangile de la foi nous rend capables, par l’Esprit Saint qui nous sanctifie[46]. L’obéissance est ainsi la preuve vivante de la foi qui sauve et elle en est le fruit vivant. L’obéissance est également le test de notre amour pour Jésus. « Celui qui m’aime vraiment, c’est celui qui retient mes commandements et les applique[47]. » « Voici comment nous savons que nous connaissons le Christ : c’est parce que nous obéissons à ses commandements[48]. » Combien nous aimons la puissance de l’Évangile !

9. Nous aimons le peuple de Dieu

Le peuple de Dieu est constitué de toutes les personnes de toutes les époques et de toutes les nations que, dans le Christ, Dieu a aimées, choisies, appelées, sauvées et sanctifiées pour être un peuple qui lui appartienne en propre, pour partager la gloire du Christ comme citoyens de la nouvelle création. Faisant donc partie de ceux que Dieu a aimés de toute éternité et tout au long de notre histoire agitée et rebelle, nous avons reçu le commandement de nous aimer les uns les autres. Car « puisque Dieu nous a tant aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres » et par conséquent « suivre l’exemple de [notre] Père » et vivre une vie « dirigée par l’amour, comme cela a été le cas pour le Christ : il nous a aimés et a livré lui-même sa vie à Dieu pour nous ». Un tel amour est la première preuve d’obéissance à l’Évangile, l’expression indispensable de notre soumission à la seigneurie du Christ et un moteur puissant de la mission mondiale[49].

A) L’amour appelle à l’unité. Le commandement que Jésus a donné à ses disciples de s’aimer les uns les autres est lié à la prière qu’il a faite pour qu’ils soient un. Le commandement et la prière sont tous deux missionnels : « à ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples », et « pour que le monde croie que c’est toi [le Père] qui m’as envoyé »[50]. Une caractéristique puissante et convaincante de la vérité de l’Évangile réside dans le fait que les croyants chrétiens sont unis dans l’amour en dépit des barrières que constituent les divisions invétérées du monde : barrières de race, de couleur, d’appartenance sexuelle, de classe sociale, de privilège économique ou d’obédience politique. Par contre, peu de chose détruit autant notre témoignage que le fait que des chrétiens reflètent et amplifient les mêmes divisions entre eux. Nous recherchons de toute urgence un nouveau partenariat mondial au sein du Corps du Christ, reliant tous les continents, enraciné dans un profond amour mutuel, une soumission mutuelle et un partage économique spectaculaire sans paternalisme ni dépendance malsaine. Et nous le recherchons non seulement comme preuve de notre unité dans l’Évangile, mais aussi par amour pour le nom du Christ et pour la mission de Dieu dans le monde entier.

B) L’amour appelle à l’honnêteté. L’amour dit la vérité avec grâce. Personne n’a davantage aimé le peuple de Dieu que les prophètes et Jésus. Cependant nul autre qu’eux ne l’a mis plus honnêtement en face de la vérité de ses échecs, de son idolâtrie et de sa rébellion contre le Seigneur qui avait conclu une alliance avec lui. En agissant ainsi, ils ont appelé le peuple de Dieu à la repentance, pour qu’il puisse être pardonné et restauré en vue de servir la mission de Dieu. La même voix d’amour prophétique doit être entendue aujourd’hui, pour la même raison. Notre amour pour l’Église de Dieu souffre devant la laideur en nous qui défigure tellement le visage de notre cher Seigneur Jésus-Christ et voile sa beauté au monde : ce monde qui a si désespérément besoin d’être attiré à lui.

C) L’amour appelle à la solidarité. S’aimer les uns les autres, c’est en particulier prendre soin de ceux qui sont persécutés et en prison pour leur foi et leur témoignage. Si un membre du corps souffre, tout le corps souffre avec lui. Tous, comme Jean, nous partageons « la détresse, le Royaume et la persévérance dans l’union avec Jésus[51] ». Nous prenons l’engagement de prendre part à la souffrance des membres du corps du Christ dans le monde entier, par des informations, la prière, le plaidoyer et d’autres moyens de soutien. Cependant, nous considérons la part que nous prenons non uniquement comme un exercice de pitié, mais comme une aspiration à apprendre ce que l’Église souffrante peut enseigner et apporter aux parties du corps du Christ qui ne souffrent pas de la même manière. Nous avons été avertis de ce que l’Église qui se complaît dans sa richesse et son autosuffisance peut, comme celle de Laodicée, être l’Église que Jésus considère comme la plus aveugle à sa propre pauvreté et de qui il se sent comme étranger derrière la porte[52].

Jésus appelle tous ses disciples à former ensemble une seule famille parmi les nations, une communauté réconciliée où toutes les barrières de péché sont brisées par la grâce de la réconciliation. Cette Église est une communauté de grâce, d’obéissance et d’amour dans la communion de l’Esprit Saint, où les attributs glorieux de Dieu et les caractéristiques de grâce du Christ se reflètent et où la sagesse multicolore de Dieu est mise en évidence. L’Église qui est l’expression actuelle la plus vive du royaume de Dieu, est la communauté des êtres réconciliés qui ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour le Sauveur qui les a aimés et qui s’est livré lui-même pour eux.

10. Nous aimons la mission de Dieu

Nous avons pris un engagement pour la mission mondiale, parce qu’elle est centrale pour notre compréhension de Dieu, de la Bible, de l’Église, de l’histoire humaine et de l’avenir final. Toute la Bible révèle la mission de Dieu : conduire tout ce qui est au ciel et tout ce qui est sur la terre à être unis sous le gouvernement du Christ, en les réconciliant par le sang de sa croix. En accomplissant sa mission, Dieu transformera la création brisée par le péché et le mal en une nouvelle création où il n’y aura plus ni péché ni malédiction. Dieu accomplira la promesse qu’il avait faite à Abraham de bénir toutes les nations de la terre, grâce à l’Évangile de Jésus, le Messie, la descendance d’Abraham. Le monde fracturé des nations qui sont disséminées par la condamnation de Dieu sera transformé par Dieu en une nouvelle humanité rachetée par le sang du Christ de toute tribu, nation et langue et qui sera rassemblée pour adorer notre Dieu et Sauveur. Dieu détruira le règne de la mort, de la corruption et de la violence quand le Christ reviendra établir son règne éternel de vie, de justice et de paix. Alors Dieu, Emmanuel, habitera avec nous et le royaume du monde deviendra le royaume de notre Seigneur et de son Christ, et il régnera d’éternité en éternité[53].

A) La part que nous prenons à la mission de Dieu. Dieu appelle son peuple à participer à sa mission. L’Église de toutes les nations s’inscrit en continuité avec le peuple de Dieu de l’Ancien Testament, par l’intermédiaire de Jésus le Messie. Avec lui, nous avons été appelés au travers d’Abraham et chargés d’être une bénédiction et une lumière pour les nations. Avec lui, nous devons être façonnés et enseignés, par la loi et les prophètes, pour devenir une communauté de sainteté, de compassion et de justice dans un monde de péché et de souffrance. Nous avons été rachetés par la croix et la résurrection de Jésus-Christ, et nous avons reçu la puissance de l’Esprit Saint pour rendre témoignage de ce que Dieu a fait dans le Christ. L’Église existe pour adorer et glorifier Dieu de toute éternité et pour prendre part à la mission de transformation engagée par Dieu dans le cours de l’histoire. Notre mission dérive entièrement de la mission de Dieu, elle s’adresse à la totalité de la création de Dieu et elle est centrée et enracinée dans la victoire rédemptrice de la croix. Voilà le peuple auquel nous appartenons, dont nous confessons la foi et partageons la mission.

B) L’intégrité de notre mission. La source de toute notre mission est ce que Dieu a fait dans le Christ pour la rédemption du monde entier, comme la Bible le révèle. Notre tâche d’évangélisation consiste à faire connaître cette bonne nouvelle à toutes les nations. Le contexte de toute notre mission est le monde où nous vivons, le monde de péché, de souffrance, d’injustice et de désordre dans la création, où Dieu nous envoie pour aimer et servir pour l’amour du Christ. Toute notre mission doit donc refléter l’intégration de l’évangélisation et l’engagement convaincu dans le monde, les deux étant commandés et insufflés par la totalité de la révélation biblique de l’Évangile de Dieu.

L’évangélisation elle-même est la proclamation du Christ historique et biblique comme Sauveur et Seigneur, ayant pour but de persuader les hommes à venir personnellement à lui pour être réconciliés avec Dieu. […] L’obéissance au Christ, l’intégration à son Église et un service responsable dans le monde sont les conséquences de l’évangélisation. […] Nous affirmons que l’évangélisation et l’engagement sociopolitique font tous deux partie de notre devoir chrétien. Tous les deux sont l’expression nécessaire de notre doctrine de Dieu et de l’homme, de l’amour du prochain et de l’obéissance à Jésus-Christ. […] Le salut dont nous nous réclamons devrait nous transformer totalement dans notre façon d’assumer nos responsabilités personnelles et sociales. La foi sans les œuvres est morte[54].

La mission intégrale est la proclamation et la mise en pratique de l’Évangile. Il ne s’agit pas simplement de faire en même temps de l’évangélisation et de l’action sociale. Au contraire, dans la mission intégrale, notre proclamation a des conséquences sociales parce que nous appelons à l’amour et à la repentance dans tous les domaines de la vie. Et par ailleurs, notre implication sociale a des conséquences d’évangélisation, puisque nous témoignons de la grâce transformatrice de Jésus-Christ. Si nous ignorons le monde, nous trahissons la Parole de Dieu qui nous envoie dans le monde. Si nous ignorons la Parole de Dieu, nous n’avons rien à apporter au monde[55].

Nous affirmons notre engagement à l’exercice intégral et dynamique de toutes les dimensions de la mission à laquelle Dieu appelle son Église.

  • Dieu nous commande de faire connaître à toutes les nations la vérité de la révélation de Dieu et l’Évangile de la grâce salvatrice de Dieu par Jésus-Christ, en appelant tout être humain à la repentance, la foi, le baptême et une vie de disciple obéissant.
  • Dieu nous commande de refléter son propre caractère par une sollicitude pleine de compassion envers ceux qui sont dans le besoin et à démontrer les valeurs et la puissance du royaume de Dieu en luttant pour la justice et la paix et en prenant soin de la création de Dieu.

En réponse à l’amour sans limite de Dieu pour nous dans le Christ et dans un débordement d’amour pour lui, nous nous consacrons à nouveau, avec l’aide de l’Esprit Saint, à obéir en tout point à ce que Dieu commande, dans une humilité faite d’abnégation, dans la joie et avec courage. Nous renouvelons cette alliance avec le Seigneur, le Seigneur que nous aimons parce qu’il nous a aimés le premier.


Deuxième partie

Au monde que nous servons : l’appel à l’action du Cap

I Introduction

Notre alliance avec Dieu unit étroitement amour et obéissance. Dieu se réjouit de voir notre « foi agissante » et notre « amour actif »[56], parce que « Dieu nous a créés pour une vie d’œuvres bonnes qu’il a préparées à l’avance afin que nous les accomplissions[57] ». Nous qui sommes membres de l’Église mondiale de Jésus-Christ, nous avons cherché à écouter la voix de Dieu, transmise par l’Esprit Saint. Nous avons écouté sa voix qui nous parvient de sa Parole écrite, présentée au travers d’exposés inspirés par l’épître aux Éphésiens, et par la voix de son peuple sur toute la face de la Terre. Les six thèmes principaux de notre Congrès servent de cadre pour discerner les difficultés que l’Église du Christ doit affronter dans le monde et nos priorités pour demain. Nous n’entendons pas par là que ces engagements soient les seuls que l’Église doive étudier, ni que les priorités soient partout identiques.

II A Témoigner de la vérité du Christ dans un monde pluraliste et globalisé

1. La personne du Christ et la vérité

Jésus-Christ est la vérité de l’univers. Parce que Jésus est la vérité, la vérité dans le Christ est (i) personnelle tout autant que propositionnelle ; (ii) universelle tout autant que contextuelle ; (iii) finale tout autant qu’actuelle.

A) Nous qui sommes disciples du Christ, nous sommes appelés à être un peuple de vérité.

  • Nous devons vivre la vérité. Vivre la vérité, c’est être le visage de Jésus, par qui la gloire de l’Évangile brille dans le cœur au sein des ténèbres. On verra la vérité sur les visages de ceux qui vivent leur vie pour Jésus, dans la fidélité et l’amour.
  • Nous devons proclamer la vérité. La communication orale de la vérité de l’Évangile reste primordiale dans notre mission. Proclamer la vérité et vivre la vérité ne peuvent être séparés. Il faut joindre le geste à la parole.

B) Nous exhortons les responsables d’Église, pasteurs et évangélistes à prêcher et enseigner la totalité de l’Évangile biblique comme Paul l’a fait, dans toute son étendue cosmique et sa vérité. Nous devons présenter l’Évangile, pas simplement comme une offre de salut personnel ou une réponse aux besoins meilleure que celle que peuvent apporter d’autres dieux, mais comme le plan de Dieu pour l’univers entier dans le Christ. Il arrive que des personnes viennent au Christ pour satisfaire un besoin personnel, mais elles restent avec le Christ quand elles découvrent qu’il est la vérité.

2. Le défi du pluralisme à la vérité

La pluralité culturelle et religieuse est un fait et les chrétiens d’Asie, par exemple, la vivent depuis des siècles. Les différentes religions affirment chacune pour sa part qu’elle est le chemin de la vérité. La plupart cherchent à respecter les revendications de vérité concurrentes de la part d’autres religions et de vivre en paix à leur côté. Cependant, le pluralisme postmoderne et relativiste est différent. Son idéologie ne laisse aucune place à une vérité absolue ou universelle. Tout en tolérant des revendications de vérité, elles ne sont pour elle que des constructions culturelles. (Ce point de vue est logiquement autodestructif en ce qu’il établit comme seule vérité absolue, l’absence de toute vérité absolue.) Un tel pluralisme place la « tolérance » au rang de valeur supérieure et ultime, mais il peut revêtir des formes d’oppression dans les pays où le sécularisme ou l’athéisme agressif gouvernent l’arène publique.

