L’Esprit de Dieu est à l’œuvre parmi les Thaïlandais. Un mouvement vers le Christ est en train de naître dans la province centrale de Phetchabun, sous l’impulsion de chrétiens thaïlandais animés par le désir d’apporter le message de l’Évangile à leur peuple, d’en faire des disciples et d’y implanter des Églises.
Un mouvement en Thaïlande centrale : l’Association des Églises Libres en Jésus-Christ
Le pasteur Somsak s’est converti à l’âge de 22 ans après avoir entendu l’Évangile. Mécanicien, marié et père de plusieurs enfants, il a commencé une relation sérieuse avec le Christ en se fondant sur l’étude quotidienne de la Bible et la prière. L’Église la plus proche se trouvant à 125 km de chez lui, il a commencé à organiser des cultes chez lui, avec sa famille et tous ceux qu’il avait conduits à la foi. Le groupe s’agrandissant, ils ont décidé de construire un bâtiment plus grand où tous pourraient se réunir plus confortablement. Le premier bâtiment a été construit en 1987 et c’est ainsi qu’a été lancé le mouvement qui sera plus tard officialisé sous le nom de « Association des Églises Libres en Jésus-Christ » (en anglais «Free in Jesus Christ Church Association» – FJCCA). Aucun missionnaire extérieur n’a assisté ou guidé le processus à ses débuts. C’était tout simplement un croyant thaïlandais qui lisait les Écritures, était rempli de l’Esprit saint et cherchait à suivre Jésus, à l’instar de l’Église primitive, comme on peut le lire dans le livre des Actes. Tout était dirigé par le pasteur Somsak avec l’aide de l’assemblée. Vers 2005, ils avaient implanté six Églises annexes dans des villages voisins où des membres avaient des liens familiaux ou relationnels.
En 2007, le pasteur Somsak a commencé à créer de petits groupes chez les nouveaux croyants plutôt que de les obliger à se rendre dans une communauté inconnue, loin de chez eux. En 2016, les six Églises annexes étaient suffisamment matures pour commencer à implanter elles-mêmes des Églises. En 2016 , FLCCA a inauguré une nouvelle approche de l’évangélisation. Au lieu d’organiser une seule grande fête de Noël sur le site principal, l’association a organisé des événements locaux plus petits et plus discrets, dans 17 endroits stratégiques où les membres avaient de la famille.[1]
Le mouvement a continué à organiser des événements d’évangélisation publique, mais ceux-ci fonctionnent principalement comme un processus de filtrage pour trouver des personnes que Dieu attire à lui. Les lieux de ces événements sont créés sur des espaces de réunion ouverts dans les villages, en utilisant des tentes et des chaises en plastique couramment disponibles. Parfois, ces rassemblements ont lieu dans la cour du temple local. Tous les habitants du village sont invités à venir à la réunion en plein air. Lors de ces événements, l’Évangile est annoncé et les participants sont encouragés à présenter directement à Jésus, dans la prière, deux ou trois problèmes de leur vie. À la fin de la réunion, les participants sont invités à lever la main s’ils souhaitent que quelqu’un vienne leur rendre visite chez eux et leur en dire plus sur ce Jésus.
Former des disciples, c’est évangéliser
Dès que quelqu’un manifeste de l’intérêt pour prier Jésus, les responsables se rendent sur place dans les 48 heures et invitent ses proches à venir pour la première d’une série de réunions de maison. Ils préparent un repas chez la personne intéressée et créent une joyeuse atmosphère communautaire. Ceux qu’ils visitent sont conduits dans une simple prière de foi, et on leur explique que suivre Jésus signifie une totale allégeance à son autorité de Maître.
La semaine suivante, lors de la deuxième visite, les nouveaux croyants commencent à entendre des récits bibliques allant de la création dans la Genèse au Christ dans le Nouveau Testament. Ce sont des leçons bibliques simples, tirées d’un livret en très gros caractères. Les gros caractères sont essentiels pour répondre aux besoins de nombreuses personnes ayant une mauvaise vue et un faible éclairage domestique.
Les troisième et quatrième semaines, lorsque le groupe se réunit, les participants sont encouragés à continuer de prier Jésus et à partager leur vécu de la façon dont Dieu a répondu à leurs prières et les a touchés. L’enseignant continue à répéter les récits de la création jusqu’au Christ pour donner une vue d’ensemble de l’Évangile. Dès la cinquième semaine, le groupe apprend un ou deux chants de louange très simples, en thaïlandais, tels que « Nous marcherons en suivant Jésus ». Au bout de quelques semaines, il y aura un moment décisif. Le responsable du groupe dira quelque chose comme ceci :
Vous souvenez-vous comment l’humanité a péché et s’est séparée de Dieu ? Eh bien, le plan de salut de Dieu était que Jésus son fils vienne comme un bébé humain. Il a grandi et nous a appris beaucoup de bonnes choses et comment être de bonnes personnes. Mais, il est aussi venu mourir pour nous. Il est mort pour votre péché et votre mauvais karma. Mais il n’est pas seulement mort, il est ressuscité et ce que je viens de vous raconter sont les promesses qu’il vous fait si vous croyez en lui.
Éducation spirituelle contextualisée
Ceux qui se repentent et décident de suivre Jésus prouvent leur foi en se faisant baptiser. Après avoir reçu le baptême d’eau, on leur remet une Bible en thaï et un livret simple expliquant comment prier et demander à Dieu de les aider à résoudre les problèmes de leur vie. Lorsqu’il y a plus de trois croyants dans un village, on parle d’une « Église de maison ». Il est surprenant de constater que les nouveaux disciples d’arrière-plan bouddhiste ne reçoivent pas d’instructions claires sur les pratiques à suivre en tant que membres de leur communauté bouddhiste locale et leurs obligations familiales (par exemple, les activités liées au mérite). Cependant, on leur enseigne la Bible et on les encourage à obéir à la direction de l’Esprit saint à mesure qu’ils grandissent en tant que communauté de foi.
