Gouverner l’IA dans la maison de Dieu 

Le nombre croissant de systèmes de gestion d’Église basés sur l’IA a suscité une prise de conscience et de nouvelles inquiétudes quant à l’utilisation de l’IA dans l’Église, et en particulier l’utilisation de l’analyse des données des membres de l’Église par l’IA.¹ Ces préoccupations ajoutent de l’eau au moulin de la polarisation des points de vue sur l’IA dans l’Église. Certains, qui considèrent l’IA comme une « menace d’idolâtrie », voient dans ces avancées une confirmation des méfaits de l’IA, tout en ignorant les avantages dont les membres de l’Église ont déjà bénéficié et les immenses possibilités futures offertes par les capacités croissantes de l’IA. D’autres, qui considèrent l’IA comme un « outil providentiel », affirment que les critiques exagèrent les aspects négatifs et présentent des scénarios extrêmes autour de ces mêmes opportunités. Plutôt que de jeter de l’huile sur le feu, nous, à AI and Faith, et le consortium naissant AI Trust and Accountability Consortium (AITAC), cherchons à promouvoir un sage terrain d’entente qui permette une utilisation éthique, à la fois efficace et biblique, des capacités croissantes de l’IA.

Ces tendances expliquent pourquoi le cadre de certification et de responsabilité proposé par AITAC est plus que jamais nécessaire. Au lieu de rejeter les innovations bénéfiques de l’IA ou de minimiser les préoccupations liées aux pratiques actuelles, AITAC, en cours de développement, propose une voie équilibrée qui préserve les avantages des outils utiles au service chrétien, alimentés par l’IA, tout en établissant, contrôlant et certifiant l’utilisation de garde-fous éthiques chrétiens essentiels.

L’enjeu : L’innovation sans contrôle

Suscitant de l’inquiétude, une des préoccupations est qu’une technologie qui a évolué vers des systèmes d’analyse sophistiqués soit appliquée par des Églises bien intentionnées et leurs responsables sans le niveau de transparence nécessaire ou sans le consentement valable des membres de leur Église. Les données collectées dans un premier but acceptable peuvent être exploitées et utilisées à des fins qui n’ont pas été envisagées à l’origine ni acceptées par l’utilisateur.

Les puissants moteurs de données de nombreuses applications confessionnelles d’IA collectent de grandes quantités de données relatives aux membres des Églises qui les utilisent. Au-delà de la collecte de grandes quantités de données, les algorithmes de ces applications et les modèles logiciels sur lesquels elles reposent analysent les données d’une manière rarement comprise par les utilisateurs, et parfois même par les créateurs de l’application. Par exemple, les informations fournies sur les demandes de prière pourraient être interprétées par certains systèmes d’IA comme des indicateurs de santé mentale, ce qui surprendrait de nombreux utilisateurs qui n’ont rien demandé de plus que de la prière.

Le fait de disposer de toutes ces informations sur une plateforme intégrée, combinée à d’autres informations publiques, offre aux responsables d’Église la possibilité de cibler des actions en vue d’une pastorale proactive ou d’une utilisation commerciale. Or La plupart de ces activités peuvent se dérouler sans que les membres de l’Église en soient conscients ou sans qu’ils aient donné leur consentement quant à l’utilisation de leurs données.

Il est important de noter que nous ne cherchons pas ici à exposer une méchanceté qui serait inhérente à la technologie, mais que cette technologie puissante pourrait, sans les contrôles et les équilibres nécessaires, être déployée avec des cadres éthiques et des garde-fous inadéquats.

AITAC propose des cadres éthiques structurés, pas le rejet

Plusieurs aspects de cette problématique méritent d’être pris en compte et traités, mais nous en soulignons deux en particulier :

Une certification basée sur des normes (plutôt que l’interdiction)

Si certains pourraient être tentés de choisir de ne jamais utiliser la technologie de l’IA dans l’environnement ecclésial nous considérons cette approche comme inutile et contre-productive. Afin de fournir et de certifier les garde-fous dont les organisations chrétiennes ont besoin notre approche consiste plutôt à recommander l’utilisation de TRUST, notre cadre de confiance basé sur la Bible,² pour intégrer des approches éthiques chrétiennes ainsi que l’application de normes internationalement reconnues, telles que celles de la conception éthique de l’IEEE³et la série de normes P7000,⁴ intégrées au processus CertifAIEd^TM. Les normes techniques garantiront une gouvernance solide des données, une protection appropriée de la vie privée et les mesures de sécurité nécessaires ; le cadre éthique renforce les principes chrétiens de dignité humaine, de transparence et de bonne gestion. À ces deux éléments s’ajoutent les mécanismes de contrôle que sont les évaluations indépendantes et le contrôle continu.

Tous ces éléments réunis soutiendront l’innovation responsable au service de l’épanouissement humain et des efforts missionnaires chrétiens, tout en empêchant l’exploitation et la manipulation.