A) Nous aspirons à l’émergence d’un plus grand engagement pour le rude labeur d’une apologétique solide. Cela touche deux niveaux :

  • Nous devons reconnaître, équiper et soutenir dans la prière ceux qui peuvent intervenir, dans l’arène publique, au plus haut niveau intellectuel et public pour apporter une argumentation en faveur de la vérité biblique et la défendre.
  • Nous exhortons les responsables d’Église et les pasteurs à doter tous les croyants du courage et des outils pour mettre, avec une pertinence prophétique, la vérité en lien avec la conversation publique de tous les jours et, ainsi, interpeller tous les aspects de la culture dans laquelle nous vivons.

3. Le lieu de travail confronté à la vérité

La Bible nous montre la vérité de Dieu concernant le travail humain : il fait partie du bon dessein de Dieu dans la création. La Bible place la totalité de notre vie de travail dans la sphère du service, parce que nous servons Dieu selon des appels différents. En revanche, le mensonge d’un « partage entre le sacré et le séculier » est devenu omniprésent dans la pensée et l’action de l’Église. Ce partage nous dit que l’activité religieuse appartient à Dieu, tandis que les autres activités ne lui appartiennent pas. La plupart des chrétiens passent la majeure partie de leur temps dans un travail auquel ils n’attribuent peut-être que peu de valeur spirituelle (le travail soi-disant séculier). Mais Dieu est Seigneur de toute la vie. « Quel que soit votre travail, faites-le de tout votre cœur, et cela par égard pour le Seigneur et non par égard pour des hommes[58] », dit Paul à des esclaves du monde du travail païen.

En dépit des possibilités énormes d’évangélisation et de transformation que présente le monde du travail, où les chrétiens adultes entretiennent la plupart de leurs relations avec des non-chrétiens, peu d’Églises ont la vision d’équiper leurs membres pour qu’ils les saisissent. Nous n’avons pas considéré le travail en lui-même comme ayant une importance intrinsèque et biblique, tout comme nous avons échoué à placer la totalité de la vie sous la seigneurie du Christ.

A) Nous déclarons que ce partage entre le sacré et le séculier est l’un des principaux obstacles à la mobilisation de tout le peuple de Dieu dans la mission de Dieu, et nous en appelons aux chrétiens du monde entier pour qu’ils rejettent cette idée toute faite qui n’est pas biblique et qu’ils résistent à ses effets dommageables. Nous mettons en question la tendance à considérer le service et la mission (tant localement que de façon transculturelle) comme relevant principalement du travail de responsables d’Église et de missionnaires payés par l’Église, qui constituent un faible pourcentage du corps du Christ pris dans son ensemble.

B) Nous encourageons tous les croyants à accepter et à affirmer que tout travail auquel Dieu les a appelés, quel que soit l’endroit, constitue leur propre ministère et mission journaliers. Nous interpellons les pasteurs et les responsables d’Église pour qu’ils soutiennent les personnes engagées dans de tels services – dans la communauté et dans le monde du travail – « pour que ceux qui appartiennent à Dieu soient rendus aptes à accomplir leur service » – dans tous les domaines de leur vie.

C) Nous devons faire des efforts intensifs pour former tout le peuple de Dieu à vivre une vie de disciple couvrant la totalité de la vie, c’est-à-dire vivre, penser, travailler et parler depuis une vision du monde biblique et avec une efficacité missionnelle en tout lieu et en toutes circonstances de la vie et du travail quotidiens.

Les chrétiens dotés de toutes sortes de savoir-faire, commerces, affaires et professions peuvent souvent aller là où ne peuvent aller les implanteurs d’Église et les évangélistes. Ce que font ces « faiseurs de tentes » et hommes d’affaires dans le monde du travail doit être apprécié comme un aspect du ministère des Églises locales.

D) Nous exhortons vivement les responsables d’Église à comprendre la portée stratégique du ministère sur le lieu de travail et à mobiliser, équiper et envoyer les membres de l’Église comme missionnaires dans le monde du travail, à la fois dans leur propre communauté locale et dans des pays qui sont fermés aux formes traditionnelles de témoignage évangélique.

E) Nous exhortons vivement les responsables de mission à intégrer à part entière les « faiseurs de tentes » dans la stratégie missionnelle mondiale.

4. Vérité et médias globalisés

Nous nous engageons à renouveler notre interaction critique et créative avec les médias et la technologie, dans le cadre de la défense de la vérité du Christ dans nos cultures médiatiques. Nous devons le faire comme ambassadeurs de Dieu pour la vérité, la grâce, l’amour, la paix et la justice.

Nous avons relevé les principaux besoins suivants :

A) Une sensibilité aux médias : aider tous et chacun à développer une prise de conscience plus critique vis-à-vis des messages qu’ils reçoivent et de la vision du monde qui les sous-tend. Les médias peuvent être neutres et parfois favorables à l’Évangile. Ils sont cependant utilisés aussi pour la pornographie, la violence et la cupidité. Nous encourageons les pasteurs et les Églises à aborder ces questions ouvertement et à dispenser l’enseignement et les conseils dont les chrétiens ont besoin pour résister à de telles pressions et tentations.

B) Une présence médiatique : favoriser l’essor de communicateurs chrétiens qui soient des modèles authentiques et crédibles, pour les médias d’information générale et les médias de variété, et recommander la poursuite de ces carrières comme un moyen tout à fait louable pour influencer la société au nom du Christ.

C) Ministères dans les médias : développer une approche combinant les médias « traditionnels », « anciens » et « nouveaux » afin de communiquer l’Évangile du Christ de manière créative et interactive dans le contexte d’une vision du monde biblique et holistique.

5. La vérité et les arts dans la mission

Parce que nous portons l’image de Dieu, nous possédons le don de la créativité. L’art, sous ses nombreuses formes, fait partie intégrante de ce que nous faisons en tant qu’êtres humains ; il peut également refléter quelque chose de la beauté et de la vérité de Dieu. Les bons artistes sont des « diseurs de vérité », les arts constituent donc un moyen important pour dire la vérité de l’Évangile. Théâtre, danse, récits, musiques, images visuelles peuvent être des expressions tant de la réalité de notre vie brisée que de l’espoir centré sur l’Évangile qui dit que toutes choses seront renouvelées.

Dans le monde de la mission, les arts sont une ressource inexploitée. Nous encourageons activement une plus grande implication chrétienne dans les arts.

A) Nous avons soif de voir, dans toutes les cultures, l’Église s’engager énergiquement dans les arts comme contexte pour la mission, en :

  • faisant entrer à nouveau les arts dans la vie de la communauté de foi comme composante valable et précieuse de notre appel de disciple ;
  • soutenant ceux qui manifestent des dons artistiques, en particulier nos frères et sœurs dans le Christ, pour qu’ils s’épanouissent dans leur travail ;
  • laissant les arts servir d’environnement favorable où nous pouvons donner de la place à notre prochain et à l’étranger pour apprendre à les connaître ;
  • respectant les différences culturelles et célébrant les expressions artistiques autochtones.

6. La vérité, la science et les technologies émergentes

Ce siècle est universellement reconnu comme le siècle des biotechnologies, en raison de ses avancées dans toutes les technologies émergentes (biotechnologie, bio-informatique, nanotechnologies, réalité virtuelle, intelligence artificielle et robotique). Ces technologies ont des implications profondes pour l’Église et la mission, surtout pour ce qui est de la vérité biblique sur l’essence de l’humanité. Nous devons promouvoir des réponses et une action pratique authentiquement chrétiennes dans la sphère des politiques publiques, pour veiller à ce que ces technologies servent, non à manipuler, déformer et détruire, mais à préserver et mieux accomplir notre humanité, celle d’hommes et de femmes que Dieu a créés à son image. Nous en appelons :

A) aux responsables des Églises locales pour (i) qu’ils encouragent, soutiennent et interrogent les membres de leur communauté qui sont professionnellement impliqués dans la science, la technologie, la santé et les politiques publiques, et (ii) qu’ils présentent aux étudiants chrétiens ayant le souci d’une réflexion théologique le besoin pour les chrétiens de pénétrer aussi ces sphères ;

B) aux centres de formation théologique ou pastorale pour qu’ils abordent ces domaines dans leur programme d’étude, afin que les responsables d’Église et les formateurs théologiques futurs développent une critique chrétienne éclairée à l’égard des nouvelles technologies ;

C) aux théologiens, ainsi qu’aux chrétiens présents dans les secteurs du gouvernement, des affaires, de l’éducation et des techniques, pour qu’ils forment des « groupes de réflexion » ou des partenariats nationaux ou régionaux, pour discuter en profondeur des nouvelles technologies et apporter leur voix à la formation des politiques publiques, une voix biblique et pertinente ;

D) à toutes les communautés chrétiennes locales pour qu’elles fassent preuve de respect envers le caractère unique de la dignité et de l’inviolabilité de la vie humaine, par une prise en charge pratique et holistique qui intègre les aspects physique, émotionnel, relationnel et spirituel de notre humanité créée.

7. La vérité et les sphères publiques

Les sphères étroitement liées du gouvernement, des affaires et de l’éducation ont une grande influence sur les valeurs de chaque nation et, en termes humains, pour définir la liberté de l’Église.

A) Nous encourageons les disciples du Christ à s’engager activement dans ces sphères, tant dans le service public que dans l’entreprise privée, de manière à façonner les valeurs sociétales et à peser sur le débat public. Nous encourageons le soutien aux écoles et aux universités où le Christ a la première place et qui font le choix de l’excellence académique comme de la vérité biblique.

B) La corruption est condamnée par la Bible. Elle mine le développement économique, déforme une prise de décision juste et détruit la cohésion sociale. Aucune nation n’est exempte de corruption. Nous invitons les chrétiens qui sont dans le monde du travail, surtout les jeunes entrepreneurs, à réfléchir de façon créative à la meilleure façon de prendre position contre ce fléau.

C) Nous encourageons les jeunes universitaires chrétiens à envisager une carrière longue à l’université pour (i) enseigner et (ii) élaborer leur enseignement à partir d’une vision biblique du monde, de manière à influencer la sphère de l’enseignement. Nous ne pouvons nous permettre de négliger l’université[59].

II B Établir la paix du Christ dans notre monde divisé et brisé

1. La paix que le Christ a faite

La réconciliation avec Dieu est inséparable de notre réconciliation les uns avec les autres. Le Christ qui est notre paix, a fait la paix par la croix et a prêché la paix au monde divisé entre Juifs et non-Juifs. L’unité du peuple de Dieu est à la fois un fait (« il a instauré l’unité ») et une mission (« efforcez-vous de conserver l’unité que donne l’Esprit, dans la paix qui vous lie les uns aux autres »). La réconciliation ethnique de la nouvelle humanité de Dieu est un modèle du plan de Dieu pour l’intégration de toute la création dans le Christ. Telle est la puissance de l’Évangile selon la promesse faite à Abraham[60].

Nous affirmons avec l’apôtre Paul que, si le peuple juif n’est pas étranger aux alliances et aux promesses de Dieu, contrairement aux non-Juifs, il a encore besoin de la réconciliation avec Dieu par Jésus le Messie. Paul dit qu’il n’y a aucune différence entre le Juif et le non-Juif pour ce qui est du péché ; il n’y a pas non plus de différence pour ce qui est du salut. Ce n’est que dans et par la croix que nous avons les uns et les autres accès à Dieu le Père par un seul Esprit[61].

A) Nous continuons donc à affirmer avec force le besoin que toute l’Église fasse part au peuple juif de la bonne nouvelle de Jésus : Messie, Seigneur et Sauveur. Dans l’esprit de Romains 14-15, nous exhortons les croyants non juifs à accepter, encourager et porter dans la prière les croyants juifs messianiques, dans leur témoignage au sein de leur propre peuple.

La réconciliation avec Dieu et les uns avec les autres est également la base et la motivation qui nous poussent à rechercher la justice que Dieu demande, sans laquelle, dit Dieu, il ne peut y avoir la paix. Pour qu’une réconciliation soit véritable et durable, il faut reconnaître les péchés passés et présents, se repentir devant Dieu, confesser sa faute à ceux qui ont été blessés, rechercher le pardon et le recevoir. Il faut également un engagement de l’Église à chercher la justice ou la réparation, le cas échéant, pour ceux que la violence et l’oppression ont blessés.

B) Nous avons soif de voir, dans le monde entier, l’Église du Christ, c’est- à-dire ceux qui ont été réconciliés avec Dieu, vivre la réconciliation les uns avec les autres et s’engager à la tâche et à la lutte de la pacification biblique au nom du Christ.

2. La paix du Christ dans les conflits ethniques

La diversité ethnique est le don et le plan de Dieu dans la création[62]. Elle a été salie et déformée par le péché et l’orgueil humains, produisant confusion, querelles, violence et guerre entre les nations. Cependant, la diversité ethnique sera préservée dans la nouvelle création, quand des personnes de toutes les nations, de toutes les tribus, de tous les peuples et de toutes les langues seront rassemblées parce qu’elles forment le peuple que Dieu a racheté[63]. Nous confessons que souvent nous ne prenons pas l’identité ethnique au sérieux et ne savons pas l’apprécier comme la Bible le fait dans la création et la rédemption. Nous manquons de respect pour l’identité ethnique des autres et feignons de ne pas voir les profondes blessures qu’un tel manque de respect engendre à la longue.

A) Nous exhortons chaque pasteur et responsable d’Église à enseigner la vérité biblique concernant la diversité ethnique. Nous devons conforter positivement l’identité ethnique de tous les membres de l’Église. Mais nous devons aussi montrer comment notre loyauté ethnique a été entachée par le péché et enseigner aux croyants que toutes nos identités ethniques sont subordonnées à notre identité de rachetés, acquise à la croix, qu’est la nouvelle humanité dans le Christ.