Du « lait » spirituel au « riz et à la viande », ils commencent par cinq versets bibliques simples du livre de Jean, suivies de 20 leçons mises au point par l’équipe de la FJCCA. Par exemple : Que signifie se repentir ? et Que signifie naître à nouveau ? Ces leçons s’étalent sur environ huit mois et les croyants les plus mûrs enseignent la leçon qu’ils viennent d’apprendre aux nouveaux croyants.[2]
Garder une trace
En 2017, 139 nouvelles Églises de maison avaient été créées et plus de 1 500 personnes avaient fait une confession de foi. Aujourd’hui, le réseau du mouvement FJCCA compterait 656 Églises de maison réparties dans différents districts. Le pasteur Somsak consacre maintenant une grande partie de son énergie au développement des responsables. Il est très activement impliqué dans la croissance et l’enseignement de ces jeunes communautés chrétiennes, invitant les responsables potentiels à l’accompagner dans ses visites et à partager leur foi immédiatement. Beaucoup de responsables travaillent jusqu’à quatre-vingts heures par semaine.
Bien que ce ne soit pas la première fois dans l’histoire que l’on observe de tels mouvements, une chose distingue celui-ci : la méthode méticuleuse de collecte des données. En mars 2019, Christianity Today [NdT : un magazine mensuel évangélique américain] a mis en lumière le travail de Dwight Martin qui a grandi en Thaïlande.[3] Martin crée et utilise des outils d’analyse numériques pour aider les dirigeants chrétiens nationaux à suivre avec précision les personnes qu’ils servent.[4]
En 2017, seules 17 de ces Églises avaient des bâtiments physiques, car elles préfèrent le contexte domestique pour, au début, établir des communautés chrétiennes simples. Le modèle d’Église de maison permet de maintenir la charge financière à un faible niveau ; toutefois, dès que le nombre de croyants atteint une masse critique, on prévoit la construction d’un bâtiment. L’objectif pour 2021 est d’ériger 20 églises « mères », au coût d’environ 50 000 USD chacune, pour soutenir l’extension des Églises de maison. Malgré cette croissance et cette diffusion de l’Évangile vraiment stupéfiantes, 98,7 pour cent des habitants de cette province restent des adorateurs d’idoles.
Conclusions
La parole inspirée
La nécessité d’obéir personnellement et de façon pratique aux Écritures doit s’emparer des dirigeants laïcs de l’Église des régions négligées pour que se produise une forme autochtone d’évangélisation et d’implantation d’Églises qui ne sera pas subordonnée à la présence d’étrangers.
L’amour incarné du Christ
Dans sa manière d’accueillir celles et ceux qui expriment un intérêt pour le Christ, la JFCCA a incarné de manière créative la chaleur de la communauté, une valeur culturelle traditionnelle pour le peuple thaï. Malheureusement, l’industrialisation et la migration urbaine ont privé de nombreux villages thaïlandais parmi les plus démunis de leur sentiment d’appartenance et d’interdépendance relationnelle. Le ministre de l’Évangile attentif cherchera à mettre en évidence l’amour du Christ de façon visible dans la communauté chrétienne.
Matériel approprié
La JFCCA a fait un effort concerté pour réduire au minimum tous les documents imprimés et gérer en bons intendants les quelques ressources qu’elle a elle-même développées. Les structures physiques et les fournitures sont secondaires, la priorité est mise sur le développement de la foi des personnes qui, dans la communauté, entendent l’Évangile et s’approchent du Christ.
Le nom de Dieu
Au lieu d’expliquer immédiatement la trinité, et d’utiliser le mot thaïlandais générique pour Dieu (Prachao), la JFCCA a délibérément choisi de proclamer d’abord le nom de Jésus comme étant le nom de Dieu. C’est Jésus que les gens commencent à prier. Alors que la doctrine de la Trinité sera présentée à travers l’enseignement complet de la Bible, les responsables ont constaté que cette approche basée sur une présentation initiale autour de la personne de Jésus permet de supprimer de nombreux « écrans de fumée » et pierres d’achoppement pour des bouddhistes thaïlandais qui manifestent le désir de connaître l’Évangile et son appel à la foi et à la repentance. Cela contribue également à dissiper la confusion que beaucoup entretiennent entre le concept biblique d’un Dieu créateur et leur vision fondamentale d’une divinité dorée qui réside dans un temple local. Les responsables des Églises locales doivent former leurs membres à exprimer de manière claire le concept du Dieu trinitaire afin d’éviter la confusion lorsqu’ils seront à leur tour amenés à proclamer l’Évangile à leur parenté, leurs amis et leurs voisins.[5]
Notes
- Dwight Martin, ‘Free in Jesus Christ Church Association Church Planting Movement in Central Thailand,’ (Unpublished Paper, 8 December 2017).
- Dwight Martin, ‘Dwight Martin Full Episode,’ interview by David Joannes, Missions Pulse, 21 October 2019, https://youtu.be/qn6kRKID434.
- Kate Shellnutt, ‘Making Missions Count: How a Major Database Tracked Thailand’s Church-Planting Revival,’ Christianity Today, 15 March 2019, www.christianitytoday.com/ct/2019/april/missions-data-thai-church-fjcca-reach-village.html
- eStar Foundation, https://estar.ws/
- Editor’s note: See article by Hugh Kemp, entitled ‘Buddhism in Asia’ in the May 2015 issue of Lausanne Global Analysis, https://lausanne.org/content/lga/2015-05/buddhism-in-asia