La transparence, une exigence fondamentale

L’un des principes bibliques fondamentaux est de s’aimer et de s’honorer les uns les autres. Cela oblige les responsables d’Église à gérer leur organisation et leur système de manière totalement transparente et à permettre aux membres de l’Église et aux utilisateurs de savoir exactement comment leurs données sont utilisées et d’avoir la possibilité de choisir de fournir ou non leurs données personnelles ou d’être évalués par des algorithmes. La mise en œuvre de ce principe nécessite au moins une divulgation claire des pratiques de collecte des données, des explications en langage clair sur l’utilisation des informations, des processus de consentement significatifs et des rapports réguliers et transparents sur toute utilisation d’outils d’IA qui appliquent l’analyse des données par l’organisation et ses fournisseurs.

Changements nécessaires pour les fournisseurs de technologie pour l’Église

Certaines actions immédiates doivent être envisagées : Premièrement, une évaluation indépendante des pratiques actuelles par rapport aux normes internationales acceptées et émergentes sur l’utilisation éthique de l’IA est nécessaire. Cela pourrait se faire par l’intermédiaire de AITAC ou d’organisations indépendantes similaires. Nous proposons une approche par consortium, similaire à celle du Conseil évangélique pour la responsabilité financière (ECFA),⁵ comme le meilleur moyen de maximiser la confiance et l’acceptation, et d’avancer avec la rapidité et la puissance requises par ce marché en plein essor. Deuxièmement, il est nécessaire de revoir les approches en matière de consentement et de transparence afin de s’assurer qu’elles sont complètes et adéquates. Troisièmement, les fournisseurs de technologie doivent évaluer les garanties pour les populations vulnérables et assurer la collecte, la sécurisation et l’utilisation appropriées des informations relatives à la santé conformément aux directives fédérales américaines HIPAA et à d’autres protections similaires.

Les changements en matière de gouvernance des données devraient inclure la collecte des seules données nécessaires aux objectifs initiaux du système et la restriction de leur utilisation à des fins explicitement déclarées et pour lesquelles le consentement a été donné. La mise en place d’une surveillance est essentielle (p.ex. un organe consultatif), ainsi qu’un renforcement des droits des utilisateurs, avec accès à leurs données pour les examiner, les corriger et les supprimer.

La voie à suivre de manière équilibrée mais urgente

Nous ne préconisons de rejeter les outils d’IA, de s’opposer à l’utilisation de l’IA dans l’Église et ses œuvres chrétiennes, ou à l’imposition de des règles onéreuses ; mais nous plaidons pour la mise en place urgente de garde-fous éthiques fondés sur la Bible, capables de guider l’utilisation responsable de ces outils hautement performants. Nous avons tous absolument besoin d’une plus grande transparence, d’un plus grand contrôle et d’un engagement en faveur de l’application des normes internationales et de l’accréditation.

Nous ne préconisons de rejeter les outils d’IA, de s’opposer à l’utilisation de l’IA dans l’Église et ses œuvres chrétiennes, ou à l’imposition de des règles onéreuses ; mais nous plaidons pour la mise en place urgente de garde-fous éthiques fondés sur la Bible, capables de guider l’utilisation responsable de ces outils hautement performants. Nous avons tous absolument besoin d’une plus grande transparence, d’un plus grand contrôle et d’un engagement en faveur de l’application des normes internationales et de l’accréditation.

L’utilisation de l’IA et des technologies analytiques est déjà largement présente dans l’Église. La question est de savoir si nous allons les utiliser d’une manière qui honore Dieu et qui sert les personnes que Dieu a placées sous notre responsabilité.

Nous estimons qu’il ne s’agit pas de choisir entre une technologie puissante et une pratique éthique ; au contraire, nous cherchons à mettre en évidence une meilleure voie à suivre qui rejette ce choix inutile. Grâce à la collaboration, à la certification indépendante et à un contrôle permanent, nous pouvons disposer dans notre service pour Dieu d’une technologie qui n’est pas seulement puissante, mais qui est fondée sur des principes et qui soutient les grands objectifs du royaume de Dieu.

Il est temps d’agir !

Notes

1. For example, globenewswire.com/news-release/2025/08/13/3132640/0/en/Pushpay-Announces-its-Approach-to-Artificial-Intelligence-and-Unveils-AI-Fueled-Product-Enhancements-at-its-Customer-Connect-Event.html, thestudioc.org/analytics/, cdn.triumph.tech/resources/unlocking-ai-powered-insights-on-person-profiles-in-rockrms, and kingdommetrics.com/, and ministryai.ai/.
2. AI, Ethics, and Trust: A Biblically-Grounded Christian Position
3. standards.ieee.org/wp-content/uploads/import/documents/other/ead1e.pdf
4. standards.ieee.org/industry-connections/activities/ieee-global-initiative/ 
5. ecfa.org/