Nous reconnaissons avec douleur et honte la complicité des chrétiens dans certains des contextes de violence et d’oppression ethniques les plus destructeurs, ainsi que le déplorable silence de pans entiers de l’Église quand de tels conflits ont eu lieu. Ces contextes sont malheureusement nombreux : on y trouve les conflits, l’histoire et l’héritage du racisme et de l’esclavage des Noirs ; la Shoah contre les Juifs ; l’apartheid ; « l’épuration ethnique » ; la violence sectaire entre chrétiens ; la décimation des populations autochtones ; les violences inter-religieuses, politiques et ethniques ; la souffrance des Palestiniens ; l’oppression des castes et les génocides tribaux. Les chrétiens qui, par leur action ou leur inaction, brisent encore plus un monde déjà brisé, minent sérieusement notre témoignage pour l’Évangile de la paix. C’est pourquoi :

B) À cause de l’Évangile, nous nous lamentons et nous appelons à la repentance partout où les chrétiens ont participé à la violence, l’injustice et l’oppression ethniques. Nous appelons aussi à la repentance pour les nombreuses fois où les chrétiens ont été complices de tels maux par leur silence, leur apathie ou leur soi-disant neutralité, ou encore en avançant une justification théologique déficiente pour celles-ci.

Si l’Évangile ne s’enracine pas profondément dans le contexte, s’il ne remet pas en question, pour les transformer, les visions du monde et les systèmes d’injustice sous-jacents, alors, quand viendront les jours mauvais, l’allégeance chrétienne sera abandonnée comme un manteau encombrant et les gens se tourneront vers des loyautés et des actions non régénérées. Une évangélisation sans formation de disciples, ou un réveil sans obéissance radicale aux commandements du Christ ne sont pas seulement insuffisants, ils sont dangereux.

Nous attendons le jour où l’Église sera le modèle le plus éclatant de réconciliation ethnique que le monde puisse voir et l’avocat le plus acharné de la résolution de conflits.

Une telle aspiration, enracinée dans l’Évangile, nous appelle à :

C) Embrasser la plénitude de la puissance de réconciliation qui réside dans l’Évangile et à l’enseigner en conséquence. Ceci inclut une compréhension biblique de l’expiation : Jésus n’a pas porté nos péchés sur la croix seulement pour nous réconcilier avec Dieu, mais aussi pour détruire nos inimitiés et nous réconcilier les uns avec les autres.

D) Adopter un style de vie de réconciliation. D’une manière pratique, il est mis en évidence quand les chrétiens :

  1. pardonnent à ceux qui les persécutent, tout en ayant le courage, en prenant leur défense, de mettre en cause l’injustice subie par d’autres ;
  2. apportent leur aide et offrent l’hospitalité à leurs prochains « de l’autre bord » d’un conflit, en prenant l’initiative de franchir les barrières pour chercher la réconciliation ;
  3. continuent de rendre témoignage au Christ dans des contextes violents ; et sont prêts à souffrir, voire à mourir, plutôt que de participer à des actes de destruction ou de vengeance ;
  4. s’engagent, après le conflit, dans le long processus de guérison des blessures infligées, faisant de l’Église un lieu sûr de refuge et de guérison pour tous, y compris les anciens ennemis.

E) Être un phare et porteur d’espoir. Nous rendons ce témoignage :

« Dieu était en Christ, réconciliant les hommes avec lui-même ». Ce n’est qu’au nom du Christ et de la victoire que sont sa croix et sa résurrection, que nous avons l’autorité pour affronter les puissances démoniaques du mal qui aggravent les conflits humains, et que nous avons la puissance pour répandre son amour réconciliateur et sa paix.

3. La paix du Christ et les victimes de la pauvreté et de l’oppression

Le fondement biblique de notre engagement à rechercher la justice et le shalom pour les victimes de l’oppression et de la pauvreté, est résumé dans la partie 7 (C) ci-dessus de la Confession de foi du Cap. Partant de là, nous aspirons à une action plus efficace des chrétiens sur :

L’esclavage et le trafic humain

Aujourd’hui, il y a dans le monde plus de personnes esclaves (environ 27 millions) qu’il n’y en avait quand, il y a 200 ans, Wilberforce a lutté pour l’abolition du commerce transatlantique des esclaves. En Inde seulement, on estime à 15 millions le nombre d’enfants qui sont des travailleurs non rémunérés. Le système des castes opprime ceux qui appartiennent aux castes inférieures et exclut les Dalits. Mais malheureusement, l’Église chrétienne elle-même est, en de nombreux endroits, infectée par les mêmes formes de discrimination. La voix commune de l’Église mondiale doit s’élever pour protester contre ce qui n’est, en fait, que l’un des systèmes d’esclavage les plus vieux du monde. Pourtant, pour qu’un tel plaidoyer mondial ait une quelconque authenticité, l’Église doit rejeter toutes les inégalités et discriminations en son sein.

Les migrations du monde d’aujourd’hui, à une échelle sans précédent, pour toutes sortes de raisons, ont conduit au trafic humain sur tous les continents, à l’esclavage très répandu des femmes et des enfants dans le commerce du sexe, et à la maltraitance des enfants par le travail forcé ou la conscription militaire.

A) Levons-nous, nous l’Église mondiale, pour lutter contre le mal du trafic humain, pour parler et agir prophétiquement et « libérer les prisonniers ». Cette démarche doit nécessairement inclure le traitement des facteurs sociaux, économiques et politiques qui nourrissent ce commerce. Les esclaves du monde en appellent à l’Église mondiale du Christ : « Libérez nos enfants. Libérez nos femmes. Soyez notre voix. Montrez-nous la nouvelle société que Jésus a promise. »

La pauvreté

Nous embrassons le témoignage de la Bible tout entière, qui nous montre le désir de Dieu que prévale partout une justice économique et que s’exprime aussi la compassion personnelle, dans le respect et la générosité à l’égard des personnes pauvres et nécessiteuses. Nous nous réjouissons de ce que cet enseignement, qui est un fil conducteur parcourant toute la Bible, est de plus en plus intégré dans nos stratégies et pratiques missionnaires, comme c’était le cas pour l’Église primitive et l’apôtre Paul[64].

Par conséquent :

A) Saisissons la grande occasion que les Objectifs du Millénaire pour le Développement ont représentée pour l’Église locale et mondiale. Appelons les Églises à plaider en leur faveur après des gouvernements et à participer aux efforts pour les réaliser, comme celui du Défi Michée.

B) Ayons le courage de déclarer que le monde ne peut traiter, et encore moins résoudre, le problème de la pauvreté sans remettre aussi en question l’accumulation excessive de richesse et la recherche avide du profit. L’Évangile remet en question l’idolâtrie du consumérisme effréné. Nous qui servons Dieu et non Mammon, nous sommes appelés à reconnaître que la course aux profits perpétue la pauvreté et à y renoncer. Dans le même temps, nous nous réjouissons de ce que l’Évangile inclut les personnes riches dans son appel à la repentance et les invite à entrer dans la communion des personnes transformées par la grâce qui pardonne.

4. La paix du Christ pour les personnes handicapées

Les personnes handicapées forment l’un des plus grands groupes minoritaires du monde, on estime que leur nombre dépasse 600 millions. La majorité d’entre elles vit dans les pays les moins développés et fait partie des plus pauvres d’entre les pauvres. Bien que la diminution physique ou mentale fasse partie de leur expérience quotidienne, la plupart d’entre elles sont également handicapées par des attitudes sociales, l’injustice et le manque d’accès à des ressources. Prendre en charge les personnes handicapées ne s’arrête pas aux soins médicaux et à l’aide sociale ; il faut lutter à leurs côtés, aux côtés des personnes qui prennent soin d’elles et de leur famille, en faveur de l’inclusion et de l’égalité, tant dans la société que dans l’Église. Dieu nous appelle à une amitié, un respect, un amour et une justice mutuels.

A) Nous les chrétiens du monde entier, levons-nous pour rejeter les stéréotypes culturels, car, comme l’apôtre Paul l’a fait remarquer, « nous ne considérons plus personne d’une manière purement humaine[65] ». Faits à l’image de Dieu, nous avons tous des dons que Dieu peut utiliser à son service. Nous nous engageons non seulement à servir les personnes handicapées, mais aussi à recevoir d’elles le service qu’elles peuvent rendre.

B) Nous encourageons les responsables de l’Église et de la mission à réfléchir non seulement à la mission auprès des personnes handicapées, mais aussi à reconnaître, conforter et faciliter l’appel missionnel des croyants handicapés comme faisant eux aussi partie du Corps du Christ.

C) Nous sommes attristés que tant de personnes handicapées s’entendent dire que leur déficience est due à un péché personnel, un manque de foi ou à l’absence de volonté de guérison. Nous nions que la Bible enseigne ceci comme une vérité universelle[66]. Cet enseignement fallacieux est à la fois indélicat sur le plan pastoral et invalidant sur le plan spirituel ; il vient ajouter aux autres barrières rencontrées par ces personnes, le poids de la culpabilité et il trompe leurs espoirs.

D) Nous prenons l’engagement de faire de nos Églises des lieux d’inclusion et d’égalité pour les personnes handicapées et de nous tenir à leurs côtés pour nous opposer aux préjugés et plaider en faveur de leurs besoins dans la société au sens large.

5. La paix du Christ pour les personnes vivant avec le VIH

Le VIH et le sida constituent une crise majeure dans de nombreuses nations. Des millions de personnes sont infectées du VIH, y compris beaucoup de membres de nos Églises, et des millions d’enfants sont rendus orphelins à cause du sida. Dieu nous appelle à faire preuve de sa compassion et de son amour profonds envers toutes les personnes infectées ou affectées et à faire tous nos efforts pour sauver des vies. Nous croyons que les enseignements et l’exemple de Jésus, ainsi que la puissance de transformation de sa croix et de sa résurrection, sont essentiels à la réponse holistique que l’Évangile apporte au VIH et au sida et dont notre monde a si urgemment besoin.

A) Nous rejetons et dénonçons toute condamnation, hostilité, stigmatisation et discrimination à l’égard des personnes qui vivent avec le VIH et le sida. Ces attitudes sont un péché et une disgrâce au sein du corps du Christ. Nous avons tous péché et sommes tous privés de la glorieuse présence de Dieu; nous avons été sauvés par la seule grâce et nous devrions être lents à juger et prompts à restaurer et pardonner. Nous reconnaissons également avec douleur et compassion que de nombreuses personnes qui ont contracté le VIH et le sida l’ont fait sans avoir rien à se reprocher et souvent en prenant soin des autres.

B) Nous avons soif de voir tous les pasteurs montrer un exemple de chasteté et de fidélité sexuelles, comme l’a ordonné Paul, et enseigner clairement et souvent que le mariage est le lieu exclusif de l’union sexuelle. Cela est nécessaire non seulement parce que c’est un enseignement biblique clair, mais aussi parce que la prévalence de partenaires sexuels multiples en dehors du mariage est un facteur majeur de l’extension rapide du VIH et du sida dans la plupart des pays affectés.

C) Nous qui sommes l’Église mondiale, levons-nous pour ce combat au nom du Christ et dans la puissance de l’Esprit Saint. Tenons-nous aux côtés de nos frères et sœurs dans les zones les plus durement touchées par le VIH et le sida, par un soutien pratique, des soins pleins de compassion (y compris la prise en charge des veuves et des orphelins), le plaidoyer social et politique, des programmes éducatifs (en particulier ceux qui autonomisent les femmes) et par des stratégies de prévention efficace appropriées au contexte local. Nous prenons l’engagement de poursuivre cette action urgente et prophétique qui fait partie de la mission intégrale de l’Église.

6. La paix du Christ pour sa création souffrante

Notre mandat biblique à l’égard de la création de Dieu est présenté dans la section 7 (A) ci-dessus de la Confession de foi du Cap. Tout être humain doit être gérant de l’abondance de richesse de la bonne création de Dieu. Nous sommes autorisés à exercer une domination fidèle à Dieu pour le bien et les besoins de l’humanité, par exemple, par l’agriculture, la pêche, les mines, la fourniture d’énergie, les techniques, la construction, le commerce ou la médecine. Quand nous le faisons, il nous est ordonné de prendre également soin de la terre et de toutes ses créatures parce que la terre ne nous appartient pas, elle appartient à Dieu. Nous agissons ainsi au nom du Seigneur Jésus-Christ qui est celui qui l’a créé, la possède, la soutient et la rachète, et qui est l’héritier de toute la création.

Nous regrettons vivement l’utilisation abusive et la destruction généralisée des ressources de la terre, y compris sa biodiversité. Aujourd’hui, le défi probablement le plus sérieux et urgent auquel est confronté le monde physique est la menace d’un changement climatique. Ce dernier affectera de manière disproportionnée les populations des pays les plus pauvres, parce que c’est là que les extrêmes climatiques seront les plus graves et que la capacité à s’y adapter est la plus faible. Il est indispensable de s’attaquer à la pauvreté mondiale et au changement climatique, ensemble et avec une urgence égale.

Nous encourageons les chrétiens du monde entier à :

A) adopter un style de vie qui renonce aux habitudes de consommation qui sont destructives ou polluantes ;

B) user de moyens légitimes pour persuader les gouvernements de placer les impératifs moraux au-dessus de l’opportunisme politique en ce qui concerne les questions de la destruction de l’environnement et du changement climatique potentiel ;

C) reconnaître et encourager l’appel missionnel à la fois (i) des chrétiens qui s’impliquent dans une utilisation correcte des ressources terrestres pour les besoins et le bien des êtres humains par l’agriculture, l’industrie et la médecine, et (ii) des chrétiens qui plaident et travaillent pour la protection et la restauration des habitats et des espèces terrestres. Les uns comme les autres poursuivent le même but et servent le même Créateur, Dispensateur et Rédempteur.

II C Vivre l’amour du Christ auprès de ceux qui professent d’autres religions

1. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » inclut les personnes qui professent d’autres religions

Au vu des affirmations énoncées dans la section 7 (D) ci-dessus de la Confession de foi du Cap, nous répondons à notre vocation céleste de disciples de Jésus-Christ : voir les personnes qui professent d’autres religions comme nos prochains au sens biblique du terme. Ces personnes sont des êtres humains créés à l’image de Dieu, que Dieu aime et pour les péchés de qui le Christ est mort. Nous faisons notre possible non seulement pour les considérer comme nos prochains, mais aussi pour obéir à l’enseignement du Christ qui nous dit d’être leurs prochains. Nous sommes appelés à être doux, sans être naïfs ; à faire preuve de discernement et ne pas être crédules ; à être attentifs à toutes les menaces qui planent sur nous, mais à ne pas vivre sous l’empire de la peur.

Nous sommes appelés à faire part de la bonne nouvelle, mais pas à nous engager dans un prosélytisme mal venu. L’évangélisation, qui comprend une argumentation rationnelle convaincante à l’instar de ce que pratiquait l’apôtre Paul, est la présentation de l’Évangile « de façon ouverte et impartiale, en laissant les auditeurs libres de se faire leur propre opinion. Nous souhaitons faire preuve de sensibilité vis-à-vis des croyances différentes de la nôtre et nous rejetons toute démarche conduisant à des conversions forcées[67]. Le prosélytisme est, au contraire, une tentative pour forcer autrui à devenir « l’un des nôtres », à « accepter notre religion », voire à « entrer dans notre dénomination ».

A) Nous nous engageons à une éthique scrupuleuse dans toute notre évangélisation. Notre témoignage doit être caractérisé par la douceur et le respect, en veillant à garder une conscience pure[68]. Nous rejetons donc toute forme de témoignage qui serait coercitive, moralement contestable, mensongère ou irrespectueuse.

B) Au nom du Dieu que nous aimons, nous nous repentons de notre manque de volonté pour rechercher l’amitié avec les personnes de confession musulmane, hindoue, bouddhiste ou autre. Animés par l’esprit de Jésus, nous prendrons l’initiative de leur manifester amour, bonne volonté et hospitalité.

C) Au nom du Dieu de vérité, (i) nous refusons de répandre des mensonges et des caricatures sur les autres religions, et (ii) nous dénonçons et refusons l’incitation aux préjugés, à la haine et à la peur racistes véhiculées par les médias populaires et la rhétorique politique.

D) Au nom du Dieu de paix, nous rejetons le chemin de la violence et de la vengeance, même en cas d’attaque violente, dans toutes nos relations avec des personnes qui professent d’autres religions.

E) Nous affirmons qu’il existe une juste place pour le dialogue avec les personnes d’autres religions, tout comme Paul a engagé le débat avec les Juifs et les non-Juifs dans la synagogue et dans l’arène publique. Dans le cadre légitime de notre mission chrétienne, un tel dialogue associe la confiance dans le caractère unique du Christ et dans la vérité de l’Évangile à une écoute respectueuse des autres.

2. L’amour du Christ nous appelle à souffrir et parfois mourir pour l’Évangile

Notre engagement missionnaire comme témoins du Christ peut impliquer la souffrance, comme ce fut le cas pour ses apôtres et pour les prophètes de l’Ancien Testament[69]. Être prêt à souffrir est une épreuve décisive de l’authenticité de notre mission. Dieu peut permettre la souffrance, la persécution et le martyre pour faire avancer sa mission. « Le martyre est une forme de témoignage que le Christ a promis d’honorer particulièrement[70]. » Beaucoup de chrétiens qui vivent dans le confort et la prospérité ont besoin d’entendre à nouveau l’appel du Christ à être prêts à souffrir pour lui. En effet, de nombreux autres croyants vivent au sein de ces souffrances comme prix à payer pour porter témoignage à Jésus-Christ dans une culture religieuse hostile. Ils ont vu martyriser ceux qu’ils aimaient, ou ils ont eux-mêmes subi la torture ou la persécution à cause de leur obéissance fidèle, mais ils continuent d’aimer ceux qui leur ont fait du mal.

A) Nous entendons et nous nous rappelons, dans les larmes et la prière, les témoignages de ceux qui souffrent pour la cause de l’Évangile. Nous prions avec eux pour la grâce et le courage « d’aimer nos ennemis » comme le Christ nous l’a ordonné. Nous prions que l’Évangile porte du fruit dans les endroits qui sont tellement hostiles à ses messagers. Alors que nous pleurons pour ceux qui souffrent, nous nous souvenons de la peine infinie que Dieu ressent pour ceux qui refusent et rejettent son amour, son Évangile et ses serviteurs. Nous avons soif de les voir se repentir, être pardonnés et découvrir la joie de la réconciliation avec Dieu.

3. L’amour en action concrétise et rend hommage à l’Évangile de grâce

« Nous sommes… comme le parfum du Christ[71] ». Nous sommes appelés à vivre et à servir, au milieu de personnes qui professent d’autres religions, d’une manière tellement saturée du parfum de la grâce de Dieu qu’elles sentent l’odeur du Christ, qu’elles parviennent à sentir et goûter que Dieu est bon. Par un tel amour concrétisé, nous rendons attractif l’Évangile dans toutes les cultures et tous les cadres religieux. Quand les chrétiens aiment ceux qui professent d’autres religions, par une vie d’amour et des actes de service, ils concrétisent la grâce transformatrice de Dieu.

Dans des cultures de « l’honneur », où la honte et la vengeance s’allient au légalisme religieux, « la grâce » est un concept étranger. Dans ces contextes, l’amour de Dieu qui est vulnérable et se sacrifie, ne se discute pas ; ce concept est beaucoup trop étranger, voire repoussant. Dans ce cadre, la grâce est un goût qui s’acquiert, à la longue, à petites doses, par ceux qui ont assez faim pour oser y goûter. Le parfum du Christ imprègne progressivement tout ce que touchent ses disciples.

A) Nous avons soif de voir Dieu susciter plus d’hommes et de femmes de grâce qui s’engagent à long terme à vivre, aimer et servir dans les zones difficiles dominées par d’autres religions, pour porter le parfum et le goût de la grâce de Jésus-Christ dans des cultures où il n’est pas bienvenu de le faire, voire dangereux. Il faut pour cela de la patience et de la persévérance, parfois toute la vie, parfois jusqu’à la mort.

4. L’amour respecte la diversité de la vie de disciple

On trouve de soi-disant « témoins de l’intérieur » dans plusieurs religions. Il s’agit de groupes de personnes qui sont maintenant disciples de Jésus comme leur Dieu et leur Sauveur. Ces personnes se réunissent en petits groupes pour la communion, l’enseignement, la louange et la prière autour de Jésus et de la Bible tout en continuant à vivre socialement et culturellement au sein de leur communauté de naissance, y compris pour certains éléments d’observance religieuse. C’est un phénomène complexe et il y a beaucoup de désaccord sur la façon d’y répondre. Certains font l’éloge de tels mouvements. D’autres mettent en garde contre le danger du syncrétisme. Le syncrétisme, cependant, est un danger rencontré partout où les chrétiens expriment leur foi selon leur propre culture.

Nous devrions éviter la tendance, quand nous voyons Dieu à l’œuvre de façon inattendue et déroutante, soit (i) de nous hâter à classer et promouvoir cela comme une nouvelle stratégie missionnaire, soit (ii) de nous hâter à le condamner sans une écoute contextuelle attentive.

A) Dans l’esprit de Barnabas qui, à son arrivée à Antioche, « constata ce que la grâce de Dieu avait accompli », « en fut rempli de joie » et « encouragea tous les croyants à rester fidèles au Seigneur »[72], nous en appelons à tous ceux qui sont concernés par cette question à :

  • prendre comme principe directeur principal la décision et la pratique : « Ne créons pas de difficultés aux païens qui se convertissent à Dieu[73] » ;
  • faire preuve d’humilité, de patience et de bienveillance en reconnaissant la diversité des points de vue et en dirigeant les conversations sans véhémence ni condamnation mutuelle[74].

5. L’amour va vers les populations dispersées

Nous connaissons des mouvements de population sans précédent. La migration est l’une des plus grandes réalités mondiales de notre époque. On estime à 200 millions les personnes qui vivent hors de leur pays d’origine, volontairement ou involontairement. Le terme « diaspora » est utilisé ici pour parler des peuples qui se sont installés hors de leur pays de naissance pour une quelconque raison. (Le mot « diaspora » signifiant « une dispersion » est utilisé pour décrire le mouvement de populations de grande ampleur qui quittent leur patrie pour s’installer de façon permanente ou temporaire dans d’autres pays[75].) Un grand nombre de personnes, issues d’arrière-plans religieux très divers, y compris des chrétiens, vivent en diaspora : migrants économiques à la recherche de travail ; personnes déplacées à l’intérieur de leur pays pour raison de guerre ou de catastrophe naturelle ; réfugiés et demandeurs d’asile ; victimes d’épuration ethnique; personnes fuyant les violences et la persécution religieuses ; personnes souffrant de la famine causée par la sécheresse, les inondations ou la guerre; victimes de la pauvreté rurale se déplaçant vers les villes.

Nous sommes convaincus que les migrations contemporaines entrent dans le dessein missionnel souverain de Dieu, sans pour autant ignorer le mal et la souffrance qu’elles entraînent[76].

A) Nous encourageons les responsables d’Église et de missions à reconnaître et répondre, dans leur planification stratégique, aux ouvertures missionnelles que présentent la migration mondiale et les communautés diasporiques, ainsi qu’à axer leur formation et leurs ressources autour des personnes appelées à travailler dans ce cadre.

B) Nous encourageons les chrétiens des nations d’accueil où existent des communautés immigrantes issues d’autres arrière-plans religieux à porter un témoignage à l’amour du Christ, fût-ce en allant à contre-courant de leur propre culture, en actions et en paroles, en obéissant aux commandements nombreux à aimer l’étranger, défendre la cause de l’immigrant, rendre visite aux prisonniers, pratiquer l’hospitalité, tisser des amitiés, inviter chez eux et fournir de l’aide et des services[77].

C) Nous encourageons les chrétiens qui font eux-mêmes partie de communautés diasporiques à discerner la main de Dieu, même dans des circonstances qu’ils n’ont pas forcément choisies, et à rechercher toutes les occasions que Dieu donne de porter témoignage au Christ dans leur communauté d’accueil et pour en rechercher la prospérité[78]. Là où le pays d’accueil compte des Églises du Christ, nous exhortons les Églises de migrants et les Églises autochtones à se mettre à l’écoute les unes des autres et à apprendre les unes des autres, à lancer des efforts coopératifs pour que toutes les strates de leur nation entendent la proclamation de l’Évangile.

6. L’amour travaille pour la liberté religieuse de tous

Faire respecter les droits humains en défendant la liberté religieuse n’est pas incompatible avec la volonté de suivre le chemin de la croix quand on doit affronter la persécution. Il n’y a aucune contradiction entre être prêt à endurer personnellement la maltraitance ou la perte de ses propres droits pour l’amour du Christ et être engagé dans le plaidoyer et la revendication en faveur de ceux qui sont privés de toute expression parce qu’on viole leurs droits humains. Nous devons également faire la différence entre plaider pour les droits des personnes qui professent d’autres religions et souscrire à leurs croyances comme véritables. Nous pouvons défendre la liberté d’autrui à croire et pratiquer sa religion sans accepter celle-ci comme vraie.

A) Faisons tous nos efforts pour parvenir au but : la liberté religieuse pour tous. Il faut pour ceci plaider auprès des gouvernements au nom de ceux qui sont persécutés : les chrétiens et les personnes qui professent d’autres religions.

B) La Bible nous enseigne à être de bons citoyens, à rechercher la prospérité de la nation dans laquelle nous vivons, à honorer et porter dans la prière ceux qui exercent des fonctions d’autorité, à payer nos impôts, à faire le bien et à chercher à vivre des vies paisibles et tranquilles. Obéissons consciencieusement à l’enseignement biblique. Le chrétien est appelé à se soumettre à l’État, à moins que ce dernier n’ordonne ce que Dieu interdit, ou interdise ce que Dieu ordonne. Si donc l’État nous oblige à choisir entre la loyauté envers lui et notre loyauté plus haute envers Dieu, nous devons dire Non à l’État parce que nous avons dit Oui à Jésus-Christ comme Seigneur[79].

Au cœur de tous nos efforts légitimes en faveur de la liberté religieuse pour tous, le désir le plus profond de notre cœur reste que tous parviennent à la connaissance du Seigneur Jésus-Christ, placent librement leur foi en lui pour être sauvés et entrent dans le royaume de Dieu.

II D Discerner la volonté du Christ pour l’évangélisation du monde

1. Populations non atteintes et non prospectées

Le cœur de Dieu aspire à ce que tous les peuples aient accès à la connaissance de l’amour de Dieu et de son œuvre de salut en Jésus-Christ. Nous reconnaissons avec douleur et honte qu’il y a des milliers de groupes de population dans le monde pour qui un tel accès au témoignage chrétien n’a pas encore été possible. Il s’agit de populations qui sont non atteintes, au sens où il n’existe chez elles aucune Église ou aucun croyant connus[80]. Un grand nombre de ces populations sont également non prospectées, au sens où nous ne connaissons actuellement aucune Église ni aucune organisation qui cherchent même à leur faire part de l’Évangile. En fait, seul un très petit pourcentage des ressources (humaines et matérielles) de l’Église est déployé vers ces populations les moins atteintes. Par définition, il s’agit de populations qui ne nous inviteront pas à leur apporter la bonne nouvelle, parce qu’elles n’en ont aucune connaissance. Pourtant leur présence parmi nous, dans notre monde, 2000 ans après que Jésus nous a donné l’ordre de faire des disciples de toutes les nations, constitue non seulement un reproche pour notre désobéissance, non seulement une forme d’injustice spirituelle, mais aussi un « appel macédonien » silencieux.

Église du monde entier, levons-nous pour relever ce défi et :

A) Repentons-nous de notre aveuglement à la permanence de tant de populations non atteintes dans notre monde et de notre manque de promptitude à partager l’Évangile au milieu d’elles.

B) Renouvelons notre engagement à aller vers ceux qui n’ont pas encore entendu l’Évangile, à nous impliquer à fond dans leur langue et leur culture, à vivre au milieu d’eux l’Évangile au travers d’un amour vécu et d’un service prêt à tous les sacrifices, à transmettre la lumière et la vérité du Seigneur Jésus-Christ en paroles et en actes, les éveillant par la puissance de l’Esprit Saint à la grâce surprenante de Dieu.

C) Visons l’éradication de la pauvreté en ressources bibliques dans le monde, parce que la Bible reste indispensable à l’évangélisation. Pour y parvenir, nous devons :

  • hâter la traduction de la Bible dans les langues des populations qui n’ont encore aucune portion de la Parole de Dieu dans leur langue maternelle,
  • rendre largement disponible le message biblique par des moyens oraux. (Voir aussi le paragraphe sur les cultures orales ci-dessous.)

D) Visons l’éradication de la méconnaissance de la Bible dans l’Église, parce que la Bible reste indispensable pour former les croyants jusqu’à la ressemblance au Christ.

  • Nous avons soif de voir une conviction renouvelée, s’emparer de toute l’Église de Dieu, quant à la nécessité centrale de l’enseignement biblique pour la croissance de l’Église dans le service, l’unité et la maturité[81]. Nous nous réjouissons du don de tous ceux que le Christ a donné à l’Église comme pasteurs et enseignants. Nous ferons tous nos efforts pour les reconnaître, encourager, former et soutenir en prêchant et enseignant la Parole de Dieu. Cependant, nous le ferons tout en rejetant toute espèce de cléricalisme qui restreint le ministère de la Parole de Dieu à quelques professionnels salariés, ou à la prédication formelle depuis la chaire des églises. Il y a de nombreux hommes et femmes qui sont visiblement doués pour enseigner et prendre soin du peuple de Dieu, et qui exercent leur don de façon informelle et sans structure dénominationnelle officielle, mais avec la bénédiction manifeste de l’Esprit de Dieu. Eux aussi ont besoin d’être reconnus, encouragés et équipés comme il le faut pour utiliser la Parole de Dieu.
  • Nous devons promouvoir la familiarité avec le texte biblique parmi une génération qui dépend désormais davantage de la communication numérique que des livres, en encourageant les méthodes numériques d’étude des Écritures de manière inductive avec la même profondeur d’investigation qui exige actuellement papier et crayons.

E) Gardons l’évangélisation au cœur d’une approche pleinement intégrée de toute notre mission, dans la mesure où l’Évangile est en lui-même la source, le contenu et l’autorité de toute mission valable bibliquement. Tout ce que nous faisons devrait être à la fois une concrétisation et une proclamation de l’amour et de la grâce de Dieu et de son œuvre de salut par Jésus-Christ.

2. Cultures orales

La majorité de la population mondiale est constituée d’apprenant oraux, qui ne peuvent ou n’ont pas l’habitude d’apprendre par le moyen de l’écrit. Plus de la moitié d’entre eux font partie des populations non atteintes telles que définies ci-dessus. Parmi ces populations, on estime à 350 millions les personnes qui n’ont pas un seul verset de l’Écriture dans leur langue. Outre les « apprenants oraux primaires », il faut compter les nombreux « apprenants oraux secondaires », c’est-à-dire les personnes qui savent techniquement lire et écrire, mais préfèrent maintenant communiquer oralement, avec la montée de l’apprentissage visuel et la prédominance de l’image dans la communication

En reconnaissant le problème de l’oralité et en agissant :

A) Faisons un plus grand usage des méthodologies orales dans les programmes de formation de disciples, même avec les croyants qui savent lire et écrire.

B) Mettons à disposition la Bible sous format de récit oral, et par priorité dans les langues essentielles des populations non atteintes et non prospectées.

C) Encourageons les organisations missionnaires à mettre au point des stratégies orales, parmi lesquelles : l’enregistrement et la distribution de récits bibliques oraux pour l’évangélisation, la formation de disciples et la formation de responsables. Que ces stratégies soient accompagnées d’une formation appropriée à l’oralité pour les évangélistes pionniers et les implanteurs d’Église ; ceux-ci pourraient utiliser les méthodes fructueuses de communication orale et visuelle pour communiquer l’ensemble du récit biblique du salut, par le biais d’histoires racontées, de danses, des arts, de la poésie, de chants et de saynètes.

D) Encourageons les Églises locales du Sud à s’investir auprès des populations non atteintes de leur région par des méthodes orales spécifiques à leur vision du monde.

E) Encourageons les centres de formation pastorale et théologique à proposer un programme d’étude qui forme les pasteurs et les missionnaires aux méthodologies orales.

3. Des responsables centrés sur le Christ

La croissance rapide de l’Église reste, en beaucoup d’endroits, vulnérable et peu profonde, en raison, en partie, du manque de responsables formés et, en partie, de l’usage par un trop grand nombre d’entre eux de leur position pour exercer une puissance temporelle, asseoir un statut social et s’enrichir personnellement. Ceci provoque la souffrance du peuple de Dieu, le déshonneur du Christ et la sape de la mission de l’Évangile. « La formation de responsables » est la solution prioritaire communément avancée. En effet, les programmes de formation de responsables de tout genre se sont multipliés, mais le problème demeure pour deux raisons probables.

Premièrement, former des responsables pour qu’ils ressemblent au Christ et vivent selon le cœur de Dieu, c’est prendre les choses à l’envers. D’un point de vue biblique, pour commencer, seules les personnes dont les vies ont déjà mis en évidence les qualités fondamentales d’une vie de disciple mûr devraient être nommées à des postes de responsabilité[82]. Si nous sommes aujourd’hui confrontés à un si grand nombre de personnes en position de responsabilité qui n’ont guère été formées à la vie de disciple, nous n’avons alors pas d’autre choix que d’inclure une telle formation de base dans leur formation de responsable. Aujourd’hui, dans l’Église mondiale, le grand nombre de responsables, qui ne sont ni selon le cœur de Dieu ni à l’image du Christ, est sans doute la preuve flagrante de générations entières d’évangélisation réductionniste, de formation de disciples bâclée et de croissance sans profondeur. La réponse à l’échec des dirigeants ne se limite pas à davantage de formation de responsables, elle se trouve plutôt dans une meilleure formation à la vie de disciple. Celui qui dirige doit premièrement être lui-même disciple du Christ.

Deuxièmement, certains programmes de formation de responsables tournent autour d’un ensemble de connaissances, de techniques et de savoir-faire au détriment d’un caractère qui plaise à Dieu. Au contraire, les authentiques responsables chrétiens doivent ressembler au Christ, avoir un cœur de serviteur, être revêtus d’humilité, d’intégrité, de pureté, ignorer la cupidité, baigner dans la prière, dépendre de l’Esprit de Dieu et être remplis d’un profond amour pour les êtres humains. De plus, certains programmes de formation de responsables n’ont pas de formation spécifique à l’un des savoir-faire clés que Paul inclut dans sa liste de qualifications : la capacité à enseigner la Parole de Dieu au peuple de Dieu. Pourtant l’enseignement biblique est le moyen par excellence de la formation de disciple et c’est cela qui manque le plus gravement chez les responsables chrétiens à l’heure actuelle.

A) Nous avons soif de voir s’intensifier les efforts pour former les disciples, par un travail à long terme d’enseignement et d’accompagnement des nouveaux croyants, afin que ceux que Dieu appelle et donne à l’Église comme responsables soient qualifiés selon les critères bibliques de maturité et d’esprit de service.

B) Nous renouvelons notre engagement à prier pour nos dirigeants. Nous avons soif que Dieu multiplie, protège et encourage les responsables qui sont bibliquement fidèles et obéissants. Nous prions que Dieu reprenne, écarte ou conduise à la repentance les responsables qui déshonorent son nom et discréditent l’Évangile. Et nous prions pour que Dieu suscite une nouvelle génération de responsables-serviteurs, formés à la vie de disciple, dont la passion est par-dessus tout de connaître le Christ et de lui ressembler.

C) Ceux d’entre nous qui sont des responsables chrétiens doivent reconnaître leur vulnérabilité et accepter le don qu’est l’obligation de rendre des comptes au sein du Corps du Christ. Nous recommandons la pratique consistant à se soumettre à un groupe auquel nous devons rendre des comptes.

D) Nous encourageons vivement les centres de formation pastorale ou théologique, et tous ceux qui participent aux programmes de formation de responsables, à mettre davantage l’accent sur la formation spirituelle et sur le caractère, en ne se limitant pas à transmettre des connaissances ou noter une performance, et nous nous réjouissons de tout cœur avec ceux qui le font déjà dans le cadre d’un développement complet de « toute la personne » du responsable.

4. Les grandes villes

Les grandes villes sont d’une importance cruciale pour l’avenir de l’humanité et pour la mission mondiale. Aujourd’hui, la moitié de la population mondiale vit dans les grandes villes. C’est dans les grandes villes qu’on trouve quatre types importants de personnes : (i) la prochaine génération de jeunes, (ii) les populations les moins atteintes qui ont migré, (iii) les personnes qui façonnent la culture, (iv) les plus pauvres d’entre les pauvres.

A) Nous discernons la main souveraine de Dieu dans la montée massive de l’urbanisation dont nous sommes témoins, et nous exhortons les responsables d’Église et de mission, dans le monde entier, à réagir à ce fait en accordant une attention stratégique urgente à la mission urbaine. Nous devons aimer nos villes comme Dieu les aime, avec un saint discernement et une compassion semblable à celle du Christ, et nous devons obéir à son commandement : « Recherchez la prospérité de la ville », où que soit cette ville. Nous ferons en sorte d’apprendre les méthodes pertinentes et souples de mission qui répondent aux réalités urbaines.

5. Enfants

Tous les enfants sont menacés. Sur les deux milliards d’enfants dans notre monde, la moitié est menacée par la pauvreté. Et des millions sont aussi menacés par la prospérité : les enfants des pays riches et sûrs ont tout ce qu’il faut pour vivre, mais sans raison de vivre.

Les enfants et les jeunes sont l’Église d’aujourd’hui et pas seulement celle de demain. Les jeunes ont un grand potentiel d’activité en tant qu’agents dans la mission de Dieu. Ils constituent un vivier d’influence largement sous-exploité et doté d’une sensibilité à la voix de Dieu et d’une docilité à y répondre. Nous nous réjouissons du ministère excellent des personnes qui travaillent parmi les jeunes et les enfants, et, étant donné l’ampleur du besoin, nous avons soif de voir ce travail multiplié. Comme nous le voyons dans la Bible, Dieu peut utiliser et il utilise les enfants et les jeunes pour changer les cœurs, par leurs prières, leur perception des choses, leurs paroles, leurs initiatives. Ils constituent une « énergie nouvelle » capable de transformer le monde. Écoutons, au lieu de réprimer leur spiritualité d’enfants dépourvue de nos approches rationalistes d’adultes.

Nous prenons l’engagement de :

A) Prendre les enfants au sérieux, par une recherche biblique et théologique nouvelle qui reflète l’amour et le dessein de Dieu à leur égard et par leur intermédiaire, et en redécouvrant la signification profonde, pour la théologie et la mission, de l’action provocatrice de Jésus qui « prit un petit enfant par la main [et] le plaça au milieu d’eux[83] ».

B) Chercher à répondre aux besoins des enfants du monde entier en formant les adultes et en leur fournissant des ressources, en travaillant, chaque fois que cela est possible, avec la famille et la communauté qui entoure ces enfants, dans la conviction qu’un ministère holistique pour et par la prochaine génération d’enfants et de jeunes est un élément vital de la mission mondiale.

C) Exposer toute maltraitance à l’égard des enfants, s’y opposer et agir, que cette maltraitance soit faite de violence, d’exploitation, d’esclavage, de trafic, de prostitution, de discrimination sexuelle ou ethnique, de ciblage commercial ou de négligence délibérée.

6. Prière

Au cœur de toutes ces priorités, engageons-nous à nouveau à prier. La prière est tout à la fois un appel, un commandement et un don. La prière est la base et la ressource indispensable de tous les éléments de notre mission.

A) Nous prierons de manière unie, précise, persistante et avec une clarté nourrie bibliquement :

  • pour que Dieu envoie des ouvriers dans tous les coins du monde, dans la puissance de son Esprit ;
  • pour que les perdus de tout peuple et en tout lieu soient attirés vers Dieu par son Esprit, grâce à la proclamation de la vérité de l’Évangile et à la démonstration de l’amour et de la puissance du Christ ;
  • pour que la gloire de Dieu soit révélée et que le nom du Christ soit connu et loué grâce au caractère, aux œuvres et aux paroles de son peuple. Nous élèverons la voix pour nos frères et sœurs qui souffrent pour le nom du Christ ;
  • pour que vienne le royaume de Dieu, que la volonté de Dieu soit faite sur la terre comme au ciel, par l’établissement de la justice, une gestion correcte et une sauvegarde de la création et par la bénédiction de la paix de Dieu dans nos communautés.

B) Nous ne cesserons de rendre grâce à Dieu en voyant son œuvre parmi les nations, en attendant le jour où le royaume de ce monde deviendra le royaume de notre Dieu et de son Christ.

II E Appeler l’Église du Christ à revenir à l’humilité, l’intégrité et la simplicité

Marcher est une métaphore biblique de notre façon de vivre et de notre conduite journalière. Sept fois dans la lettre aux Éphésiens, Paul parle de comment les chrétiens devraient, ou ne devraient pas, marcher[84].

1. Marcher d’une manière distinctive : celle de la nouvelle humanité de Dieu[85]

Le peuple Dieu marche soit conformément aux voies du Seigneur, soit conformément à celles d’autres dieux. La Bible montre que le plus grand problème de Dieu n’est pas seulement posé par les nations du monde, mais aussi par le peuple qu’il a créé et appelé à être des canaux de bénédictions pour les nations. Et le plus grand obstacle pour accomplir cette mission est l’idolâtrie qui sévit au sein du peuple de Dieu. Car si nous sommes appelés à conduire toutes les nations à rendre un culte au seul vrai Dieu vivant, nous échouons misérablement quand nous courons nous-mêmes après les faux dieux des peuples qui nous entourent.

Quand il n’y a aucune différence de conduite entre les chrétiens et les non-chrétiens – par exemple dans la pratique de la corruption et de la cupidité, la promiscuité sexuelle, le taux de divorces, le retour aux pratiques religieuses antérieures à la conversion, l’attitude à l’égard des personnes d’autres ethnies, le style de vie consumériste, ou par les préjugés sociaux – alors le monde a raison de se demander si notre christianisme est un tant soit peu différent. Notre message ne paraît pas authentique aux yeux du monde qui l’observe.

A) Nous nous exhortons les uns les autres, nous qui sommes le peuple de Dieu dans toutes les cultures, à admettre l’étendue de notre emprisonnement, conscient ou inconscient, dans les idolâtries de la culture environnante. Nous prions pour un discernement prophétique qui permette de repérer et de dénoncer ces faux dieux et leur présence dans l’Église, ainsi que pour le courage de nous repentir et d’y renoncer au nom et par l’autorité de Jésus, notre Seigneur.

B) Étant donné qu’il n’y a pas de mission biblique sans vécu biblique, nous nous consacrons à nouveau de manière pressante et nous interpellons tous ceux qui professent le nom du Christ à faire de même, à vivre d’une manière radicale distinctive par rapport au monde et se « revêtir de l’homme nouveau, créé conformément à la pensée de Dieu, pour mener la vie juste et sainte que produit la vérité. »

2. Marcher dans l’amour, en rejetant l’idolâtrie d’une sexualité désordonnée[86]

Dans la création, le dessein de Dieu pour le mariage est qu’il repose sur la relation ferme et fidèle entre un homme et une femme ; il est le lieu où ils deviennent une seule chair dans une nouvelle unité sociale distincte de leurs familles de naissance et où ils jouissent de la relation sexuelle, l’expression de cette « seule chair », exclusivement dans les liens du mariage. Cette union sexuelle d’amour au sein du mariage, par laquelle « les deux ne sont plus qu’une seule chair », reflète à la fois la relation du Christ avec l’Église et l’unité des Juifs et des non-Juifs dans la nouvelle humanité[87].

Paul oppose la pureté de l’amour de Dieu avec la laideur de la contre- façon qui se fait passer pour de l’amour dans une sexualité désordonnée et tout ce qui l’accompagne. La sexualité désordonnée sous toutes ses formes, dans toutes les pratiques d’intimité sexuelle avant le mariage ou en-dehors de celui-ci tel qu’il est défini bibliquement, est en désaccord avec la volonté de Dieu et sa bénédiction, exprimées dans la création et la rédemption. La maltraitance et l’idolâtrie qui entourent la sexualité désordonnée contribuent à un déclin social plus étendu, avec les couples et les familles brisées, et engendre des souffrances incalculables de solitude et d’exploitation. Au cœur même de l’Église, c’est un problème grave et une cause tragiquement habituelle de chute chez les responsables.

Nous reconnaissons que nous avons besoin d’une grande humilité et d’une prise de conscience profonde de nos échecs dans ce domaine. Nous avons soif de voir les chrétiens interpeller la culture environnante par une vie conforme aux normes auxquelles la Bible nous appelle.

A) Nous encourageons vivement tous les pasteurs à :

  • faciliter, dans nos Églises, une conversation plus ouverte sur la sexualité, en annonçant positivement la bonne nouvelle du plan de Dieu pour des relations saines et la vie de famille, mais aussi en traitant avec honnêteté pastorale les domaines où les chrétiens participent aux réalités brisées et dysfonctionnelles de la culture environnante ;
  • enseigner clairement les normes de Dieu, mais en le faisant avec la compassion pastorale du Christ pour les pécheurs, reconnaissant combien nous sommes tous vulnérables face à la tentation ou au péché sexuels ;
  • s’efforcer de donner un exemple positif en vivant conformément aux normes bibliques de fidélité sexuelle.

B) Nous qui sommes membres de l’Église, nous nous engageons à :

  • faire tout notre possible dans l’Église et dans la société pour renforcer les mariages fidèles et une vie de famille saine ;
  • reconnaître la présence et la contribution des célibataires, des veufs et veuves ou des personnes sans enfants, pour faire en sorte que l’Église soit une famille dans le Christ, accueillante et encourageante, et leur donner la possibilité d’exercer leurs dons dans tous les aspects du ministère ecclésial ;
  • résister aux multiples formes de sexualité désordonnée dans la culture environnante, y compris la pornographie, l’adultère et la promiscuité ;
  • chercher à comprendre et résoudre les problèmes profonds de l’identité et de l’expérience qui attirent certains à la pratique homosexuelle ; aller vers les homosexuels avec l’amour, la compassion et la justice du Christ, et rejeter et condamner toute forme de haine, verbale ou physique, et de victimisation dont ils font l’objet ;
  • nous rappeler que, par la grâce rédemptrice de Dieu, aucune personne ou situation n’échappe à la possibilité de changement et de restauration.

3. Marcher dans l’humilité, en rejetant l’idolâtrie du pouvoir[88]

Dans notre nature déchue de pécheurs, le pouvoir est souvent exercé pour maltraiter et exploiter autrui. Nous nous vantons, revendiquant une supériorité de sexe, d’appartenance ethnique ou de statut social. Paul réplique à toutes ces marques du culte de l’orgueil et du pouvoir par son exigence que tous ceux qui sont remplis de l’Esprit de Dieu se soumettent les uns aux autres, par respect pour le Christ. Cette soumission mutuelle et cet amour réciproque s’expriment dans le couple, dans la famille et dans les relations socioéconomiques.

A) Nous avons soif de voir tous chrétiens : maris et femmes, parents et enfants, employeurs et employés, vivre l’enseignement biblique de soumission des uns aux autres par respect pour le Christ.

B) Nous encourageons les pasteurs à aider les chrétiens à comprendre, discuter honnêtement et pratiquer la soumission mutuelle que Dieu attend de ses enfants les uns vis-à-vis des autres. Dans un monde de cupidité, de pouvoir et d’abus, Dieu appelle son Église à être le lieu d’une humilité pleine de douceur et d’un amour altruiste entre ses membres.

C) Nous en appelons de façon urgente et plus particulière aux maris pour qu’ils observent l’équilibre de responsabilités présenté par l’enseignement de Paul concernant les maris et les femmes. La soumission mutuelle signifie que la soumission de la femme à son mari est une soumission à un homme dont l’amour et les soins pour elle sont calqués sur l’amour de Jésus-Christ qui se sacrifie pour son Église. Toute forme de maltraitance sur la personne de son partenaire dans le couple – orale, émotionnelle ou physique – est incompatible avec l’amour du Christ, et cela quelle que soit la culture. Nous refusons qu’une quelconque coutume culturelle ou qu’une interprétation biblique dévoyée puisse justifier de battre sa femme. Nous déplorons de rencontrer cela chez des chrétiens pratiquants, y compris des pasteurs et des responsables. Nous n’hésitons pas un instant à le dénoncer comme un péché et à appeler à se repentir d’une telle pratique et à y renoncer.

4. Marcher dans l’intégrité, en rejetant l’idolâtrie du succès[89]

Nous ne pouvons construire le royaume du Dieu de vérité sur une fondation de malhonnêteté. Pourtant, dans notre désir insatiable de « succès » et de « résultats », nous sommes tentés de sacrifier notre intégrité, par des prétentions dévoyées et exagérées équivalentes à des mensonges. En effet, marcher dans la lumière, « c’est tout ce qui est bon, juste et vrai[90] ».

A) Nous en appelons aux responsables d’Église et de mission pour qu’ils résistent à la tentation de ne pas dire toute la vérité quand ils présentent leur travail. Nous ne sommes pas honnêtes quand nous gonflons les statistiques dans nos comptes rendus, ou lorsque nous tordons la vérité par appât du gain. Nous prions pour qu’une vague d’honnêteté déferle, capable de purifier et mettre fin à de telles distorsions, manipulations et exagérations. Nous en appelons à tous ceux qui financent un travail spirituel pour qu’ils n’imposent pas des attentes irréalistes de résultats mesurables et visibles, au-delà des besoins d’une obligation légitime de rendre des comptes. Luttons pour une culture d’intégrité et de transparence totales. Nous choisirons de marcher dans la lumière et la vérité de Dieu, parce que le Seigneur sonde notre cœur et prend plaisir à celui qui est droit[91].

5. Marcher dans la simplicité en rejetant l’idolâtrie du toujours plus[92]

La prédication et l’enseignement, répandus dans le monde entier, de ce que d’aucuns appellent « l’évangile de la prospérité » soulèvent de grandes préoccupations. Nous définissons l’évangile de la prospérité comme l’enseignement qui veut que les croyants aient droit aux bénédictions que sont la santé et la richesse, et qu’ils peuvent obtenir ces bénédictions grâce à une confession de foi positive et à la « loi de la semence » en argent et en biens matériels. L’enseignement de la prospérité est un phénomène qui transcende de nombreuses dénominations sur tous les continents[93].

Nous affirmons la grâce et la puissance miraculeuses de Dieu et nous saluons la croissance des Églises et des services chrétiens qui conduit à exercer une foi pleine d’expectative dans le Dieu vivant et sa puissance surnaturelle. Nous croyons dans la puissance de l’Esprit Saint. Pourtant, nous nions que la puissance miraculeuse de Dieu puisse être considérée comme automatique, ou comme étant à la disposition de techniques humaines, ou qu’il soit possible de la manipuler par les paroles, les actions, les dons, les objets et les rituels humains.

Nous affirmons qu’il existe une vision biblique de la prospérité humaine et que la Bible inclut les biens matériels (tant la santé que la richesse) dans son enseignement concernant la bénédiction de Dieu. Cependant, nous réfutons, parce qu’il n’est pas biblique, l’enseignement qui veut que le bien-être spirituel puisse se mesurer en termes de bien- être matériel, ou que la richesse soit toujours un signe de la bénédiction de Dieu. La Bible montre que la richesse peut être acquise pas l’oppression, la tromperie ou la corruption. Étant donné que la Bible rejette de telles explications simplistes, nous réfutons également que la pauvreté, la maladie ou une mort prématurée soient toujours un signe de la malédiction de Dieu, ou la preuve d’un manque de foi, ou encore le résultat de malédictions humaines.

Nous acceptons qu’il soit bon d’exalter la puissance et la victoire de Dieu. Mais nous croyons que les enseignements de nombre de ceux qui font vigoureusement la promotion de l’évangile de la prospérité déforment gravement la Bible ; que leurs pratiques et leur style de vie sont souvent contestables et peu semblables à ceux du Christ ; qu’ils remplacent habituellement une évangélisation authentique par une recherche de miracles, et l’appel à la repentance par l’appel à donner de l’argent à l’organisation du prédicateur. Nous déplorons que cet enseignement ait sur beaucoup d’Églises des conséquences dommageables sur un plan pastoral, et malsaines d’un point de vue spirituel. C’est avec joie et force que nous soutenons toute initiative qui, au nom du Christ, cherche à apporter la guérison aux malades, ou à délier durablement les liens de la pauvreté et de la souffrance. L’évangile de la prospérité ne propose pas de solution durable à la pauvreté et peut détourner du message et des moyens véritables du salut éternel. C’est pour cela qu’il peut être qualifié sobrement de faux évangile. Nous rejetons donc les excès de l’enseignement de la prospérité comme incompatibles avec un christianisme biblique équilibré.

A) Là où l’évangile de la prospérité est populaire, nous encourageons vivement les responsables d’Église et de mission à tester ses enseignements en accordant une grande attention à l’enseignement et à l’exemple donnés par Jésus-Christ. En particulier, nous devons tous interpréter et enseigner, dans la totalité de leur contexte et avec un juste équilibre, les textes bibliques qui servent habituellement à appuyer l’évangile de la prospérité. Là où l’enseignement de la prospérité est donné dans le contexte de la pauvreté, nous devons le contrer avec une compassion authentique et en agissant pour apporter aux personnes pauvres la justice et une transformation durable. Par-dessus tout, nous devons remplacer l’avantage personnel et la cupidité par l’enseignement biblique sur le sacrifice de soi et les dons généreux qui sont les marques de la vie d’un véritable disciple du Christ. Nous réaffirmons l’appel historique de Lausanne à vivre des styles de vie plus simples.

II F Être partenaires dans le corps du Christ pour l’unité dans la mission

Paul nous enseigne que l’unité chrétienne est la création de Dieu, sur la base de notre réconciliation avec Dieu et les uns avec les autres. Cette double réconciliation a été accomplie par la croix. Quand nous vivons dans l’unité et travaillons en partenariat, nous mettons en évidence la puissance surnaturelle et contre-culturelle de la croix. Mais lorsque nous révélons notre désunion par notre incapacité à travailler ensemble, nous rabaissons notre mission et notre message et nous nions la puissance de la croix.

1. L’unité dans l’Église

Une Église divisée n’a pas de message pour un monde divisé. Notre échec à vivre dans une unité réconciliée est un obstacle majeur à l’authenticité et à l’efficacité en mission.

A) Nous regrettons les séparations et le séparatisme de nos Églises et organisations. Nous aspirons profondément et vivement à ce que les chrétiens cultivent un esprit de grâce et obéissent au commandement de Paul : « Efforcez-vous de conserver l’unité que donne l’Esprit, dans la paix qui vous lie les uns aux autres. »

B) Tout en reconnaissant que notre unité fondamentale est spirituelle, nous avons soif d’une plus grande reconnaissance de la puissance missionnelle qu’apporte une unité terrestre, pratique et visible. Pour le bien de notre mission et de notre témoignage communs, nous exhortons donc les sœurs et frères chrétiens du monde entier à résister à la tentation de diviser le Corps du Christ et à rechercher les chemins de la réconciliation et de l’unité restaurée dans toute la mesure du possible.

2. Partenariat dans la mission mondiale

Le partenariat dans la mission n’est pas seulement une question d’efficacité. Il est une mise en œuvre stratégique et pratique de notre soumission commune à Jésus-Christ comme Seigneur. Nous nous sommes trop souvent engagés dans la mission d’une manière qui préserve et donne la priorité à notre identité propre (identité ethnique, dénominationnelle, théologique, etc.) et nous n’avons pas réussi à soumettre nos passions et nos préférences à notre seul Seigneur et Maître. La suprématie et la centralité du Christ dans notre mission doivent être plus qu’une confession de foi, elles doivent également diriger nos stratégies, notre pratique et notre unité.

Nous nous réjouissons de la croissance et de la force des mouvements missionnaires émergents dans le monde majoritaire et de la fin de l’ancien schéma « de l’Ouest au Reste ». Mais nous n’acceptons pas l’idée que le témoin de la responsabilité missionnaire soit passé d’une partie de l’Église mondiale à une autre. Il ne rime à rien de rejeter le triomphalisme passé de l’Ouest, si c’est pour transférer le même esprit impie en Asie, en Afrique ou en Amérique latine. Aucun groupe ethnique, aucune nation, ni aucun continent ne peut revendiquer le privilège exclusif d’être celui qui achèvera le Mandat missionnaire. Dieu seul est souverain.

A) Nous, responsables d’Église et de mission dans tous les coins du monde, appelés à nous reconnaître et nous accepter mutuellement, prenons position ensemble à égalité pour contribuer ensemble à la mission mondiale. Soumis au Christ, mettons de côté la suspicion, la rivalité et l’orgueil, et soyons prêts à apprendre auprès de ceux dont Dieu se sert, même lorsqu’ils ne sont pas de notre continent, ni n’appartiennent à notre théologie particulière, notre organisation ou notre cercle d’amis.

B) Le partenariat est plus qu’une question d’argent, et l’injection mal avisée d’argent corrompt et divise fréquemment l’Église. Prouvons une fois pour toutes que l’Église n’opère pas selon le principe qui veut que ceux qui ont le plus d’argent ont tout le pouvoir de décision. N’imposons plus les noms, slogans, programmes, systèmes et méthodes que nous préférons aux autres parties de l’Église. Travaillons au contraire à une véritable mutualité entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, à une inter- dépendance dans le donner et le recevoir, au respect et à la dignité qui caractérisent des amis véritables et de vrais partenaires dans la mission.

3. Hommes et femmes en partenariat

Les Écritures affirment que Dieu a créé les hommes et les femmes à son image et qu’il leur a confié conjointement la domination sur la terre. Le péché est entré dans la vie et l’histoire de l’humanité par l’action conjointe de rébellion de l’homme et de la femme contre Dieu. Par la croix du Christ, Dieu a accordé le salut, l’acceptation et l’unité tant aux hommes qu’aux femmes. Lors de la Pentecôte, Dieu a déversé son Esprit de prophétie sur toute chair, les fils comme les filles. Les femmes et les hommes sont ainsi égaux sur les plans de la création, du péché, du salut et de l’Esprit[94].

Nous tous, femmes et hommes, mariés et célibataires, sommes responsables d’utiliser les dons de Dieu pour le bien des autres, comme gérants de la grâce de Dieu et pour la louange et la gloire du Christ. Nous avons par conséquent tous aussi la responsabilité de permettre à tout le peuple de Dieu d’exercer tous les dons que Dieu lui a donnés dans tous les domaines de service où Dieu appelle l’Église[95]. Nous ne devrions donc pas, en méprisant le ministère de qui que ce soit, empêcher l’Esprit de nous éclairer[96]. Plus encore, nous sommes décidés à considérer le ministère au sein du Corps du Christ comme un don et une responsabilité par lesquels nous sommes appelés à servir et non comme un statut et un droit que nous revendiquons.

A) Nous défendons la position historique du Mouvement de Lausanne : « Nous affirmons que les dons de l’Esprit sont accordés à tout le peuple de Dieu, aux femmes comme aux hommes, et qu’il faut encourager la collaboration de tous dans l’œuvre d’évangélisation, pour le bien commun[97]. » Nous reconnaissons la contribution énorme et coûteuse des femmes à la mission mondiale, au service des hommes comme des femmes, depuis les temps bibliques jusqu’à aujourd’hui.

B) Nous reconnaissons que chez ceux qui cherchent sincèrement la fidélité et l’obéissance aux Écritures, il existe des points de vue différents. Certains interprètent l’enseignement apostolique comme donnant à entendre que les femmes ne devraient ni enseigner ni prêcher, ou qu’elles peuvent le faire mais non en exerçant seules une autorité sur les hommes. D’autres interprètent l’égalité spirituelle des femmes, l’exercice d’exhortation qu’est le don de prophétie par les femmes dans l’Église néotestamentaire et le fait qu’elles accueillaient les Églises chez elles, comme signifiant seulement que des dons spirituels de direction et d’enseignement peuvent être reçus et exercés tant par les femmes que par les hommes[98]. Nous appelons les tenants des deux côtés de la discussion à :

  • s’accepter mutuellement sans condamnation liée aux sujets de contestation, car si nous pouvons être en désaccord, ce n’est pas une raison pour nous diviser, pour prononcer des paroles destructrices, ou pour manifester les uns à l’égard des autres une hostilité qui déplaît à Dieu[99] ;
  • étudier soigneusement ensemble les Écritures, en tenant compte, comme il se doit, du contexte et de la culture des auteurs originaux et de leurs lecteurs contemporains ;
  • reconnaître que nous devons faire preuve de compassion là où il y a une souffrance véritable ; nous élever contre l’injustice et le manque d’intégrité là où ils se présentent; et nous repentir là où il y a une résistance à l’œuvre manifeste de l’Esprit Saint chez une sœur ou un frère quels qu’ils soient ;
  • nous engager à vivre un modèle de service, au masculin comme au féminin, qui reflète le caractère de serviteur de Jésus-Christ, sans un désir effréné et charnel de puissance et de statut social.

C) Nous encourageons les Églises à reconnaître les femmes selon le cœur de Dieu qui enseignent et vivent ce qui est bon, comme Paul l’a ordonné[100], et à ouvrir plus grand les portes permettant aux femmes d’entrer dans le monde de l’éducation, du service et de la direction, surtout dans des contextes où l’Évangile bouleverse les traditions culturelles injustes. Nous attendons avec impatience le jour où les femmes ne seront pas empêchées d’exercer les dons de Dieu ni de suivre l’appel de Dieu sur leur vie.

4. Enseignement théologique et mission

Le Nouveau Testament présente un partenariat étroit entre le travail d’évangélisation et d’implantation d’Églises (p. ex. celui de l’apôtre Paul) et le travail d’enseignement des Églises (p. ex. celui de Timothée et d’Apollos). Les deux tâches relèvent du Mandat missionnaire, où Jésus décrit la formation de disciples en termes d’évangélisation (ce qui précède « baptisez-les ») et d’enseignement : « apprenez-leur à obéir à tout ce que je vous ai prescrit. » Au-delà de l’évangélisation, l’enseignement théologique fait partie de la mission[101].

La mission de l’Église sur la terre est de servir la mission de Dieu, et la mission de l’enseignement théologique est de renforcer et d’accompagner la mission de l’Église. La première raison d’être de l’enseignement théologique est la formation de ceux qui dirigent l’Église en qualité de pasteurs et enseignants, il les équipe pour enseigner la vérité de la Parole de Dieu avec fidélité, pertinence et clarté ; sa deuxième raison d’être est d’équiper tout le peuple de Dieu en vue de la tâche missionnelle consistant à comprendre la vérité de Dieu et la communiquer avec pertinence dans tous les contextes culturels. L’enseignement théologique s’investit dans le combat spirituel parce que, grâce à lui, « nous renversons les faux raisonnements ainsi que tout ce qui se dresse prétentieusement contre la connaissance de Dieu, et nous faisons prisonnière toute pensée pour l’amener à obéir au Christ[102]. »

A) Ceux d’entre nous qui sont responsables d’Église ou d’organisation missionnaire doivent reconnaître que l’enseignement théologique est intrinsèquement missionnel. Ceux d’entre nous qui dispensent un enseignement théologique doivent veiller à ce qu’il soit intentionnellement missionnel, puisque sa place dans les sphères académiques n’est pas une fin en elle-même, mais sert la mission de l’Église dans le monde.

B) L’enseignement théologique va main dans la main avec toutes les formes d’engagement missionnel. Nous encouragerons et soutiendrons tous ceux qui dispensent un enseignement théologique fidèle aux Écritures, que cet enseignement soit formel ou informel, et qu’il soit dispensé à un niveau local, national, régional ou international.

C) Nous exhortons vivement tous les centres et programmes d’enseignement théologique à faire un « audit missionnel » de leurs programmes éducatifs, structures et système de valeurs de manière à ce que ceux-ci servent véritablement aux besoins et aux ouvertures que rencontrent les Églises au sein de leur culture.

D) Nous avons soif de voir tous ceux qui implantent des Églises et tous ceux qui apportent un enseignement théologique placer la Bible au centre de leurs partenariats, non seulement dans leurs déclarations doctrinales, mais dans la pratique. Les évangélistes doivent utiliser la Bible comme la source suprême du contenu et de l’autorité de leur message. Les enseignants en théologie doivent recentrer l’étude de la Bible comme une discipline fondamentale de la théologie chrétienne, qui intègre et pénètre tous les autres champs d’étude et d’application. Par-dessus tout, l’enseignement théologique doit servir à équiper les pasteurs et enseignants pour exercer leur responsabilité principale, à savoir la prédication et l’enseignement de la Bible[103].

Conclusion

Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même. L’Esprit de Dieu était au Cap, appelant l’Église du Christ à être, auprès du monde, l’ambassadeur de l’amour de Dieu qui réconcilie. Dieu a honoré la promesse de sa Parole alors que son peuple s’était rassemblé au nom du Christ, car le Seigneur Jésus-Christ lui-même a habité parmi nous et marché au milieu de nous[104].

Nous avons cherché à écouter la voix du Seigneur Jésus-Christ. Et, dans sa grâce et par son Esprit Saint, le Christ a parlé à son peuple à l’écoute. Par les nombreuses voix des exposés bibliques, des discours de plénière et des discussions de groupe, deux thèmes ont été répétés et entendus :

  • le besoin d’une vie radicale de disciples obéissants, conduisant à la maturité, en vue d’une croissance tant en profondeur qu’en nombre ;
  • le besoin d’une réconciliation radicale centrée sur la croix, conduisant à l’unité, en vue d’une croissance tant dans l’amour que dans la foi et l’espérance.

La vie de disciple et la réconciliation sont indispensables à notre mission. Nous déplorons le scandale de notre superficialité et de nos carences en tant que disciples, ainsi que le scandale de notre désunion et de notre manque l’amour. En effet, tous deux nuisent au témoignage que nous rendons à l’Évangile.

Nous discernons la voix du Seigneur Jésus-Christ dans ces deux interpellations parce qu’elles correspondent à deux paroles des plus énergiques que le Christ adresse à l’Église dans les évangiles. Dans l’évangile selon Matthieu, Jésus fixe notre mandat principal : faire des disciples parmi tous les peuples. Dans l’évangile selon Jean, Jésus fixe notre méthode principale : nous aimer les uns les autres afin que le monde sache que nous sommes disciples de Jésus. Nous ne devrions pas être surpris, mais plutôt nous réjouir, d’entendre la voix du Maître redire les mêmes choses, 2 000 ans plus tard, à son peuple rassemblé du monde entier. Faites des disciples. Aimez-vous les uns les autres.

Faites des disciples

La mission biblique exige que ceux qui se réclament du nom du Christ lui ressemblent en portant leur croix, renonçant à eux-mêmes et le suivant sur les chemins de l’humilité, de l’amour, de l’intégrité, de la générosité et du service. Échouer dans la vie de disciple et dans la formation de disciples, c’est échouer au niveau le plus fondamental de notre mission. L’appel du Christ à son Église nous parvient à nouveau, s’élevant des pages des évangiles : « Viens, suis-moi » ; « Allez, faites des disciples ».

Aimez-vous les uns les autres

À trois reprises, Jésus a répété : « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres. Oui, comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres[105]. » À trois reprises Jésus a prié son Père :

« Je te demande qu’ils soient tous un[106]. » Tant le commandement que la prière sont missionnels. « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres. » « Qu’ils soient parfaitement un et qu’ainsi le monde puisse reconnaître que c’est toi qui m’as envoyé ». Jésus ne pouvait insister davantage sur ce point.

L’évangélisation du monde et la reconnaissance de la divinité du Christ sont facilitées ou entravées selon que nous lui obéissons ou non, en pratique. L’appel du Christ et de ses apôtres revient à nouveau jusqu’à nous : « Aimez-vous les uns les autres » ; « efforcez-vous de conserver l’unité que donne l’Esprit, dans la paix qui vous lie les uns aux autres »[107]. C’est pour le bien de la mission de Dieu que nous renouvelons notre engagement à obéir à ce « message que vous avez entendu dès le commencement »[108]. Quand les chrétiens vivront dans l’unité d’amour, née de la réconciliation par la puissance de l’Esprit Saint, le monde parviendra à la connaissance de Jésus, dont nous sommes les disciples, et à la connaissance du Père qui l’a envoyé[109].

Au nom de Dieu le Père, le Fils et l’Esprit Saint, et sur le seul fondement de la foi dans la miséricorde infinie et la grâce salvatrice de Dieu, nous soupirons et prions instamment, attendant une réformation de la vie de disciples selon la Bible et une révolution d’amour, un amour semblable à celui du Christ.

Nous en faisons notre prière et nous l’entreprenons comme notre engagement en l’honneur du Seigneur que nous aimons et pour le bien du monde que nous servons en son nom.

Notes de fin

  1. Galates 5.6 ; Jean 14.21 ; 1 Jean 4.9, 19.
  2. Matthieu 22.37-40 ; Romains 13.8-10 ; Galates 5.22 ; 1 Pierre 1.22 ; 1 Jean 2.14 ; 4.7-21 ; Jean 13.34-35 ; Jean 1.18 ; 4.12 ; 1 Thessaloniciens 1.3 ; 1 Corinthiens 13.8, 13.
  3. Deutéronome 7.7-9 ; Osée 2.19-20 ; 11.1 ; Psaumes 103 ; 145.9, 13, 17 ; Galates 2.20 ;Deutéronome 10.12-19.
  4. Deutéronome 6.4-5 ; Matthieu 22.37 ; Lévitique 19.18, 34 ; Matthieu 5.43-45 ; Jean15.12 ; Éphésiens 4.32 ; Jean 3.16-17.
  5. Romains 5.5 ; 2 Corinthiens 5.14 ; Apocalypse 2.4.
  6. Deutéronome 4.35, 39 ; Psaumes 33.6-9 ; Jérémie 10.10-12 ; Deutéronome 10.14 ; Ésaïe 40.22-24 ; Psaumes 33.10-11 ; 13-15 ; 96.10-13 ; 36.6 ; Ésaïe 45.22.
  7. Deutéronome 4 et 6.
  8. John Stott, The Message of Romans, The Bible Speaks Today (Leicester and Downers Grove : Intervarsity Press) ; 1994 (traduction libre).
  9. Psaumes 138.2
  10. Jean 14.6 ; Romains 8.14-15 ; Matthieu 6.9 ; Jean 14.21-23.
  11. Deutéronome 32.6, 18 ; 1.31 ; 8.5 ; Ésaïe 1.2 ; Malachie 1.6 ; Jérémie 3.4, 19 ; 31.9 ;Osée 11.2 ; Psaumes 103.13 ; Ésaïe 63.16 ; 64.8-9.
  12. Jean 3.16 ; 1 Jean 3.1 ; Romains 8.32 ; Hébreux 9.14 ; Galates 2.20 ; 1.4-5.
  13. Matthieu 5.9, 16, 43-48 ; 6.4, 6, 14-15, 18, 25-32 ; 7.21-23.
  14. Jean 1.3 ; 1 Corinthiens 8.4-6 ; Hébreux 1.2 ; Colossiens 1.15-17 ; Psaumes 110.1 ; Marc 14.61-64 ; Éphésiens 1.20-23 ; Apocalypse 1.5 ; 3.14 ; 5.9-10 ; Romains 2.16 ; 2 Thessaloniciens 1.5-10 ; 2 Corinthiens 5.10 ; Romains 14.9-12 ; Matthieu 1.21 ; Luc 2.30 ; Actes 4.12 ; 15.11 ; Romains 10.9 ; Tite 2.13 ; Hébreux 2.10 ; 5.9 ; 7.25 ; Apocalypse 7.10.
  15. Luc 6.46 ; 1 Jean 2.3-6 ; Matthieu 7.21-23.
  16. Matthieu 16.16 ; Jean 20.28 ; 1 Pierre 1.8 ; 1 Jean 3.1-3 ; Actes 4.12.
  17. Genèse 1.1-2 ; Psaumes 104.27-30 ; Job 33.4 ; Exode 35.30-36.1 ; Juges 3.10 ; 6.34 ;13.25 ; Nombres 11.16-17, 29 ; Ésaïe 63.11-14 ; 2 Pierre 1.20-21 ; Michée 3.8 ; Néhé-mie 9.20, 30 ; Zacharie 7.7-12 ; Ésaïe 11.1-5 ; 42.1-7 ; 61.1-3 ; 32.15-18 ; Ézéchiel36.25-27 ; 37.1-14 ; Joël 2.28-32.
  18. Actes 2 ; Galates 5.22-23 ; 1 Pierre 1.2 ; Éphésiens 4.3-6, 11-12 ; Romains 12.3-8 ; 1 Corinthiens 12.4-11 ; 14.1 ; Jean 20.21-22 ; 14.16-17, 25-26 ; 16.12-15 ; Romains 8.26-27 ; Éphésiens 6.10-18 ; Jean 4.23-24 ; 1 Corinthiens 12.3 ; 14.13-17 ; Matthieu 10.17-20 ; Luc 21.15.
  19. Psaumes 119.47, 97 ; 2 Timothée 3.16-17 ; 2 Pierre 1.21.
  20. Deutéronome 30.14 ; Matthieu 7.21-27 ; Luc 6.46 ; Jacques 1.22-24.
  21. Manifeste de Manille, paragraphe 7 ; Tite 2.9-10.
  22. Psaumes 145.9, 13, 17 ; Psaumes 104.27-30 ; Psaumes 50.6 ; Marc 16.15 ; Colossiens1.23 ; Matthieu 28.17-20 ; Habaquq 2.14.
  23. Psaumes 24.1 ; Deutéronome 10.14.
  24. Colossiens 1.15-20 ; Hébreux 1.2-3.
  25. Actes 17.26 ; Deutéronome 32.8 ; Genèse 10.31-32 ; 12.3 ; Apocalypse 7.9-10 ; 21.24-27.
  26. Actes 10.35 ; 14.17 ; 17.27.
  27. Psaumes 145.9, 13, 17 ; 147.7-9 ; Deutéronome 10.17-18.
  28. Genèse 18.19 ; Exode 23.6-9 ; Deutéronome 16.18-20 ; Job 29.7-17 ; Psaumes 72.4, 12-14 ; 82 ; Proverbes 31.4-9 ; Jérémie 22.1-3 ; Daniel 4.27.
  29. Exode 22.21-27 ; Lévitique 19.33-34 ; Deutéronome 10.18-19 ; 15.7-11 ; Ésaïe 1.16-17 ; 58.6-9 ; Amos 5.11-15, 21-24 ; Psaumes 112 ; Job 31.13-23 ; Proverbes 14.31 ;19.17 ; 29.7 ; Matthieu 25.31-46 ; Luc 14.12-14 ; Galates 2.10 ; 2 Corinthiens 8 à 9 ; Romains 15.25-27 ; 1 Timothée 6.17-19 ; Jacques 1.27 ; 2.14-17 ; 1 Jean 3.16-18.
  30. La Déclaration de Lausanne, Section 5.
  31. Lévitique 19.34 ; Matthieu 5.43-44.
  32. Matthieu 5.38-39 ; Luc 6.27-29 ; 23.34 ; Romains 12.17-21 ; 1 Pierre 3.18-23 ; 4.12-16.
  33. Romains 13.4.
  34. 1 Jean 2.15-17.
  35. Genèse 3 ; 2 Thessaloniciens 1.9.
  36. Marc 1.1, 14-15 ; Romains 1.1-4.4 ; 1 Corinthiens 15.3-5 ; 1 Pierre 2.24 ; Colossiens 2.15 ; Hébreux 2.14-15 ; Éphésiens 2.14-18 ; Colossiens 1.20 ; 2 Corinthiens 5.19.
  37. Romains 4 ; Philippiens 3.1-11 ; Romains 5.1-2 ; 8.1-4 ; Éphésiens 1.7 ; Colossiens 1.13-14 ; 1 Pierre 1.3 ; Galates 3.26-4.7 ; Éphésiens 2.19-22 ; Jean 20.30-31 ; 1 Jean 5.12-13 ; Romains 8.31-39.
  38. Romains 1.16.
  39. Galates 5.6.
  40. Éphésiens 2.10.
  41. Jacques 2.17.
  42. Tite 2.11-14.
  43. Romains 15.18-19 ; 16.19 ; 2 Corinthiens 9.13.
  44. Romains 1.5 ; 16.26.
  45. Genèse 15.6 ; Galates 6.6-9 ; Hébreux 11.8 ; Genèse 22.15-18 ; Jacques 2.20-24.
  46. Romains 8.4.
  47. Jean 14.21.
  48. 1 Jean 2.3.
  49. 2 Thessaloniciens 2.13-14 ; 1 Jean 4.11 ; Éphésiens 5.2 ; 1 Thessaloniciens 1.3 ; 4.9- 10 ; Jean 13.35.
  50. Jean 13.34-35 ; 17.21.
  51. Hébreux 13.1-3 ; 1 Corinthiens 12.26 ; Apocalypse 1.19.
  52. Apocalypse 3.17-20.
  53. Éphésiens 1.9-10 ; Colossiens 1.20 ; Genèse 1 à 12 ; Apocalypse 21 à 22
  54. La Déclaration de Lausanne, Sections 4 et 5.
  55. Déclaration Michée sur la mission intégrale
  56. 1 Thessaloniciens 1.3.
  57. Éphésiens 2.10.
  58. Colossiens 3.23.
  59. « L’université est le point d’appui tout désigné pour changer le monde. L’Église ne peut rendre de plus grand service à elle-même comme à la cause de l’Évangile qu’en essayant de reconquérir les universités pour le Christ. Plus que par tout autre moyen, si vous changez l’université, vous changerez le monde. » Charles Habib Malik, ancien président de l’Assemblée générale des Nations Unions, dans ses Allocutions pascales de 1981, A Christian Critique of the University [Une critique chrétienne de l’université].
  60. Éphésiens 1.10 ; 2.1-16 ; 3.6 ; Galates 3.6-8. Voir aussi la partie IIF qui traite des questions d’unité et de partenariat dans l’Église.
  61. Éphésiens 2.11-22 ; Romains 3.23 ; 10.12-13 ; Éphésiens 2.18.
  62. Deutéronome 32.8 ; Actes 17.26.
  63. Apocalypse 7.9 ; 21.3, où le texte dit « ils seront ses peuples » (pluriel).
  64. Actes 4.32-37 ; Galates 2.9-10 ; Romains 15.23-29 ; 2 Corinthiens 8 à 9.
  65. 2 Corinthiens 5.16.
  66. Jean 9.1-3.
  67. Manifeste de Manille, Section 12.
  68. 1 Pierre 3.15-16, comparez avec Actes 19.37.
  69. 2 Corinthiens 12.9-10 ; 4.7-10.
  70. Manifeste de Manille, Section 12.
  71. 2 Corinthiens 2.15.
  72. Actes 11.20-24.
  73. Actes 15.19.
  74. Romains 14.1-3.
  75. Lausanne Occasional Paper no 55.
  76. Genèse 50.20.
  77. Lévitique 19.33-34 ; Deutéronome 24.17 ; Ruth 2 ; Job 29.16 ; Matthieu 25.35-36 ; Luc 10.25-37 ; 14.12-14 ; Romains 12.13 ; Hébreux 13.2-3 ; 1 Pierre 4.9.
  78. Jérémie 29.7.
  79. Jérémie 29.7 ; 1 Pierre 2.13-17 ; 1 Timothée 2.1-2 ; Romains 13.1-7 ; Exode 1.15-21 ;Daniel 6 ; Actes 3.19-20 ; 5.29.
  80. On estime que leur nombre pourrait atteindre 25 % de la population mondiale.
  81. Éphésiens 4.11-12.
  82. 1 Timothée 3.1-13 ; Tite 1.6-9 ; 1 Pierre 5.1-3.
  83. Marc 9.33-37.
  84. Malgré des traductions différentes, tous les textes suivants utilisent le verbe « marcher » : Éphésiens 2.2 ; 2.10 ; 4.1 ; 4.17 ; 5.2 ; 5.8 ; 5.15.
  85. Éphésiens 4.16-31.
  86. Éphésiens 5.1-7.
  87. Éphésiens 5.31 ; 2.15.
  88. Éphésiens 5.15-6.4.
  89. Éphésiens 5.8-9.
  90. Éphésiens 5.9.
  91. 1 Chroniques 29.17.
  92. Éphésiens 5.5.
  93. Voir aussi le texte complet de The Akropong Statement. A Critique of the Prosperity Gospel Produced by African Theologians [La déclaration d’Akropong : Critique de l’évangile de la prospérité], produit par des théologiens africains, rassemblés par le Groupe de travail « théologie » du Mouvement de Lausanne. www.lausanne. org/en/documents/all/twg/1099-a-statement-on-the-prosperity-gospel.html.
  94. Genèse 1.26-28 ; 3 ; Actes 2.17-18 ; Galates 3.28 ; 1 Pierre 3.7.
  95. Romains 12.4-8 ; 1 Corinthiens 12.4-11 ; Éphésiens 4.7-16 ; 1 Pierre 4.10-11.
  96. 1 Thessaloniciens 5.19-20 ; 1 Timothée 4.11-14.
  97. Manifeste de Manille, 1989, Affirmation 14.
  98. 1 Timothée 2.12 ; 1 Corinthiens 14.33-35 ; Tite 2.3-5 ; Actes 18.26 ; 21.9 ; Romains 16.1-5, 7 ; Philippiens 4.2-3 ; Colossiens 4.15 ; 1 Corinthiens 11.5 ; 14.3-5.
  99. Romains 14.1-13.
  100. Tite 2.3-5.
  101. Colossiens 1.28-29 ; Actes 19.8-10 ; 20.20, 27 ; 1 Corinthiens 3.5-9.
  102. 2 Corinthiens 10.4-5.
  103. 2 Timothée 2.2 ; 4.1-2 ; 1 Timothée 3.2b ; 4.11-14 ; Tite 1.9 ; 2.1.
  104. Lévitique 26.11-12 ; Matthieu 18.20 ; 28.20.
  105. Jean 13.34-35 ; 15.12 ; 17.
  106. Jean 17.21-23.
  107. Éphésiens 4.1-6 ; Colossiens 3.12-14 ; 1 Thessaloniciens 4.9-10 ; 1 Pierre 1.22 ; 1 Jean 3.11-14 ; 4.7-21.
  108. 1 Jean 3.11.
  109. En octobre 2011, des changements mineurs ont été apportés aux parties I.6 et III.5 de la deuxième partie. Ces changements apparaissent dans L’Engagement du Cap : version d’étude.
Navigation